Que penser de cette phrase tirée du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune co-signé par le Pape François et le Grand Imam Al-Tayeb, à Abou Dhabi en février 2019 : “C’est une sage volonté de Dieu qu’il y ait plusieurs religions” ? Elle est tirée de cette phrase du Pape François : « La liberté est un droit de toute personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action. Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. »

Au delà du fait que cette phrase est d’inspiration musulmane, montrant bien la schizophrénie d’Allah qui crée plusieurs religions (Coran 7.16 ; 22.66)… pour que l’islam les détruise (Coran 2.193 ; 9.30,33), le vrai Dieu peut-Il Se contredire ?

LE VRAI DIEU PEUT-IL SE CONTREDIRE ?

1. Soit Dieu a voulu plusieurs religions, et alors aucune ne peut revendiquer être la seule vraie religion, comme le fait pourtant l’Église catholique (Préambule de la Déclaration sur la liberté religieuse, Dignitatis humanae, Concile Vatican II)… et le Pape François doit alors se présenter comme le chef visible d’une Église qui ment depuis 2000 ans …

2. Soit Dieu a voulu qu’il y ait une vraie religion et d’autres qui soient fausses. Mais quel sens cela aurait-il ? Dieu peut-Il vouloir le vrai et le faux s’Il est un ? Peut-il vouloir sauver les uns et perdre les autres ? Le Dieu des chrétiens n’est pas celui des musulmans (Coran 7.179,186) !

3. Soit l’Église catholique est bien l’unique et vraie religion, et dans ce cas, Dieu n’a pas voulu toutes les autres religions. Mais alors, d’où viennent-elles ? Elles viennent de la religiosité de l’homme par laquelle se manifeste cette vérité que l’homme est fait par Dieu et pour Dieu, en sorte que depuis le péché originel et la perte du paradis, l’homme recherche Dieu en étant coupé de Lui, donc de façon faussée, et souvent sous l’emprise du Diable dont le rêve est d’être adoré en lieu et place de Dieu.
Ainsi donc, dire que « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. », c’est nier, comme l’islam, la différence essentielle, ontologique, entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, et supprimer, avec donc la possibilité même de la Révélation hébréo-chrétienne, la réalité du salut. Si toutes les religions sont voulues par Dieu, alors l’Église catholique est pour le moins ridicule en se prétendant « l’unique vraie religion », et le salut, s’il existe, est une réalité aussi involontaire et obligatoire que notre sexe ou notre race …

           Il y a des distinctions capitales à rappeler : en Dieu se trouve la volonté antécédente à ce qui est créé, la volonté permissive supportant les contradictions des créatures libres à la volonté antécédente de Dieu, et la volonté finale faisant servir même ces contradictions, que sont les péchés et leurs conséquences, au bien de ceux qui aiment Dieu (Rm 8.28).

Dans la théorie des « chrétiens anonymes », chaque être humain possède déjà la filiation divine et la mission de l’Église consiste seulement à lui en faire prendre conscience. Ce que fait déjà très bien le New-Âge…

La Parole de Dieu contredit l’idée que Dieu puisse vouloir la pluralité des religions :

• Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d’autres dieux : « Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant Moi (Ex 20.3) ».

• L’Église ne peut pas dire que la division spirituelle actuelle de l’humanité est voulue par Dieu puisque Jésus est venu rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jn 11.52) au prix de Sa mort sur une croix !

• Dieu veut au contraire que tous, nous soyons un, comme Il est Un (Jn 17.21).

• Il veut qu’il y ait « un seul troupeau et un seul berger (Jn 10.16) ». Combien donc est-il malheureux de voir celui qui assume aujourd’hui cette mission de berger renier le fondement divin de celle-ci… La division spirituelle et morale de l’humanité n’a rien à voir avec la diversité des couleurs de l’arc-en-ciel !

• La vraie fraternité universelle n’existe qu’en Jésus-Christ : « ‘Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?’ Puis, désignant ses disciples d’un geste de la main, il ajouta : Ma mère et mes frères, les voici. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux Cieux est pour moi un frère, une sœur, et une mère. (Mt 12.48-50) » ;

• En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion n’est capable de transmettre la vraie vie surnaturelle : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. (Jn 17.3) »

Par nature, Dieu n’est pas le Père des êtres humains, mais seulement de façon analogique de ceux qui renaissent de l’eau et de l’Esprit (Rom 8.15 ; Gal 4.6) : « À tous ceux qui ont reçu Jésus, Dieu a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en Son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté humaine, mais de Dieu. (Jn 1.12-13) » 

« Je suis Le chemin, La vérité et La vie. Nul ne va au Père QUE par Moi. (Jn 14.6) »

« Si vous gardez Ma parole, vous connaîtrez La  Vérité, et la Vérité vous libérera. (Jn 8.32) »

• « Celui qui croira ET sera baptisé sera sauvé. Celui qui refusera, sera condamné. (Mc 16.16) »

• « Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l’impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Bélial ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles ? Or c’est nous qui sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l’écart, dit le Seigneur. Ne touchez rien d’impur, et moi, je vous accueillerai. (2 Cor. 6.14-16) »

« Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne L’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. (1 Jn 3.1-2) »

« Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu. (Jn 3.18) »  Aucune prétendue continuité du développement de la doctrine ne peut justifier un sens contraire au sens évident de cette assertion, comme aucune autorité sur terre – pas même l’autorité suprême de l’Église – n’a le droit de dispenser les gens d’autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ, Fils incarné de Dieu et seul sauveur de l’humanité.

• En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion ne peut être un chemin vrai, voulu par Dieu, puisque la volonté explicite de Dieu est que tous croient en son Fils : « La volonté de mon Père qui M’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en Lui, ait la vie éternelle (Jn 6.40) ».

• Tertullien : « On ne naît pas chrétien, mais on devient chrétien » (Apol., 18, 5).

• Saint Cyprien de Carthage : « Il ne peut pas avoir Dieu pour père, celui qui n’a pas l’Église pour mère » (De unit., 6).

« Mettre sur le pied de l’égalité toutes les formes religieuses (…) à lui seul, ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soit égalées. (Léon XIII, Encyclique Humanum genus, n°16) »

  • « La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto (de fait), mais aussi de iure (en tant que principe). (Dominus Iesus n°4) »

Pourquoi les innombrables martyrs chrétiens, spécialement ceux des trois premiers siècles, n’ont-ils pas dit : « La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu » ? Cela leur aurait épargné leur cruelle mort, et de charger leurs bourreaux de péchés supplémentaires …

Comme le fait remarquer Mgr Schneider : il n’y aurait pas eu de France fille ainée de l’Église si saint Remi avait dit à Clovis : « Ne méprisez pas votre religion païenne, mais adorez en plus le Christ. » Au contraire, le saint évêque commanda : « Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré ! »

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CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI,
EXTRAITS de la DÉCLARATION “DOMINUS IESUS
sur l’UNICITÉ et l’UNIVERSALITÉ SALVIFIQUE de JÉSUS-CHRIST et de L’ÉGLISE

1. Le Seigneur Jésus, avant de monter aux cieux, a transmis à ses disciples le commandement d’annoncer l’Évangile au monde entier, de toutes les nations faire des disciples, de les baptiser et de leur enseigner tout ce que Jésus a enseigné (Mt 28.18-20 ; voir aussi Lc 24.46-48 ; Jn 17.18 ; 20,21 ; Ac 1.8). « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné (Mc 16.15-16) »  La mission universelle de l’Église naît du commandement de Jésus-Christ et se réalise au long des siècles par la proclamation du mystère de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et du mystère de l’incarnation du Fils, comme événement salvifique pour toute l’humanité.

2. L’Église, au long des siècles, a proclamé l’Évangile de Jésus et lui a rendu fidèlement témoignage. S’est-elle donc trompée ? Or, cette mission est loin d’être finie … « Annoncer l’Évangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9.16). D’où l’attention particulière du Magistère à encourager et à soutenir la mission évangélisatrice de l’Église, vis-à-vis surtout des traditions religieuses du monde. La tâche ecclésiale d’annoncer Jésus-Christ, « chemin, vérité et vie » (cf. Jn 14.6) emprunte aujourd’hui encore la voie du dialogue interreligieux. Ce dialogue, qui fait partie de la mission évangélisatrice de l’Église, comporte une attitude de compréhension et un rapport de connaissance réciproque et d’enrichissement mutuel, dans l’obéissance à la vérité et le respect de la liberté.

3. Cette Déclaration entend exposer une nouvelle fois la doctrine catholique et réfuter quelques opinions erronées ou ambiguës.

4. La pérennité de l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe). Elles retiennent alors comme dépassées des vérités comme par exemple le caractère définitif et complet de la révélation de Jésus-Christ…

Ces théories s’appuient sur certains présupposés tels que :

• La conviction que la vérité sur Dieu est insaisissable et ineffable, même par la révélation chrétienne ; « Pour vous, c’est du Saint que vous avez reçu l’onction, et vous connaissez tout. Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez (1 Jn 2.20-21) » ; « Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu … (1 Jn 5.13) »
• L’attitude relativiste vis-à-vis de la vérité, entraînant que ce qui est vrai pour certains ne le serait pas pour d’autres ;
• L’opposition radicale qu’on établit entre la mentalité logique occidentale et la mentalité symbolique orientale ;
• le subjectivisme de qui, tenant la raison comme seule source de connaissance, devient « incapable d’élever son regard vers le haut pour oser atteindre la vérité de l’être » ;
• la difficulté à percevoir et comprendre dans l’histoire la présence d’événements définitifs et eschatologiques ;
• la privation de la dimension métaphysique de l’incarnation historique du Logos éternel et sa réduction à une simple apparition de Dieu dans l’histoire ;
• l’éclectisme qui, dans la recherche théologique, prend des idées dans différents contextes philosophiques et religieux, sans se soucier ni de leur cohérence systématique ni de leur compatibilité avec la vérité chrétienne ;
• la tendance finalement à lire et à interpréter la Sainte Écriture en dehors de la Tradition et du Magistère de l’Église.

Ces présupposés font perdre leur caractère de vérité absolue et d’universalité salvifique à la révélation chrétienne et au mystère de Jésus-Christ et de l’Église.

I. LA RÉVÉLATION DE JÉSUS-CHRIST EST COMPLÈTE ET DÉFINITIVE

5. Pour remédier à cette mentalité relativiste toujours plus répandue, il faut réaffirmer avant tout que la révélation de Jésus-Christ est définitive et complète. On doit en effet croire fermement que la révélation de la plénitude de la vérité divine est réalisée dans le mystère de Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14.6 ; Mt 11.27 ; Jn 1.18 ; Col 2.9-10).
« L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ. (cf. 1 Tm 6.14 et Tt 2.13) »
Aussi l’encyclique Redemptoris missio rappelle à l’Église la tâche de proclamer l’Évangile comme plénitude de la vérité : « Dans cette Parole définitive de Sa révélation, Dieu s’est fait connaître en plénitude : Il a dit à l’humanité qui Il est. Et cette révélation définitive que Dieu fait de Lui-même est la raison fondamentale pour laquelle l’Église est missionnaire par sa nature. Elle ne peut pas ne pas proclamer l’Évangile, c’est-à-dire la plénitude de la vérité que Dieu nous a fait connaître sur Lui-même ». Seule la révélation de Jésus-Christ « fait donc entrer dans notre histoire une vérité universelle et ultime, qui incite l’esprit de l’homme à ne jamais s’arrêter ».

6. Est donc contraire à la foi de l’Église la thèse qui soutient le caractère limité, incomplet et imparfait de la révélation de Jésus-Christ, qui compléterait la révélation présente dans les autres religions. La révélation complète et définitive du mystère salvifique de Dieu se réalise en Jésus-Christ. Aussi, les mots, les œuvres et toute l’existence historique de Jésus, quoique limités en tant que réalités humaines, ont cependant comme sujet la Personne divine du Verbe incarné, « vraiment Dieu et vraiment homme » ; ils portent donc en eux le caractère complet et définitif de la révélation des voies salvifiques de Dieu, même si la profondeur du mystère divin en lui-même demeure transcendante et inépuisable. La vérité sur Dieu n’est pas abolie ou réduite quand elle est exprimée dans un langage humain. Elle demeure en revanche unique, complète et définitive car celui qui parle et qui agit est le Fils de Dieu incarné. L’Esprit du Christ, enseigne cette « vérité tout entière » (Jn 16.13) aux apôtres et à travers eux à l’Église de tous les temps.

7. La réponse adéquate à la révélation divine est l’obéissance de la foi (Rm 1.5 ; cf. Rm 16.26 ; 2 Co 10.5-6). La foi, « don de Dieu » comporte une double adhésion : à Dieu qui révèle et à la vérité qu’il révèle. On doit donc tenir fermement la distinction entre la foi théologale et la croyance dans les autres religions. La foi est l’accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions est une expérience religieuse à la recherche de la vérité absolue.

8. On avance aussi l’hypothèse de l’inspiration des textes sacrés d’autres religions. Or, l’Église réserve la qualification de textes inspirés aux livres canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Mais Dieu ne manque pas d’utiliser les richesses spirituelles des religions, bien qu’elles comportent “des lacunes, des insuffisances et des erreurs”. Les éléments de bonté et de grâce que peuvent contenir les livres sacrés des autres religions viennent du Christ.

II. LE LOGOS INCARNÉ ET LE SAINT-ESPRIT DANS L’ŒUVRE DU SALUT

9. Dans la réflexion théologique contemporaine, apparaît souvent la conception de Jésus de Nazareth comme une figure historique particulière, finie, révélatrice du divin mais sans exclusive, complément d’autres présences révélatrices et salvifiques. L’Absolu se manifesterait par maintes figures historiques, dont celle de Jésus de Nazareth.
Pour justifier d’une part l’universalité du salut chrétien et d’autre part le fait du pluralisme religieux, on propose une économie du Verbe éternel, également valide en dehors de l’Église et sans rapport avec elle. La première aurait une valeur ajoutée d’universalité vis-à-vis de la seconde, limitée aux seuls chrétiens, mais où la présence de Dieu serait plus complète.

10. Or, on doit croire fermement que Jésus de Nazareth, fils de Marie, et seulement lui, est le Verbe, qui « au commencement […] était auprès de Dieu (Jn 1.2) », qui « s’est fait chair (Jn 1.14) », en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2.9)», « en qui nous avons la rédemption par le sang de sa croix. (Col 1.13-14,19-20) » Elle n’est donc pas compatible avec la doctrine de l’Église la théorie qui attribue une activité salvifique au Logos comme tel dans sa divinité, qui s’exercerait « plus loin » et « au delà » de l’humanité du Christ, même après l’incarnation.

11. Il faut pareillement croire fermement la doctrine de foi sur l’unicité de l’économie salvifique voulue par le Dieu Un et Trine.

12. D’autres envisagent l’hypothèse d’une économie de l’Esprit Saint au caractère plus universel que celle du Verbe incarné. Or le mystère de Jésus, Verbe incarné, constitue le lieu de la présence du Saint-Esprit. En outre, l’action salvifique de Jésus-Christ, avec et par son Esprit, s’étend à toute l’humanité, au delà des frontières visibles de l’Église. L’Esprit n’agit pas à côté ou en dehors du Christ. Il n’y a qu’une seule économie salvifique du Dieu Un et Trine, réalisée dans le mystère de l’incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu, mise en œuvre avec la coopération du Saint-Esprit et élargie dans sa portée salvifique à l’humanité entière et à l’univers : « Les hommes ne peuvent donc entrer en communion avec Dieu que par le Christ, sous l’action de l’Esprit ».

III. UNICITÉ ET UNIVERSALITÉ DU MYSTÈRE SALVIFIQUE DE JÉSUS-CHRIST

13. On répète aussi souvent la négation de l’unicité et de l’universalité du mystère salvifique de Jésus-Christ. Cette position n’a aucun support biblique.
Conscients du don de salut unique et universel offert par le Père en Jésus-Christ dans l’Esprit (cf. Ep 1.3-14), les premiers chrétiens se sont tournés vers Israël pour lui montrer l’accomplissement du salut au-delà de la Loi. Ils se sont ensuite adressés au monde païen d’alors, qui aspirait au salut par une pluralité de dieux sauveurs, et ils ont proclamé que la clé, le centre et la fin de toute histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître.

14. Il faut donc croire fermement comme vérité de foi catholique que la volonté salvifique universelle du Dieu Un et Trine est manifestée et accomplie une fois pour toutes dans le mystère de l’incarnation, mort et résurrection du Fils de Dieu. Compte tenu de cette donnée de foi, la théologie d’aujourd’hui, lorsqu’elle médite sur la présence d’autres expériences religieuses et sur leur signification dans le plan salvifique de Dieu, est invitée à examiner les aspects et les éléments positifs de ces religions : entrent-ils dans le plan divin de salut ? Comment ? Le concours de médiations de types et d’ordres divers n’est pas exclu, mais celles-ci tirent leur sens et leur valeur uniquement de celle du Christ, et elles ne peuvent être considérées comme parallèles ou complémentaires. Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l’unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique.

15. On se propose souvent d’éviter en théologie des termes comme « unicité », « universalité », « absolu », parce qu’ils donneraient l’impression d’une insistance excessive sur le sens et la valeur de l’événement salvifique de Jésus-Christ vis-à-vis des autres religions. Or, Jésus-Christ a une fonction unique et singulière pour le genre humain et pour son histoire : cette fonction lui est propre, elle est exclusive, universelle et absolue.

IV. UNICITÉ ET UNITÉ DE L’ÉGLISE

16. La présence et l’œuvre de salut de Jésus-Christ continuent dans l’Église et à travers l’Église (cf. Col 1.24-27), qui est son Corps (cf. 1 Co 12.12-13.27 ; Col 1.18). Et comme la tête et les membres d’un corps vivant sont inséparables mais distincts, le Christ et l’Église ne peuvent être ni confondus ni séparés et forment un seul « Christ total ». Analogie de l’Église comme Épouse du Christ (cf. 2 Co 11.2 ; Ep 5.25-29 ; Ap 21.2.9). Par conséquent, compte tenu de l’unicité et de l’universalité de la médiation salvifique de Jésus-Christ, on doit croire fermement comme vérité de foi catholique en l’unicité de l’Église fondée par le Christ. Tout comme il existe un seul Christ, il n’a qu’un seul Corps, une seule Épouse : une « seule et unique Église catholique et apostolique ». De plus, les promesses du Seigneur de ne jamais abandonner son Église (cf. Mt 16.18 ; 28.20) et de la guider par son Esprit (cf. Jn 16.13) impliquent, selon la foi catholique, que l’unicité et l’unité, comme tout ce qui appartient à l’intégrité de l’Église, ne feront jamais défaut. Les fidèles sont tenus de professer qu’il existe une continuité historique — fondée sur la succession apostolique — entre l’Église instituée par le Christ et l’Église catholique. 

17. Le manque d’unité entre les chrétiens est certes une blessure pour l’Église, non pas comme privation de son unité, mais « en tant qu’obstacle pour la réalisation pleine de son universalité dans l’histoire ».

V. ÉGLISE, ROYAUME DE DIEU ET ROYAUME DU CHRIST

18. La mission de l’Église est « d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations, formant de ce Royaume le germe et le commencement sur la terre ». L’ Église est « sacrement, signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain ». Le « Royaume de Dieu ne peut être séparé « ni du Christ ni de l’Église […]. Si l’on détache le Royaume de Jésus, on ne prend plus en considération le Royaume de Dieu qu’il a révélé, et l’on finit par altérer le sens du Royaume en un objectif purement humain ou idéologique, et altérer aussi l’identité du Christ, qui n’apparaît plus comme le Seigneur à qui tout doit être soumis (cf. 1 Co 15.27). Des conceptions “régnocentriques” mettent en avant une “Église pour les autres” et gardent le silence sur le Christ : le Royaume dont elles parlent se fonde sur un “théocentrisme”, parce que le Christ ne pourrait pas être compris par ceux qui n’ont pas la foi chrétienne, alors que les peuples, les cultures et les diverses religions peuvent se rencontrer autour de l’unique réalité divine, quel que soit son nom. Pour le même motif, elles privilégient le mystère de la création qui se reflète dans la diversité des cultures et des convictions, mais elles se taisent sur le mystère de la rédemption. Ces thèses sont contraires à la foi catholique parce qu’elles nient l’unicité de rapport du Christ et de l’Église avec le Royaume de Dieu.

VI. L’ÉGLISE ET LES RELIGIONS FACE AU SALUT

20. On doit avant tout croire fermement que l’« Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Église ; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16.16 ; Jn 3.5), c’est la nécessité de l’Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême.
Il est nécessaire de tenir ensemble ces deux vérités : la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes, et la nécessité de l’Église pour le salut ».
Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l’Église comme un chemin de salut parmi d’autres. Les autres religions seraient complémentaires à l’Église, substantiellement équivalentes, convergeant avec elle vers le Royaume de Dieu.
Certes différentes traditions religieuses contiennent des éléments de religiosité qui procèdent de Dieu. Certaines prières et certains rites des autres religions peuvent assumer un rôle de préparation évangélique. On ne peut cependant leur attribuer l’origine divine et l’efficacité salvifique propre aux sacrements chrétiens. Des rites naissent de superstitions ou d’erreurs (cf. 1 Co 10.20-21) et constituent un obstacle au salut.

22. Avec l’avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que l’Église par lui fondée fût l’instrument du salut de toute l’humanité (cf. Ac 17,30-31). Cette vérité de foi n’enlève rien à la considération respectueuse et sincère de l’Église pour les religions du monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité indifférentiste pour qui “toutes les religions se valent” ». S’il est vrai que les adeptes d’autres religions peuvent recevoir la grâce divine, il n’est pas moins certain qu’objectivement ils se trouvent dans une situation de grave indigence par rapport à ceux qui, dans l’Église, ont la plénitude des moyens de salut. Suivant le commandement du Seigneur (cf. Mt 28.19-20) et comme exigence d’amour pour tous les hommes, l’Église est tenue d’annoncer sans cesse le Christ qui est “la voie, la vérité et la vie” (Jn 14.6).
Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité (1 Tm 2.4). Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l’Église, à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. Le dialogue, tout en faisant partie de la mission évangélisatrice, n’est qu’une des actions de l’Église dans sa mission ad gentes. La parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre Jésus-Christ et les fondateurs d’autres religions. La certitude de la volonté salvifique universelle de Dieu n’atténue pas, mais augmente le devoir et l’urgence d’annoncer le salut et la conversion au Seigneur Jésus-Christ.

CONCLUSION

23. À propos de la vraie religion, les Pères du Concile Vatican II ont affirmé : « Cette unique et vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique. Tous les hommes sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et quand ils l’ont connue, de l’embrasser et de lui être fidèles. Le mystère chrétien dépasse toute limite d’espace et de temps ; il réalise l’unité de la famille humaine. (Dignitatis Humanae, n°1) »

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