« La vie éternelle, c’est de Te connaître, Toi, le seul vrai Dieu, et Celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ. (Jn 17.3) » La connaissance du mystère de Dieu n’est pas une connaissance humaine, puisqu’elle est celle de Dieu, et que l’homme n’est pas Dieu. Aussi ne peut-elle être reçue que par la Foi, laquelle est une grâce, un don, une vertu, « sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (He 11.6) », sans laquelle il est impossible d’être sauvé : « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie ; mais la Colère de Dieu demeure sur lui (Jn 11.40) ». Et si « la foi n’est pas donnée à tous (2 Th 3.2) », ce n’est pas que Dieu ne veuille pas la donner à tous, comme l’imagine par exemple l’islam (Coran 4.88 ; 13.33 ; 32.13 ; 35.8), mais parce que tous n’en veulent pas. Or, celui qui n’en veut pas est semblable à celui qui, niant la réalité du monde, prétend vivre dans son rêve. Une fois sa vie finie, il aura perdu l’un et l’autre… Les hommes sont inexcusables de nier l’existence de Dieu et l’adoration qui lui est due (Rm 1.20-21), tant tout ce qui existe chante la gloire du Créateur ! L’existence de Dieu « principe et fin de toutes choses, peut être connue avec certitude par la raison naturelle (Cc Vatican 1 : DS 3004) », tout comme la Révélation qu’Il a daignée nous adresser présente des critères de véracité qui suffisent à emporter l’adhésion de l’intelligence. Refuser de croire ce que Dieu révèle n’est pas moins inexcusable que nier Son existence (Mt 15.14 ; Lc 20.18). Certes, Dieu nous ayant créés libres, il a toujours été possible, et cela dès le premier homme, de mentir, de se mentir, et ainsi de se damner. De se damner en faisant le mal, car qui mieux que celui qui ne croit pas à l’Enfer peut se sentir libre de faire le mal ? Le salut des âmes étant la fin dernière des actions de l’Eglise, j’insiste sur l’importance de prêcher à temps et à contre-temps la vérité de l’Enfer puisque aujourd’hui la plupart des évêques, par exemple, sont devenus incapables de dire que Judas est en Enfer (Cf. mon livre Judas est-il en Enfer ? DMM, 2017).

L’enfer en lequel les hommes d’aujourd’hui craignent de se retrouver n’est pas celui des tourments infinis, celui, éternel et sans rémission aucune, qu’annonce l’Evangile, mais c’est celui du réchauffement climatique, de la pollution industrielle, de l’épuisement des ressources naturelles, des famines, de la surpopulation, du contrôle social, de l’écosocialisme, des guerres, du terrorisme, de la crise économique, de la dépendance numérique, du transhumanisme, bref, de toutes ces choses terrifiantes qui plongent « les nations dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots (Lc 21.25) », en sorte que déjà des personnes se suicident « de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité (Lc 21.26) » Les conditions de la vie temporelle n’étant plus ordonnées à l’œuvre sans pareille du salut éternel, l’humanité, tel le possédé de Gérasa (Mc 5.5), s’inflige à elle-même des maux immenses. Depuis que la vérité de Dieu, du Paradis et de l’Enfer, a été effacée de la conscience des hommes, ceux-ci se sont fourvoyés en recherchant ici-bas leur bonheur en un faux sentiment de sécurité. L’épidémie du covid-19 en 2020 a montré combien la société occidentale et apostate est devenue incapable d’affronter dignement la mort. Comme elle n’en connaît plus le sens, elle est incapable de l’assumer. L’injustice, la déraison, l’illogisme se laissent voir par exemple dans le fait de condamner le prélèvement d’œufs de martinets ou d’hirondelles voire la destruction de leurs nids – vides –, d’une amende de 15 000 € et d’un an d’emprisonnement (article 415-3 du Code de l’environnement) ; tandis que l’euthanasie est toujours plus banalisée, y compris pour les enfants ; la procréation artificielle d’enfants pour des paires de lesbiennes est légalisée et remboursée à 100% mais les enfants à naître sont sacrifiés, leurs corps vendus, utilisés par la prétendue recherche ou l’industrie ; les honnêtes gens usant de légitime défense sont condamnés, mais les criminels sont choyés et réinsérés dans la société. Bref, lorsque la vérité est niée, lorsque Dieu n’est plus connu, reconnu, et l’objet du culte public auquel Il a droit de la part de la société, alors l’iniquité grandit et l’amour disparaît. Seule la connaissance du vrai Dieu et de Son amour pour nous donnent son vrai sens à notre vie et à notre mort dans la perspective du Paradis ou de l’Enfer (Jn 17.3). C’est de leur oubli que procède non seulement l’inflation de peur suscitée par les catastrophes présentes et à venir, mais encore, leur réel avènement. Comme le pape Pie XI le rappelait : « la plupart des hommes sont presque exclusivement frappés par les bouleversements temporels, les désastres et les calamités terrestres (Quadragesimo anno, n°141) », alors qu’ils devraient savoir (si l’Eglise le leur enseignait), que cela n’est rien « comparé à la ruine des âmes. (Ibid.) ». Si le but de l’existence n’est pas visé, comment celle-ci pourrait-elle atteindre son but, et ne pas engendrer les maux dont les hommes ne cesseront de se plaindre ? Certes, le renouveau attendu au niveau social, si nécessaire, n’est lui-même pas envisageable tant que l’Eglise acceptera de jouer le jeu de la laïcité en se présentant comme une religion parmi d’autres. Tant que César oubliera qu’il a lui-aussi des comptes à rendre à Dieu, il se conduira toujours plus comme l’ennemi de l’homme. « Jamais ne pourra luire une espérance de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseront de reconnaître et de proclamer la souveraineté de notre Sauveur (Pie XI, Quas Primas,1) ».

 

Avoir la foi, c’est croire fermement toutes les vérités que Dieu nous a révélées et nous enseigne par Son Église, parce qu’Il ne peut ni Se tromper ni nous tromper. En conséquence, rejeter un seul dogme suffit pour ne plus avoir la foi (cf. Saint Thomas d’Aquin, ST, II-II, q.1, a. 3), car tout ce à quoi l’on prétendrait alors encore croire, ne serait plus cru en vertu de ce mouvement de confiance qui nous fait croire tout ce que Dieu dit, parce que c’est Dieu qui le dit, et que Dieu ne peut ni Se tromper ni nous tromper, mais parce qu’on l’estimerait crédible, s’établissant de ce fait juge de la véracité divine … Et de même que la charité ne subsiste pas dans une âme après un seul péché mortel, la foi ne subsiste pas dans une âme rejetant un seul dogme. Dire cela, n’est-ce pas dire qu’ils sont bien peu nombreux ceux qui seront sauvés ? En effet, même parmi ceux qui se disent encore catholiques, ne sont-ils pas nombreux à rejeter qui la nature trinitaire de Dieu, qui l’unicité du salut en Jésus-Christ, qui le caractère nécessaire de la foi catholique pour le salut, qui la virginité perpétuelle de la Mère de Dieu, qui la transsubstantiation, qui l’indissolubilité du mariage, qui la damnation pour un seul péché mortel, et en conséquence la nécessité de vivre en état de grâce, y compris et a fortiori pour communier, qui le Purgatoire, qui l’Enfer, qui la nature peccamineuse des relations sexuelles hors mariage, de l’homosexualité, de l’avortement, etc. etc. ? Ce rejet de la foi se produit non seulement de façon individuelle et discrète, mais ouvertement, en corps constitués, et parfois même sous l’autorité du Vicaire du Christ, comme lorsque celui-ci signa la Déclaration d’Abu Dhabi, qui affirme que « le pluralisme et les diversités de religion » sont voulus par Dieu au même titre que les diversités « de couleur, de sexe, de race et de langue ». Propos qui est une négation de la distinction des ordres naturel et surnaturel, et donc de la possibilité même de la Révélation, mais qui encore contredit frontalement la volonté de Dieu que tous les hommes soient sauvés en intégrant l’Eglise catholique (Jn 17.3 ; Mt 16.18-19 ; DS 802 ; 4136). Cette Déclaration met un point d’orgue à la corruption de la foi dans l’Eglise puisqu’elle arrive à subsumer sous la même locution : « foi en Dieu », deux réalités aussi opposées que la foi en Jésus-Christ, et son rejet absolu par l’islam (Coran 4.48)… Qu’il n’y ait qu’un seul Dieu qui soit le même pour tous ne signifie pas que tous aient le même Dieu, aussi vrai que seuls les chrétiens adorent Jésus-Christ, Un de la Sainte Trinité. Dès lors, prétendre que chrétiens et non-chrétiens se retrouvent dans « la foi en Dieu », qu’est-ce d’autre que renier Jésus-Christ ? Nous pourrions malheureusement donner une foule d’autres exemples de reniements ordinaires de la foi chrétienne. Un effet inévitable de la volonté de se concilier l’amour du monde est de conduire un grand nombre de baptisés – et de clercs – à relativiser la nécessité de la foi catholique pour le salut, et par conséquent à occulter la reconnaissance de l’unicité de l’Eglise, l’urgence de la mission, la nature démoniaque de l’islam, de la franc-maçonnerie, du judaïsme, du mouvement LGBT, des ennemis mortels du christianisme accueillis jusque dans nos églises, au lieu d’apprendre aux chrétiens à les combattre en évangélisant leurs adeptes … Comme le dénonçait récemment Mgr Vigano « ceux qui ont la grâce d’être enfants de Dieu, en vertu du saint baptême, devraient être horrifiés à l’idée même (…) d’assembler l’unique vraie Église du Christ, héritière des promesses du Peuple élu, avec ceux qui nient le Messie et avec ceux qui considèrent blasphématoire la seule idée d’un Dieu trine. » Car, ajoute-t-il « nous savons très bien que le but de ces initiatives œcuméniques et interreligieuses n’est pas de convertir au Christ ceux qui sont loin de l’Église unique, mais de tromper et de corrompre ceux qui conservent encore la Foi catholique, les amenant à considérer comme souhaitable une grande religion universelle qui rassemblerait ‘‘dans une seule maison’’ les trois grandes religions abrahamiques, ce qui serait le triomphe du plan maçonnique en préparation du règne de l’Antéchrist ». Est-ce qu’un tel malheur aurait été possible si l’enseignement de saint Paul avait été gardé, lui qui commande : « Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport en effet entre la justice et l’impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.15-16) ».

 

De façon générale, la relation à Dieu est oubliée, la vie spirituelle n’est plus enseignée, remplacée par la relation à l’autre, jusque dans l’injonction suicidaire d’accueil sans discernement ni limite de migrants, y compris musulmans. Portée en procession par des évêques, la Pachamama a fait son entrée à saint Pierre de Rome. L’unique et vrai Dieu est éclipsé au profit de la nature personnifiée, déifiée, dont la religion humanitaire fait office de mise en pratique de l’Evangile. La religion chrétienne est devenue la religion des droits de l’homme, que détermine la seule liberté, coupée de la vérité, jugée discriminante, oppressive, totalitaire. Désormais, parce que le salut est pensé comme acquis, il n’y a plus lieu de s’en occuper, et le temps peut être investi en des préoccupations terrestres.

 

Mais à ceux qui veulent croire que l’ignorance excusera les péchés, ou que les hommes peuvent être sauvés quelle que soit leur religion, ce que laissent entendre la hiérarchie catholique félicitant et encourageant leurs dévots à les pratiquer, saint Charles de Foucauld rappelle : « Oui, hors la Foi, point de salut ! A la vérité, on peut se sauver en croyant en Vous de Foi implicite, et en étant dans l’Église de vœu seulement, mais ceci ne suffit que chez ceux qui sont dans l’ignorance invincible de Vous et de votre Église. […] Mais qui dira le coin du monde où le nom de Chrétien n’est pas connu ? Qui dira si en entendant ce nom, l’âme du sauvage, du musulman n’a pas reçu de Dieu une grâce, une bonne inspiration et que, s’il reste dans sa fausse religion, c’est non ignorance invincible, mais infidélité à la grâce dont il n’a pas suivi l’appel ? […] C’est que Vous les aimez ces âmes créées à votre image, sorties de la main de votre Père. Et le moyen presque unique pour elles de se sauver est de devenir chrétien catholique (car au bout de peu de siècles le christianisme était tellement prêché partout, que l’ignorance invincible de la Révélation, a été depuis lors presque impossible ; et d’ailleurs, même s’il y avait ignorance invincible, il serait bien difficile de se sauver sans tous les secours que donne l’Église, quand nous voyons qu’avec ces secours cela est déjà si laborieux. […] Le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer ceux qui, avertis de ce qu’ils doivent au Fils, ne Lui rendent pas les devoirs qui Lui sont dus. Et c’est une des causes pour lesquelles ‘‘hors de la foi, hors de l’Église, il n’y a pas de salut’’, c’est que le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer et recevoir comme siens ceux qui, avertis de ce qu’est le Fils, appelés à Lui par la grâce du Père et par ses envoyés, ont trop de mauvaise volonté, d’indifférence ou de lâcheté pour reconnaître le Fils pour ce qu’Il est et Lui rendre les devoirs et l’amour qu’ils Lui doivent : Le Père aime trop le Fils pour pouvoir aimer de tels hommes. (En vue de Dieu seul, Nouvelle Cité, 1973, pp.178-192, n°75,76,86) »

Le Magistère de l’Église a toujours condamné « l’indifférentisme, cette opinion funeste répandue partout par la fourbe des méchants, [selon laquelle] on peut, par une profession de foi quelconque, obtenir le salut éternel de l’âme, pourvu qu’on ait des mœurs conformes à la justice et à la probité. L’Apôtre nous en avertit : ‘‘Il n’y a qu’un Dieu, qu’une foi, qu’un baptême (Ep 4.5)’’ ; qu’ils tremblent donc ceux qui s’imaginent que toute religion conduit par une voie facile au port de la félicité ; qu’ils réfléchissent sérieusement sur le témoignage du Sauveur lui-même : ‘‘qu’ils sont contre le Christ dès lors qu’ils ne sont pas avec le Christ (Lc 21.23)’’ ; qu’ils dissipent misérablement par là même qu’ils n’amassent point avec Lui, et que par conséquent, ils périront éternellement. […] Ah ! ‘‘Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur !’’ disait saint Augustin. (Grégoire XVI, Mirari vos) »

« Si [donc] quelqu’un dit qu’il est impossible ou inutile que l’homme soit instruit par la Révélation divine sur Dieu et sur le culte qu’il faut Lui rendre, qu’il soit maudit ! (Vatican 1, DS 3027) » ; « Si quelqu’un dit que l’homme ne peut être élevé par Dieu à une connaissance et à une perfection qui dépassent celles qui lui sont naturelles, mais qu’il peut et doit par lui-même arriver finalement à la possession du vrai et du bien par un progrès continuel, qu’il soit maudit ! (Ibid., DS 3028) » ; « Si quelqu’un dit que la foi divine n’est pas distincte de la connaissance naturelle que l’on peut avoir de Dieu et des règles de la moralité, et que, par suite, il n’est pas requis pour la foi divine que l’on croie à la vérité révélée à cause de l’autorité de Dieu qui révèle, qu’il soit maudit ! (Ibid., DS 3032) » ; « Si quelqu’un dit que la Révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs et que, dès lors, les hommes doivent être poussés à la foi uniquement par leur expérience intérieure personnelle ou par une inspiration privée, qu’il soit maudit ! (Ibid. DS 3033) » ; « Si quelqu’un dit qu’il est possible que les dogmes proposés par l’Eglise se voient donner parfois, par suite du progrès de la science, un sens différent de celui que l’Eglise a compris et comprend encore, qu’il soit maudit ! (Ibid. DS 3043) » Qui ose encore tenir pareil discours, avec « assurance et la joyeuse fierté de l’espérance (He 3.6) » ? Combien loin est ce langage de la mentalité d’aujourd’hui, y compris de celle du peuple catholique ! Et pourtant, il est celui de l’Eglise… Les catholiques qui le rejettent peuvent ainsi apprendre qu’ils ne sont plus catholiques.

 

Aucun catholique ne doit attendre le salut d’ailleurs que de sa vie de foi authentique, laquelle implique nécessairement d’évangéliser, aussi vrai que l’on ne possède que ce que l’on donne. La Foi, en effet, ne procure le salut que si elle est partagée (Jn 17.20 ; Rm 10.9-10 ; 1 Co 9.23 ; 2 Co 4.13 ; Ph 1.14 ; Jc 5.19-20 ; 1 P 2.9-10 ; 1 Jn 1.3-4). Chaque baptisé, en vertu des sacrements de l’initiation chrétienne et des dons du Saint-Esprit, est appelé à prendre part à l’annonce de l’Évangile. Comment, si nous nous voulons disciples de ce Dieu qui a offert Sa vie pour nous sauver, la charité ne nous rendrait-elle pas responsables du salut de notre prochain ? Si nous n’évangélisons pas notre prochain, nul doute qu’il nous accusera, au Jour du Jugement Dernier, d’avoir contribué à sa damnation… Les « armes offensives et défensives de la justice (2 Co 6.7) » ont, au service du combat spirituel que nous devons mener (Ga 4.28-31), la puissance de renverser les préjugés, malentendus, mensonges et calomnies. Saint Paul nous invite à renverser ainsi  : « les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu » afin que nous fassions « toute pensée captive pour l’amener à obéir au Christ (2 Co 10.4-5) ». Si nous rougissions d’être les imitateurs de saint Paul (Ph 3.17 ; 1 Co 4.16 ; 11.1), serions-nous encore chrétiens ? Il est donc faux de dire qu’il ne serait pas nécessaire d’argumenter pour faire œuvre apologétique. L’exemple du Seigneur jusqu’au dernier des missionnaires est là pour dire le contraire. Il est faux de dire qu’après deux mille ans d’évangélisation, la sagesse imposerait aujourd’hui de respecter la religion de chacun et de travailler tous ensemble à l’édification de la paix dans le monde. Il est faux de dire que la vraie religion à promouvoir est celle qui transcenderait toutes les confessions religieuses. Il est faux de dire que l’essentiel est ce que toutes partageraient selon leurs propres modalités. Il est faux de dire que la question de la vérité sur Dieu se limite à nous ramener à la reconnaissance de notre finitude et de notre incapacité à jamais L’atteindre, Lui qui est au-delà de tout. Il est faux de dire que la renonciation à la question de la vérité est la démarche nécessaire pour obtenir la paix entre les religions. Combien la réflexion du bienheureux et infatigable missionnaire qu’était Raymond Lulle est aujourd’hui encore d’actualité : « Si l’erreur était fortement combattue par la vérité et sans répit par de nombreux hommes, la vérité vaincrait nécessairement l’erreur, surtout si l’on considère que l’erreur ne bénéficie pas de la moindre aide de Dieu et que la vérité est toujours aidée par la vertu divine, vérité incréée qui a produit la vérité créée pour détruire l’erreur. Mais parce que les hommes aiment les biens temporels et n’aiment Dieu et leur prochain que tièdement et avec peu de dévotion, ils n’ont aucun souci de détruire l’erreur et la fausseté ; ils craignent de mourir et d’endurer les maladies, les souffrances et la pauvreté ; ils ne veulent pas abandonner leurs richesses, ni leurs biens, ni leurs terres, ni leurs familles, pour délivrer ceux qui sont dans l’erreur afin qu’ils aillent à la gloire infinie et échappent aux tourments infinis. (Le Livre du Gentil et des trois Sages, Éditions de l’Éclat, 1992, p.236) »

 

Aussi, alors que l’apostasie sévit aujourd’hui jusque dans le saint lieu, pourquoi les catholiques ne prendraient-ils pas l’habitude de réciter, et les prêtres et curés de faire régulièrement proclamer lors des assemblées paroissiales, le serment antimoderniste promulgué par le pape saint Pie X, dont voici quelques extraits :
« Moi, N…, j’embrasse et reçois fermement toutes et chacune des vérités qui ont été définies, affirmées et déclarées par le magistère infaillible de l’Église, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps.
Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison “par ce qui a été fait” (Rm 1,20), c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.
Deuxièmement, j’admets et je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c’est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l’origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’ils sont tout à fait adaptés à l’intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d’aujourd’hui.
Troisièmement, je crois aussi fermement que l’Église, gardienne et maîtresse de la Parole révélée, a été instituée immédiatement et directement par le Christ en personne, vrai et historique, lorsqu’Il vivait parmi nous, et qu’elle a été bâtie sur Pierre, chef de la hiérarchie apostolique, et sur ses successeurs pour les siècles.
Quatrièmement, je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des Apôtres jusqu’à nous toujours dans le même sens et dans la même interprétation par les Pères orthodoxes ; pour cette raison, je rejette absolument l’invention hérétique de l’évolution des dogmes, qui passeraient d’un sens à l’autre, différent de celui que l’Église a d’abord professé. Je condamne également toute erreur qui substitue au dépôt divin révélé, confié à l’Épouse du Christ, pour qu’elle le garde fidèlement, une invention philosophique ou une création de la conscience humaine, formée peu à peu par l’effort humain et qu’un progrès indéfini perfectionnerait à l’avenir[1 ].
Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur.

De même, je réprouve l’erreur de ceux qui affirment que la Foi proposée par l’Église peut être en contradiction avec l’histoire, et que les dogmes catholiques, au sens où on les comprend aujourd’hui, ne peuvent être mis d’accord avec une connaissance plus exacte des origines de la religion chrétienne. (…)
Enfin, d’une manière générale, je professe n’avoir absolument rien de commun avec l’erreur des modernistes qui tiennent qu’il n’y a rien de divin dans la tradition sacrée, ou, bien pis, qui admettent le divin dans un sens panthéiste (…).
Enfin, je garde très fermement et je garderai jusqu’à mon dernier soupir la foi des Pères sur le charisme certain de la Vérité qui est, qui a été et qui sera toujours “dans la succession de l’épiscopat depuis les Apôtres”, non pas pour qu’on tienne ce qu’il semble meilleur et plus adapté à la culture de chaque âge de pouvoir tenir, mais pour que “jamais on ne croie autre chose, ni qu’on ne comprenne autrement la vérité absolue et immuable prêchée depuis le commencement par les Apôtres. Toutes ces choses, je promets de les observer fidèlement, entièrement et sincèrement, et de les garder inviolablement, sans jamais m’en écarter
(…) »

 

Sainte Bernadette à qui l’on demandait en 1870 si elle craignait l’arrivée des Prussiens, répondit : « Je ne crains que les mauvais catholiques ». Daigne Dieu accorder à mes lecteurs et à moi-même de n’être point de ceux-là !

[1] Cette affirmation condamne, par exemple, l’inscription de la peine de mort au Catéchisme de l’Eglise catholique par le pape François.

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Cet article a été publié dans la revue Cedrus Libani n°89

  1. Cette affirmation condamne, par exemple, l’inscription de la peine de mort au Catéchisme de l’Eglise catholique par le pape François. []