Conférence donnée par l’abbé Guy Pagès au Forum Jésus le Messie qui s’est tenu à Paris le 11 novembre 2023, sur le thème : Quelles perspectives pour le dialogue islamo-chrétien ?

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Loué soit Jésus-Christ, qui nous délivre de la Colère qui vient (1 Th 1.10) !

Chers frères et sœurs, chers amis,

Voici une présentation de l’évolution du dialogue islamo-chrétien (DIC), de quelques-unes de ses difficultés particulières, ce qui nous laissera déjà largement entrevoir  son avenir.

Présentation du DIC

L’Église justifie le dialogue interreligieux, et islamo-chrétien en particulier, dans sa déclaration Nostra Aetate du concile Vatican II, au motif qu’« À notre époque le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et [que] les relations entre les divers peuples se multiplient », et parce qu’elle estime avoir la « tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes [en examinant] ce qu’ils ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée (…) tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes. » Notez qu’il est ici question « de témoigner de la foi et de la vie chrétiennes » – parce que ce ne sera bientôt plus le cas -, et que la raison du DIR est la recherche de l’unité des hommes, en s’appuyant sur ce qu’ils ont déjà en commun, à savoir : la reconnaissance de la Divinité suprême ; le désir de la libération des angoisses existentielles, et celui de l’illumination de l’esprit … Puis vient dans cette déclaration la mention des musulmans, distingués, avec les juifs, des membres des autres religions non-chrétiennes, en raison de ce qu’ils auraient en commun avec l’Église … et non en raison du fait que venant APRÈS le Christ, ils rejettent explicitement le Christ et Son Église … Comme si l’accueil ou le rejet de la foi chrétienne comptaient pour rien dans l’évaluation du fait religieux ! Alors que les religions d’AVANT la venue du Christ s’expliquent par la légitime recherche humaine de ce qui fait la grandeur de l’homme, et leurs erreurs par leur possible ignorance invincible, judaïsme et islam, venant APRÈS le Christ, n’ont, théologiquement, pas d’autre raison d’être que leur refus de la Révélation chrétienne. Ce qui les définit littéralement comme antichrists. C’est ce que nous enseigne la grille de lecture de l’histoire offerte par le Christ dans la parabole de l’ivraie (Mt 13.36-43), en laquelle Il distingue 1/ le monde, 2/ l’Église, et 3/ la génération diabolique qui lui succède et s’oppose à elle. Difficile d’être plus clair. Malheureusement, pour fonder son dialogue avec juifs et musulmans sur quelque chose d’estimable, l’Église passe sous silence l’incompatibilité absolue posée par le Christ dans cette parabole entre Lui-même et Satan, entre « les fils du Royaume » et les « fils du Mauvais », pour rendre juifs et musulmans non pas seulement semblables aux membres des religions d’AVANT la venue du Christ, mais participants de sa propre grâce ! Comme dans d’autres textes du concile Vatican II (sur la liberté religieuse, le dialogue œcuménique …), apparaît ici un fléchissement libéral, une nouveauté, conduisant à concéder qu’il y a des réalités surnaturelles « imparfaites » en dehors de l’unique réalité surnaturelle qu’est l’Église, bâtie par le Christ sur Pierre. (Mt 16.18-19) Or, si l’on ne peut pas être un peu ou même beaucoup à Jésus, mais seulement tout entier ou pas du tout, comment les éléments qui paraissent communs au christianisme et à l’islam seraient-ils autre chose que de véritables miroirs aux alouettes destinés à faire tomber les chrétiens dans « l’imposture religieuse qui précède le retour du Christ (CEC n°675) » ?

Pour le cardinal Arinze, qui fut président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, « le dialogue interreligieux n’est ni l’histoire comparative des religions, ni une discussion démonstrative ou apologétique, ni une tentative de convertir l’autre à sa propre religion. Mais c’est une démarche d’écoute de l’autre, consistant moins à parler qu’à laisser l’autre s’exprimer ou à l’interroger pour essayer de comprendre pourquoi l’autre a telle religion, et pour discerner ce qui peut être fait en commun avec lui. »1 Propos que ne démentira pas le cardinal Tauran, un de ses successeurs à la présidence du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, pour qui, je cite : « Le dialogue n’est pas une stratégie ou un moyen pour convertir, bien qu’un tel dialogue puisse favoriser la conversion. Le dialogue, pour être sincère, doit être mené sans arrière-pensée. (Conférence sur le dialogue islamo-chrétien, Vatican, 4-6 nov. 2008) » Vous remarquez maintenant chez ces deux cardinaux, compétents en la matière, qu’il n’est plus question de témoigner de la foi chrétienne, mais que même le désir de convertir l’autre est exclu de la pratique du DIR… Or, si la fin de l’Église est le salut des âmes, est-il possible à un chrétien de renoncer à l’idée de convertir ? Si Dieu veut le salut de tous (1 Tm 2.4), et si un chrétien se caractérise par sa communion avec Dieu, un chrétien peut-il ne pas avoir toujours l’« arrière-pensée » du salut de son prochain ? Ou alors, le désir du salut de tous serait-il intermittent chez Dieu ? Est-il possible à la lumière mise sur le lampadaire de ne pas éclairer tous ceux qui la voient ? (Mt 5.15) Il n’est certes pas toujours opportun d’évangéliser verbalement, et le témoignage d’une vie sainte et irréprochable fait parfois plus que des paroles, mais, pour autant, est-il loisible à un chrétien de ne pas vouloir toujours le salut de son prochain, en toute circonstance et de façon efficace ? Le canon 211 du Code de Droit canonique nous en fait un devoir : « Tous les fidèles ont le devoir et le droit de travailler à ce que le message divin du salut atteigne sans cesse davantage tous les hommes de tous les temps et de tout l’univers.» , et le canon 225 ajoute :  « cette obligation est encore plus pressante lorsque ce n’est que par eux que les hommes peuvent entendre l’Évangile et connaître le Christ. »  « Malheur à moi [donc] si je n’évangélise pas ! (1 Co 9.16 ; 2.2 ; Lc 12.3) » disait le grand saint Paul ! Dès lors, le DIR, et IC en particulier, peuvent-ils apparaître autrement que comme antichrétiens, ou hypocrites ? Comment ne pas avoir compris que ce refus public d’évangéliser allait finir par gangrener tout le corps ?

L’Église catholique qui est en France, sur son site internet, promeut : « Le dialogue entre les chrétiens et les autres religions réalisé dans un respect de liberté, d’ouverture, d’écoute afin d’apprendre à se connaître, à apprécier à la fois nos différences et les valeurs communes qui nous lient les uns aux autres. (Saisie du 28.07.23) » ( ) Outre l’amalgame encore fait ici entre “personnes” et “religions”, ce propos fait le lit du funeste relativisme en appelant à estimer « les différences » entre religions. En effet, le sens du verbe apprécier est ici celui d’estimer, puisqu’il est question d’apprécier aussi les valeurs communes, et que l’on ne peut pas ne pas estimer ses propres valeurs … Ce sens est d’ailleurs défendu par le père de la Hougue, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) à l’Institut catholique de Paris, qui milite pour que les chrétiens aient ( ) « une vraie estime de la foi des musulmans (NURT SVD 2 (2015) s. 242-255) » … C’est ainsi que nous sommes très religieusement et doctement invités à estimer la foi qui blasphème la Sainte Trinité, et tous les mystères de la Révélation chrétienne … Faut-il s’étonner dès lors que les églises se vident ? Cet estime des différences a été particulièrement bien exprimé récemment par Mgr Américo Aguiar, qui déclara peu avant l’ouverture des JMJ 2023 dont il était le responsable à Lisbonne, qu’elles étaient « un cri [de] fraternité universelle » et que le « message principal » en était le respect des différences, car « la différence, disait-il, est une richesse ». La différence de l’islam haïssant rien tant que la foi chrétienne (Coran 4.48, 116 ; 5.41 ; 8.55 ; 9.28,30,33,113 ; 61.9 ; 98.6 …) serait donc, pour ce prélat, « une richesse » … Mais si elle est une richesse, il faut alors la faire fructifier, et donc non seulement rester musulman, mais islamiser ! Les différences sont une richesse dans l’ordre naturel, mais les contradictions s’opposant à la Vérité révélée sont des hérésies ! Et les hérésies conduisent en Enfer ! Pour Mgr Américo Aguiar, depuis lors fait cardinal, la conclusion logique de cet amour des différences excluant Jésus-Christ est que : « Nous ne voulons pas convertir les jeunes au Christ, ni à l’Église catholique … (06.07.23, RTP Notícias) » Faut-il s’étonner que les églises se vident ?

Un des malheurs du DIR, et du DIC en particulier, est d’avoir été présenté comme une nouveauté du Concile, et bientôt comme une fin en soi puisque déconnecté de la recherche du salut des âmes, fin dernière de toute activité de l’Église. La Foi demandant une adhésion libre de l’intelligence, les chrétiens, et les missionnaires en particulier, n’ont pas attendu Vatican II pour pratiquer le dialogue, que ce soit pour évangéliser, ou pour répondre aux nécessités de la vie courante, voulue la plus paisible et religieuse possible ! Mais jamais, jamais ! il n’avait été officiellement demandé, ni même imaginé, qu’en toutes ces occasions, il eût fallu rejeter l’« arrière-pensée » de la conversion d’autrui …

Difficultés particulières du DIC

Du côté de l’islam

Parmi les obstacles au dialogue du côté musulman, on peut noter l’assurance des musulmans de connaître mieux la Foi chrétienne que les chrétiens eux-mêmes (Coran 6.20-24), du fait que l’islam serait la dernière et enfin définitive mise à jour de la seule vraie religion jusque-là sans cesse falsifiée, en sorte que tout ce que peuvent dire les chrétiens est par principe nul et non avenu. (Coran 9.28-33)

Est-il possible, est-il souhaitable, de dialoguer avec qui justifie l’infériorité ontologique et légale de la femme (Coran 2.223,228,282 ; 3.34 ; 4.3 ; 5.6 ; 53.21-22 …) et du non-musulman, (Coran 7.176 ; 25.44) la pédo-criminalité, (Coran 65.4) le pillage, (Coran 4.74,100) le meurtre, (Coran 2.191 ; 4.89 ; 9.5, 123 ; 61.4) l’esclavage, (Coran 4.24,92 ; 16.71,75,76 ; 30.28) le viol des captives, (Coran 4.24) et autres abominations instituées par Allah ?

« Qui est l’Antichrist ? » Six siècles avant la venue de l’islam, saint Jean – que l’on ne peut donc pas accuser d’islamophobie -, donnait déjà la définition de l’islam en donnant celle de l’Antichrist : « C’est celui qui nie le Père et le Fils (1 Jn 2.22) » Et en effet, telle est la gloire affichée de l’islam : rétablir le prétendu monothéisme en rejetant la Sainte-Trinité (Coran 112.1-4 ; 4.171 ; 4.48 ; 5.116). La raison d’être de l’islam est d’éliminer l’Église et de la remplacer : « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’Église et que la religion soit seulement l’islam ! (Coran 2.193 ; 3.85 ; 9.5,33 ; 9.30,33 ; 48.16 ; 60.4) » Et pour y arriver, comme le font bourreaux et génocidaires qui dénient à leurs victimes la dignité humaine, Allah assure que les chrétiens « ne sont qu’impureté (Coran 9.28) », « au même titre que l’excrément ou l’urine. » précise l’Ayatollah Khomeny (Principes politiques, philosophiques, sociaux et religieux, Éditions Libres Hallier, Paris, 1979), « les pires êtres qui soient (Coran 98.6) », coupables du seul péché impardonnable, qui est donc de croire à la Trinité (Coran 4.48), péché « pire que le meurtre (Coran 2.191) », dont la sanction est la peine de mort, en sorte que tous les chrétiens étant damnés (Coran 2.221 ; 3.12 ; 5.72 ; 9.17 ; 9.113 ; 98.6) doivent être tués « sans relâche (Coran 3.152 ; 9.5,30 ; 33.57,61) ».

Une autre difficulté est la pratique de la takiya, qui est l’art de mentir au bénéfice de l’islam. [J’ai commis ici une erreur en attribuant à Mahomet ce qu’Allah dit en 17.64 à Satan … mais cette erreur matérielle ne change rien à mon propos.] Allah justifie le parjure (Coran 66.2), en sorte que Mahomet signa un traité de paix de dix ans avec les Mecquois, ce qui lui donna le temps de refaire ses forces pour, deux ans plus tard, s’emparer de la ville … non sans avoir exécuté les personnes qui lui avaient fait confiance (Ibn Ishaq, Sira, 981 ; 834 & 837). Cet art ou religion de la ruse dont la première règle est de profiter de la faiblesse et de l’ignorance d’autrui, se décline en plusieurs formes. La Tawriya (toriia) peut être définie comme l’« inventivité dans l’art du mensonge » : elle permet de changer le sens d’une parole, d’un serment, sans en changer la lettre (Reliance of the Travaller, Maryland, USA, 2011, o19.1, o19.5). C’est ainsi qu’un musulman niera que le Coran dise des Juifs et des chrétiens qu’ils sont « des égarés, objets de la colère d’Allah (Coran 1.6-7) », car le verset ne le dit pas textuellement, alors qu’aucun autre sens n’est logiquement possible. Pour faire accroire que l’islam condamne le mensonge, il pourra citer : « La malédiction d’Allah tombe sur les menteurs. (Coran 3.61) », mais il ne dira pas que les menteurs ici désignés sont ceux qui refusent l’islam (Coran 3.61 ; 16.105 ; 23.90). Le Kitman (kitmen) consiste à ne dire qu’une partie de la vérité afin de la déformer entièrement. Par exemple, affirmer que le terme djihad désigne le combat contre soi-même, alors qu’au minimum il signifie résister à la tentation de quitter l’islam (Coran 2.147,189,193 ; 8.39 ; 10.94 ; 18.35-37), et dans son sens général le devoir de combattre à mort tous ceux qui refusent l’islamisation (Coran 5.33). Un autre exemple est la citation de versets apparemment tolérants, mais qui ont été abrogés. Le Muruna (mirena) signifie faire preuve de souplesse, savoir s’adapter. C’est l’arme suprême pour s’infiltrer chez l’ennemi. A l’imitation d’Allah abrogeant certains versets de sa parole éternelle pour en produire de meilleurs (Coran 2.106 ; 13.39 ; 16.101), un musulman est justifié de déroger à certains préceptes islamiques, de critiquer même le Coran, si c’est pour un « meilleur commandement ». Aujourd’hui la takiya prétend aimer la démocratie, défendre les Droits de l’homme, promouvoir la liberté religieuse, mais dans l’intention d’imposer un jour la charia dans l’espace public ! C’est ainsi qu’au nom de la promotion de la diversité, l’Union Européenne finance son islamisation, en faisant par exemple la promotion du « Hijabday ». Les différences sont des richesses, n’est-ce pas ? Et les « modérés » en attendant d’aller demain rejoindre l’armée du Mahdi, font fructifier au profit de l’islam les concessions que leur obtiennent la peur des actes terroristes, la lâcheté des responsables politiques, et l’apostasie d’une grande partie de l’Église.

Enfin, parce que « les coutumes d’Allah ne changent pas (Coran 33.62 ; 35.43 ; 48.23) », tout espoir d’un changement de doctrine ou de pratique islamique est illusoire. Et parce qu’Allah est seul à comprendre ce qu’il dit (Coran 3.7) … son Coran est un « livre évident (Coran 34.3 ; 43.2 ; 44.2) ». Cela explique la culpabilisation de tout questionnement, assimilé à une contestation de l’islam, à une révolte contre Allah : « Ô vous qui avez cru ! Ne posez pas de questions sur certains sujets, cela pourrait vous causer du tort ! (Coran 5.101) » Menace ! Terreur ! La perversion coranique va même jusqu’à déclarer « intelligent » celui qui renie son désir de connaître ! En islam, ce n’est pas la raison qui justifie la foi, mais c’est le Coran qui rend possible l’usage de la raison, avec pour seule fin la légitimation de la charia.

Du côté de l’Église

On dira que le dialogue sert à maintenir la paix civile, en permettant à chacun d’exprimer sa pensée aussi rationnellement que possible, délesté de l’influence des passions. C’est certes un art difficile que de savoir parler de choses qui fâchent sans se fâcher, mais ce l’est aussi de ne pas trahir l’Evangile pour complaire à ses ennemis. Lorsqu’en France l’Église catholique participe à la Conférence des responsables de culte (CRCF), quel message envoie-t-elle à la société ? Celui d’être l’unique voie de salut instituée par Dieu pour le salut de tous, ou bien celui d’être une religion parmi d’autres, dans le grand marché libéral des spiritualités et superstitions ? En ne siégeant pas à cette assemblée, que perdrait l’Église ? L’estime du monde ? Mais serait-ce trop cher payé pour rester fidèle à Dieu (Jc 4.4 ; 1 Jn 2.15) ? Et que gagnerait-elle, sinon la reconnaissance de sa mystérieuse différence ? En vérité  « étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soit égalées. (Léon XIII, Humanum genus) » Quelqu’un en a-t-il encore conscience ?

La paix civile ne relève pas, directement, de la mission de l’Église, mais de celle du pouvoir politique. L’oubli de cette vérité et la confusion qui s’en suit ne peuvent qu’avoir de graves conséquences, à commencer, pour les chrétiens, par le malheur de devenir eux-mêmes des apôtres de la Tolérance, pour qui le Christ, venu apporter en ce monde non la paix mais la division (Lc 12.51), ne peut qu’être insupportable … Comment le DIR pourrait-il ne pas bannir la liberté de secouer la poussière de ses sandales (Mt 10.14 ; Jn 6.67 ; Tt 3.10 ; 2 Co 6.14-18) ?

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Je ne dis pas qu’il ne faille pas dialoguer avec des musulmans ou avec les représentants de l’État laïc, mais qu’il faut se garder de jamais cautionner l’un et l’autre, si peu que ce soit, car l’un et l’autre ne se sont forgés qu’en haine de la chrétienté et pour régner sur ses ruines. Nous ne le voyons que trop : le dialogue islamo-chrétien ne sert, malheureusement, qu’à rendre l’islam respectable, estimable, à légitimer son implantation, à lui fournir les lettres de noblesse qu’il n’aurait pas sans la considération que lui apporte l’Église. Comme disait le Pape saint Pie X : « La force principale des mauvais c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf du règne de Satan réside dans la mollesse des chrétiens. (Allocution pour la béatification de Jeanne d’Arc, 13.12.1908) ».

La recherche de l’unité entre tous les hommes promue par Nostra Aetate et portée par le DIR a produit un enseignement de contre-vérités toujours plus énormes et des actes toujours plus scandaleux visant à colmater la béance tenant lieu de communion imparfaite entre qui est au Christ et qui Le refuse.

Ainsi, dire avec Nostra Aetate que les musulmans ( ) « cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham », c’est tomber dans le piège musulman faisant croire que l’Abraham biblique et l’Abraham coranique sont la même personne. Or, ils se distinguent précisément par la différence absolue de leur relation au Christ, aussi vrai que le Christ a nié que les Juifs refusant de croire en Lui soient la descendance d’Abraham, et les a déclarés pour cela enfants du Diable (Jn 8.44). Comment dès lors l’Église peut-elle louer aujourd’hui les musulmans qui font la même chose ?2 

De même, Nostra Aetate loue la vie morale des musulmans. Or, elle en est une parfaite négation (nonobstant le comportement de tel ou tel musulman à titre individuel), car l’islam ne se réfère pas aux notions de bien et de mal contenues dans la loi naturelle, à laquelle accède la raison humaine, mais aux notions de licite et d’illicite, décrétées arbitrairement par Allah, révélées par le Coran, et explicitées par la charia.

Contrairement à ce que veut le croire encore Nostra Aetate, rien dans le Coran ne dit que Marie est la mère virginale – bien au contraire !

De même pour le jugement qu’ils attendent, et qui n’en est pas un, puisqu’Allah a décidé de toute éternité qui serait sauvé et qui serait damné (Coran 6.39 ; 7.178,179,186 ; 13.27 ; 14.4 ; 17.97 ; 18.17 ; 30.29 ; 32.13 ; 35.8 ; 39.23 ; 40.33 ; 74.31) …

Et que dire du conseil donné « d’oublier le passé » ? Comme si l’oubli n’était pas la condition pour répéter les mêmes erreurs et connaître les mêmes malheurs ! Comme si Jésus ne nous avait pas demandé d’être, parmi les loups, non seulement candides comme des colombes, mais prudents comme des serpents (Mt 10.16) …

Une autre difficulté au DIC vient aujourd’hui du Pape François affirmant que « Dieu nous sauvera tous (15.09.2021) ». S’il en est ainsi, on comprend qu’il n’y a plus lieu de se préoccuper du salut de quiconque, ni donc à organiser la société pour que chacun puisse y faire facilement son salut. Rien n’étant finalement grave, il est alors possible d’inviter les musulmans à suivre l’enseignement du Coran (François, le 20.01.2014). Notre bonne volonté n’est plus sollicitée que pour la survie de la planète, condition de notre bien-être, et pour accepter l’islam, voulu par Dieu …

Un point culminant du DIC a été en effet atteint avec la signature par le pape François et le Grand Imam d’Al-Azar à Abou Dhabi en février 2019 de la « Déclaration sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ». Passons sur le pléonasme de la coexistence commune. En cette déclaration, comme vous savez, il est affirmé que « le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». Cette phrase valide la confusion typiquement musulmane entre la nature (race, sexe …) et la culture (langue, religion), confusion faisant donc de l’islam une réalité voulue par Dieu au même titre que la nature … et donc aussi bon, nécessaire et évident en lui-même que ce que l’est la nature. Mais cette phrase blasphème encore Dieu en avalisant la schizophrénie d’Allah qui crée effectivement plusieurs religions (Coran 7.16 ; 22.66) … pour que l’islam les détruise (Coran 2.193 ; 9.30,33) ! En islam la division spirituelle et morale de l’humanité est voulue par Allah (Coran 7.168 ; 22.66), parce qu’il est l’auteur du bien comme du mal (Coran 15.40 ; 32.13 ; 38.82 ; 91.8 ; 113.2), mais en régime chrétien, la division spirituelle de l’humanité est due au péché de l’humanité (Gn 3.1+ ; 11.1+), et non à Dieu ! Le rejet de la précieuse distinction entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel apparaît encore dans le discours du pape François lorsque ce jour-là aux membres du Conseil musulman des Anciens à la Grande Mosquée du cheikh Zayed, il dit : « La fraternité certainement exprime aussi la multiplicité et la différence qui existent entre les frères, bien que liés par la naissance et ayant la même nature et la même dignité. La pluralité religieuse en est une expression. » Si la pluralité religieuse est une expression de la fraternité liée à la naissance, alors Jésus n’en fait pas partie, puisqu’Il Lui a expressément préféré celle qui vient de l’accomplissement de la Volonté de Dieu (Mc 3.32-35) … Où l’on voit encore l’incompatibilité entre la fraternité de Jésus et celle de ce monde construisant son unité sur un autre fondement que la foi en Jésus (Jn 6.40 ; 20.21). La reconnaissance du « pluralisme et les diversités de religion » qui découleraient d’« une sage volonté divine » fondant « le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents », a pour corollaire l’impossibilité pour l’Église d’affirmer que la religion catholique est la seule vraie religion voulue par Dieu en laquelle tous doivent s’efforcer d’entrer (Mt 28.18-19 ; Lc 14.23) … N’est-ce pas trop cher payé pour l’Église de ne plus pouvoir dire que la division spirituelle de l’humanité n’est pas voulue par Dieu, et qu’au prix de Sa croix Jésus est venu rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jn 11.52 ; Jn 17.21) ? La division spirituelle et morale de l’humanité n’a rien à voir avec la diversité des couleurs de l’arc en ciel !

Avant d’évoquer le grand succès donné par le DIC à la figure d’Abraham, il faut noter que l’islam prétend rejeter la corruption du monothéisme comme l’aurait fait Abraham (Coran 16.123), en sorte que l’islam est « la religion d’Abraham (Coran 4.125) », la religion du pur monothéisme. Moïse et Jésus étaient des prophètes musulmans, mais Juifs et chrétiens se sont égarés en refusant la prédication de Mahomet qui prêchait la religion d’Abraham, modèle des musulmans (Coran 2.135). Judaïsme et christianisme ne sont plus la religion d’Abraham : « Ô gens du livre, pourquoi discutez-vous au sujet d’Abraham, alors que la Thora et l’Évangile n’ont été révélés qu’après lui ? […] Abraham n’était ni juif ni chrétien ; il était monothéiste ! (Coran 3.65,67) » Abraham est ainsi la figure d’un monothéisme supra-confessionnel que le Pape François a prêché en 2021 en Irak : « Aujourd’hui, nous, juifs, chrétiens et musulmans, avec nos frères et sœurs d’autres religions, nous honorons notre père Abraham en faisant comme lui. (…) » N’est-il pas étonnant de voir le Pape donner aux autres religions Abraham pour père dans la foi ? « Abraham, notre père commun dans la foi » ? Quelle est cette foi que nous aurions avec les musulmans et les membres d’autres religions ? Saint Paul, qui ne cherchait pas à plaire aux hommes de peur de ne plus être un serviteur du Christ (Ga 1.10), renonça « à la sagesse du langage », c’est-à-dire aux arguties, au double-sens, aux compromissions « afin de ne pas rendre vaine la croix de Christ (1 Co 1.17 ; 2.1-16 ; 1 Co 3.18-19) ». Il ne connaissait, lui, « que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (1 Co 2.2) », « scandale pour les juifs et folie pour les païens (1 Co 1.23) » Le Pape continua : « Celui qui a le courage de regarder les étoiles, celui qui croit en Dieu, n’a pas d’ennemis à combattre. (…) D’où le chemin de la paix peut-il alors commencer ? Du renoncement à avoir des ennemis. » Le Pape semble oublier que ne pas avoir d’ennemis ne dépend pas nécessairement de soi. Jésus a eu des ennemis, et a commandé d’aimer ses ennemis (Mt 5.44), ce qui suppose d’en avoir. Et Il a même déclaré maudits ceux qui n’ont point d’ennemis (Lc 6.26) …

Conclusion

Nous avons montré au cours de ce rapide exposé que le discours de l’Église justifiant la pratique du DIR, et IC en particulier, est passé de la recherche de l’unité des hommes basée sur ce qu’ils ont déjà en commun, à la célébration de la fraternité universelle basée sur la paternité universelle d’Abraham, fraternité par laquelle se définit précisément la religion islamique … La fraternité catholique se définissant par la commune participation à la nature divine du Christ (Mt 12.46-50). Il est à noter que cette évolution de l’attitude de l’Église vis-à-vis de l’islam suit celle qu’elle a connue vis-à-vis des États nés de la Révolution : l’affirmation de la Vérité révélée et la revendication de ses droits s’est transformée en simple défense de « valeurs » communes, aussi équivoques, douteuses et discutables que ce que l’État moderne et l’islam rejettent tous deux aussi bien l’autorité de Jésus-Christ que la loi naturelle …

Les perspectives du DIC sont donc claires : tel un fleuve se jetant dans la mer, il conduit à devenir membre de la fraternité universelle prêchée par l’encyclique Fratelli tutti, encyclique accueillie avec enthousiasme par tous les francs-maçons du monde, lesquels travaillent à établir ( ) « une religion universelle, sur laquelle tous les hommes sont d’accord, consistant à être bons, loyaux, modestes, gens d’honneur, quelle que soit la dénomination ou la croyance particulière qui les distingue (Obligations d’un Franc-maçon, § 1) ». Sur leur site de partage ledifice.net, ils se font gloire « de rechercher ce qui nous rapproche et non de polémiquer sur nos différences, ce qui nous autorise à réellement considérer Abraham comme le précurseur des trois religions monothéistes révélées, et le père des peuples croyants, en nous permettant de nous retrouver tous pour former une grande fraternité universelle. » L’inauguration de la Maison de la famille d’Abraham à Abou Dhabi le 21 février dernier matérialise l’avènement de cette fraternité universelle, censée s’enraciner dans la foi d’ancêtres communs, et ayant pour but déclaré de prendre soin de la maison commune, la Terre-Mère. Cette fraternité universelle est la religion qui a toujours été voulue par la franc-maçonnerie, une religion sans le Dieu de Jésus-Christ, sans une vérité qui dépasse la raison finie, sans dogme ni sacrements comme moyens nécessaires pour recevoir la grâce sanctifiante et salvatrice (Cf. Card. Müller, Renaissance Catholique, n°175, p.13). C’est pourquoi l’Église a toujours dénoncé la franc-maçonnerie comme satanique et défendu aux chrétiens de participer à ce genre de projet. La comparaison entre l’enseignement de l’encyclique Mortalium animos (1928) du pape Pie XI et celui de Nostra aetate laisse songeur : « Jamais peut-être dans le passé, les esprits des hommes n’ont été saisis aussi fort que de nos jours du désir de renforcer et d’étendre pour le bien commun de la société humaine, les relations fraternelles qui nous lient à cause de notre communauté d’origine et de nature. [Cf. ci-dessus Nostra Aetate] (…) Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences religieuses à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle [ici donc Abraham]. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, (…) invitant tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, y compris ceux (…) qui nient la divinité de Sa nature et de Sa mission. De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables (…). En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient (…). La conclusion est claire : se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c’est s’éloigner com-plè-te-ment de la religion divinement révélée. »

Abbé Guy Pagès

  1. Cette attitude bienveillante étant attendue de chaque interlocuteur, dans les quatre formes que prend le dialogue : 1) Le dialogue de la vie, par le partage des joies et des peines d’autrui ; 2) Le dialogue de l’action en vue du bien de la société ; 3) Le dialogue doctrinal ; 4) Le dialogue de l’expérience religieuse. (Fr. Basile Valluet, L’Église au défi des religions, Artège, 2013, p.271). []
  2. En sus des noms propres, les noms communs eux-mêmes ont des significations différentes. Ainsi, lorsque Mahomet appelle à la chasteté, cela signifie ne coucher qu’avec ses esclaves (Coran 70.29-30 ; 78.31-34), ou qu’avec des prostituées rémunérées (Coran 5.5), et la paix avec les non-musulmans n’est qu’une trêve. Comme le disait Mgr Pierre Claverie, assassiné en Algérie où il était évêque : « Nous disions : ‘Voyez, nous avons des bases communes.’ C’est FAUX, complètement FAUX. Chacun met autre chose derrière les mots. Nous étions en pleine équivoque. […] Je prends acte de cette différence avant d’esquisser une rencontre. (in François Jourdan, Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans, Paris, L’Œuvre, 2007, p.86) » []