Les homosexuels peuvent-ils se marier à l’Église ? Dans l’avion qui le ramenait de Slovaquie, le 15 septembre 2021, le Pape François a répondu à cette question, et je voudrais commenter sa réponse.

(0’34-1’21) Pape François : Le mariage en tant que sacrement est clair. Qu’il y ait des lois civiles qui prévoient, qui permettent par exemple de s’associer, avec une loi pouvoir bénéficier des services sanitaires, pour pouvoir recevoir un héritage entre eux, on peut bien le faire. Le Pacs français, cette loi -je ne sais pas bien les détails-, n’a rien à voir avec les couples homosexuels. Les couples homosexuels peuvent l’utiliser. 

(1’21-3’48) Abbé Pagès : Le Pape a rappelé cette évidence que le mariage, ainsi que l’étymologie le dit, consiste à marier des personnes de sexes différents, comme on marie des couleurs différentes, et non pas la même couleur. Quelle tristesse de constater que plus l’humanité s’éloigne de Jésus-Christ, et plus des vérités aussi élémentaires lui deviennent étrangères !
Je déplore toutefois que le Pape François ait indiqué les unions civiles comme ersatz du sacrement de mariage, car cela revient à enraciner les homosexuels dans leur péché, au lieu de les inviter à le rejeter, comme il en va du devoir de tout prêtre selon le pape saint Grégoire le Grand : « Celui qui accède au sacerdoce, disait-il, reçoit l’office du héraut, qui est de proclamer la venue du Juge redoutable qui le suit. (Règle pastorale, in La liturgie des heures, IV, Cerf, 1980, p.139) » Telle est la prédication évangélique (Mt 13.15 ; Mc 1.3,4,15 ; 6.12 ; Ac 3.19 ; 2 Co 6.20…). De même qu’un médecin qui refuse de pratiquer un avortement ne peut indiquer l’adresse d’un confrère acceptant de le commettre sans y prendre lui-même une part directe, de même, il est impossible de taire la gravité d’un péché (Jc 4.17 ; Ep 5.11), et a fortiori de l’encourager, sans le partager. La légalisation de l’avortement est une structure de péché banalisant le crime d’avortement, comme la légalisation de l’homosexualité pousse les âmes à accepter le péché contre-nature, et donc à se damner (Rm 1.29+ ; 1 Co 6.9-10 ; 2 Co 12.21 ; Ga 5.19-21 ; Col 3.5-6 ; 1 Tm 1.10 ; Jude 1.7 ; Ap 22.15…). Ss Pie XII a rappelé que : « De la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes. (Pour le 50e anniversaire de Rerum novarum) » Le but des lois est en effet d’interdire et de châtier le mal, de défendre et de promouvoir le bien, comme le but de l’Église est d’arracher les âmes au pouvoir de Satan et de les introduire dans le Royaume de Dieu.

(3’49-4’9) Pape François : – Mais le mariage en tant que sacrement est entre un homme et une femme. Et quelques fois, comme je le disais, il se crée des confusions. On se trouve tous égaux. Il faut respecter tout le monde. Et le Seigneur est bon. Il nous sauvera tous.

(4’10-8’19) Abbé Pagès : Pourquoi, après avoir dénoncé de possibles confusions, que, d’après le contexte, on comprend être celles pouvant exister entre le mariage et l’union des homosexuels, le Pape dit-il que nous sommes tous égaux, et qu’il faut respecter tout le monde ? Je trouve particulièrement remarquable qu’après avoir mis en garde contre les confusions, le rappel de la dignité de notre nature humaine tende ici à faire oublier la dignité morale, qui ne subsiste pas nécessairement en chacun, mais disparaît chez le pécheur … Cette occultation de la réalité et de la gravité du péché que cache cette apparente revendication d’universelle égalité sert à justifier la suite du propos de François : « Dieu nous sauvera tous » ! Autrement dit : « Que vous péchiez ou pas, tout finira bien. » Cette affirmation est contraire à la foi chrétienne ! C’est une hérésie.

Dire que Dieu nous sauvera tous, implique que :

1) Par la Bible, Sa Tradition et son Magistère, l’Église, qui enseigne depuis deux mille ans l’existence non hypothétique mais réelle de l’Enfer, a donc menti.

2) Dieu est un tyran qui nous impose Sa volonté, selon une pensée gnostique, que l’on retrouve dans l’apocatastase, hérésie déjà condamnée par l’Église.

3) L’être humain n’a pas de liberté, et n’est donc pas responsable de ses actes, mais il est un pantin dans les mains de Dieu, dont toute la Révélation est alors dépourvue de sens, ridicule comédie. N’ayant pas de liberté, comment l’homme ne finirait-il pas affreusement désespéré ou fou au point de se prendre pour une émanation de Dieu, à la mode New-Age, ou Karl Rahner, pour qui Dieu nous ayant donné l’existence, doit tout aussi impérativement nous donner le Paradis ?

4) Francs-maçons et mondialistes peuvent se réjouir : Si l’homme n’est pas libre, rien ne peut contrarier leurs visées totalitaires.

5) Si Dieu nous sauvera tous, il n’y a pas de nécessité absolue de renoncer au péché, et Jésus est un monstre lorsqu’Il demande de préférer se couper la main ou le pied plutôt que de pécher (Mc 9.43-48). Or, l’homme est appelé à participer à son salut, à le mériter par des œuvres témoignant de sa volonté d’être sauvé (Mt 7.19-23 ; 25.1-465 ; Jc 2.17+).

6) Il n’y a pas non plus de nécessité de convertir les non-catholiques, de prêcher l’Évangile, de donner et de recevoir la grâce par le moyen des sacrements (Mt 28.19 ; Mc 16.16 ; Jn 3.5 ; 6.53 ; Ac 4.20 ; 9.15-16 ; 22.15 ; 26.16-18 ; 1 Co 9.16,22). L’Église a donc contrarié le monde pendant deux mille ans pour rien, envoyé des missionnaires se faire massacrer pour rien, livré ses enfants au martyr pour rien.

7) Mais si pendant deux mille ans l’Église a menti sur un point, elle peut aussi avoir menti sur d’autres. Son enseignement n’est donc pas infaillible, et elle n’est plus crédible.

8) N’étant pas crédible, elle n’est bonne ni pour la terre ni pour le fumier, mais seulement à être rejetée et piétinée par les gens (Mt 5.13 ; Lc 14.34-35).
Voilà quelques conséquences de la négation de l’existence de l’Enfer …

(8’21-8’28) Pape François : Et le Seigneur est bon. Il nous sauvera tous. Ça, il ne faut pas le dire trop fort. Et le Seigneur veut le salut de tous.

(8’28 – 9’25) Abbé Pagès : Oui, le Seigneur veut le salut de tous (1 Tm 2.4), mais ce n’est pas pour autant que nous serons tous sauvés, car, comme je le disais, Dieu nous ayant créés libres, Il est le premier à nous vouloir libres, et donc à respecter notre liberté. Il ne nous oblige pas à L’aimer, ce que prouvent — hélas ! — nos péchés. En théologie, on distingue la volonté antécédente et la volonté conséquente de Dieu : Dieu veut que nous soyons tous sauvés, mais Il veut aussi que nous voulions être sauvés. S’Il nous a créés sans nous, Il ne veut pas nous sauver sans nous. Chacun est libre de faire son salut, ou pas.

(9’26-9’31) Pape François : – Et le Seigneur est bon. Il nous sauvera tous. Ça, il ne faut pas le dire trop fort. Et le Seigneur veut le salut de tous. 

(9’31-11’1) Abbé Pagès : Mais pourquoi François dit-il qu’il ne faut pas dire trop fort que nous serons tous sauvés ? Jésus ne nous a-t-Il pas commandé de crier la bonne nouvelle sur les toits (Mt 10.27) ? Pourrait-il y avoir une meilleure nouvelle à annoncer ? Pourquoi alors la cacher ?

a) Peut-être, dira-t-on, parce que si cette nouvelle est ouvertement prêchée, les hommes resteront dans le péché. Mais outre que cet argument ferait de Dieu un menteur pervers menaçant sans raison les hommes qu’il traiterait en mineurs, indignes de connaître la vérité, quelle importance y aurait-il à les menacer pour qu’ils quittent le péché, puisque de toute façon ils seront sauvés ? Ce ne peut donc être pour cette raison que François veut cacher la bonne nouvelle que nous serons tous sauvés.

b) De plus, comment convaincre autrui de croire ce en quoi l’on ne croit pas soi-même ? A priori, autrui n’est pas plus idiot que soi, et n’a donc pas plus de raison de croire à ce que l’on pense ne pas devoir croire. Alors, pourquoi taire cette bonne nouvelle ?

c) Parce que François sait que son enseignement est contraire à celui de l’Église, et qu’il craint la confrontation avec cette contradiction ? Peut-être, en tout cas, je ne vois pas d’autre explication possible.

(11’2-11’9) Pape François : – Mais s’il vous plaît, ne faites pas renier sa vérité à l’Église.

(11’10-14’57) Abbé Pagès : Comme tout à l’heure le rappel de la dignité de notre nature humaine tendait à faire oublier l’existence de la dignité morale, la défense ici de la liberté de l’Église de prêcher sa vérité particulière, détruit précisément cette particularité … qui est d’être universelle. Présenter l’Église comme une institution parmi d’autres pour justifier son droit de prêcher sa vérité, c’est en effet occulter que l’Église étant la seule vraie religion ne prêche pas sa vérité, mais celle de tout le monde, la vérité universelle, catholique. Pour la franc-maçonnerie, condamnée par l’Église comme étant « la synagogue de Satan (Pie IX, Encyclique Etsi multa luctuosa, 21.11.1873) », il n’y a pas de vérité en soi, chacun ayant seulement sa vérité, son opinion. Mais l’Église ne prêche ni une opinion ni une vérité, mais LA vérité, aussi vrai que Jésus n’est pas venu rendre témoignage à une vérité parmi d’autres, mais à La vérité (Jn 18.37), Vérité qu’Il est Lui-même (Jn 14.6), Lui que l’Église connaît et a mission de faire connaître.

Bref, l’Enfer est un dogme de Foi, et rejeter un seul dogme de la Foi, c’est rejeter la Foi elle-même, car la Foi est une, comme la vérité qu’elle exprime est une. Avoir la Foi, c’est tenir pour vrai ce que Dieu révèle parce que Dieu ne peut ni Se tromper ni nous tromper. C’est donc croire tout ce que Dieu dit en vertu de ce mouvement de confiance en Dieu. Mais choisir parmi les vérités de Foi celles que l’on veut croire, et en rejeter ne serait-ce qu’une seule, c’est ne plus avoir la Foi du tout, car tout ce à quoi l’on prétendrait alors croire, ne serait pas cru en vertu de ce mouvement de confiance en Dieu, mais en vertu de ce qu’on l’estimerait crédible, c’est-à-dire en se permettant de juger ce que Dieu dit, en se plaçant donc au-dessus de Dieu (Cf. 2 Th 2.1+) …

Pour finir, permettez-moi de vous recommander mon ouvrage « Judas est-il en Enfer ? » en lequel je présente la Foi au sujet de l’Enfer en confondant divers arguments aujourd’hui avancés pour la détruire. J’estime en effet capital de retrouver la Foi en ce dogme. Les quelques conséquences de sa négation que j’ai énumérées le disent assez. Ce n’est pas sans raison que la Vierge Marie est venue montrer l’Enfer aux enfants de Fatima : elle savait que ce rappel nous serait nécessaire pour échapper à la grande apostasie (Mt 24.12 ; Lc 18.8 ; CEC n°675) et rester dans la vraie Foi, sans laquelle personne ne peut être sauvé (Mc 16.16 ; Lc 8.12 ; DZ 75-76, 2164, 2380 ; Unitatis Redintegratio n°3). Le cardinal Gérard Müller, alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, le cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, et Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire au Kazakhstan, ont encouragé la lecture de mon ouvrage.
Loué soit « Jésus, qui nous délivre de la Colère qui vient ! (1 Th 1.10) »

Abbé Guy Pagès

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La voie synodale allemande ou l’abomination de la désolation installée dans le Saint Lieu : http://www.belgicatho.be/archive/2021/10/06/la-voie-synodale-allemande-vote-pour-la-benediction-des-unio-6341843.html

https://gloria.tv/post/T2hzZgWFCgdW4DXdtwHEnmkaw

Lien de l’extrait de la chanson dans la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Uc_fuB9pvtM

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« Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n’existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. (François à Scalfari, La Repubblica ; 1er oct 2013) »

Si Dieu n’est pas catholique, pourquoi vouloir l’être ?