La merveilleuse revue chrétienne des personnes malades ou handicapées, Ombres et Lumière, écrivait récemment, au détour d’un article, que les personnes présentées par la Bible comme possédées étaient en fait des « malades psychiques (n°251, p.35) ». Ce propos m’a rappelé celui, il y a plus de vingt ans, d’un prêtre diocésain ayant moult responsabilités, à qui je demandai s’il pouvait toutes parfaitement les assumer, notamment celle d’exorciste, et qui me répondit que lorsqu’il était sollicité à ce titre, il assurait que tout allait bien et que la personne repartait en pensant que tout allait bien, car cela était « une affaire de psychologie ». Comme je lui faisais remarquer que Jésus avait Lui-même accompli des exorcismes, il me fit valoir que Jésus « parlait avec la culture de son temps ». Autrement dit, Jésus avait beau être Dieu né de Dieu, LA Vérité en personne (Jn 14.6), nous connaissions mieux que Lui aujourd’hui la réalité, et cela grâce à ? La science ! Et comme je rapportais ensuite à l’évêque cette conversation, celui-ci soupira : « Que voulez-vous … Il nous faut attendre que ces prêtres meurent … » Je crus percevoir dans sa voix la peine immense de l’impuissance jointe à une affreuse solitude existentielle, triste fardeau que j’attribuais à son apathie, sa mission d’évêque ne consistant certainement pas à attendre que meure le clergé infidèle et que disparaissent les scandales qu’il cause, sans user du pouvoir qu’il a reçu pour faire que les choses soient ce qu’elles doivent être. Est-il possible d’être appelé « père » et de rester insensible aux souffrances des âmes torturées par les démons ? Car les démons existent bel et bien, et on ne peut nier, enseignait saint Jean-Paul II, que « l’esprit malin parvienne à exercer son influence non seulement sur les choses matérielles, mais aussi sur le corps de l’homme (Audience générale 13 août 1986) », et on peut ajouter : sur son psychisme. Pour autant, un évêque comme celui de Coire, Mgr Bonnemain, n’a pas rougi de supprimer le service de l’exorcisme en son diocèse, pour le remplacer par ? « des solutions classiques: médicales, psychologiques, psychothérapeutiques »… scientifiques !

Une confiance naïve et sans recul dans la science caractérise l’esprit du monde, orgueilleux de ses prouesses techniques, qui fascinent jusqu’aux disciples du Christ, oublieux qu’un tel commerce les rend ennemis de Dieu (Jc 4.4 ; Lc 16.15). Le traitement de la “crise” covid en a donné un exemple impressionnant, qui vit l’Église, reniant sa vocation prophétique, devancer la criminelle instrumentalisation de cette maladie au lieu de la dénoncer.1 L’éviction de la conscience chrétienne de l’activité démoniaque, manifestation parmi d’autres de la grande apostasie contemporaine, a de graves conséquences, dont celles-ci :

    • La négation, de facto, de l’existence des démons, et de leurs actions en ce monde, empêche de s’en garder, et de les combattre (Ep 6.12) …
    • Elle rend donc complice de leurs méfaits …
    • Elle insulte le Christ, qui non seulement a guéri des malades, mais pratiqué des exorcismes (Mc 3.10-11 ; 7.24-30 ; 9.14-29), et commandé d’exorciser (Mc 13.14).
    • Elle rejette l’enseignement des Apôtres et des Évangélistes.
    • Elle ridiculise l’Église, qui depuis deux mille ans pratique l’exorcisme.
    • Elle fait perdre la Foi, qui est une ou qui n’est pas, car rejeter un seul dogme (ici celui de l’existence des démons), en vertu de leur cohésion, fait perdre la Foi elle-même. C’est pourquoi il n’y a pas à s’étonner que l’article évoqué se conclut en espérant « le jour où tous les hommes seront guéris de leur péché », ce qui est la négation d’un autre dogme, celui de l’existence de l’Enfer …
    • Or, perdre la Foi, c’est se damner (Concile Vatican I, Dei Filius, Chap. 2 De Fide).

Ainsi apparaît une nouvelle fois la pertinence de la célèbre sentence baudelairienne : La plus grande ruse du Démon (n’ayant d’autre but que la damnation des hommes) est de faire croire qu’il n’existe pas. Ce à quoi il est particulièrement arrivé dans le cas du Supérieur général de la Compagnie de Jésus, le père Arturo Sosa Abascal, pour qui « Le diable existe en tant que réalité symbolique et non en tant que réalité personnelle. (El Mundo, 31 mai 2017) » Le jésuite a beau répéter cette hérésie (Tempi, 21.08.2019) qu’il peut continuer à occuper son poste sans que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi paraisse s’en émouvoir.

On lit dans la vie du bienheureux père François Palau y Quer (1811-1872), béatifié par saint Jean-Paul II (24.04.1988), que lorsqu’on lui amenait des malades mentaux pour qu’il les admette à l’institution qu’il avait créée pour eux, il commençait par les exorciser, et que deux sur trois repartaient guéris … Cette activité d’exorciste — qu’il considérait comme une vocation reçue directement de Dieu — lui vaudra beaucoup de critiques et d’accusations ecclésiastiquement correctes. Or, au début de l’Église, selon la Parole du Christ, tous les croyants étaient exorcistes (Mc 16.16), ainsi qu’en témoignent les Pères de l’Église qui en tiraient un fort argument apologétique en faveur de l’origine divine de notre foi (Tertullien, P.L. 1. 410 ; saint Justin P.G. 6. 453B ; saint Hilaire P.L. 10. 401B ; Lactance P.L. 4. 334 ; etc.). Mais aujourd’hui, ce service est restreint à un seul prêtre par diocèse (et encore !), et lorsque celui-ci n’y voit qu’ « une affaire de psychologie », alors, les démons peuvent danser …

Si dans l’Église il n’y a plus de démons à combattre, ils ne laissent pas pourtant de profaner ses édifices et ce qu’elle a de plus sacré, avec une audace qui s’accroît, attirant des sympathisants toujours plus nombreux dans la haine du christianisme, par la sorcellerie, la magie, le satanisme, l’occultisme, le spiritisme, la voyance, les hérésies, les mensonges et les péchés institutionnalisés … L’an dernier, le mot clef #Witchtok comptabilisa trente-trois milliards de vues !

Au rythme où vont les choses, et parce qu’on ne peut pas servir deux maîtres, après avoir chassé ( ?) les démons de son univers quotidien, l’Église catholique finira-t-elle par soutenir le culte du Diable ? Imaginer la chose paraît scandaleux, sacrilège, mais outre que le Temple de Satan est déjà reconnu aux USA comme dénomination religieuse parmi celles déjà existantes, et sans parler du culte de la Pachamama à saint Pierre de Rome, ou de la chamanique invocation des esprits à laquelle prit part François au Canada, n’est-ce pas qu’au titre de la liberté religieuse, catholiques et musulmans, par exemple, sont déjà unis dans l’adoration de celui qui passe pour être l’unique et vrai Dieu (Lumen Gentium 16) ? Or, qui est Allah pour avoir envoyé Mahomet et le Coran blasphémer la Sainte Trinité, le Verbe incarné, la Rédemption, et commandé de remplacer l’Évangile par la charia, et l’Église par l’islam (Coran 2.193 ; 8.39 ; 9.30 ; 41.6-9 …) ? Qui est donc Allah que nous sommes censés adorer avec les musulmans ?

Tandis donc que retentit avec toujours plus de force la malédiction de saint Paul : « Si quelqu’un vous apporte un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit ! (Ga 1.8-9) », concluons avec ces mots du Testament Spirituel de Benoît XVI : « Il semble souvent que la science – les sciences naturelles d’une part et la recherche historique (en particulier l’exégèse des Saintes Ecritures) d’autre part – soit capable d’offrir des résultats irréfutables en contraste avec la foi catholique. […] j’ai pu voir comment des certitudes apparentes contre la foi se sont évanouies, se révélant être non des sciences, mais des interprétations philosophiques ne relevant qu’en apparences de la science … »

Abbé Guy Pagès

PS : Si besoin est, les vidéos ci-dessous peuvent aider à comprendre un peu mieux le sens de cet article.

Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera.
Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde.
Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus Christ à Sa gloire éternelle,
après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera Lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables.
A Lui soit la puissance aux siècles des siècles ! Amen ! (1 P 5.8-11)”

  1. La santé valut plus que le salut : en certains endroits, seuls furent jugés dignes de recevoir les sacrements, et donc le salut, les récipiendaires de l’injection génique expérimentale, qui les marqua numériquement. 30 % du troupeau, une fois la farce jouée, ne remit plus les pieds à l’église. Pendant ce temps, les Grecs continuaient à tous communier avec la même cuillère, sans pour autant mourir. []