Extrait 4 de la retraite prêchée par le père Guy Pagès à Niepokalanow (Pologne) (1-6/5/2023) sur le thème : Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5.48)” (vidéo originale)

Pour atteindre le but que Notre Seigneur nous a fixé : être parfaits comme Notre Père du Ciel est parfait, Jésus nous a laissé un moyen aussi merveilleux qu’efficace : la Messe !

Loué soit Jésus-Christ !

« Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure pour la vie éternelle,
celle que le Fils de l’homme vous donnera. (…)

Car le pain de Dieu, c’est le pain qui descend du Ciel et qui donne la vie au monde. (…)
Je suis le Pain de vie …
celui qui vient à Moi n’aura jamais faim,

celui qui croit en Moi n’aura jamais soif. (…)
En vérité, en vérité, Je vous le dis, celui qui croit en Moi a la vie éternelle.
Je suis le Pain de vie.
Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts.
Voici le Pain descendu du Ciel, afin qu’on en mange et ne meure pas.

Je suis le Pain vivant descendu du Ciel.
Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ;
et le pain que Je donnerai, c’est Ma chair, pour le salut du monde.”
Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant : “Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger ?”
Jésus leur dit : “En vérité, en vérité, Je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas Son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange Ma chair et boit Mon sang a la vie éternelle,
et Moi, Je le ressusciterai au dernier jour.
Car Ma chair est vraiment une nourriture, et Mon sang est vraiment un breuvage.
Celui qui mange Ma chair et boit Mon sang, demeure en Moi, et Moi en lui. (56)
Comme le Père, qui est vivant, M’a envoyé, et que Je vis par le Père, ainsi celui qui Me mange vivra par Moi.
C’est là le Pain qui est descendu du Ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé et ils sont morts ;
celui qui mange de ce Pain vivra éternellement. (Extraits de Jn 6.27-71) »

LE CONTEXTE

Le don de la manne, nourriture mystérieuse donnée quotidiennement au peuple hébreu durant les quarante ans de son errance dans le désert après sa fuite d’Égypte, annonçait le don de l’Eucharistie. Depuis douze siècles la descendance d’Abraham célébrait chaque année sa libération d’Égypte (figure de sa libération du péché et de son esclavage) lors de la fête de la Pâques (mot qui signifie : “Passage”). Cette fête, commandée par Dieu (Ex 13.3-10), faisait revivre au peuple juif sa libération d’Égypte ; évoquait la véritable libération, spirituelle, dont la libération historique avait été le gage ; et enfin, ce faisant, proclamait la venue du véritable Libérateur annoncé par Moïse (Dt 18.18).

La Pâques n’avait pu apporter la libération qu’à travers de terribles châtiments infligés à l’Égypte, dont le dernier fut la mort de tous ses fils premiers-nés. Les Hébreux reçurent l’assurance que leur descendance en serait épargnée moyennant le sacrifice d’un agneau consommé avec des herbes amères (pénitence), dont le sang badigeonné sur le linteau de la porte d’entrée de leurs maisons les protégerait de l’Ange exterminateur (Ex 12.7,13). Cette fête était aussi bien une action de grâces pour les biens de la Création que pour ceux de la Rédemption. Ce n’est donc pas sans raison que Jésus choisit la fête de Pâques pour instituer la Messe, le mémorial de Son propre sacrifice, qu’Il allait offrir, le lendemain, sur la Croix, « pour la rémission des péchés (Mt 26.28) ». Cette fête fournit le contexte symbolique permettant de donner la juste interprétation du nouveau rite, d’en comprendre le sens, pressenti par saint Jean Baptiste à l’orée de la vie publique de Jésus lorsqu’il Le désigne ainsi : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. (Jn 1.29) »

Jésus avait annoncé ce grand miracle (Jn 6.1+) à l’issue d’une multiplication de pains qui Lui avait permis de rappeler le don de la manne (Ex 16.31+), et Il souligna alors que « la chair de sert de rien, que seul l’esprit vivifie », que le salut ne vient pas de la participation extérieure au rite, de la réception superficielle du Corps du Christ, mais de la communion profonde, totale, définitive, à Sa Personne, qui S’est offerte, et dont la mort et la résurrection sont rendues présentes chaque fois que la Messe est célébrée.
Et parce que c’est l’homme tout entier, esprit, corps et âme, qui doit être sauvé, le Christ, vrai Dieu ET vrai homme, lui donne jusqu’à Sa chair, dont la manducation est donc aussi indispensable pour être sauvé que l’être humain est fait de chair et de sang (Jn 6.53). Nous ne recevons pas tant le Corps du Christ à la Messe que le Christ en Son corps. L’époux n’aime pas le corps de son épouse, mais son épouse en son corps. Et si leur amour a besoin de leur chair pour se révéler, c’est parce que nous sommes faits de chair et de sang, et que sans écran, la lumière ne se voit pas. La fusion de deux corps n’est en rien l’union de deux personnes ; il n’y a d’union qu’immatérielle, spirituelle, ce qui implique la présence et l’œuvre de l’Esprit-Saint, qui est la Personne-Amour qui unit le Père et le Fils, et en Lui ceux qui L’aiment.

Sitôt la consécration accomplie, le prêtre s’exclame : « Il est grand LE Mystère de la Foi ! » LE mystère de la Foi ! Comme si toute la Foi était récapitulée là, dans ce qui vient d’être accompli ! Le Catéchisme enseigne en effet que « l’Eucharistie contient tout le Trésor spirituel de l’Église, c’est à dire le Christ Lui-même (n°1324) ». Et il enseigne aussi que « L’Eucharistie, comme la Croix, sont des pierres d’achoppement. [Que] C’est le même mystère, et [qu’] il ne cesse d’être occasion de division. (Ibid. n°1336) » De fait, croire que Dieu Se soit fait Homme, sans cesser ‒ évidemment ! ‒ d’être Dieu, peu y arrivent ‒, juifs et musulmans se font même gloire de leur refus, mais que par dessus le marché, une fois Homme, Il ait fait que du pain devienne Lui, alors là ! on ne saurait aller plus loin ! C’est vraiment LE mystère de la Foi par excellence ! Quoi ? un vulgaire élément matériel, un morceau de pain, que pourrait manger une souris, devenir le Créateur du Ciel et de la terre, le Tout-Puissant, le Très-Haut et le Très- Saint, que rien ne saurait contenir !? N’est-ce pas déraisonnable, fou et blasphématoire d’oser même l’imaginer ?

PRÉLIMINAIRES.

A. Avant d’aller plus avant, il faut comprendre que la Messe, comme toute action liturgique de l’Église, rend présents les actes humains du Christ qui se sont déroulés il y a deux mille ans, mais qui, étant des actes de Dieu fait homme, demeurent toujours actuels en Dieu, pour qui il n’y a pas de temps … Chacun des actes humains de Dieu fait homme demeure présent dans l’éternité. « Du fait qu’Il demeure pour l’éternité, Jésus a un sacerdoce immuable. (He 7.24) » Et c’est le propre de la liturgie que de nous introduire dans le temps de Dieu, pour qui il n’y a pas de passé ou de futur, mais seulement un présent d’une plénitude infinie, l’éternité … Ce que le Christ a vécu dans Sa vie terrestre demeure donc toujours actuel en Dieu, et c’est le rôle de la liturgie que de nous en rendre contemporains, de le rendre actuel pour nous ici et maintenant … Tandis que la liturgie introduit donc dans l’éternité de Dieu, elle permet simultanément à Dieu de continuer Son œuvre dans notre histoire. Ainsi la Messe rend présent l’unique sacrifice de Jésus, accompli une fois pour toutes dans l’histoire.1 « C’est par une oblation unique qu’Il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’Il sanctifie. (He 10.14) » Il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’Il sanctifie … Nous ne sortons pas du sujet de notre retraite !

B. Pour Dieu, parler, c’est réaliser, dire, c’est faire. « Il dit et cela EST. (Gn 1 ; Ps 33.9 ; Mt 8.8 …) » Le mot DABAR en hébreu signifie à la fois : parole et chose. « Dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri. (Mt 8.8) »

C. Peut-être est-il utile de dire un mot sur la « transsubstantiation » par laquelle le pain et le vin, lors de la consécration, sont réellement transformés en Corps et Sang du Christ, tout en conservant leurs caractéristiques physiques (texture, goût, odeur, poids …). Pour pénétrer ce mystère, ici aussi, deux notions philosophiques sont indispensables à connaître, celles de « substance » et « espèce », dérivées de celles d’essence et d’accident. La substance est ce qui existe par soi-même, et l’accident est ce qui n’existe qu’en un autre. Ainsi, la couleur d’un chat n’est pas le chat lui-même, pas plus que son poids, ni sa taille, ni aucune autre de ses propriétés sensibles. D’autres êtes peuvent avoir la même couleur, le même poids, la même taille, etc. C’est le chat lui-même (sa « substance ») qui possède telle forme, telle couleur, telle taille, tout en étant distinct de ces propriétés. Contrairement à ces apparences ou « accidents », la substance ne peut être perçue par les sens. Lorsque Jésus dit à la Cène : « Ceci est Mon corps », ce qu’Il tient dans Ses mains a l’apparence du pain mais sa substance n’est plus celle du pain, mais celle de Sa Chair. Il y a eu « transsubstantiation ». « Il dit et cela est. » C’est vraiment le Corps de Jésus, même si les apparences, accessibles aux sens ou aux études scientifiques, demeurent celles du pain. La même transformation survient lors de chaque célébration de l’Eucharistie, où apparaît, avec la consécration, la « Présence réelle » de Jésus, qui dure aussi longtemps que ce que durent les espèces du pain et du vin. La « transsubstantiation » est une vérité de Foi qui doit nous aider à désirer devenir parfaits comme Dieu est parfait … de sorte que nous puissions dire avec saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. (Ga 2.20) »

D. Parmi ces préliminaires, comment ne pas rappeler parmi d’autres preuves évidentes de la vérité de notre foi dans le Mystère de l’Eucharistie, le Miracle de Lanciano ?2 Voici son histoire et les conclusions des analyses scientifiques dont il a été l’objet. Un prêtre basilien de cette petite ville de la côte adriatique italienne, au VIIIe siècle, au moment de la consécration, se mit à douter de la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Soudain, il vit alors apparaître sur la patène et dans le calice ce qui jusqu’à ce jour est conservé et adoré dans cette petite église de Lanciano : l‘Hostie transformée en Chair et le Vin en Sang ! Le miracle de Lanciano fut offert non seulement à ce prêtre en proie au doute, aux habitants de Lanciano et des environs, mais aussi à toutes les générations à venir car, le miracle demeure … sans le moindre usage d’un quelconque produit de conservation ! Et voici qu’en 1970, 1971 et 1981, des investigations scientifiques furent demandées par l’Évêque du lieu à l’illustre Professeur Odoardo Linoli, professeur d’anatomie, d’histologie pathologique, de chimie et de microscopie clinique afin de déterminer l’exacte nature des espèces conservées. Les analyses donnèrent les conclusions suivantes :

1. Le spécimen “Chair” de l’Eucharistie est indubitablement de la chair humaine.

2. Le spécimen “Sang” de l’Eucharistie est indubitablement du Sang humain.

3. L’un et l’autre appartiennent à l’espèce humaine.

4. Le spécimen “Chair” de l’Eucharistie est composé de tissus musculaires d’un cœur humain.

5. La manière dont cette tranche de chair a été obtenue par dissection dans la myocarde suppose une habilité exceptionnelle de la part du “Praticien”.

6. Les spécimens “Chair” et “Sang” sont du même type sanguin, AB (Même type sanguin que celui du Linceul de Turin, analysé par le Professeur Baima Bollone).

7. Le diagramme de ce “Sang” correspond à celui d’un SANG HUMAIN, FRAIS, VIVANT !

8. Les protéines contenues dans le Sang sont normalement réparties, dans un rapport de pourcentage identique à celui du schéma séroprotéique du sang frais normal.

9. Plusieurs minéraux ont été trouvés dans le spécimen “Sang” de l’Eucharistie : Chlorites, phosphores, magnésium, potassium, sodium et calcium.

10. La préservation de la Chair et du Sang, qui furent exposés dans leur état naturel, sans le moindre moyen quelconque de préservation, pendant douze siècles à l’action d’agents physiques, atmosphériques et biologiques, reste un phénomène scientifiquement inexplicable.

11. De plus, il fut observé un étrange phénomène : une fois liquéfié, le Sang Eucharistique de Lanciano garde toutes ses propriétés chimiques et physiques sans se détériorer sous une forme quelconque. En effet, normalement, quinze minutes après l’extraction d’un sang humain ordinaire, toutes les activités biologiques périssent irrémédiablement, cependant le spécimen de Lanciano, en tout temps, conserve toutes ses propriétés biochimiques intactes.

En conclusion : On peut dire que la Science a donné une réponse précise et exhaustive sur l’authenticité du miracle eucharistique de Lanciano. Comment se fait-il que cet événement ne fasse pas la une, chaque jour, des journaux quotidiens d’information catholiques ?

L’EUCHARISTIE : SOURCE OU l’OUVERTURE DU « PASSAGE » :

Petit témoignage personnel : Lorsque le Seigneur a daigné Se révéler à moi et me faire passer de la mort à la Vie, j’ai tout de suite eu le désir d’aller quotidiennement à la Messe. Je ne savais pas pourquoi, car je n’y comprenais rien. Je comprenais seulement que la Messe devait être importante puisque l’Église s’obligeait à la célébrer chaque jour. Alors … à la fin de la Messe, tandis que tout le monde quittait l’église, je restais à ma place, seul, en silence, demandant au Seigneur, dans mon cœur, de me faire comprendre ce qui venait de se passer … Je peux dire que j’ai tout appris là, dans ce quart d’heure que je passais après la messe à écouter dans le silence de mon cœur et le secret de mon âme ce que Dieu daignerait peut-être me révéler de Ses mystères. Et le Seigneur, dans sa Très grande Bonté, Lui qui écoute toujours la prière d’un cœur sincère, m’a introduit dans l’intelligence du mystère de la Messe, dans lequel j’ai trouvé tout ce que je pouvais désirer, infiniment au-delà de tout ce que je pouvais désirer, au point que je suis devenu prêtre pour partager ce Trésor avec mes frères et sœurs, avec vous … Je dis cela pour vous inviter, si besoin était, à retrouver la pieuse habitude de nos ancêtres de faire l’action de grâces après la Messe, non seulement afin de remercier Dieu pour le grand don qu’Il vient alors de vous faire de Lui-même, prendre le temps de Le savourer … mais encore permettre à Sa Grâce d’agir en vous, car elle n’est jamais plus active qu’à ce moment là où Dieu, avec Son Corps, est en nous … L’action de grâce pour l’action de la Grâce. Pensez à Dieu qui vient de Se donner à vous … Que peut-Il attendre de vous, sinon que vous Lui soyez attentif ? Que fait-Il à ce moment-là en vous, sinon vous y attendre ? Pourquoi vous communiquerait-Il Ses grâces si vous n’êtes déjà plus là pour les recevoir ? Vous ne L’auriez pas plutôt reçu que déjà vous penseriez à toute autre chose ?

Lorsque le Jeudi Saint Jésus prit du pain et le donna à ses disciples en disant « Prenez, et mangez-en tous, ceci est Mon corps, livré pour vous », et qu’à la fin du repas Il prit la coupe de vin et la donna à ses disciples en disant : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de Mon sang, le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui va être versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés », que voyons-nous, sinon Jésus qui donne Sa vie ? Car on ne peut pas vivre lorsque le corps et le sang sont séparés … Aussi, en faisant ce geste, Jésus montre qu’Il donne Sa vie. Et s’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime, alors on voit que Jésus est l’Amour en personne, puisqu’Il Se donne Lui-même … A chaque Messe, l’Amour vient Se donner à nous … Etant Dieu, maître de Lui-même et du temps, Jésus anticipe Sa mort qui aura lieu le lendemain sur la Croix, comme Il la rend présente chaque fois que la Messe est célébrée, en sorte qu’à chaque Messe nous nous trouvons en présence de Jésus qui va mourir d’amour pour nous … Comment ne pas fondre sur place, fondre d’amour, de reconnaissance, de joie, de crainte ? Si Dieu fait homme nous aime à ce point, que pourrait-il nous manquer pour être heureux ? La Messe est donc la Source qui nous guérit de tout mal, de toute jalousie, de toute peine : si Dieu nous a aimés à ce point, de quoi pourrais-je encore me plaindre ? Jésus a inventé la Messe pour faire jaillir au long de l’histoire la source de l’Amour, et que nous venions nous y abreuver, vivre de Son amour, et pouvoir en retour aimer à notre tour.

Voici donc maintenant le petit chemin par lequel le Saint-Esprit m’a fait passer pour m’introduire dans l’intelligence du mystère de la Messe, Se servant de cette parole de Jésus : « Qui mange Ma chair et boit Mon sang, demeure en Moi, et Moi Je demeure en Lui. (Jn 6.56) », et sur la constatation que les Apôtres ont communié aux Corps et Sang de Jésus AVANT que Jésus meure … en sorte qu’ils ont demeuré en Lui AVANT que Jésus meure … Or, à chacune de nos Messes, nous ne recevons pas un pain différent de Celui qu’ont reçu les Apôtres

Et si, selon la Parole de Jésus « Qui mange Ma chair et boit Mon sang demeure en Moi et Moi, Je demeure en lui (Jn 6.53) », alors, lorsque Jésus a ensuite été livré, les Apôtres qui demeuraient en Jésus (« Qui mange Ma chair et boit Mon sang demeure en Moi et Moi, Je demeure en lui (Jn 6.53) ») ont eux-aussi, en Jésus, été livrés

Lorsque Jésus a été flagellé, les Apôtres, qui, pour avoir communié au Corps et au Sang de Jésus, demeuraient en Jésus, ont donc eux-aussi, en Jésus, été flagellés (« Qui mange Ma chair et boit Mon sang demeure en Moi et Moi, Je demeure en lui (Jn 6.53) ») …

Lorsque Jésus a été crucifié, les Apôtres qui demeuraient en Jésus, ont eux-aussi été crucifiés

Lorsque Jésus est mort, les Apôtres qui demeuraient en Jésus, sont morts eux-aussi …

Et lorsque Jésus est ressuscité, les Apôtres qui demeuraient en Jésus, ont eux-aussi été ressuscités !

Voilà pourquoi Jésus dit : « Si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas Son Sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Jn 6.53) » : Seul le Corps de Jésus a connu ce destin de mourir et de ressusciter, et c’est donc seulement si nous nous unissons au Corps de Jésus ― AVANT qu’Il meure ― pour ne plus faire qu’un avec Lui dans Sa mort, que nous pourrons nous aussi passer de ce monde au Père ! Pour aller au Ciel, il faut prendre le train AVANT qu’il parte, et il part le Jeudi Saint au Cénacle ! Jésus n’a donné Son corps que ce soir-là, « une fois pour toutes (He 7.27 ; 9.12 ; 10.10) », non pas seulement pour ses Apôtres qui étaient là, mais pour tous ses disciples, jusqu’à la fin du monde, et c’est pourquoi Il commande aux Apôtres : « Faites ceci en mémoire de Moi », pour que nous, aujourd’hui, deux mille ans plus tard, nous puissions participer au même événement auquel ils ont participé : recevoir le Corps et le Sang de Jésus AVANT qu’Il meure ! Pourquoi ? Pour mourir d’amour avec Lui, et pouvoir ainsi ressusciter avec Lui dans la Gloire ! Il faut bien voir ceci : Jésus, au Cénacle, dans Son intelligence divine, voyait tous ses disciples qui participeraient à la Messe jusqu’à la fin du monde, et Il a voulu Se donner à chacun d’eux comme Il Se donnait à chacun des Apôtres ce soir-là. Jésus a voulu Se donner à chacun de ses disciples dans la situation propre à chacun, avec ses combats et ses défauts. Il a voulu nous unir à Son corps pour être associés au combat qu’Il allait mener contre Satan, le péché, et la mort, de sorte qu’en recevant ce même Corps aujourd’hui ressuscité et glorieux, nous recevions en même temps que notre union à Sa passion, le fruit de Sa victoire … et donc le principe, le gage de notre propre victoire dans les combats que nous devons mener avec Lui, par Lui et en Lui contre Satan, le péché et la mort. Jésus vient donner à notre pauvre être faillible et corruptible la puissance de Son Corps livré à la mort et ressuscité. C’est pour nous que le Christ est mort et ressuscité en une chair semblable à la nôtre : pour que Sa chair passée au creuset de la Passion et vivifiée par la Résurrection soit enrichie des vertus et des mérites qu’Il a acquis en elle pour nous, comme remède à notre impuissance, et nourriture à notre faiblesse.

La co-existence en nous de la vie naturelle et de la vie surnaturelle est analogue à la mort du grain au fur et à mesure que se développe le germe de la nouvelle plante dont l’épi portera de nouveaux et nombreux grains ; analogue aussi au sacrifice de Marie offrant son Fils au pied de la Croix tandis qu’Elle devenait ainsi la Mère de tous les frères du Christ. Par l’union à Jésus, la mort n’est pas pour notre destruction, mais pour notre transformation.

Sachons donc à l’offertoire nous offrir à Jésus, avec notre pauvre vie, et toutes nos difficultés rencontrées depuis notre dernière communion, de sorte qu’Il les fasse siennes, et nous rende victorieux de tout mal, « par Lui, avec Lui, et en Lui ». Son corps est vraiment le Pain vivant descendu du Ciel pour qu’on Le mange et ne meure pas (Jn 6.50). Nous sommes assurés que si nous restons unis au Corps du Christ, nous sommes déjà victorieux de tout mal ! « Nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a tant aimés ! (Rm 8.37) »

Beaucoup célèbrent ou viennent à la Messe sans avoir jamais réalisé que la célébration de la Messe nous rend contemporains de Jésus et des Apôtres au Cénacle le Jeudi Saint. Ils pensent que la Messe nous fait communier à Jésus ressuscité, et en conséquence ne savent plus quoi inventer pour rendre leur Messe festive … Or, comme l’enseigne pourtant saint Paul, la Messe nous met en présence de Jésus qui va mourir d’amour pour nous, et mourir sur une croix … « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à ce calice, vous annoncez LA MORT DU SEIGNEUR, jusqu’à ce qu’Il vienne. (1 Co 11.26) » dit saint Paul. La MORT ! Non la Résurrection ! Avant donc de sauter de joie, commençons par nous abîmer dans l’adoration de la Miséricorde divine, dans la parfaite contrition venant du fait que nous sommes cause de la mort de Celui que nous aimons … C’est parce que Jésus fait de nous Son corps que notre humanité, mais aussi nos péchés … deviennent les siens, et qu’Il est donc allé aussitôt à Gethsémani les expier …

« L’Eucharistie est “source et sommet de toute la vie chrétienne” (CEC, n°1324) »

Pourquoi la messe est-elle la source de la vie chrétienne ?

a) Lorsque nous mangeons quelque chose, nous transformons ce que nous mangeons en notre propre substance. Bientôt, il devient impossible de récupérer ce que nous avons mangé. On ne peut plus le séparer de nous. Cela devient nous. Mais s’il en est ainsi dans l’ordre naturel que le principe vital de celui qui mange est supérieur à celui de ce qu’il mange, il n’en va pas de même lorsque nous nous nourrissons du Corps et du Sang du Christ, car le principe vital qui est dans le Christ ressuscité est infiniment supérieur à celui qui est en nous. Autrement dit, c’est nous qui sommes transformés en Corps du Christ … « Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? (1 Co 6.15) » C’est pourquoi saint Augustin disait à ses frères venant communier : « Devenez ce que vous recevez ! (Sermon 272, éd. des Mauristes 5, 1103-1104) », et sainte Jeanne d’Arc : « M’est avis que le Christ et l’Église, c’est tout un ». Si donc l’Eucharistie est la source de l’Eglise, c’est parce que là nous devenons ce que nous recevons. Jean Tauler s’exclame :  « Nous mangeons notre Dieu. Quel admirable et ineffable amour il a fallu, pour inventer cette merveille ! Cet amour dépasse tous les sens, et cet amour devrait blesser le cœur de tous les hommes, tellement l’amour de Jésus pour nous est au-dessus de tout. Car il n’y a point de chose matérielle qui soit aussi proche et aussi intime à l’homme que le boire et le manger reçus dans la bouche de l’homme, et c’est précisément pour cela, pour s’unir à nous de la façon la plus proche et la plus intime, qu’Il a trouvé ce merveilleux procédé. » En Se donnant à nous en nourriture, Dieu a voulu, sans rien changer ni bouleverser en nous, atteindre à la racine de notre existence pour y apporter la solution éternelle à notre dépérissement inévitable, comme le fait de façon momentanée l’humaine nourriture. C’est ainsi qu’en mangeant le Corps du Christ, nous devenons le Corps du Christ, et donc le Christ Lui-même … Saint Augustin écrit : « Réjouissons-nous et rendons grâce, nous sommes devenus non seulement chrétiens, mais le Christ ! […] Soyez étonnés et joyeux. Nous sommes devenus le Christ ! (Sur l’Evangile selon saint Jean, 21.8 : CCL 36, 216 ; cité in Splendor Véritatis, 21) » L’Eucharistie est ainsi la vraie nourriture (Jn 6.55) : « Si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son Sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Jn 6.53) » Le Pain descendu du Ciel est celui que nous demandons chaque jour dans la prière du Notre Père. Sans nourriture : pas de vie possible. Il n’y a donc pas d’Église sans Eucharistie puisque seulement par elle l’Église devient le Corps du Christ (Col 1.24). Nous n’existons ici-bas finalement que pour nous nourrir du Corps du Christ. Combien éclate de vérité ce verset de saint Paul : « La réalité, c’est le Corps du Christ. (Col 2.17) » S’il n’y avait qu’un seul verset de toute la Bible à retenir, je crois que ce serait celui-là : « La réalité, c’est le Corps du Christ. (Col 2.17) »

b) Une autre raison qui explique que la Messe soit la source de la vie chrétienne est qu’elle est le grand acte d’amour par lequel la Divinité Se donne à l’humanité, un peu comme un époux aime son épouse jusqu’à lui donner son corps, pour ne plus faire avec elle plus qu’une seule chair, ainsi, à la Messe, l’Époux, le Christ, donne Son corps à l’Église, son Épouse, pour ne plus faire avec elle plus qu’une seule chair, un même être en la personne de ceux qui Le reçoivent en état de grâce. Voilà pourquoi Jésus pouvait dire à Saül qui persécutait les chrétiens : « Pourquoi Me persécutes-tu ? (Ac 22.7) », car en meurtrissant le corps des chrétiens, Saül meurtrissait le Corps du Christ Lui-même ne faisant qu’un avec eux. Comme le mari est le chef de sa femme (Ep 5.23), « Le Christ est la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église. (Col 1.18) », et vous, « Vous êtes le Corps du Christ. (1 Co 12.27) »

La Messe est donc la source de la vie chrétienne en ce que nous unissant au Corps du Christ, elle nous permet de passer de ce monde à Dieu. Aussi réellement que la Seconde Personne de la Sainte Trinité a pris Chair de la Vierge Marie, Dieu prend Chair en nous moyennant le don que nous Lui faisons de nous-mêmes. Devenant le Corps du Christ, nous accomplissons alors la Volonté de Dieu « par Jésus, avec Lui et en Lui », car hors de Lui, nous ne pouvons « rien faire (Jn 15.5) ».

Mais comment l’Eucharistie est-elle aussi « le sommet » de la vie chrétienne ?

Eh bien, à la Messe, lorsque le prêtre offre au Père le Sacrifice de Jésus en disant : « Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi, Dieu, le Père Tout-Puissant, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles » et que l’on répond : « Amen ! », que signifie cet « Amen ! » ? Il signifie : « Père, aussi vrai qu’il y a deux mille ans Jésus est mort d’amour pour Toi sur la Croix pour le salut du monde, et qu’Il rend présent, actuel, cet événement en ce moment même sur l’autel, moi, qui suis un membre de Son corps, une petite cellule de l’Église, je ratifie pour mon compte cette offrande du Christ, et je Te donne ma vie, maintenant ! Par Lui, avec Lui et en Lui … Tu peux la prendre, maintenant ! Je meurs d’amour pour Toi, en Jésus, qui meurt d’amour pour Toi, et pour le salut du monde ! » C’est ainsi que nous accomplissons l’acte le plus sublime qui soit, car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime, et qui plus que Dieu le Père est digne de la recevoir ? Quel autre acte pourrait nous rendre plus parfait ?

Ainsi, à la Messe, nous nous recevons du Père en devenant le Corps du Christ, et nous nous donnons en retour au Père : la boucle est bouclée. Nous entrons par notre propre plénitude dans toute la plénitude de Dieu (Jn 1.16 ; Ep 1.23 ; 3.19). Alors, tout ce qui est à Dieu est à nous, comme tout ce qui est à nous est à Lui ! C’est donc le moment de désirer, de demander, et de recevoir ! « Si vous demandez quelque chose au Père en Mon Nom, Il vous le donnera. (Jn 15.16) » Qu’est-ce que Dieu pourrait nous refuser puisqu’Il Se donne à nous, avec tout ce qu’Il est et tout ce qu’Il a ? « Tout est à vous, (…) et le monde, et la vie, et la mort, et les choses présentes, et les choses à venir. Tout est à vous, mais vous vous êtes au Christ, et Christ est à Dieu. (1 Co 3.21-23) » Tout cela grâce à l’action de l’Esprit-Saint, qui nous unit au Christ et nous meut, Lui qui est l’Amour, criant en notre cœur « Abba ! Père ! (Rm 8.15 ; Ga 4.6) ». Si, en vertu de ses droits de Créateur et de Rédempteur ayant assumé notre humanité pour la délivrer du pouvoir de Satan, Dieu prend possession de tout notre être qu’à la communion nous Lui offrons, alors, divinisés nous sommes emportés par l’Esprit d’Amour du Fils pour le Père. Ce que le Fils vit dans l’éternité, Il continue à le vivre dans notre humanité, qui est alors devenus la Sienne. « De même que le Père, qui est vivant, M’a envoyé, et que Je vis par le Père, ainsi celui qui Me mange vivra par Moi. (Jn 6.57) » Le Christ vient Se donner à nous à chaque Messe pour nous entraîner dans Son amour pour le Père, et donc nous unir à Sa Passion d’Amour … Et c’est ainsi que membres du Corps mystique du Christ, les fidèles offrent à Dieu le Père, dans l’unique Esprit de Dieu répandu dans leur cœur (Rm 5.5) « toute honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». Ils aiment alors Dieu de l’Amour dont Dieu S’aime Lui-même éternellement … Ils vivent au sein de l’éternelle et bienheureuse Trinité. Ainsi donc, à la Messe, nous ne faisons pas que recevoir, mais, emportés par l’exemple et l’Esprit du Christ, nous nous donnons à Dieu ! qui est bien capable de garder pour l’éternité ce que nous Lui donnons. Tout ce qui n’est pas donné à Dieu est perdu. Ainsi donc, de messe en messe, nous apprenons à faire de notre vie une offrande d’amour à Dieu, pour que le moment de notre mort physique venu, tout spontanément, tout joyeusement, tout amoureusement, nous donnions notre vie à Dieu « par Jésus, avec Jésus et en Jésus », et que nous allions ainsi tout droit au Ciel ! Alors, en quittant l’église, si notre participation à la Messe a été sincère, nous pouvons dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.(Ga 2.20) » Ayant donné notre vie au Seigneur, « nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourrons, nous mourrons pour le Seigneur. Dans la vie comme dans la mort nous appartenons au Seigneur. (Rm 14.8) »

 En train d’offrir le Sacrifice de Jésus, le saint Curé d’Ars disait à Dieu : « Père, si Tu ne me donnes pas ce que je Te demande, je ne Te donne pas non plus Ton Fils … » Imaginez-vous la joie que nous pouvons avoir d’offrir Dieu à Dieu ? Pour bien vivre la Messe, n’oubliez pas de faire vôtres les paroles que le prêtre dit à Dieu pendant la Messe au nom de toute l’Eglise. 

Nous sommes alors « une créature nouvelle. (Ga 6.15) »

Si nous croyons vraiment qu’à la Messe Dieu Se donne à nous, pourrions-nous ne pas nous donner à Lui en retour ? Et comment de ce don mutuel de nos vies ne jaillirait-il pas un nouvel être, fruit de notre amour échangé dans l’acte de la commune-union ? Comment ne pas désirer que notre amour soit fécond, s’il est vrai ? C’est ainsi que celui qui est passé « en Christ, est une nouvelle créature (2 Co 5.17) » … que pour lui « Les choses anciennes sont passées ; toutes choses sont devenues nouvelles. (Ibid.) » Alors, nous pouvons dire que « Ce qui compte, c’est d’être une créature nouvelle. (Ga 6.14-15) » Cet être nouveau, fruit de notre don mutuel, n’a, certes, son existence visible que dans la Foi. Et s’il nous semble que notre vie n’a pourtant en rien changé, nous devons tenir que telle que nous la voyons, cette vie n’est pas la nôtre, mais celle du Christ, à qui nous l’avons donnée. C’est la raison pour laquelle il ne nous appartient absolument pas de la juger conforme ou non à nos désirs, puisqu’elle est désormais celle que le Christ veut, et telle qu’Il la veut, sinon elle ne serait pas … Au reste, il est certainement faux de dire que rien n’a changé, car certainement nous ne péchons plus, mais pratiquons la vertu à la perfection. En effet : « La mort du Christ fut une mort au péché, une fois pour toutes, et Sa vie est une vie à Dieu. Vous, de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus. (Rm 6.5-11) » Saint Jean l’affirme : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas ; l’Engendré de Dieu le garde et le Mauvais n’a pas prise sur lui. (1 Jn 5.18) » Dès lors, je reçois mon existence comme la portion d’humanité que le Christ daigne assumer, par moi, pour mon salut, et l’accomplissement de la volonté du Père. Mais « Il est plus facile qu’on ne croit de se haïr. La grâce des grâces serait de s’aimer soi-même humblement comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. (Bernanos, Journal d’un curé de campagne) » Certains cependant refusent de croire cela en disant que depuis la venue de Jésus, rien n’a vraiment changé, qu’il y a toujours des péchés, des guerres, etc. Ils auraient voulu un changement de leur vie, et du monde, à 180°, que les choses soient passées de ce qu’elles sont, à leur opposé. Or Jésus a fait beaucoup mieux ! Il n’a pas changé les choses seulement à 180°, mais à 360° ! En sorte qu’elles semblent se retrouver au même point … comme si rien n’avait changé … alors qu’en Lui tout a été renouvelé ! Mais pour le voir, il faut demeurer en Jésus, avoir la Foi. C’est là l’œuvre que Dieu attend de nous : que nous croyions en Jésus (Jn 6.29). Dieu ne viole pas notre liberté, aussi attend-Il que chacun demande le salut mérité par Jésus.

L’Eucharistie introduit dans la communion Trinitaire.

« Si vous M’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que Je vais au Père, parce que le Père est plus grand que Moi. (Jn 14.28) » Le Père est plus grand que le Christ en tant que le Christ est homme, non en tant qu’Il est Dieu, car le Christ est avec le Père une même substance, un seul et même Être (Jn 10.3). Or, à l’Ascension, l’humanité du Christ, en soi moindre que Dieu, a été introduite au sein de la Trinité où elle jouit de la gloire que le Fils de Dieu avait « avant la Création du monde (Jn 17.5) », de toute éternité. Et il en ira de même pour tous ceux qui auront été transformés au Corps du Christ pour suivre l’Agneau partout où Il va (Ap 14.4), c’est à dire jusqu’en Sa gloire éternelle (Ap 22.3). « Avec Lui, Dieu nous a ressuscités et fait asseoir aux Cieux, dans le Christ-Jésus ! (Ep 2.6) » Étant aux Cieux à la Droite du Père, nous sommes déjà en mesure, intentionnellement, comme le dit saint Jean de la Croix, de « spirer », avec le Père, l’Esprit-Saint, dans le Fils … Dans la foi et en proportion de celle-ci, nous pouvons déjà jouir de la joie de Dieu d’être Dieu ! « Je parle ainsi dans le monde afin que vous ayez en vous Ma joie, et que votre joie soit parfaite ! (Jn 14.11) » « Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur, ils se reposent déjà de leurs fatigues ! (Ap 14.13) »

Eucharistie et eschatologie

Le Christ a rompu le pain, brisé Son Corps en une multitude d’hosties, afin d’être, par la Messe, répandu dans l’espace et le temps, et que, jusqu’à la fin du monde, tous puissent, par leur communion, devenir le Corps du Christ, et qu’ainsi soit pleinement réalisé le Mystère de l’Incarnation de Dieu dans l’histoire. En devenant le Corps du Christ, qui a fait Sienne notre humanité, nous sommes rendus Un avec le Père. Alors s’accomplit la prière du Christ : « Père, qu’ils soient un comme Nous sommes Un, Toi en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient Un en Nous. (Jn 17.21) » Lorsque le dernier élu se sera uni à la Mort rédemptrice du Christ, alors « Dieu sera tout en tous (1 Co 15.28) », et le Dernier Jour sera là. Tous ceux qui se seront endormis dans le Seigneur (Ap 14.13) ressusciteront alors pour former ensemble le Corps du Christ total, le Temple éternel de Dieu, vivant et glorieux (Mt 20.23 ; Ap 21.22).

La nécessaire participation à l’Eucharistie

« Si vous ne mangez pas Ma chair et si vous ne buvez pas Mon sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Jn 6.53) » De la bouche même de Jésus est affirmée l’absolue nécessité de la participation à la Messe, une nécessité vitale, qui ne relève ni d’un règlement religieux, ni d’une satisfaction sentimentale, ni d’une compensation psychologique, mais de la réponse à donner à une question de vie ou de mort… éternelles ! « Si vous ne mangez pas Ma chair et si vous ne buvez pas Mon sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Jn 6.53) » Seul le Christ a vaincu la mort par Sa résurrection corporelle, aussi est-Il le seul à pouvoir nous donner, à travers la communion à Son corps, la victoire sur la mort. Ce dont ne veulent pas les transhumanistes en train de concocter des inventions délirantes pour vaincre la mort par lesquelles ils espèrent se donner à eux-mêmes cette victoire, plutôt que de la recevoir humblement du Christ par Son Église …

Au début de l’Église et encore aujourd’hui en certains pays, des chrétiens ont préféré payer de leur vie leur participation à l’Eucharistie dominicale … Ce faisant, ils estimaient ne rien faire d’extraordinaire puisque Celui qu’ils allaient recevoir venait Se donner à eux au prix de Sa mort sur une croix … “Comment ? L’Amour vient Se donner à moi ― et à ce prix-là ! et j’aurais mieux à faire que venir Le recevoir ?” Voilà pourquoi manquer délibérément la Messe dominicale est un péché mortel (CEC n°2181). Qui ne veut pas de la vie éternelle, se donne nécessairement  la mort éternelle. « L’Eucharistie du dimanche fonde et sanctionne toute la pratique chrétienne. C’est pourquoi les fidèles sont obligés de participer à l’Eucharistie les jours de précepte, à moins d’en être excusés pour une raison sérieuse (par exemple la maladie, le soin des nourrissons) ou dispensés par leur pasteur propre. Ceux qui délibérément manquent à cette obligation commettent un péché grave. (CEC n°2181) »

Certains justifient cependant leur refus de venir au moins chaque dimanche et jour de fête à la Messe (Lc 14.16-24 ; Ap 19.9) au motif qu’ils y sont déjà allés et qu’ils savent comment c’est : c’est toujours pareil, et, de plus, cela n’a rien de particulièrement drôle ! Or, n’est-ce pas que chaque matin nous nous levons, prions, déjeunons, et partons au travail, et que nous ne disons pas : « Je me suis levé hier, ce n’est donc pas la peine que je me lève à nouveau aujourd’hui » ? Une source coule son petit bonhomme de chemin le matin, à midi et le soir : elle est toujours là, ne change pas. Mais notre soif, à nous, se renouvelle sans cesse ! Et si quelqu’un devant une source en plein désert se refusait à y boire à nouveau sous prétexte qu’il y a déjà bu, qu’arriverait-il ? Il mourrait de soif. Ainsi en va-t-il de celui qui refuse de boire à cette source de la vie éternelle qu’est la Messe : il perd la vie de la grâce, la communion avec Dieu … Celui qui s’imaginant connaître ce qu’est la Messe refuse d’y alimenter la vie surnaturelle de son âme se condamne à la voir disparaître … Cette vie surnaturelle est confiée aux bons soins de notre liberté, dans l’aujourd’hui de ce temps où tout passe, en sorte qu’il nous appartient de la cultiver pour qu’elle porte ses fruits de sainteté … ou de la laisser dépérir ! Cette vie surnaturelle étant communion avec Dieu, n’existe, comme toute relation, que tissée de rencontres indéfiniment répétées, dont chacune offre une toujours nouvelle et gracieuse occasion de faire un peu mieux ce qu’au dernier jour de notre vie nous aimerons avoir fait parfaitement. Or, qui peut dire, en quittant la messe, qu’il a reçu Dieu avec toute la foi, la joie, la pureté, l’humilité, l’amour qu’au dernier jour de sa vie il aimera l’avoir fait ? Qui peut dire en quittant la messe qu’il s’est donné à Notre Seigneur avec toute la ferveur, la générosité, la sainteté, la perfection, l’amour qu’au dernier jour de sa vie il aimera l’avoir fait ?

Un des buts de chaque messe est de nous préparer à la rencontre ultime qui sera alors plénière et éternelle, de sorte qu’ayant « répété » nous ne rations pas ce qui devra être le couronnement de notre vie et l’achèvement de notre désir … S’en tenir à l’aspect des rites de la Messe, sans chercher à en pénétrer le sens, c’est passer assoiffé à côté de la source sans la remarquer. Et donc rester assoiffé, car nous sommes tous assoiffés. Il ne faut pas courir en tous sens à la recherche de nouveautés, qui telles des « citernes lézardées ne retiennent pas l’eau (Jr 2.13) », mais « creuser », creuser toujours plus profond, à l’instar de l’homme ayant creusé profond pour bâtir sa maison sur d’inébranlables fondations (Lc 6.48), répéter toujours cette même chose sacrée, assuré qu’ayant Dieu pour auteur, elle a non seulement un sens toujours actuel, mais infiniment plus riche qu’il y paraît … L’expérience montre qu’il en est ainsi. La Vérité tient ses promesses de libération et de joie absolue. Chaque Messe est une grâce qui nous donne tout ce que l’on peut désirer : recevoir Dieu et nous donner à Lui ! Que désirer de plus ? Et quel meilleur moyen de devenir parfait que de vivre toujours plus parfaitement la Messe ? Savez-vous quelle a été la dernière parole du saint Curé d’Ars sur son lit d’agonie lorsqu’on lui a apporté la communion : « Oh, comme c’est triste de communier pour la dernière fois … » ! Lui qui allait entrer au Paradis aurait presque renoncer à y aller pour ne pas perdre la joie de communier …

D’autres, pour s’abstenir d’aller à la messe, prennent prétexte que tous ceux qui vont à la Messe ne sont pas des saints. Or, on ne va pas à la Messe pour voir Pierre, Paul, Jacques ou Jean, mais pour rencontrer Le Seigneur dans le mystère de Sa présence réelle, d’une part, et d’autre part, si tous ceux qui vont à la Messe ne sont pas tous des saints, tous les saints vont à la Messe ! Et ils ne peuvent pas faire autrement, puisque Jésus leur en a fait un commandement : « Faites cela en mémoire de Moi ! (1 Co 11.25) » ; « Vous êtes Mes amis si vous faites ce que Je vous commande. (Jn 15.14) » En allant à la Messe, je manifeste donc que je ne vis pas selon ma loi, mais que Jésus mérite d’être obéi, et je proclame que Jésus est toujours vivant. « Faites-cela en mémoire de Moi ! » Sa mémoire ne passe pas ! En elle Il est présent et Se rend présent à ceux qui ont foi en Lui. Sa mémoire est source d’un dynamisme gratuit et vivifiant pour ceux qui acceptent de s’y plonger. A la face du monde et avec autorité je proclame que quelqu’un d’autre que n’importe qui ici-bas mérite mon obéissance, et de façon inconditionnelle. Jésus règne dans les cœurs et Son règne est visible. Jésus a droit au culte qu’Il a institué pour nous communiquer la vie en abondance, vie spirituelle et éternelle. Il est Dieu à qui tout appartient et à qui tout est dû. De plus, qui aime accepte volontiers de renoncer à sa volonté propre pour faire celle de Celui qu’il aime. Jésus a confessé faire toujours la Volonté du Père. C’est ainsi qu’Il Lui a montré Son amour, et à nous par la même occasion (Jn 14.31). Si donc le Christ a préféré à Sa volonté humaine celle de Son Père (Lc 22.42), parce qu’il La considérait supérieure à la Sienne (Jn 14.28), à combien plus forte raison devons-nous préférer à la nôtre Celle du Christ, qui nous commande : « Faites-cela en mémoire de Moi ! » Il sait bien, Lui, pourquoi Il nous demande de faire cela, faisons-Lui confiance, et peu à peu, Il nous dévoilera pourquoi Il nous demande de faire cela, si du moins nous ne cessons point, entre temps, désirer comprendre, ni ne nous endormons dans un formalisme asséchant. Je ne vais pas à la Messe parce qu’il ne pleut pas ou parce que j’en ai envie, mais parce que Lui m’aime, tel que je suis, et veut Se donner à moi …

Certains disent encore que puisqu’ils croient que Jésus est Dieu, et Dieu étant partout, ils n’ont donc pas besoin pour rencontrer Jésus d’aller à la Messe ou devant le tabernacle d’une église. Ceux qui parlent ainsi sont victimes d’une très grave erreur qui leur fait confondre les deux natures du Christ. Car s’il est en effet bien vrai que le Christ est Dieu et que Dieu est partout, il n’en reste pas moins que c’est en vertu de Sa nature humaine, et non pas divine, que le Christ Se rend présent à la Messe : En vertu de Sa nature divine, Dieu est partout, certes, mais qui est aussi partout qu’il puisse alors embrasser Dieu tout entier ? Car Dieu étant Un, Il ne Se divise pas ! Ainsi, bien que Dieu soit partout, et donc là où je suis, il me reste cependant inaccessible à cause de Son immensité. Mais voici qu’éclate la merveille incomparable de l’Incarnation et de l’Eucharistie par lesquels Dieu Se rend tout entier présent en un seul point, pour que je puisse en recevant une seule hostie, Le recevoir tout entier ! La chair ressuscitée du Christ est certes affranchie des limitations du temps et de l’espace, et participe à la condition existentielle de la Divinité du Christ, et peut dès lors se répandre dans l’histoire pour que tous ceux qui L’assimilent connaissent, jusque dans la réalité de leur propre corps, le destin unique du Corps physique du Christ. Affranchie de la mortalité, la chair du Christ est devenue disponible pour tous et pour toujours. Je vais donc à la Messe pour répondre à une invitation, celle de l’Amour INCARNÉ qui Se donne tout entier à un endroit précis, où j’ai tout intérêt à me trouver ! 

A la Cène, le Jeudi-Saint, Jésus dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâques avec vous. (Lc 22.15) » Nous rendons-nous bien compte que puisque cette Pâques est la même que celle qu’Il actualise à chaque Messe, ce désir est toujours aussi le même … Ainsi, à chaque Messe, nous pouvons entendre Jésus nous dire ces mêmes paroles : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâques avec vous … »  Aujourd’hui, maintenant, à cette heure même, quels que soient mon péché et mes misères, Jésus m’aime… à en mourir ! Et Il vient m’en donner la preuve dans ce signe, cette réalité tangible qu’est la célébration de la Messe. Ô grandeur ineffable de cet humble événement, qui sous les traits d’un modeste repas permet à Dieu de « prendre Son repas chez nous, Lui près de nous et nous près Lui. (Ap 3.20) » La Messe est donc la source de la joie absolue dans la banalité du quotidien, la révélation du mystère éternel qui éclaire et donne sens à toutes choses, la consolation de toute tristesse, la guérison de tout vice, le pardon de tout péché, la source d’une vie nouvelle et éternelle, sainte, celle-là même du Christ à nous communiquée ! « L’Eucharistie est “source et sommet de toute la vie chrétienne.” (…) La sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque. (CEC n°1324) »

La célébration de la Messe témoigne encore de la vérité de la résurrection du Christ en nous ramenant à la Cène au cours de laquelle Jésus a demandé que l’on refasse ce qu’Il venait de faire, de sorte que Se projetant dans l’avenir, Il S’est rendu présent à nous ici et maintenant, en son Corps et en son Sang pour actualiser sacramentellement Son sacrifice qu’à la Cène Il anticipa. Cette présence réelle est en l’état réel où se trouve Son humanité aujourd’hui ressuscitée et glorieuse à la droite du Père … Le fait de continuer à célébrer la Messe APRÈS Sa mort n’aurait pas de sens s’Il n’était pas ressuscité. Célébrer la Messe, c’est donc accueillir Sa présence de Ressuscité, sur la Foi en Sa parole, comme les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu « à la fraction du pain ».  Qui a inventé ces rites ? Qui leur a donné leur signification ?

Communier au Corps du Christ, n’est-ce pas du cannibalisme ?

Je pose la question parce que je sais que plusieurs se la posent. Cela a commencé dès que Jésus a prêché la nécessité de se nourrir de Son corps et de Son sang. Beaucoup de ses disciples L’ont alors abandonné (Jn 6.61). Les Romains ont ensuite accusé les chrétiens de cannibalisme, et cela a depuis continué. Or, les cannibales consomment le cadavre de quelqu’un qui n’a jamais demandé à cuire dans la marmite … Avec Jésus, c’est différent : non seulement Il Se donne Lui-même, mais Il le fait sous la forme du pain et du vin. Consommer les saintes espèces ne va pas tuer Jésus puisqu’Il est déjà mort et ressuscité, et glorieux pour l’éternité. Ce qui Le tue et L’a tué, ce sont les péchés … Nul n’est obligé de pécher, mais de communier. De plus, les cannibales ne consomment qu’un morceau de leurs victimes, mais consommer ne serait-ce qu’une miette de l’Eucharistie, c’est consommer tout Jésus, qui ne peut être divisé, avec donc tout Son corps, tout Son sang, Son âme, Sa divinité … Nous communions non à un cadavre ressuscité, comme a été celui de Lazare, mais au « corps spirituel » et glorieux du Christ (1 Co 15.44) et pas seulement à un « corps de misère (Ph 3.21) » spatio-temporel. Nous recevons non une chair humaine ordinaire, mais la chair de Dieu fait homme, en qui tous les temps sont présents, une chair qui est Dieu même … L’Eucharistie, comme l’Archange saint Michel l’a appris aux Enfants de Fatima, est « le Corps, le Sang, l’Ame et la Divinité de Notre Seigneur Jésus Christ ». A la différence du cannibalisme, l’Eucharistie est non-violente, elle est la représentation non sanglante du sacrifice de la Croix. A la limite, on peut considérer, d’un point de vue métaphysique, que toutes les coutumes cannibales sont des parodies démoniaques de « la réalité, qui est le Corps du Christ (Col 2.17) », à nous donnée en communion d’amour. Communier au Corps du Christ ne peut se faire que dans la foi et par amour. « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. (Jn 6.63) » A la suite de ce qu’Il demandait déjà dans le Livre de la Sagesse : « Venez, mangez de mon Pain, buvez du Vin que J’ai préparé (Pr 9.5) » et qu’Il l’a crié dans l’Évangile : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive, celui qui croit en Moi (Jn 7.37) », Jésus cherche des êtres assoiffés, qu’Il désire désaltérer de Lui-même, « l’Alpha et l’Oméga (Ap 22.13) » : « Que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie gratuitement ! (Ap 22.17) » Et cela est d’autant plus manifeste que c’est Lui qui a l’initiative de ce repas. C’est Lui qui nous invite à Le recevoir, Lui, l’Amour incarné, afin qu’en Le recevant, nous entrions en participation de son Être …

Des conditions pour communier au Corps du Christ

« Celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu’un a conscience d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le sacrement de Pénitence. (CEC n°1415) » Contrairement à ce qui est enseigné aujourd’hui jusqu’au plus haut sommet de l’Église, l’Eucharistie n’est pas à donner aux pécheurs. Jésus demande de ne pas donner aux chiens ce qui est sacré (Mt 7.6). Il ne Se soucie évidemment pas des chiens ou des chats, mais de ce qui est sacré. Et quoi de plus sacré que Son Corps ? Malheur donc à qui communie en état de péché mortel et se charge ainsi d’un nouveau péché, celui de sacrilège. Mais mille fois malheur au prêtre qui autorise une telle communion ! De même que l’on ne verse pas une liqueur dans un vase ayant contenu du vinaigre, on ne demande pas au Seigneur de S’unir au péché à travers une humanité pécheresse. Si la Vierge Marie a été créée Immaculée Conception, ce n’est pas sans raison, mais parce qu’il ne saurait rien y avoir de commun entre son fils et le péché. Il faut donc nécessairement avant de communier, si l’on a conscience d’un péché grave, rejeter définitivement son péché dans le sacrement du pardon.

Saint Paul enseigne : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à ce calice, vous annoncez la Mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’Il vienne. C’est pourquoi celui qui mange le Pain ou boit le Calice du Seigneur indignement, se rend coupable envers le Corps et le Sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve lui-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice : car celui qui mange et boit [indignement], sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit son propre jugement. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. Si nous nous examinions nous-mêmes nous ne serions pas jugés. Mais le Seigneur nous juge et nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde. (1 Co 11.26-32) »

Les châtiments terrestres évoqués par saint Paul ne sont évidemment rien à côté de ceux qui attendent dans l’éternité les sacrilèges. Pourquoi donc au début de la Messe, et de nouveau avant la communion, demandons-nous à Dieu de pardonner nos péchés véniels ? sinon parce que celui qui communie sans être tout à fait pur, au moins de tout péché grave, commet une monstruosité inimaginable en prétendant unir dans sa personne, Dieu, qui est la Sainteté, et le refus de Dieu, qu’est le péché ! « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi (Lc 11.23) » dit le Seigneur. « Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quel rapport entre la justice et l’impiété ? (2 Co 6.15) »

N’oublions jamais qu’à chaque Messe nous sommes rendus contemporains de Jésus et des Apôtres au Cénacle, et que lorsque demandons à recevoir le Corps du Christ, nous le demandons à Jésus AVANT qu’Il meure, ce qui implique qu’Il doive mourir … C’est donc vouloir avec Lui Sa mort … La mise à mort du Christ est le plus grave péché qui se puisse imaginer, le déicide. Aussi, celui qui demande à recevoir le Pain de vie ne peut faire cette demande qu’en s’engageant à mourir avec Lui de Sa mort … pour ne plus faire avec Lui qu’une même victime d’expiation, pour ses propres péchés, et pour ceux du monde entier, en communion spirituelle avec l’intention du Christ venu « offrir sa vie en rançon pour la multitude (Mt 20.28) ».

Recevoir dignement le Corps du Christ implique donc de vouloir devenir soi-même le Corps du Christ et donc le Christ Lui-même. L’humanité du Christ est certes aujourd’hui glorifiée dans le Ciel, mais dans la réalité de notre humanité, qu’Il fait Sienne par la communion eucharistique, Il veut, comme au temps de Sa vie terrestre, continuer Sa mission de Rédempteur, en faisant de notre croix, la Sienne Et c’est donc ce même chemin que nous nous engageons à suivre lorsque nous venons communier au Corps du Christ. Et malheur à qui viendrait communier sans être décidé à suivre ce chemin, car le Christ n’en connaît point d’autre ! C’est pour nous permettre de Le suivre sur ce chemin qui est le chemin du salut, le chemin de la Rédemption, le chemin de la Croix, qu’Il vient nous communiquer, par la communion à Son corps sorti victorieux de la Passion soufferte pour nous, la vertu nécessaire pour être à notre tour victorieux. « Si quelqu’un veut Me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il Me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de Moi et de l’Évangile la sauvera. (Lc 9.23-24) » Recevoir le Corps du Christ, c’est donc s’engager à Le suivre jusque dans la mort. « Nul d’entre nous, en effet, ne vit pour soi, et nul ne meurt pour soi. Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans la vie, comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. (Rm 14.7-8) »

Jésus nous a donné des saints, comme Padre Pio ou Thérèse Newman, qui sont des témoins de ce que communier veut dire … Que faisaient-ils lorsqu’ils participaient à la Messe et communiaient ? Ils revivaient, non, ils vivaient la Passion de Jésus. En eux Jésus nous montre ce que nous devons vivre spirituellement, ce que chacun doit faire lorsqu’il est à la Messe et qu’il reçoit le Corps du Christ AVANT … que Jésus soit livré … Car, je le répète, Jésus n’a donné Son corps qu’une fois, le Jeudi Saint, et nous ne recevons pas un pain différent de celui que les Apôtres ont reçu ce soir-là … En fait, toute la vie d’un chrétien est comprise dans ce laps de temps qui commence avec la Cène du Jeudi-Saint et se termine avec la Mort du Christ sur le Golgotha. Nous ne devons pas sortir de cet espace, si inconfortable qu’il paraisse, car le salut se joue là et pas ailleurs (Lc 13.24). « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, et spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui s’y engouffrent. Mais étroite est la porte, et resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. (Mt 7.13-14) » L’Eucharistie, que l’on appelait autrefois « le Pain des forts », parce que l’on savait pourquoi on communiait, nourrit notre résolution, notre force, notre amour, notre joie de suivre Jésus.

La Messe n’est pas le rassemblement de la communauté comme je l’ai entendu prêché par des curés, aussi vrai qu’une communauté peut se rassembler sans qu’il y ait pour autant de Messe célébrée, et un ermite peut célébrer la Messe sans qu’il y ait une communauté qui se rassemble. La Messe, c’est, par définition, l’actualisation du Sacrifice du Christ ! … Par la Messe Jésus fait de nous l’autel où est célébré Son amour, le prêtre qui l’offre, et la victime qui est offerte. Nous sommes habilités en vertu de notre condition de chrétien à recevoir et donner la réponse d’Amour de Dieu le Fils à Dieu le Père en leur commun Esprit … Que pourrions-nous faire de plus grand ? Comment pourrions-nous être plus parfaits ? C’est bien ce que demandait saint Paul : « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. (Rm 12.1) »

De la façon de recevoir Jésus à la Messe

Pour promouvoir la participation active des fidèles à la liturgie, la constitution Sacrosanctum concilium du concile Vatican II rappelle l’importance du silence (n°30), et la Présentation générale du Missel romain stipule : « Le silence sacré fait partie de la célébration : il doit aussi être observé en son temps (…).  Il permet la louange et la prière intérieure. Dès avant la célébration elle-même, il est bon de garder le silence dans l’église, à la sacristie et dans les lieux avoisinants, pour que tous se disposent à célébrer les saints mystères religieusement et selon les rites. (n°45) » La participation active des fidèles ne consiste donc pas à faire la lecture, battre la mesure, faire la quête ou dans une activité autre que celle d’être personnellement attentif au-dedans de soi à la Présence de Dieu, à être attentif, dans le secret de son âme, et le silence de ses pensées, à l’Esprit-Saint qui parle et agit au moyen des rites de l’Église, raison pour laquelle le recueillement, et donc le silence le plus absolu, sont de rigueur pour participer effectivement à la liturgie … 

Sans vouloir choquer ou ennuyer quiconque, permettez-moi d’interroger notre attitude vis-à-vis de Jésus-Christ, présent sous les humbles apparences de la blanche hostie. Adoptons-nous la fière attitude des orgueilleux tendant la main, comme des mercenaires demandant à Dieu leur dû, ou bien préférons-nous celle des amoureux conscients d’être l’objet d’un amour immérité, et qui, devant ce mystère, s’effacent pour lui laisser toute la place ? Déjà, dans la tradition hébraïque, depuis Moïse, lors du Repas pascal, préfigurant la Cène du Messie, par le rite de la « bouchée », le père de famille réservait pour la fin du repas le « Pain du Messie », qu’il donnait à chacun directement dans la bouche. C’est la raison pour laquelle Jésus lors de la Cène a donné « la bouchée » à ses disciples, et que le Pape Paul VI, en 1969, dans son instruction Memoriale Domini, ordonnait : « Cette façon de distribuer la Sainte Communion doit être conservée, non seulement parce qu’elle a derrière elle une tradition multiséculaire, mais surtout parce qu’elle exprime le respect des fidèles envers l’Eucharistie ». Je suis personnellement convaincu qu’il n’y aura pas de renouveau de la vie de l’Église, et qu’elle continuera à dépérir, tant que les catholiques ne reviendront pas se mettre à genoux devant Dieu, Dieu incarné, Jésus-Eucharistie, pour Le recevoir, tels de petits enfants recevant de leur père la bouchée. Oh, que cela est dur pour tout esprit mondain que de s’humilier ainsi ! Mais c’est à prendre ou à laisser : « Si vous ne redevenez pas comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. (Mt 18.3) » Quelques années plus tard, en 1999, alors que « l’auto-démolition de l’Église », dénoncée par ce même pape, avait déjà largement fait son œuvre, la Congrégation pour le Culte divin adjurait : « Que tout le monde se rappelle que la tradition séculaire est de recevoir l’Hostie dans la bouche ! (Notiae, mars 1999) » En 2003, après avoir demandé le rétablissement de l’usage du plateau de communion — qui n’aurait évidemment aucune utilité si la communion devait être donnée dans la main ! —, la Congrégation supplie : « S’il y a un risque de profanation, la sainte Communion ne doit pas être donnée dans la main des fidèles. (Redemptionis Sacramentum, n°92) » Or, de nos jours, il y a presque toujours un risque de profanation, ne serait-ce que par la perte involontaire de petits fragments de l´hostie tombés à terre. Et la Congrégation pour le Culte divin de poursuivre : « Si un communiant désire recevoir le Sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège Apostolique, on peut lui donner la sainte hostie. » On peut, non : On doit. Donc, même là « où la Conférence des Évêques le permet », y compris « avec la confirmation du Siège Apostolique », le prêtre reste responsable du Corps du Seigneur qui là advient par lui. Le prêtre n’est pas un fonctionnaire, ni un distributeur automatique, mais il est chargé de veiller sur le Trésor de l’Église, qu’il doit faire fructifier, en le partageant à ceux qui L’adorent et désirent devenir enfants de Dieu. De fait, on ne se met pas même à genoux devant le Président de la République, mais bien devant Dieu ; on ne reçoit pas sa nourriture comme un nourrisson, mais on se nourrit soi-même, sauf si l’on veut être nourri par la nourriture que Dieu seul donne, Lui qui a dit : « Ma vie, nul ne la prend, c’est Moi qui la donne. (Jn 10.18) » C’est pourquoi, prendre soi-même le Corps du Christ et se communier soi-même contredit formellement la réalité signifiée par le rite de la Communion.  Nous ne communions pas qu’avec notre bonne intention, mais avec tout notre être, y compris donc notre corps, c’est pourquoi nos gestes ont de l’importance. Ils doivent aider notre âme à vivre en vérité, et exprimer sans équivoque la si belle réalité qui n’a pas d’autre moyen pour se manifester que la cohérence de la vie de foi des chrétiens. Combien de personnes ont été touchées devant la piété de la liturgie jusqu’à accepter d’y reconnaître la Présence du Seigneur et se convertir ? Quelle joie que de s’abaisser ainsi devant le Seigneur pour L’exalter dans les âmes de bonne volonté ! « Celui qui s’abaissera sera élevé. (Mt 23.12) » Bienheureux donc ceux qui, comme au temps de Jésus, savent tomber à genoux devant Lui pour L’adorer, et recevoir de Sa main leur salut !

Nous savons tous combien la pédocriminalité a blessé la sainteté et la crédibilité de l’Église, mais a-t-on suffisamment pris en compte, parmi les causes de cette abomination énumérées par Benoît XVI en 2019, le lien qu’il a fait entre la façon de traiter le Corps du Christ à la Messe et la façon de traiter le corps des enfants de Dieu ? A-t-on oublié la liaison que fera Jésus lors du Jugement dernier entre Sa personne et ce qui aura été fait aux plus petits des siens (Cf. Mt 25.31-46) ? Voici un extrait de cette réflexion de Benoît XVI : « Considérons cela par rapport à une question centrale : la célébration de la Sainte Eucharistie. La manière dont nous traitons l’Eucharistie ne peut que provoquer de la préoccupation. Le concile Vatican II était à juste titre centré sur la volonté de remettre ce sacrement de la présence du Corps et du Sang du Christ, de la présence de sa Personne, de sa Passion, de sa Mort et de sa Résurrection, au centre de la vie chrétienne et de l’existence même de l’Église. […] Or, ce qui prédomine n’est pas une nouvelle révérence envers la présence de la mort et de la résurrection du Christ, mais une manière de Le traiter qui détruit la grandeur du mystère. Le déclin de la participation à la célébration dominicale de l’Eucharistie montre combien nous autres chrétiens d’aujourd’hui sommes devenus peu capables d’apprécier la grandeur du don que constitue sa Présence Réelle. » Comment donc prendre au sérieux les programmes pastoraux, et spécialement ceux de lutte contre la pédocriminalité, lorsqu’ils omettent de placer la façon de traiter le Corps du Christ au centre de leurs préoccupations et propositions ?

Si les demandes du dernier concile en matière liturgique avaient été respectées, tant de nos frères et sœurs ne seraient pas allés chercher refuge dans la célébration du rite antérieur. Aussi, plutôt que d’interdire maintenant celui-ci au risque de provoquer un schisme, j’aurais préféré que François appelât évêques et prêtres à respecter enfin eux-mêmes la constitution Sacrosanctum Concilium, qui n’a jamais demandé, par exemple, l’abandon du latin, du chant grégorien, de la façon traditionnelle de communier … de sorte que par le jeu d’une loyale concurrence, la réforme liturgique fasse éclater au grand jour ses droits d’être préférée à l’antique célébration … Il est craindre qu’à l’instar des protestants faisant de la Bible la source de leur foi, certains de nos frères et sœurs ne fassent de même avec la liturgie, les uns et les autres oubliant que l’Église est source de la Bible comme de la liturgie.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’Église souffre de rivalités, de désordres, d’actions malfaisantes de toutes sortes, en raison de la jalousie de certains, qui ne prient pas, ou plus, sinon pour demander la satisfaction de leur propre volonté. Dans le paganisme, la divinité, Dieu, l’Energie, les démons même, ou que sais-je encore, sont priés d’exaucer souhaits et prières, quelques détestables qu’ils soient. Mais dans le christianisme, Dieu est prié non pour qu’Il fasse, Lui, notre volonté, mais pour que nous, nous fassions la Sienne, à l’exemple de Jésus à Gethsémani, disant au Père : « Père, si c’est possible : Que cette coupe s’éloigne de Moi ! Cependant, non pas comme Je veux, mais comme Tu veux. (Mt 26.36-46) » Jésus ne nous a pas indiqué d’autre chemin pour passer de ce monde au Père que de devenir avec Lui une même volonté, un même esprit, un même être, ce qu’exprime et accomplit notre communion au Corps du Christ, et notre vie selon Son Esprit.

Annexe 1 : Du rôle du prêtre dans la messe

Pourquoi faut-il nécessairement un prêtre pour célébrer la Messe, pourquoi n’importe quel fidèle, y compris une femme, ne pourrait pas faire ce que Jésus fit à la Cène ? La réponse tient à la différence qui existe entre le Christ et l’Église, et entre l’homme et la femme.

Le Christ est vivant, glorieux, assis à la Droite du Père dans les Cieux, Il ne cesse pas pour autant à prendre soin de la Communauté de ses disciples qu’Il continue à enseigner, sanctifier et guider en ce monde vers le Paradis. L’Église, pas plus que quiconque, ne peut se sauver elle-même. Par le collège des Évêques sous la conduite de Pierre, Jésus continue Sa mission de berger de l’humanité au nom de Dieu, et à cette mission du Christ, qui peut y prétendre, à moins d’y être « appelé par Dieu, absolument comme Aaron (He 5.4) »? C’est donc le Christ qui, à travers son représentant, continue à convoquer, rassembler, enseigner, guider, sanctifier et sauver son peuple. Le Christ-Époux aujourd’hui invisible se rend visible par son prêtre. Le prêtre, envoyé, consacré au nom du Christ, incarne la Présence de l’Époux face à l’Epouse. De ce fait, il empêche l’Église de se replier sur elle-même, de s’imaginer pouvoir se suffire à elle-même ; il la maintient ouverte dans la relation avec le Tout-Autre, de qui elle se reçoit … Le prêtre, lieu-tenant du Christ, reçoit pour cela, par le sacrement de l’ordre, une participation spécifique au sacerdoce du Christ, on dit qu’il agit « in persona Christi ». Une participation spécifique au sacerdoce du Christ par laquelle le Christ continue à rendre présent Son Sacrifice, source pour nous de la Grâce. Or, personne ne peut offrir le sacrifice de quelqu’un d’autre … Le sacrifice, l’offrande de soi, est l’acte le plus intimement personnel qui soit. Personne ne peut offrir le sacrifice d’un autre, à moins d’être un assassin … Est-ce que vous vous voyez vous présenter devant Dieu le Père avec dans les bras le Corps ensanglanté de Son Fils assassiné, et Lui dire : « Mon Dieu, je vous L’offre » ? Imaginez-vous l’horreur et la terrible colère que vous provoqueriez dans le Cœur du Père ? Personne ne peut oser prendre sur soi de présenter à Dieu le Sacrifice de Jésus sans encourir le terrible châtiment attaché à la responsabilité du meurtre du Fils de Dieu … Seul le Christ peut présenter au Père Son propre Sacrifice, et c’est pourquoi c’est aux prêtres seuls qu’Il a confié ce pouvoir. En eux et par eux Il continue dans le temps à offrir son Sacrifice éternel. Chaque baptisé désireux d’aimer Dieu est appelé à se donner à Lui, mais son offrande ne peut être agréée de Dieu qu’en étant unie au Sacrifice du Christ, en lequel chacun est lavé de toutes ses fautes, et ainsi rendu digne de Dieu. Si chaque baptisé est appelé à s’offrir lui-même à Dieu comme membre du Corps du Christ, « par Lui, avec Lui et en Lui », le prêtre, comme tout baptisé doit, certes, s’offrir ainsi lui-même, mais encore offrir LE sacrifice de Jésus … Ce que seul Jésus peut faire, et qu’Il fait précisément par son prêtre. Ainsi se perpétue dans le temps l’acte méritoire de la Rédemption, autrefois offert au Golgotha …

Que ne mériterons-nous pas en offrant à Dieu l’Amour même de Jésus ? Jésus nous a tout donné : Son Corps, Son Sang, sa Mère, son Esprit, tout, et même Son Sacrifice, afin que nous l’offrions comme étant le nôtre ! Alors, par cette offrande dans laquelle nous sommes entièrement purifiés nous sommes à même de nous adresser au Père sans crainte … et nous pouvons en toute assurance tout demander et tout recevoir (Jn 15.7) !

  1.   Cette vérité se retrouve, par exemple, lorsque la Vierge Marie apparaît à Fatima avec l’Enfant-Jésus dans les bras … []
  2. Lanciano est une petite ville, pour ne pas dire village médiéval, en Italie, à quelques kilomètres de la mer Adriatique. Longin, qui enfonça sa lance dans le flanc du Christ crucifié, perforant Son Sacré Cœur et versant l’Eau et le Sang du Rédempteur (Mc 15.29), était de cette petite ville d’où le changement de nom de celle-ci d’Anxamun en Lanciano voulant dire “Lance“. []