Le cardinal Jozef de Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles depuis 2015 et évêque aux forces armées de Belgique depuis 2016, a donné récemment un interview au journal New Europe, spécialisé dans la couverture des activités de l’Union Européenne. Après ses réponses, les pierres n’ont plus qu’à crier (Luc 19, 40).

La première question demande au cardinal ce que signifie être chrétien en Europe, aujourd’hui. Son Éminence prend d’abord acte que « l’Europe (…) est une société pluraliste, une société laïque, où il y a aussi d’autres croyances ». Puis il poursuit : « Je crois qu’être catholique en Europe aujourd’hui signifie faire partie de ce scénario. (…) L’Eglise n’est pas ici pour “reconquérir le terrain perdu”. Ce n’est pas sa mission. Être catholique (…) implique le respect de l’être humain et de ses croyances ».

Jésus-Christ a-t-Il mis un terme à la mission des Apôtres avant Son retour ? Ne les a-t-Il pas envoyés pour faire des disciples de toutes les nations de la terre (Mt 28.19) ? Mgr de Kessel n’est-il pas un successeur des Apôtres ?

Faut-il accepter que Jésus-Christ soit repoussé, et le catholicisme mis au rang des autres religions ? 

Défendre la société sécularisée

Mgr de Kesel poursuit : « Il faut aussi noter qu’il y a une solidarité interreligieuse et que c’est la mission de l’Eglise catholique. (…) Si nous luttons pour le respect de la liberté de religion, c’est parce que nous sommes d’accord avec la société sécularisée (…). L’Eglise catholique ne s’oppose pas à une société sécularisée. Les citoyens ont le droit de croire ou de ne pas croire et je le défends ». C’est tout ce qu’un évêque a à faire : défendre l’indifférentisme religieux, qui, par définition, damne les âmes ? Quel franc-maçon tiendrait un discours différent ? Jésus n’a-t-il pas condamné le droit de croire ou de ne pas croire : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 16). Ou encore : « Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (Jn 3, 18).

Autre chose est la liberté avec laquelle Dieu veut que l’on croie en Lui, autre chose la (fausse) liberté de se détourner de Lui. Celui qui se détourne volontairement de Dieu est déjà jugé. La liberté religieuse n’est donnée QUE pour que l’on cherche librement la Vérité, mais ne peut servir à favoriser l’hérésie.

Quant à la société sécularisée que le cardinal approuve si fortement, elle ôte à Notre-Seigneur Jésus-Christ son titre de Roi. Ce que Mgr de Kesel explique plus en détail dans sa réponse à la deuxième question : « Quels sont les défis auxquels l’Eglise catholique est confrontée aujourd’hui en ce qui concerne son rôle en Europe ? » Il explique en effet plus précisément ce qu’il entend par cette sécularisation : « Le plus grand défi pour l’Eglise en Europe, et c’est aussi une opportunité, parce qu’il nous aide à redécouvrir nos racines et notre mission, est peut-être d’accepter de tout cœur une société sécularisée. Il faut comprendre que le christianisme a longtemps été la religion culturelle en Europe. (…) Il serait dangereux de revenir en arrière parce qu’il est toujours dangereux d’avoir une tradition religieuse qui obtient un monopole. C’est vrai pour (…) toutes les religions ». Autrement dit, il faut se réjouir qu’une majorité se damne ?

Vatican II

Cette réponse ne se contente pas de dire, ainsi que l’archevêque le précise un peu plus loin, que « les circonstances historiques ont changé », mais que l’appréciation de l’Eglise a changé : « Pour l’Eglise catholique, c’est le concile Vatican II qui a marqué un changement fondamental en matière d’ouverture. Avant Vatican II, l’Eglise avait du mal à accepter la modernité, mais Vatican II a dit : “c’est fini, c’est une une impasse. C’est inutile et ce n’est pas la vérité”. » L’ouverture de Vatican II a été voulue pour rendre l’Eglise plus proche des hommes de ce temps, afin de mieux leur communiquer le salut, non pour accepter leur rejet de Dieu et de Son Christ !

Ainsi, le règne du Christ-Roi, du Fils de Dieu incarné, du Verbe éternel qui a tout créé « ce n’est pas la vérité ». En son lieu et place, il faut accepter la société sécularisée, la société qui met sur le même pied Jésus, Mahomet, Bouddha, ou rien du tout. Et la situation dans laquelle la religion catholique aurait un « monopole », est dangereuse. Cette proposition est formellement condamnée par le pape Pie IX dans le Syllabus, au n° 77 : « En notre temps, il ne convient plus que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’Etat, à l’exclusion de tous les autres cultes ».

Quelle doit donc alors être la mission de l’Eglise dans le monde moderne ? s’interroge le cardinal. Et de répondre : « L’Eglise doit, dans notre monde moderne, se battre pour le respect de l’être humain, pour sa liberté et défendre la solidarité. (…) La mission de l’Eglise est de travailler ensemble pour une société plus humaine et plus juste ». Je pensais que la mission de l’Eglise était de communiquer la foi en Jésus-Christ…

Le cardinal se place à un niveau complètement horizontal. L’Eglise n’a plus qu’un but temporel : les droits de l’homme. Il n’est nulle part question des droits de Dieu. Et d’ailleurs, ils ont déjà été niés en refusant à Jésus-Christ son titre de Roi.

Une vague spiritualité en lieu et place de la foi divine

Certes, le cardinal aborde tout de même la spiritualité. Le mot âme apparaît d’ailleurs trois fois dans l’entretien. Il y est même question de « dimension spirituelle ». Mais celle-ci est ainsi définie : « La dimension spirituelle de l’homme est ce que défendent les religions. J’ai parlé de liberté et de solidarité, mais la spiritualité est aussi une valeur fondamentale ». Que vaut une spiritualité en soi si elle n’est pas celle de Jésus-Christ ?

L’on se demande quel sens a ce terme, car de fait, la seule spiritualité pour un catholique, c’est l’exercice de la foi, de l’espérance et de la charité, les trois vertus théologales qui nous sont données par Dieu à travers l’œuvre rédemptrice de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En dehors de cela, le mot « spirituel » est équivoque, et ne désigne qu’un vague sentiment religieux. Car seule la foi en Jésus-Christ animée par la charité de Son Esprit relie réellement l’homme à Dieu.

Dans cette indétermination, le cardinal peut poursuivre : « Nous avons besoin d’ouverture et de dialogue interreligieux. (…) Dans ce dialogue, le but n’est jamais de convaincre l’autre de se convertir. L’objectif est d’interagir (…). Le but est la richesse de la rencontre, de la connaissance de l’autre. Par exemple, j’ai visité un centre de Scientologie et c’était intéressant de se connaître, de découvrir l’autre dans son altérité ». C’est à mourir de tristesse… Un évêque, un chrétien même, n’aurait pas mieux à faire qu’à se distraire avec les choses de ce monde qui passe, sans avoir le désir de communiquer le salut… Pour lui se vérifiera la Parole de Jésus : “Celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir, lui sera enlevé (Lc 8.18)”.

Si « le but n’est jamais de convaincre l’autre de se convertir », comment est-on devenu chrétien, et comment le sera-t-on encore ? C’est la ruine, le rejet, la négation, la trahison de tout l’effort missionnaire de l’Eglise depuis sa constitution par son divin Fondateur : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 19-20). Sans doute ce commandement du Sauveur n’est-il plus valable aujourd’hui, dépassé qu’il est par le monde moderne, beaucoup plus intéressant. Et tant pis s’Il a cru que le ciel et la terre passeraient mais pas Ses paroles (Lc 21.33) !

Le cardinal de Malines-Bruxelles répond à une ultime question : « Quel serait votre message aux jeunes générations en ce qui concerne la Belgique et l’Europe ? » Le début de la réponse paraît encourageant : « Je leur dirais de connaître le passé ». Sans doute le passé chrétien de la Belgique et de l’Europe ? Non pas puisqu’il continue : « Nous ne devons pas oublier ce qui s’est passé en Europe, par exemple, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il faut savoir ce qui s’est passé en Belgique en ce qui concerne la rafle des Juifs ». Sans commentaire.

Le prélat conclut : « La vie est si belle, mais il faut en faire quelque chose. Nous ne devons pas vivre seulement pour nous-mêmes. (…) Il existe de nombreux engagements possibles pour une société plus juste, pour la beauté, pour l’art, pour l’environnement. Et c’est ce qui est important dans la vie ». Ce qui est important dans la vie, c’est de connaître, aimer et servir Dieu, et ainsi sauver son âme (Jn 17.3). “Adultères, ne savez-vous pas que l’amitié pour le monde est inimitié contre Dieu ? Qui veut donc être ami du monde, se rend ennemi de Dieu ! (Jc 4.4)”.

Durant tout cet entretien d’un cardinal sur « la signification d’être catholique » nous n’avons entendu parler ni de Dieu et de l’amour qu’on lui doit, ni de Jésus-Christ notre Sauveur, ni de la grâce, ni de la foi et du Credo, ni de la vertu, ni de sacrements, ni de rien qui soit spécifiquement catholique. Il a bien été question de l’Eglise, mais s’agit-il encore de l’Épouse du Christ ?

Le Christ a donc été une nouvelle fois découronné par un haut prélat. Malheureusement, il faudrait plutôt parler de reniement. Car « ce qui est important dans la vie », c’est de se sauver et de faire tout notre possible pour permettre à d’autres d’obtenir les biens divins, la vie éternelle : c’est cela aimer son prochain comme soi-même. Et non de s’engager dans des horizons terrestres limités, même si nous devons participer à certains d’entre eux pour obtenir la vie éternelle. Prêcher autre chose, c’est tourner le dos à Jésus-Christ.

(Sources : Neweurope/FSSPX.Actualités – 9/08/2019)