C’est sans aucun doute l’un des livres les plus politiquement incorrects que j’ai lus récemment.
On aurait envie de dire que l’abbé Guy Pagès ne fait pas de prisonniers.
Avec la puissance d’une parole qui caractérisait autrefois des prophètes, il condamne les bancs de sable et les faiblesses de l’actuelle  soumission occidentale à l’islam. Il n’hésite pas à utiliser des mots expressifs, qui souvent réprimandent, sans se perdre en analyse. Chaque phrase, chaque déclaration, est parfaitement sourcée. Les nombreuses citations du Coran sont éloquentes. À de nombreux lecteurs modernes habitués à une vision doucereuse créée pour les besoins du public occidental et ceux de la religion de Mahomet présentée comme un monothéisme doux et pacifique, les paroles et les thèses de l’abbé Pagès peuvent faire l’effet d’une douche glacée. Je m’attends, en effet qu’après avoir lu quelques pages, ils rejetteront le livre ou penseront que c’est l’expression d’une erreur, d’une méchanceté particulière, d’une mauvaise attitude d’esprit. Rien ne saurait être plus faux. En ce qui concerne la description du contenu du livre sacré des musulmans, l’abbé Pagès suit de près les faits. Le vrai visage de l’islam est dans ce sens, représenté équitablement. Il nous donne une image réelle, bien que pour beaucoup difficile à admettre, celle d’une religion totalitaire, qui cherche à subjuguer complètement la personne, à la forcer, lorsque l’apparente bonté échoue, par la violence et le viol à reconnaître Allah pour le seul vrai Dieu. Une religion qui ne connaît pas le concept de liberté, ne reconnaît pas la valeur de la personne, ne comprend pas la dignité de la conscience, et est incapable de découvrir la majesté de la loi naturelle. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le Dieu que Mahomet a prêché n’est que pur arbitraire, absolument sans relation, ne respectant ni les lois de la logique ni celles de la métaphysique. Il peut créer le passé et se moquer du principe même d’être. Il destine qui il veut au salut et qui il veut à la condamnation. La loi morale n’est qu’un effet de sa volonté : le bien et le mal auraient pu être tout différents si Allah en avait ainsi décidé. Ce dieu des musulmans est donc à l’opposé de celui du christianisme, et certainement en contradiction avec la sagesse du catholicisme qui fait appel au Logos et au Créateur intelligent dont l’acte de création est une manifestation de Son amour et de Sa bonté. Allah est au-dessus du bien et du mal, au-delà de la sagesse et de toute compréhension. Sans lien avec la rationalité, insaisissable, inaccessible. Donné seulement à travers une révélation tombant comme la foudre du ciel. Accessible uniquement à ceux qui s’y soumettent complètement, sans condition. Obéissance, soumission — totale et illimitée — c’est ce que ce dieu attend de l’homme. Ce dieu ne peut pas entrer dans une alliance avec l’homme, comme le Dieu chrétien le fit avec Abraham, Jacob, Moïse, David, ni a fortiori ne peut-il envoyer son Fils pour la rédemption de l’humanité. 

Cette image de la religion du “Prophète” est dessinée avec des couleurs d’autant plus vives et expressives que l’abbé Pagès la confronte de manière cohérente avec le message du Christ dans les pages de son livre. C’est sa plus grande force. L’abbé Pagès ne prétend pas être un expert impartial. Il ne cherche pas un faux équilibre. Il n’est pas et ne veut pas être un observateur impartial. Absolument pas. Il est d’abord le messager du Christ. Il est missionnaire. Il est celui qui veut éveiller les consciences des peuples d’Occident, et d’abord de la France, bien sûr. Il veut les avertir d’une menace toujours plus présente. Il veut avertir. Il dit : “Regardez ce que vous faites ! À cause de la lassitude de votre cœur, à cause de votre stupidité et de votre démence, vous ouvrez la porte à un adversaire très dangereux. Imbéciles ! – Il hurle presque. Voici, vous avez oublié et méprisé l’enseignement du Christ, méprisé son doux joug, ridiculisé Son amour et Son sacrifice, et mis sur votre tête une menace fatale et radicale. Réveillez-vous ! – semble crier l’abbé Pagès. Ouvrez les yeux ! Voyez comme vous êtes imprudents ! Réfléchissez ! Faites juste un petit effort, donnez-vous un peu de peine et vous verrez où se trouve la vérité !

Oui, je le répète, l’abbé Pagès n’est pas de l’islam un savant froid et détaché. Il le regarde comme les prophètes de l’Ancien Testament regardaient les idolâtres ou les grands docteurs de l’Église considéraient les hérésies. Il défend la vérité de tout son cœur, de tout son esprit. Il aimerait terminer son livre avec un défi et un espoir comme il l’écrit lui-même. « Le défi : je parie que si l’islam acceptait l’étude scientifique des sources de son discours, et d’autre part renonçait à terroriser et tuer les personnes qui veulent quitter l’islam (Coran 4.89 ; 8.13), il ne resterait bientôt plus personne à vouloir être musulman (à l’exception, bien sûr, de ceux à qui profite le système). Est-ce que l’islam est prêt à relever ce défi ? (p. 375) » La dernière question est rhétorique. Non, comme le prouve l’abbé Pagès au fil de nombreuses pages, l’islam ne veut pas et ne peut pas relever un tel défi. Car s’il l’avait fait, s’il s’était soumis à l’examen auquel le christianisme a été soumis depuis ses débuts, luttant constamment dans le domaine de la raison avec des opposants, des sceptiques, des critiques, il n’existerait plus. Paradoxalement, on peut dire que le livre Interroger l’islam en est la preuve vivante. Après l’avoir lu, il est impossible de défendre l’islam. « Les musulmans ont pour fonds de commerce le culte du ressentiment, le désir de vengeance, et la jalousie suscitée par les réussites des pays occidentaux. (…) Ils refusent de reconnaître qu’historiquement l’islam n’a jamais rien apporté d’autre que la guerre et la barbarie, et que, théologiquement, il ne peut que s’identifier à l’Antichrist annoncé par Jésus. (p. 24)»

Vous allez voir comment sur quelque point considéré, les différences sont importantes, fondamentales et insurmontables, entre les enseignements de Jésus et ceux de Mahomet. Cela s’applique pratiquement à toutes les sphères de la vie, qu’elles soient religieuses ou sociales, privées ou publiques, qu’elles concernent la guerre, la violence, le droit, les femmes, les enfants, les vertus, leurs transgressions, les relations entre les personnes âgées et les plus jeunes … Comment pourrait-il en être autrement, nous montre l’abbé Pagès, puisque dans un cas on a affaire à la doctrine de l’Amour, et que dans l’autre cas l’Amour ne joue aucun rôle ? La source de toutes ces différences est, bien sûr − et c’est le plus important : un concept tout à fait différent de Dieu. Ou, si nous ne voulons pas utiliser le mot de concept − impliquant dangereusement la créativité humaine, parlons de contenu de révélation totalement différent. De ce point de vue, la croyance de nombreux chrétiens contemporains selon lequel les musulmans croiraient au même Dieu qu’eux est soit une expression d’ignorance totale, soit une manifestation d’évidente mauvaise foi. « Pour l’islam, professer l’unicité de Dieu, ce n’est pas tant affirmer l’unicité de l’Essence divine qu’écarter formellement la notion de ‘Personne divine’ » — écrit Abbé Pagès . « L’opposé du monothéisme musulman est désigné par le mot arabe ‘shirk’, désignant le seul péché irrémissible qui consiste à donner des ”associés” à Dieu, y compris même l’idée d’incarnation de Dieu (…). Les chrétiens sont appelés ‘mushrikûn’, ‘associateurs’, c’est-à-dire : polythéistes (Coran 43.81). Comment les groupes christiano-musulmans peuvent-ils dialoguer sur la base de leur “commun monothéisme” ? » Encore une fois, c’est une question purement rhétorique. Après tout, n’est-ce pas que les chrétiens voient Dieu comme Trinité ? Grâce à la révélation surnaturelle, la vie intérieure de Dieu leur est révélée. Ainsi, quand ils pensent et confessent Dieu, ils le voient toujours comme Père, Fils et Esprit – ce que l’islam rejette en principe.

L’auteur de « Interroger l’islam » met particulièrement en évidence les très nombreuses faiblesses et ambiguïtés du Coran. Et à juste titre, car même si une seule erreur suffit à montrer que la révélation coranique ne peut venir du Ciel, à la différence de la Bible (Ancien et Nouveau Testament), le Coran, selon la croyance des musulmans, n’a pas été écrit par des personnes humaines inspirées par Dieu, mais il est la parole même et immuable d’Allah. Comme Allah l’a donné en arabe, Mahomet l’a accepté et transmis intégralement. Cependant, soumis à un examen strict et rigoureux, le Coran se révèle plein d’erreurs… Il ne s’agit pas seulement de diverses contradictions concernant la révélation de l’être même du dieu coranique, absolument un et immanent, mais aussi de diverses contrevérités historiques qui mettent en question l’auteur du Coran. Vous pouvez y lire, par exemple, que la Trinité chrétienne est le Père, le Fils et … Marie. Cette dernière étant à la fois la Mère de Jésus et la sœur de Moïse et d’Aaron. Quant à Jésus Lui-même, le Coran véhicule des traditions apocryphes, niant par exemple Sa crucifixion — un fait sur lequel même les plus critiques les plus libéraux s’accordent à reconnaître l’historicité. Comment, alors, est-il possible que cette Écriture ait encore une si grande autorité ?

Il est notoire que les musulmans, ainsi que d’autres nombreuses sectes chrétiennes, les mormons et les témoins de Jéhovah, affirment que les Écritures actuelles ont été falsifiées. Alors l’Abbé Pagès à juste titre pose la question : Où, à leur avis, les Écritures originales peuvent-elles être découvertes ? Pourquoi aucun musulman n’a-t-il jamais été en mesure de présenter l’Évangile supposément originel ? Et s’ils ne peuvent pas le présenter, comment peuvent-ils affirmer qu’il y a eu falsification ? Toute aussi précise est l’observation que Mahomet, contrairement à Jésus, ne peut invoquer de tradition antérieure qui l’annoncerait. L’Abbé Pagès, à la manière de Pascal et à la manière de toute la grande et vénérable école de théologie et d’apologétique catholiques, indique un certain nombre de textes annonçant la naissance et l’activité de Jésus. Mais les musulmans sont incapables, je le répète, de présenter quelque texte scripturaire annonçant la venue de leur prophète. Les tentatives, décrites dans le livre, d’attribuer ce rôle aux paroles de Jésus annonçant la venue du Saint-Esprit, de trouver le mot «Mahomet» dans le mot grec Parakletos, sont ridicules et inadmissibles. Le prophète frappe l’histoire humaine comme un météore. Il n’a pas été prédit et n’était pas attendu. Qui plus est, comme le montre précisément l’Abbé Pagès, il est impossible de dire exactement pourquoi Mahomet est venu. Quelle était sa mission essentielle ? Interrogés à ce sujet, les musulmans répondent le plus souvent qu’il est venu confirmer la Torah et l’Évangile. Mais pourquoi – pour l’amour du Ciel ! -, aurait-il dû confirmer ce qui était déjà universellement accepté ? Pourquoi Dieu aurait-Il voulu envoyer un prophète redire ce qui était déjà connu et reconnu ?

Contrairement à Jésus qui est venu offrir le sacrifice parfait de Sa vie sur la croix, et ainsi libérer l’humanité du péché par Son sang, soulager la colère de Dieu et réconcilier Dieu avec l’homme, le but de la mission de Mahomet est imprécis, obscur, indéfini. Quoi qu’il en soit, et l’Abbé Pagès le souligne, on peut souvent avoir l’impression que l’auteur du Coran ne connaissait pas le véritable Évangile, qu’il n’avait pas connaissance de ce qui est le plus caractéristique du message du Christ. Il ne savait rien de la doctrine de l’amour, du sacrifice, de la rédemption. Le Jésus coranique n’a sur l’essentiel rien à voir avec le Jésus évangélique. Ce sont deux personnes complètement différentes, avec des personnalités, des fonctions et des tâches opposées.

Le fragment peut-être le plus intéressant du livre est une tentative d’expliquer d’où cette image mystérieuse du Jésus coranique est apparue sur les pages du Coran. Il ne provenait certainement pas directement de sources chrétiennes, ou du moins d’aucun texte chrétien officiel et orthodoxe. Eh bien, comme l’Abbé Pagès le note, selon toute probabilité l’image de Jésus adoptée dans le Coran a été donnée à Mahomet et à ses disciples par les Nazaréens, une secte judéo-chrétienne. C’est le point de vue de nombreux experts en la matière — Joachim Gnilka, un célèbre spécialiste allemand de l’islam, est arrivé à des conclusions similaires. Les Nazaréens, d’une part, considéraient Jésus comme le Messie, tout comme le font les musulmans, mais en rejetant ce qui est spécifiquement chrétien : la foi en Jésus Fils de Dieu, égal au Père, aux sacrements, et le sens rédempteur de la mort de Jésus. Contrairement aux Juifs, ils ont confessé que Jésus était le Messie promis par Dieu, mais contrairement aux chrétiens, ils voulaient que Sa victoire soit militaire, sur les païens et ainsi régner sur le monde. Les Nazaréens, contrairement aux chrétiens en général, ont rejeté l’enseignement de saint Paul, qu’ils considéraient comme un traître, un homme ayant falsifié le véritable enseignement de Jésus pour ensuite pouvoir le partager avec les païens. Une telle origine nazaréenne de l’islam explique bien les nombreux emprunts antichrétiens du Coran au Talmud. « Les juifs ayant refusé le Christ Jésus ont continué à rechercher dans la Loi de Moïse leur salut (Mt 23 ; Jn 5.45-47), et les nazaréens voulant mettre le vin nouveau du Christ dans les vieilles outres du judaïsme (Mt 9.17), n’ont pu pareillement devenir chrétiens. (p. 345)» Ces derniers, initialement appelés Ebionites, apparaissent très probablement dans les Actes des Apôtres et les Écrits de saint Paul comme ces Juifs faisant référence à Jacques et s’opposant à l’ouverture de l’Église aux païens. En ce sens, comme le montre l’analyse de l’Abbé Pagès, l’islam a des racines juives. « Il suffit pour s’en convaincre de comparer les sources de l’islam et le Talmud. Ainsi lisons-nous dans le Talmud : “Les chrétiens doivent être exterminés, car ce sont des idolâtres” (Zohar, I, 25 a) » ; « Les Juifs baptisés doivent être mis à mort » (Hilkhoth Akum, X, 2) ; (…) « L’imitation servile du judaïsme talmudique va jusqu’à copier servilement ses contre-sens de la Loi mosaïque. (…) Nier au nom de Dieu la Trinité, la divinité du Christ, Son incarnation et la Rédemption, revenir à un messianisme terrestre, effacer toutes les taches de la vie des héros de l’Ancien Testament, décharger les juifs de la responsabilité directe du déicide, rétablir la foi et les pratiques juives anti-chrétiennes, y avait-il plus beau cadeau à offrir au judaïsme talmudique ? (p. 346) » En effet, les parallèles entre le message anti-chrétien de l’islam et les enseignements talmudiques sont frappants. Les activités des Nazaréens pourraient bien les expliquer. De cette manière, ce lien historique manquant émergerait entre le judaïsme d’une part et l’islam d’autre part.

Le lecteur polonais peut déjà voir à quel livre extraordinaire il a affaire. Vraiment, son auteur n’a pas peur de reprendre, comme on dirait aujourd’hui, même les problèmes les plus controversés.
Ceci est particulièrement évident dans les chapitres traitant de la prétendue tolérance et douceur de la religion du “Prophète”. Il écrit explicitement que ce qui caractérise le plus l’islam n’est pas un appel à la paix et à la fraternité – une vision particulière des utopistes contemporains – mais la doctrine des ténèbres. Ainsi, « sur les 6235 versets du Coran, on recense :
129 versets qui enjoignent aux musulmans le jihad, genre inédit de guerre perpétuelle et universelle contre le monde entier (…),
396 versets belliqueux et esclavagistes, appelant à la haine et au meurtre des chrétiens, des juifs, des apostats et des infidèles (…),
41 versets misogynes, allant jusqu’à associer la femme au mal et au diable (…),
1100 versets qui sont de violentes diatribes assorties d’injures, de souhaits de malheurs, de haine et de malédictions contre la catégorie indéfinie et innombrable des mécréants (kafirun), autrement dit contre tous ceux qui refusent de se soumettre à l’islam,
1500 versets visent nommément avec une singulière violence les païens et autres idolâtres, les Bédouins y étant particulièrement malmenés et insultés, traités de sourds, d’aveugles, ignares, stupides et comparés à des bestiaux ou à de méprisables singes….
Au total ce sont quelque 3150 versets, soit une bonne moitié du Coran, qui vouent à l’exécration tous ceux qui sont autres que musulmans. (p. 172)  »

Il n’y a aucun doute sur l’authenticité de tous ces versets. L’islam est avant tout une religion d’hostilité, de conquête, d’oppression et d’inégalité. Mais alors, comment peut-elle si bien se porter aujourd’hui que non seulement elle ne meurt pas, mais au contraire se développe et conquiert de plus en plus clairement l’Occident ? Si elle est tellement corrompue et dépravée intérieurement, pourquoi gagne-t-elle autant de nouveaux adeptes, même là où elle n’a théoriquement pas le droit de le faire ? Comment se fait-il que le nombre de musulmans en Europe augmente sans cesse ? Eh bien, essentiellement à cause de la complicité des gens d’Église. Comme ils ne croient pas à la grandeur de leur mission, ni à la puissance que Jésus a donné à leur foi, ils lui ouvrent leurs portes et leurs frontières, les diocèses financent la construction de mosquées, ou leur donnent même leurs propres églises. Comment expliquer ce paradoxe ?
L’Abbé Pagès se pose également cette question, et explique ce développement étonnant de l’islam ainsi : « Pour trois raisons au moins, Dieu a permis la présence de l’islam aujourd’hui en Occident. La première est que l’islam doit servir de fléau dans la main de Dieu pour châtier de leur apostasie les nations autrefois chrétiennes (Ap 3.19). La deuxième raison est que Dieu, n’agissant ici-bas que dans une intention de miséricorde, ce châtiment doit nous conduire au repentir, à retrouver une communion vivante avec le Cœur de Jésus et la joie de Le faire connaître et aimer. Et la troisième est, en conséquence, non seulement notre salut retrouvé, mais encore celui des musulmans alors devenus chrétiens. (p. 30) » C’est ce que l’auteur écrit au début de ses réflexions, à la fin desquelles il ajoute : « Dieu n’aurait-Il pas permis l’actuelle expansion de l’islam sous nos cieux pour redonner aux hommes de la civilisation postmoderne, dépouillée de transcendance, ivres de liberté sans vérité, l’occasion de rechoisir le Christ ? (p. 477) » Dans ces deux cas, l’abbé Pagès tente de pénétrer les pensées de Dieu. Cependant, la réponse à l’expansion religieuse de l’islam peut également être trouvée en examinant les faiblesses du christianisme occidental lui-même.

Contrairement à beaucoup d’autres écrivains, l’abbé Pagès voit ce problème. Il mentionne une erreur dans la déclaration Nostra aetate et va même jusqu’à critiquer prudemment le fameux baiser du Coran par Jean-Paul II. Cependant on peut se demander si c’est suffisant.
Je n’ai aucun doute que la principale source de l’expansion de l’islam est la crise interne de l’Église. Au lieu de proclamer cette merveilleuse Vérité, si bien montrée par l’Abbé Pagès, de nombreuses déclarations des hiérarchies de l’Église sont plutôt une démonstration de diplomatie et de jeu dialectique. Malheureusement, une grande partie de la responsabilité de cet état de fait incombe aux participants au dialogue chrétien-musulman. Ce sont ces chrétiens qui sont devenus les maîtres de l’ambiguïté, les créateurs de concepts et de phrases destinés à dissimuler les contradictions factuelles. Ils peuvent agir de bonne foi, mais ils ont contribué à désarmer l’Église. Ils lui ont enlevé sa propre langue, changé le « oui, oui, non, non » évangélique en une chaîne de thèses et d’antithèses dialectiques à partir desquelles toute conclusion peut être tirée. L’Église s’effondre face à l’assaut des musulmans. Au lieu de suivre les traces de ces papes qui – à partir du XIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle – ont constamment défendu la foi contre les musulmans, leurs successeurs d’aujourd’hui recherchent un nouveau langage, une nouvelle ouverture et embrassent la vision de l’islam que, pas à pas, l’abbé Pagès combat et critique. Par exemple, que doit faire un catholique quand il entend de Rome que l’appel du Christ ressuscité aux apôtres d’aller faire des disciples dans toutes les nations, a pratiquement la même signification que le jihad islamique ? Ou quand on lui dit que le souci de convertir les musulmans c’est du prosélytisme et que cela est exclu ? De nombreux mots et gestes similaires contribuent au chaos. Cet effet peut être clairement démontré par le sort d’un musulman converti au christianisme, baptisé en 2008 par Benoît XVI. Magdi Allam, dont la lettre est jointe au livre, a annoncé en 2013 qu’il quittait l’Église. Il est facile de comprendre que la nouvelle politique officielle de l’Église, favorable à l’islam, a eu un impact énorme sur cette décision.

L’Abbé Pagès se concentre dans son livre sur la démonstration des erreurs dogmatiques et éthiques contenues dans le Coran, montrant parfois aussi leurs conséquences sociales, telles que la pratique terrible et cruelle de l’excision des femmes. Toutefois, il faut garder à l’esprit que la majorité des musulmans qui arrivent en Europe entrent en contact avec la culture post-chrétienne, privée de vraies valeurs, extrêmement hédoniste, avec un consumérisme et un matérialisme de plus en plus obsédants. Beaucoup d’entre eux croient à tort que ce sont là des fruits du christianisme. Face à cette nouvelle civilisation athée, à la révolution de plus en plus radicalisée, ils veulent garder leur identité.  Que leur serait-il offert en retour ? Quelle autre forme supérieure de vie spirituelle recevraient-ils ? Dans le contexte de sociétés occidentales dominées par l’idéologie LGBT, par le féminisme, par l’avortement, etc., leur propre islam leur apparaît comme un bastion de moralité et de paix. De plus, leur religion leur permet de continuer à réaliser – bien que souvent sous une forme déformée – un culte, de faire l’expérience de Dieu, d’être convaincus que leur vie a un sens plus élevé. Malheureusement, ils n’entrent pas en contact avec des personnes comme l’abbé Pagès, mais soit avec des chrétiens tièdes, dénués d’enthousiasme et de zèle, soit dans la grande majorité avec des post-chrétiens déjà complètement athéisés et élevés par des idéologies libérales. Pas étonnant qu’ils s’accrochent à leur religion. Et il m’est difficile de croire que même les meilleurs arguments théologiques et philosophiques les plus pénétrants pourraient les conduire au Christ. Ils ne porteraient leurs fruits que s’ils étaient accompagnés de pratiques sociales. Si l’Église redevenait capable de façonner la société, si elle reprenait à nouveau la lutte pour sauver l’âme des occidentaux, si elle abandonnait la stratégie d’ajustement désespéré. Je pense que c’est aussi finalement le but des prières de l’auteur du livre Interroger l’islam. Ceci, après tout, est exactement l’appel pour que « le Christ règne enfin sur la terre comme au Ciel », d’abord parmi les post-chrétiens occidentaux, puis parmi les musulmans.

Paweł Lisicki

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L’édition de la première édition de Interroger l’islam a reçu le prix FENIKS 2021 des Editeurs catholiques polonais.