Le Christ n’a jamais cessé d’aimer, même sur la croix : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! ». A cause de cela, Il a vaincu le péché qui est la cause de tout mal, et la mort qui en est la conséquence ultime et définitive. Certes, cette victoire ne supprime pas les souffrances temporelles, elle en fait éviter bien des nouvelles, mais surtout elle nous donne Jésus, Lui qui « est passé en faisant le bien » (Ac 10.38). Sensible à toute souffrance humaine, tant du corps que de l’âme, Jésus guérissait les malades, consolait les affligés, nourrissait les affamés, exorcisait les possédés, ressuscitait les morts, et tout cela en proclamant bienheureux ceux qui pleurent, sont affamés, humbles, doux, assoiffés de justice, miséricordieux, purs de cœur, persécutés à cause de Lui (Mt 5.1-12)… Quel paradoxe !
Paradoxe du Christ qui vient nous libérer du poids de la souffrance en la prenant sur Lui : « Venez à Moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et Je vous soulagerai. » (Mt 11.28-30) ; « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils Le condamneront à mort et Le livreront aux païens, ils Le bafoueront, cracheront sur Lui, Le flagelleront et Le tueront, et après trois jours Il ressuscitera. » (Mc 10.33-34). Jésus est allé au devant de la Croix en pleine conscience, parce que c’est pour cela qu’Il est venu, détruire par Son sacrifice volontaire les œuvres du Diable (1 Jn 3.5,8). De nombreux textes de l’AT l’avaient annoncé (Is 49.6-7, 50.6-7, 52.13-53.12 ; Jon 2.1 ; Dn 9.26 ; Za 12.10 ; 13.1). Bien qu’innocent, Jésus Se charge des souffrances de tous les hommes parce qu’Il Se charge de leurs péchés. C’est comme s’Il avait dit au Père : « Père, Je T’en prie, considère-Moi responsable des péchés de tous les hommes… » Vous imaginez ? Lui, le Saint, qui ne fait qu’Un avec le Père dire une chose pareille ! C’est pour cela que tout Son être en a été révulsé jusqu’à en transpirer du Sang (Lc 22.44) ! E c’est pourquoi « Le Seigneur a fait retomber sur Lui nos fautes à tous » (Is 53.6), « Le Seigneur a voulu L’écraser par la souffrance » (Is 53.10), « Celui qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché » (2 Cor 5.21).
Tout le péché de l’homme dans son étendue et sa profondeur est devenu la véritable cause de la souffrance du Rédempteur… La souffrance humaine a atteint son sommet dans la passion du Christ en raison de la perfection du Christ, et a revêtu une dimension complètement nouvelle liée à l’amour, à l’amour qui crée le bien, en le tirant même du mal, en le tirant au moyen de la souffrance. Si Jésus a pu effacer les péchés, c’est parce qu’Il les a assumés avec un amour envers le Père qui surpasse le mal de tout péché. C’est facile de dire : « Je t’aime » quand tout va bien, tout le monde peut en faire autant. Lorsque vous avez de l’argent plein les poches, des amis, vous en avez autant que vous en voulez, mais le jour où vous êtes dans la misère, c’est alors que vous allez voir qui sont vos vrais amis : ce sont ceux qui vont prendre de la peine pour vous. Ainsi, c’est par Son obéissance, par la vérité de Sa souffrance, que le Christ a montré la vérité de Son amour, et a transformé la souffrance en preuve de l’Amour, c’est-à-dire en Amour. St François d’Assise identifiait la joie parfaite avec la plus profonde déréliction, que St Jacques appelle « joie suprême » (Jc 1.2 ; Ps 33.23). Nul n’est chrétien qui ne dise avec St Paul : « Que jamais je ne me glorifie sinon dans la Croix de Jésus Christ qui a fait de moi un crucifié. » (Ga 6.14, 2.19).
Certes « le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1 Cor 1.18 ; Mt 26.39,42). Seuls ceux qui ont reconnu l’Amour de Dieu en Jésus peuvent aussi accepter la révélation du sens de la souffrance. Pour les autres, la souffrance n’est que l’avant-goût de celles de l’Enfer où ils vont parce qu’ils refusent de croire à cet Amour fou de Dieu pour eux, qui seul suffit ! Comme le dit Benoît XVI : « Seul un Dieu qui nous aime au point de prendre sur Lui nos blessures et nos souffrances, surtout la souffrance de l’innocent, est digne de foi. » (Message urbi et orbi Pâques 2007)