Est-il possible de faire reconnaître le mariage chrétien par les autorités marocaines sans conversion « administrative « à l’islam qui induit de poser un acte d’apostasie ?
Non, il n’est pas possible de faire reconnaître un mariage chrétien par les autorités marocaines sans une conversion administrative à l’islam, qui implique effectivement un acte d’apostasie pour les convertis chrétiens marocains. Voici une explication claire basée sur le cadre légal et les pratiques actuelles.
Contexte légal au Maroc
L’islam étant la religion d’État, le Code de la famille (Moudawana) régit les questions de statut personnel (mariage, divorce, héritage) et est fondé sur la charia. Seuls les mariages musulmans et juifs sont reconnus légalement par l’État. Les mariages chrétiens, qu’ils soient célébrés au Maroc ou à l’étranger, ne bénéficient d’aucune reconnaissance automatique.
Pour les citoyens marocains considérés comme musulmans de naissance (présomption légale), toute conversion au christianisme est vue comme une apostasie, non reconnue officiellement. Les autorités refusent explicitement le droit au mariage chrétien ou civil pour ces convertis, les obligeant à se conformer au droit musulman pour toute union légale. Cela inclut une conversion administrative (récitation de la chahada devant un notaire ou un juge), qui équivaut à un renoncement formel au christianisme et expose à des risques sociétaux ou légaux (comme des accusations de fornication pour les couples non mariés selon la loi musulmane).
Exemples et défis concrets
Des couples chrétiens marocains, comme Loubna et Kamel (convertis), ont célébré un mariage chrétien privé en 2018, mais il n’a pas été reconnu, les exposant à des poursuites pénales pour “fornication”. Ils ont réclamé une égalité avec les mariages juifs (reconnus historiquement), sans succès.
Les convertis subissent des pressions pour “revenir” à l’islam administrativement, car le droit ne prévoit pas de procédure civile neutre pour les non-musulmans marocains. Une action en reconnaissance de mariage (art. 16 du Code de la famille) est possible pour des unions non officialisées, mais elle reste soumise aux conditions religieuses musulmanes et n’est recevable que dans des délais limités (période transitoire jusqu’en 2009 pour les cas anciens).
Options alternatives limitées
Pour des étrangers non marocains : Un mariage civil non religieux peut être célébré devant l’officier d’état civil au Maroc (art. 65 du Code de la famille), sans conversion, mais uniquement si les époux sont tous deux non musulmans et non marocains. Un mariage chrétien à l’étranger peut être transcrit au consulat marocain si les conditions de fond (témoins musulmans, etc.) sont remplies, mais cela ne s’applique pas aux Marocains.
Mariage à l’étranger : Un mariage civil hors Maroc (ex. : en France) peut être validé au consulat dans les 3 mois, mais pour un Marocain chrétien, il reste nul s’il viole les règles religieuses (absence de conversion). Sans reconnaissance, les effets (héritage, nationalité des enfants) sont inexistants au Maroc.
En résumé, pour un Marocain chrétien, la reconnaissance nécessite cette conversion administrative, posant un dilemme éthique et spirituel. Des associations comme l’Association marocaine pour les droits et libertés religieux militent pour une réforme, mais aucune évolution n’a été constatée à ce jour (2025). Si votre situation est spécifique (ex. : étrangers ou mixte), consultez un avocat spécialisé en droit familial marocain.
En savoir plus :
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