A l’occasion de l’Année de la Miséricorde proclamée par le Pape, la Conférence des Évêques de France a publié un document intitulé « Célébrons “notre Dieu riche en miséricorde” », qui regroupe un certain nombre de contributions, dont celle du père Christian Salenson[1] traitant de « La miséricorde dans l’islam », au sujet de laquelle je voudrais faire les remarques suivantes. s

A la suite du Pape écrivant dans la Bulle d’indiction Misericordiae Vultus (n°23) : « Les musulmans croient eux aussi que nul ne peut limiter la miséricorde divine »[2], l’ex-directeur de l’Institut de Science et de Théologie des Religions de Marseille écrit que le musulman se confiant en la miséricorde d’Allah « est invité lui-même à se montrer miséricordieux. ». Or, si la miséricorde d’Allah peut être sans limite pour un musulman qui meurt au djiahd, parce qu’Allah a promis récompense à qui tue et est tué pour lui (Coran 4.74), pour autant, cette miséricorde n’est pas vraiment sans limite : il ne recevra jamais que soixante douze houris et pas plus ! Mais encore, cette miséricorde est totalement étrangère à celle que nous connaissons, laquelle donne Dieu même… à qui fait miséricorde, et jamais à qui meurt assassin (1 Jn 3.15)… De plus, la miséricorde d’Allah n’est que pour les musulmans. Elle n’a rien d’universel ou d’illimité : « Mahomet est l’envoyé d’Allah ; ses compagnons sont bienveillants entre eux, mais terribles envers les infidèles. » (Coran 48.29 ; 9.128)… Comment donc le musulman pourrait-il se montrer miséricordieux puisqu’Allah lui commande : « Ô vous qui croyez ! Combattez [à mort] les incroyants qui sont près de vous ! Qu’ils vous trouvent durs à leur égard ! (Coran 9.124) » ? Sachant que cette inhumanité ne cible pas seulement les non-musulmans[3] (Coran 60.4), mais l’esclavage, institué par Allah lui-même (Coran 4.3,24,25,36,92 ; 16.75,76 ; 30.28), qui en interdit explicitement l’abolition (Coran 16.71), et les femmes, qui doivent être battues au gré du mari (Coran 2.228 ; 4.34), comment oser parler de miséricorde en islam ?!

Bien sûr « Le terme de miséricorde est très présent dans le Coran », mais est-ce une raison pour vouloir croire et écrire que « La miséricorde est très présente dans l’islam » ? S’arrêter aux mots sans regarder à leur sens, n’est-ce pas courir le risque d’être trompé, et donc utilisé par le Menteur ? Les mots n’ont pas le même sens pour les musulmans et pour les non-musulmans. Par exemple, pour un musulman, la religion désigne l’islam, et rien d’autre, et la paix désigne la vie sous la charia, et rien d’autre[4]

Je rappelle que le mot Miséricorde, formé des mots « misère » et « cœur », sert à désigner le mouvement de compassion d’un cœur aimant, assumant la misère d’autrui pour l’en soulager. Or, parce que la Miséricorde caractérise spécifiquement la Révélation chrétienne en raison de l’Incarnation du Verbe de Dieu venu précisément porter la Croix de notre humanité, assumer notre misère pour nous en décharger, et que l’islam refuse absolument de croire à cette bonne nouvelle, dont la proclamation constitue même pour lui le plus grand de tous les péchés, « l’associationnisme », le seul péché qui ne puisse être pardonné (Coran 4.48), alors la miséricorde est nécessairement rejetée par l’islam… Dès lors, comment un chrétien peut-il louer la miséricorde en islam ?

Et en disant cela je ne dis pas qu’il ne peut pas y avoir des personnes miséricordieuses en islam, mais que si certaines le sont, cela ne doit jamais être mis au compte de l’islam, mais attribué seulement à la bonté de notre nature humaine, créée bonne par Dieu qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes, et lever le soleil sur les bons et sur les mauvais, en sorte que ces personnes ne sont pas miséricordieuses à cause de l’islam, mais toujours en dépit de l’islam, lequel les détourne de la Miséricorde divine révélée en et par Jésus avec autant de force qu’il en met pour accomplir sa vocation de prédateur du christianisme (Coran 2.193). Qui peut venir en effet après le Christ, sinon l’Antichrist ?

S’opposant au caractère parfait, universel et définitif de la Révélation chrétienne, l’islam ne peut être qu’une anti-miséricorde. Même si l’on n’a pas la foi chrétienne pour le comprendre, il suffit de lire le Coran ou de connaître l’Histoire pour s’en convaincre. Alors que le Dieu chrétien aime toutes ses créatures, fussent-elles pécheresses (Mt 9.13 ; Lc 19.10 ; Mc 10.45) et nous commande de nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés (Jn 13.34 ; 15.12), ce qui implique aussi nos ennemis (Mt 5.44), Allah haït les pécheurs (Coran 2.276), les vaniteux (Coran 16.23 ; 28.76), les traîtres (Coran 22.38), les corrupteurs (Coran 28.77), les transgresseurs (Coran 2.190), les semeurs de désordres (Coran 2.205), les infidèles (Coran 3.32 ; 30.45), les orgueilleux (Coran 31.18), les injustes (Coran 3.57,140), les agresseurs (Coran 42.40), les arrogants (Coran 4.36 ; 28.76), les corrupteurs (Coran 5.64), les audacieux (Coran 5.87), les traîtres (Coran 8.58), les ingrats (Coran 22.38), les présomptueux (Coran 31.18), les vaniteux (Coran 57.23), les mécréants (Coran 2.276), les juifs et les chrétiens (Coran 9.28,30), etc. etc. etc. La haine d’Allah, « le très miséricordieux », est exprimée tout au long du Coran par des versets du genre : « La rétribution de ceux qui guerroient contre Allah et son envoyé [c’est-à-dire de ceux qui refusent d’être islamisés] et qui s’empressent de corrompre le monde [est corrupteur du monde quiconque s’oppose à l’islam], c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que leur soient coupés la main et le pied opposés, ou qu’ils soient bannis de la terre. » (Coran 5.33) ; « Combattez-les ! Allah, par vos mains, les châtiera et les couvrira d’ignominie » (Coran 9.14) ; « Lorsque vous rencontrez les incrédules, frappez-les au cou. » (Coran 47.4) ; etc. etc. etc. Où trouve-t-on dans le Nouveau Testament de tels commandements ? Comment un chrétien pourrait-il donc louer la miséricorde dans l’islam ?

L’enseignement de la haine pour les insoumis et les actes de cruauté commandés tels ceux que je viens de rapporter, sont justifiés par la conviction que les non-musulmans sont absolument mauvais. A cet effet la mythologie musulmane enseigne que tous les hommes, avant même leur création ( !), ont passé avec Allah un pacte par lequel ils se sont engagés à être musulmans (Coran 7.170), en sorte que la seule existence des non-musulmans est synonyme d’apostasie, péché dont le châtiment est la mort (Coran 2.191 ; 4.89 ; 5.33). Sachant qu’« Allah aime ceux qui vont jusqu’à tuer pour sa cause » (Coran 61.4), et qu’il commande le meurtre des apostats (Coran 4.48 ; 8.11-17), de quelle miséricorde un musulman sincère est-il capable ? Pour un musulman convaincu, tuer un apostat est une miséricorde pour la communauté.

Allah ne saurait prendre part à notre misère puisqu’il est non seulement trop grand pour pouvoir jamais s’abaisser jusqu’à nous, mais encore parce qu’il est lui-même l’auteur du mal (Coran 113.2 ; 15.39 ; 38.82 ; 91.7) raison pour laquelle le musulman prie en disant : « Je me mets sous la protection des paroles parfaites d’Allah contre le mal qu’Il a créé. »[5]. « Allah est le créateur de toutes choses. » (Coran 39.62), en sorte qu’il crée lui-même les péchés : « Vous ne voulez que ce qu’Allah veut que vous vouliez. » (Coran 81.29)… Allah égare les gens (Coran 14.4) et provoque guerres et catastrophes naturelles (Coran 57.22).

Mais si Allah crée le mal, que peut-il reprocher aux hommes qu’il ne doive d’abord se le reprocher à lui-même ? Si Allah crée le mal, le mal est alors une fatalité, puis une nécessité, et enfin un bien… Comment les musulmans pourraient-ils être miséricordieux, c’est-à-dire désireux de supprimer les souffrances d’autrui, puisque ce faisant ils s’opposeraient à la volonté d’Allah qui veut le mal et la souffrance d’autrui ?

Si Allah fait le mal (Coran 113.2 ; 15.39 ; 38.82 ; 91.7), de deux choses l’une : ou bien Allah se renie lui-même en tant qu’il est Un, et dans ce cas il n’y a pas plus de miséricorde en islam que ce qu’il y a d’islam, puisque la profession de l’unicité divine est le tout de l’islam (Coran 112 ; Jc 2.19), ou bien il n’y a pas de différence entre le bien et le mal, et dans ce cas il n’y a pas non plus de miséricorde possible…

« Mektoub ! » « C’est écrit ! » Le sous-développement endémique de tous ordres, ainsi que l’absence de structures de soins et d’œuvres de charité typiques des sociétés musulmanes, trouvent leurs origines dans la soumission à la fatalité d’un destin imposé par l’incompréhensible et non moins cruelle volonté d’Allah, ennemi de la liberté de l’homme : « Ton Seigneur crée et choisit ce qu’il souhaite. [Les hommes] n’ont pas le choix. » (Coran 28.68) ; « Allah vous a créés, vous et ce que vous faites. » (Coran 37.96 ; 6.149). Si les hommes ne sont pas libres, ils ne peuvent pas non plus pécher, et donc la miséricorde en islam est nécessairement sans objet…[6]

En refusant la révélation de la nature trinitaire de Dieu, et donc le principe de la différence, fondement de la relation et de l’amour, l’islam imagine Dieu monopolisant par son unicité la totalité de l’être, en sorte que cause unique de tout, y compris des effets produits par les causes secondes (dont les volontés créées), tout est pour lui l’œuvre d’Allah, y compris le mal. « Ce n’est pas vous qui les avez tués, mais c’est Allah qui les a tués. » (Coran 8.17) ; « Si Allah l’avait voulu, il aurait guidé tout le monde, mais Allah a voulu qu’il y ait des humains […] en enfer » (Coran 7.179,186 ; 32.13)… Comment dire qu’Allah est miséricordieux alors qu’il vous a peut-être créé, vous et ceux que vous aimez, pour aller rôtir infailliblement et éternellement en enfer ?

Lorsque le père Salenson affirme avec l’islam que « la miséricorde de Dieu se donne à voir dans une multitude de signes [que sont] les éléments de la création », il tient un discours musulman (Coran 7.57 ; 42.28 ; 28.73), mais non pas chrétien, car pour un chrétien l’univers est créé à partir du néant, et non pas de la misère, or seule la misère ― et en particulier celle du péché ― est la matière propre à l’exercice de la miséricorde… Que révèle l’utilisation des éléments de la création pour justifier le titre de « Miséricordieux » donné à Allah, sinon qu’ayant rejeté la foi chrétienne et perdu de ce fait la connaissance de la Vérité (Jn 18.37), l’islam cherche à donner au mot « miséricorde » une nouvelle, mais non moins fausse signification ? Et comment le père Salenson peut-il vanter le fait que le Coran présente Mahomet comme une miséricorde (Coran 21.107), alors que la vie de celui-ci est un ramassis de tous les vices et péchés les plus immondes, et que prêchant l’islam il a plongé dans toutes sortes de malheurs et pour finir en enfer des millions d’âmes ?

L’Église contemplerait le mystère de la Miséricorde « aussi en ces autres croyants qui confessent leur foi en la miséricorde ». J’aimerais bien savoir ce que le père Salenson imagine que l’Église contemple en eux, car, pour ma part, avec Mgr Pavy, archevêque d’Alger (1858), et « le Cœur immaculé de Marie, si pleine de miséricorde », et quelques autres, nous contemplons dans les musulmans « leur aveuglement et leur profonde misère »[7], et en elles le reflet des souffrances du Cœur de Jésus à la vue de leur damnation par l’islam. Faudrait-il le témoignage d’ex-musulmans pour s’assurer de la justesse de notre contemplation ?

Le père Salenson termine son exposé en invitant juifs, chrétiens et musulmans à « contempler le mystère qui les unit : celui de la Miséricorde de Dieu », puisqu’Allah y inviterait (Coran 3.64), et que cela vaudrait mieux « que de creuser le fossé des différences ». Mais s’il est de l’intérêt de l’islam de prétendre avoir quelque chose de commun avec la révélation hébréo-chrétienne pour asseoir sa légitimité, a-t-on réfléchi au mauvais service que l’on rend à tout le monde en acceptant de reconnaître cette prétendue parenté (cf. 2 Co 6.14-18 ; 2 Jn1.7-11 ; Jude 23) ? Ne voit-on l’encouragement donné aux conversions à l’islam de la part de tant d’Occidentaux ignares si même l’Église chante les louanges de l’islam ?! Comment la jeunesse non-chrétienne, mais saine, saine parce que refusant sa mise en esclavage par la charia, comment ne se détournerait-elle pas de l’Eglise pour aller chercher auprès des néo-païens la virilité et le courage d’être soi ? Affirmer la légitimité et le bien de l’islam, est-ce faciliter la conversion des musulmans, ou bien se moque t-on de celle-ci ? Plutôt que de jouer le rôle de faire valoir qu’attend l’islam des chrétiens en ces temps de relativisme généralisé auxquels n’a que trop contribué la catéchèse des dernières décennies, ne serait-il pas du devoir de l’Église de montrer l’absolue originalité du christianisme et les différences essentielles qui le séparent de l’islam ? Au lieu de fortifier l’esprit des chrétiens et de tout honnête homme contre les séductions de cet antichrist caractérisé qu’est l’islam, n’est-il pas profondément troublant de voir l’Église s’ingénier à le rendre aimable ? Jésus venu apporter non pas la paix mais la division (Lc 12.51 ; Mt 10.34), est-il encore le bienvenu dans la pastorale de Son Église ?

Abbé Guy Pagès
islam-et-verite.com

[1] J’ai déjà eu l’occasion ici de m’exprimer au sujet de la littérature du père Salenson.

[2] Voir mes deux Lettres ouvertes au Pape François au sujet de ses Écrits relatifs à l’islam, ici et .

[3] L’islam communique aux musulmans à l’endroit des non-musulmans les sentiments du vrai musulman qu’était Abraham (Coran 3.67) : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! (Coran 60.4) ».

[4] Sans parler de la takiya, terme se traduisant par « dissimulation » et signifiant le devoir de dissimuler, frauder, mentir, si les intérêts de l’islam, qui se confondent aisément avec les siens propres, sont en jeu (cf. Coran 3.28,54).

[5] In La citadelle du Musulman, Éditions Tawhid, 2007, Chapitre 27, prière n°97.

[6] Nous pourrions continuer encore longtemps la liste de ces considérations, que l’on pourra retrouver ici, avec quelques autres.

[7]Prière à Notre Dame d’Afrique, de Mgr Pavy : « Cœur Saint et Immaculé de Marie, si plein de miséricorde, soyez touché de l’aveuglement et de la profonde misère des Musulmans. Vous, la Mère de Dieu fait homme, obtenez-leur la connaissance de notre Sainte Religion, la grâce de l’embrasser et de la pratiquer fidèlement, afin que, par votre puissante intercession, nous soyons tous réunis dans la même foi, la même espérance et le même amour de votre divin Fils, Nôtre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été crucifié et qui est mort pour le salut de tous les hommes, et qui, ressuscité plein de gloire, règne en l’unité du Père et du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous. Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous, pour les Musulmans, pour les Juifs et tous les autres infidèles. Consolatrice des affligés, priez pour nous. » Imprimatur : Augustin Leynaud, Archevêque d’Alger, 21 novembre 1920.

Article repris par Riposte Catholique.

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