(Lv 19.1-2, 17-18 ; Ps 102 ; 1 Co 3.16-23 ; Mt 5.38-48)

Chers frères et sœurs, les lectures de ce dimanche nous rappellent que Dieu nous a créés pour Lui et qu’en conséquence il nous faut être saints car Il est saint, parfaits comme Il est parfait. Elles nous balisent également le chemin pour parvenir à cette perfection et sainteté et devenir ainsi dignes de vivre avec Lui pour l’éternité, car Il nous a faits pour cela. Au Paradis, il n’y a évidemment rien de mauvais, rien non plus d’imparfait. Il n’y a que du parfait. Il n’y a que Dieu… Si nous venons tout à l’heure communier au Corps du Christ, c’est pour devenir une même chair avec Lui, Son Corps, Un avec Lui comme Il est un avec le Père, dans l’unique Esprit…

En suivant l’ordre des textes, nous remarquons comment déjà dans l’Ancien Testament cette perfection est synonyme d’amour, en ce qu’elle commence par l’absence totale de haine. Voilà ce qui caractérise la Révélation hébréo-chrétienne, comparée par exemple à l’islam, pourtant venu six siècles plus tard, lequel fait dire à Abraham, modèle parfait de tout musulman (Coran 2.135) : « Jusqu’à ce que vous croyez en Allah, entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais ! (Coran 60.4) »… Prétendre que toutes les religions se valent est donc une insulte non seulement à Dieu, mais à l’intelligence. Cette mystification ne peut qu’engendrer désordres et injustices dans la société.

Vient ensuite le devoir de la correction fraternelle, c’est-à-dire le souci d’avertir notre prochain si nous le voyons pécher. Or, n’est-il pas vrai que trop souvent, sous prétexte de respect de la vie privée d’autrui, nous choisissons d’être indifférent à son destin, à son salut ? Comme Caïn à Dieu, nous pensons : Suis-je le gardien de mon frère ? (Gn 4.9). Le grand commandement de l’amour du prochain nous rend responsables les uns des autres. C’est ce manque d’amour qui est la cause de tous les maux de notre société, où désormais, chercher à dissuader une femme d’avorter est devenu passible de 30 000€ d’amende et de deux ans de prison ! Qui va avoir le courage de chercher à sauver la vie de son prochain menacée par l’avortement ? « Ce que tu n’as pas fait au plus petit des miens, dira un jour Jésus, à Moi non plus tu ne l’as pas fait… » Que signifie notre communion au Corps du Christ ? A quoi nous engage-t-elle ? Nos existences sont liées, dans l’intimité comme dans la société, dans le péché comme dans le salut. Aussi ne devons-nous pas nous taire face au mal, sous peine de l’accepter aussi pour nous. Malheur aux chrétiens qui, par respect humain ou simple commodité, s’adaptent au discours dominant et ne dénoncent pas, en toute charité, les manières de penser et d’agir qui conduisent en Enfer ! Le devoir d’être parfaits et saints nous conduits à aimer comme Jésus nous a aimés… jusqu’au Sacrifice, que nous sommes venus célébrer, pour être renouvelés, enivrés, fortifiés, en cet Amour toujours nouveau puisqu’éternel… « Dieu n’agit pas envers nous selon nos fautes, mais nous couronne d’amour et de tendresse », pour peu que nous cherchions à ce qu’Il règne sur terre comme au Ciel !

Parce que nous sommes appelés à ne faire tous qu’un avec Dieu et entre nous, le commandement d’aimer son prochain comme soi-même interdit aussi de se faire du mal à soi-même… Nul dolorisme ou masochisme donc en la vie chrétienne, mais bien condamnation de tout ce qui attente à la dignité du corps humain ! Je pense à la mode des piercings et des tatouages, à l’usage des drogues, à la masturbation, à la prostitution, au trafic des embryons humains, aux manipulations génétiques, et pour finir au suicide. Savez-vous que le suicide est en France la première cause de mortalité des 15-25 ans ? Le suicide est contagieux… C’est pourquoi il faut le dénoncer avec la dernière énergie ! Se suicider librement est ouvrir une trappe qui donne tout droit sur l’Enfer. « Celui qui détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. » Nos corps nourris du Corps du Christ sont devenus les membres du Christ (1 Co 6.15). Nous ne nous appartenons pas. Nous avons été rachetés. Nous devons glorifier Dieu dans notre corps (1 Co 6.19-20). Pour échapper à l’esclavage du péché et des hommes, sachons jouir du pouvoir du Christ sur toutes choses (Mt 28.20), laissant au monde sa sagesse avec laquelle il s’aveugle chaque jour davantage ! Nous sommes au Christ, qui a remporté la victoire sur tout mal, pour nous !

Enfin, l’Évangile montre Jésus donnant ses propres commandements, mis en apposition à ceux de la Loi de Moïse. Ou bien Jésus est fou et un blasphémateur, ou bien Il conduit la révélation de la Volonté divine à sa perfection, ce que seul Dieu peut faire. Seul Dieu peut nous commander d’aimer jusqu’à nos ennemis, comme Dieu nous aime, sans mesure. Parce que Jésus est Dieu, Il peut dire : « On vous a dit, Eh bien Moi, Je vous dis… ». La connaissance de la Volonté divine, au cours de l’Histoire Sainte, avait mûri, s’était développée, spiritualisée, mais restait toujours imparfaite en raison des limites inhérentes à la condition humaine et des péchés de ceux qui la recevaient et la transmettaient. Leur humanité, marquée par le péché, créait nécessairement un filtre déformant. C’est pourquoi peu à peu est apparu en Israël la conscience de la nécessité de la venue du Messie, de Celui qui apporterait le salut parfait et définitif. Et parce que Jésus était sans péché, Il était aussi capable de révéler le sens des paroles que Sa divinité avait jadis données aux Prophètes. Ceux-ci avaient donc invité à regarder au-delà des préceptes qu’ils transmettaient, en forgeant l’attente de la venue du Messie, de même, Jésus commande d’aller au-delà de la résistance au mal selon le mode de vengeance prévu par la loi du talion. Jésus n’interdit certes pas de s’opposer et de combattre le mal qui est dans le monde, mais nous commande de l’affronter avec Son amour, c’est dire dans la communion à Dieu contre qui personne ne peut rien… Raison pour laquelle Jésus ne S’est pas défendu pendant la Passion, et qu’Il a tendu au garde qui Le giflait non Son autre joue, mais une question, pour le rappeler à la Vérité, qui seule sauve… On ne peut rien contre Dieu… Jésus nous veut forts comme Dieu est fort, parfaits comme Il est parfait… En venant Se donner à nous dans la communion, Jésus vient nous délivrer du pouvoir du mal qu’Il a vaincu pour nous, en acceptant de mourir sur une croix… Aussi, si nous aimons vraiment Jésus, si nous vivons « par Lui, avec Lui et en Lui », alors, avec saint Paul, nous disons : « À cause de Son Amour, j’ai accepté de tout perdre ; je considère tout désormais comme rien à côté du seul avantage qui m’importe : gagner le Christ, être trouvé en Lui n’ayant plus ma justice à moi, la justice qui vient de la loi de Moïse, mais celle qui vient de la Foi au Christ, la justice qui vient de Dieu, qui est fondée sur la Foi. Je veux connaître le Christ, éprouver la puissance de Sa résurrection, communier aux souffrances de Sa passion, Lui devenir semblable jusque dans Sa mort, dans l’espérance de ressusciter des morts. Certes, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de la saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, une seule chose compte : oubliant le chemin parcouru, et tendus de tout notre être, courir vers le but que Dieu nous appelle à recevoir Là-haut dans le Christ Jésus. […] Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup se conduisent en ennemis de la Croix du Christ. Leur fin sera la perdition. Ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais pour nous, notre cité se trouve dans les Cieux, d’où nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus Christ. (Ph 3.9-21) » Si tel est l’état d’esprit du chrétien, nul doute que beaucoup autour de lui découvriront le Christ, et que le Démon, source de tout mal, reculera. Ainsi soit-il pour chacun d’entre nous !

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