Intervention de l’Abbé Guy Pagès lors du colloque organisé le 28 janvier 2013 par le S.I.E.L. à l’Assemblée Nationale sur le thème “France, qu’as-tu fait de tes libertés ?” Texte complet de l’intervention :

“Évoquer les rapports de la liberté religieuse (LR) en France et de l’islam est mettre en relation deux réalités antagonistes. D’une part l’islam est en soi un projet politique, qui ne distinguant pas l’ordre temporel de l’ordre spirituel, est contraire à la laïcité, et d’autre part et en conséquence, la France ne peut pas accepter le développement de l’islam sans rejeter son identité issue de l’accueil de la Parole du Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Mc 12.17) ».

D’un côté, c’est un fait, il n’y a pas un seul pays musulman où la liberté religieuse est respectée[1], et cela non pas en raison d’un retard passager de la civilisation musulmane vers l’inévitable société multiculturelle et démocratique que nous vend le mondialisme négateur de toutes frontières et de toutes différences, y compris celles du bien et du mal, de la vérité et du mensonge, mais parce que l’Islam est par nature totalitaire : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine, à jamais, jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! (Coran 60.4) » ; « Qu’Allah anéantisse les chrétiens ! (Coran 9.30) ». M. Dalil Boubakeur, président honoraire du Conseil français du culte musulman et recteur de la Grande Mosquée de Paris n’enseigne pas autre chose : « L’islam est à la fois une religion, une communauté, une loi et une civilisation. […] Ne sont pas seulement musulmans ceux qui pratiquent les cinq piliers de l’islam, mais tous ceux qui appartiennent à cet ensemble identitaire. (Le Figaro Magazine, 29 juin 2002) ». Je rappelle que suite à une fatwa notre compatriote M. Robert Redecker et sa famille vivent toujours cachés[2] ; qu’en Algérie l’évangélisation est passible de cinq ans de prison et 10 000 € d’amende ; qu’en Égypte une femme et ses sept enfants viennent d’être condamnés à 15 ans de prison pour s’être convertis au christianisme (15 ans !)[3]. Lorsque les Frères musulmans auront fait de la charia la constitution de ce pays, la sentence sera la mort, conformément à ce que demande Allah (Coran 4.89 ; 8.13-17). L’Égypte n’est pas la France, dira-t-on. Certes, mais non seulement il y eut un temps où l’Égypte aussi n’était pas musulmane, mais encore la France a déjà accepté que l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) n’inscrive pas dans sa charte le droit à la liberté religieuse, parce que contraire à la charia (L’Express du 26/1/06, p. 25)…

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D’un autre côté, la République française, sous inspiration maçonnique, affirmant son indifférence de principe vis-à-vis de toute religion, rend impossible l’exercice de la LR, théoriquement, car si toutes les religions se valent alors aucune n’a de raison d’être choisie, et la liberté y est donc sans objet, et pratiquement, car si l’Église est haïe en raison de sa prétention à être l’unique vraie religion, l’islam qui prétend la même chose est craint. Un tag sur la porte d’une mosquée suscite les réactions indignées du Gouvernement, mais des dizaines de profanations d’églises ne font de sa part l’objet d’aucune considération. On interdit la crèche et le sapin de Noël dans l’espace public, mais on célèbre la fin du ramadan sous les ors de l’Hôtel de Ville de Paris. Logique si bien exprimée par le Maire de Strasbourg : « Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson le vendredi par respect  pour la laïcité (11 avril 2011) ». Pour s’exercer, la LR implique nécessairement la reconnaissance d’une hiérarchie de valeurs entre les religions, et donc, au nom de la justice, une différence de traitement de la part de l’État, ce qui est cependant refusé au nom du principe d’égalité.[4] Or, le principe d’égalité de nature entre les hommes n’est pas transposable aux réalités humaines, car il y a une différence entre nature et culture, et nier cette différence ‒ comme l’illustre la revendication actuelle de l’union des paires dit « mariage homosexuel » ‒ conduit à la destruction de l’humanité. C’est cette même négation de l’ordre ontologique, ressortissant à celui de la vérité, qui se retrouve aujourd’hui servie par la promotion du délit d’islamophobie, par lequel les libertés de conscience et d’expression sont refusées au nom de la LR : la critique de l’islam est assimilée à du racisme, comme si être musulman était un fait de nature et non pas culturel. Pour mieux ignorer le caractère propre de la religion catholique et ce qu’elle lui doit, la France veut faire de l’islam son semblable, et lui donner part à l’héritage mérité par l’Église. Ainsi les mosquées sont-elles assimilées à des églises, alors que l’islam n’a ni clergé ni sacrifice à offrir à Dieu ; des aumôniers musulmans sont créés alors qu’ils n’ont aucun sacrement à donner. Bref, alors qu’il est un projet politique d’autant plus dangereux qu’il se prétend divin, l’islam est placé au-dessus de tout soupçon parce que paré des atours de la religion. Interdit d’examen critique, toutes grandes lui sont ouvertes les portes à la guerre de conquête qu’Allah prescrit à tout musulman : « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de subversion et que la religion appartienne seulement à Allah !  (Coran 2.193, 191 ; 9.5 ; 33.61) ». L’islam, qui est donc incompatible aussi bien avec la laïcité qu’avec la liberté religieuse, se voit cependant honoré par un pays dont il se promet la soumission, laquelle est déjà bien visible : que ce soit l’imposition de la nourriture halal à tous, la concession de baux emphytéotiques, le reniement de notre législation en matière d’abattage des animaux, ou en matière d’édition avec la libre impression du Coran dont la bonne moitié des versets expriment le funeste dessein d’anéantir ou de soumettre tous les non-musulmans. Quatre cents versets de ce livre sont de très graves délits de « provocation à crimes et délits contre les personnes », dont la sanction aux termes de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse et la communication devrait être l’interdiction d’imprimer, de diffuser et d’enseigner le Coran…Le Coran, et donc l’islam est encore condamné au regard du Pacte international relatif aux Droits civils et politiques, pour qui : « Tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est interdit par la Loi. » (Article 20). ctue3lhxiaedzqg1L’État ne peut pas plus se cacher derrière sa neutralité, qu’il peut échapper au jugement de la Parole du Christ : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi, qui n’amasse pas avec Moi, dissipe (Mt 12.30) ».

Si « Tous les hommes sont tenus, surtout en ce qui regarde Dieu et son Église, de chercher la vérité, et, une fois qu’ils l’ont connue, de l’embrasser et observer. (DH 1 § 2) », la LR est le droit à n’être point forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, suivant sa conscience, en privé comme en public, seul ou en communauté. Le droit à la LR implique par exemple que les parents, bien qu’ils n’aient aucun droit d’enseigner l’erreur à leurs enfants, ont cependant le droit de ne pas être empêchés de le faire, car de même que la Police n’à pas à violer le droit de propriété privée pour empêcher quelqu’un de se saouler chez lui, l’abus n’enlevant pas l’usage, le droit à la LR découle de la nature humaine et non de leur connaissance de la vérité. Ce droit n’est cependant pas de soi illimité, car il n’est pas la permission morale d’adhérer à l’erreur ou de faire le mal. Cette immunité de coercition n’est pas identifiable à une approbation, et n’équivaut pas au droit à une aide, y compris pour la construction de lieux de culte. Ce droit exclut la contrainte, mais n’exclut pas que les autres cherchent à convaincre, corriger amicalement et évangéliser le bénéficiaire de ce droit.[5] L’acte de foi suppose la liberté, au point que le droit à la LR persiste même en ceux qui ne satisfont pas à l’obligation de chercher ou d’adhérer à la vérité ‒ pourvu, certes, que soit préservé l’ordre public juste ‒ car ce droit est donné pour que les hommes adhèrent à la Vérité, et non pas parce qu’ils y adhèrent, pour qu’ils agissent selon leur conscience, et non pas parce qu’ils agissent selon leur conscience. C’est bien parce que la liberté n’est pas le droit de faire n’importe quoi, même sous prétexte de religion, mais le pouvoir de choisir le bien (Jn 8.35-36), que l’autorité publique a le devoir et le pouvoir de déterminer les limites de la LR, par des règles juridiques conformes aux exigences du bien commun et de l’ordre moral objectif (CEC n°2109). Si donc il n’y a pas de liberté sans relation à la Vérité, le droit à la LR peut-il être seulement l’exemption de contrainte pour agir ou non selon sa conscience, ou bien implique t-il aussi le droit à n’être pas trompé ? Mais comment ce droit pourrait-il être limité par un ordre public qui adhère lui-même à l’erreur ou commande le mal, un État qui ne reconnaît « pas de loi morale supérieure à la loi légale (Jacques Chirac, Le Monde, 14 avril 1995) », et n’a donc pas de référence pour juger de la vérité de son droit ? Un État qui se conduit comme si l’ordre surnaturel n’existait pas, refusant de rendre un culte public au Christ et d’obéir à ses lois, peut-il échapper au rapport personnel à la vérité sans perdre sa légitimité, alors que sa mission est précisément d’aider chacun à vivre libre et heureux en vérité ?

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Non seulement la liberté religieuse postulant l’égalité de toutes les religions empêche de reconnaître la réalité de l’islam, mais  une nouvelle difficulté apparaît lorsque nous considérons que parmi les musulmans certains jouissent légitimement de ce droit à la liberté religieuse parce que, abusés, ils ignorent la vérité au sujet de l’islam et sont subjectivement persuadés de servir Dieu en se réclamant de l’islam. Si s’applique ici la recommandation de Jésus de ne pas arracher la mauvaise herbe de crainte d’arracher en même temps la bonne (Mt 13.29), il ne faut pas penser que pour autant la société en voie d’islamisation doive prendre son islamisation programmée comme une fatalité, un destin inéluctable. Nombre de pays chrétiens l’ont repoussée, et justement parce qu’ils étaient chrétiens, et unis en cette foi. Mais un pays qui renie ses origines, sa grâce et sa vocation propre, qui n’est donc plus rien, au nom de quoi pourrait-il refuser ce qui s’impose à lui, par le nombre ou la violence ? Au nom de sa raison. Sa raison devrait lui permettre de refuser l’islam en raison de l’incompatibilité qu’il y a entre celui-ci et les valeurs qui lui restent de son héritage chrétien. Pour être une liberté fondamentale, la liberté religieuse n’est pas une liberté absolue, et il appartient au législateur de discerner en quoi cette liberté s’oppose au bien commun de la population. Malheureusement, un aveuglement volontaire et coupable conduit nos responsables de la chose publique à nier l’incompatibilité de l’islam avec les valeurs morales universelles. Pourtant, les raisons de refuser l’islam sont évidentes :

  • L’islam n’est pas une religion puisqu’il n’a ni la prétention ni le pouvoir de relier l’homme et Dieu. Il est un système politico-juridique, qui, comme tout régime totalitaire, confondant l’ordre temporel et l’ordre spirituel, est contraire à la laïcité.
  • Il est contraire également aux principes élémentaires non seulement de la République mais encore de la morale naturelle par le fait qu’il croit et justifie une différence ontologique entre le musulman et le non-musulman, l’homme et la femme, l’homme libre et l’esclave. Pour l’islam les hommes ne partagent pas une même nature qui les rend égaux devant la loi.
  • La loi d’Allah est condamnée comme barbare par nos lois, que ce soit la lapidation, l’amputation des mains et des pieds des voleurs ou des chrétiens, le mariage des fillettes à l’exemple de Mahomet, qui de plus s’est enrichi du trafic des esclaves, etc.

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Bref, la question de la liberté religieuse et de l’islam en France conduit à reconnaître sous des apparences contraires, une double imposture : celle de la République qui, par la prétendue égalité des religions, non seulement dépouille la religion catholique de ses prérogatives, mais encore rend autant que possible sans objet la liberté, ce que Benoît XVI dénonce sous les termes de « dictature du relativisme », et d’autre part l’imposture de l’islam qui, aidé par ce climat d’apostasie généralisée, vise à instaurer la loi musulmane, comme en témoigne ces extraits de la « Déclaration islamique » de M. Alija Izetbegovic, chef d’État de Bosnie-Herzegovine de 1990 à 2000 : « Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la religion islamique et des institutions politiques et sociales non-islamiques. […] La renaissance islamique ne peut commencer sans une révolution religieuse, mais elle ne peut se poursuivre et être menée à bien sans révolution politique. Notre première tâche doit être de gagner non le pouvoir mais les hommes. […] Le soutien qu’un peuple musulman apporte effectivement à un régime en place est directement proportionnel au caractère islamique de ce dernier. […] Nous devons être des prêcheurs et ensuite des soldats. […] Le mouvement islamique doit prendre le pouvoir dès qu’il est en situation morale et numérique suffisante pour lui permettre de renverser le gouvernement non-islamique. » Comme disait Jésus : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »

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La mise en évidence de ces deux impostures nous conduit face à un néant : soit accepter de vivre dans l’illusion de liberté engendrée par le relativisme, soit dans celle de la takyia, principe musulman légitimant la fraude, la dissimulation et le mensonge lorsque les intérêts de l’islam sont en jeu. Situation bien inconfortable où l’absurdité le dispute à la désespérance. Il y a cependant une solution : c’est celle évoquée par le titre même de ce colloque « France, qu’as-tu fait de tes libertés ? » écho des paroles que nous a adressées le Vicaire du Christ en 1980 au Bourget : « Aujourd’hui, dans la capitale de l’histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté : Fille aînée de l’Église. (…) Il n’existe qu’un seul problème, celui de notre fidélité à l’Alliance avec la Sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Alors permettez-moi de vous interroger : France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? […] France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’Alliance avec la Sagesse éternelle ? ». Une preuve de la vérité énoncée ici par le Vicaire du Christ est la réalisation de la prophétie de Ch. de Foucauld dans une lettre de 1916 à René Bazin au sujet des Départements français d’Afrique du Nord : « Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens. D’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Mahdi, en lequel ils soumettront la France. » Parce que la IIIe République a interdit leur évangélisation, ces peuples ne sont pas devenus chrétiens, et donc pas davantage Français, et comme l’avait entrevu le Bx Charles de Foucault, ils nous ont chassés, mais ce que n’aurait pu imaginer le bienheureux, est qu’ils sont maintenant en France, et que ce sont eux qui nous islamisent ! Si la France continue à renier son identité et sa vocation de fille aînée de l’Église, à assimiler islam et christianisme, elle deviendra une République islamique ! Si elle ne veut pas servir le Christ, elle servira l’Antichrist !

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Je termine par cette courte prière enseignée par Notre Seigneur au jeune Marcel Van, un Français de ce qui était alors l’Indochine française : « Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l’étreindre dans ton Amour et lui en montrer toute la tendresse. Fais que, remplie d’Amour pour Toi, elle contribue à Te faire connaître et aimer de toutes les nations de la terre. Ô Amour de Jésus, nous prenons ici l’engagement de Te rester fidèles et de travailler d’un cœur ardent à répandre ton Règne dans tout l’univers. » Ainsi soit-il !

Je vous remercie.

[1] http://www.postedeveille.ca/pers%C3%A9cution-des-chr%C3%A9tiens/

[2] http://ripostelaique.com/six-ans-apres-hommage-au-texte-de-robert-redeker-paru-dans-le-figaro.html

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=2713921

[3] http://www.postedeveille.ca/2013/01/15-ans-de-prison-pour-une-mere-et-ses-7-enfants-convertis.html

[4] Cf. « C’est pourquoi, s’il est vrai, d’une part, que le développement a besoin des religions et des cultures des différents peuples, il n’en reste pas moins vrai, d’autre part, qu’opérer un discernement approprié est nécessaire. La liberté religieuse ne veut pas dire indifférence religieuse et elle n’implique pas que toutes les religions soient équivalentes. Un discernement concernant la contribution que peuvent apporter les cultures et les religions en vue d’édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun s’avère nécessaire, en particulier de la part de ceux qui exercent le pouvoir politique. Un tel discernement devra se fonder sur le critère de la charité et de la vérité. Et puisqu’est en jeu le développement des personnes et des peuples, il devra tenir compte de la possibilité d’émancipation et d¹intégration dans la perspective d’une communauté humaine vraiment universelle. « Tout l’homme et tous les hommes », c’est un critère qui permet d’évaluer aussi les cultures et les religions. Le Christianisme, religion du « Dieu qui possède un visage humain » porte en lui un tel critère ». (Benoît XVI, Caritas in Veritate, 55).

[5] « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. » Georges Orwell, Préface inédite à Animal Farm, EAL-3, 1945, p. 519.