James Shupe a changé trois fois d’“identité sexuelle” depuis 2013. Il dénonce aujourd’hui la manipulation des juges, des médecins et de la communauté LGBT qui ont détruit sa vie et sa famille. Un récit glaçant.

Quand il demandait, en 2016, le statut légal de « non-binaire », Jamie Shupe bénéficiait de l’appui des médias mainstream, de puissantes associations LGBT et de la complaisance d’un juge peu sourcilleux. Mais en mars 2019, au moment de publier une tribune au titre explicite, ses soutiens ont disparu. « J’étais le premier «non-binaire» américain. Ce n’était qu’une imposture », peut-on lire en titre de l’article sur le site d’un média conservateur américain. Depuis six ans, il a changé trois fois d’« identité sexuelle ». Aujourd’hui, s’il considère « faire partie des chanceux » parce que « son corps est toujours intact », il explique pourquoi sa « psyché est marquée au fer rouge par cette grande expérience médicale ».

Tout commence en 2013. James Shupe, qui a servi dans l’armée pendant dix-huit ans, souffre d’un stress post-traumatique chronique. Convaincu d’être une femme – il attribue aujourd’hui cela à « une crise de santé mentale sévère » -, il consulte une infirmière et réclame une ordonnance pour des hormones féminines. Celle-ci les lui prescrit. « J’aurais dû être stoppé, écrit-il, mais l’infirmière n’a pas osé dire non, par peur de représailles d’activistes transgenres.»

L’ancien militaire consulte sur Internet des « documents médicaux provenant du site Web du département américain des Anciens Combattants », assiste à des séances de groupes dans une clinique de Pittsburgh pour recueillir des approbations au sujet de son changement de sexe, projette « une vaginoplastie » pour « devenir comme n’importe quelle femme. »

Sa thérapeute tente de le dissuader ? Shupe la congédie. Poussé par sa nouvelle communauté, il porte même plainte et l’accuse d’être anti-transgenre. Deux semaines plus tard, il trouve un autre médecin qui confirme son identité féminine. Cela n’estompe pas son mal-être : « Quand un docteur écrit une lettre affirmant que vous êtes né avec le mauvais sexe, dans le mauvais corps, et que le gouvernement ou le tribunal valident cette illusion, vous devenez davantage confus et souffrant. » Pour accélérer sa transition, Shupe se maquille, porte des perruques, des robes et des chaussures à talon. « Je me suis un jour regardé dans le miroir. Malgré toutes les injections d’hormones, je ne ressemblais toujours pas à une femme, se souvient-il. Les gens dans la rue me le confirmaient. Leurs regards fixés sur moi reflétaient la réalité : le sexe biologique est immuable. »

« Il n’y a pas de troisième genre.»

Résigné, il choisit de devenir « non-binaire », ni homme ni femme. Après trois ans de prescriptions d’hormones – il a ingéré l’équivalent de 20 pilules contraceptives par jour -, ses médecins acceptent sans broncher. Une magistrate militante de l’Oregon officialise sans problème – son fils était lui-même transgenre – sa nouvelle « identité de genre ». « Avant même que l’encre du juge ait séché, une association LGBT de Washington DC m’a offert son aide dans mon changement d’acte de naissance », raconte-t-il. Déjà lors de son précédent changement de sexe, une association de défense des transgenres de New York l’avait assisté dans ses péripéties juridiques pour changer son prénom en Jamie sans poser de questions. Dans les mois qui suivent, il obtient son sésame avec le troisième sexe renseigné : « unknown » (« inconnu »). Le premier aux États-Unis.

Son histoire attire l’attention des médias. « Ils ne m’ont pas laissé dormir pendant dix jours de suite » . Si devenir une femme lui avait valu un article du New York Times, convaincre un juge qu’il était non-binaire a donné lieu à « des publications de ses photos et de son histoire » dans le monde entier. Sa vie privée est passée au crible. Les médias se pressent pour entendre l’histoire de Jamie et de son épouse, Sandy, qui raconte les efforts consentis pour accepter la décision de son mari. C’était difficile par moments. Mais « quand vous aimez quelqu’un, vous voulez qu’il soit heureux… » , narre-t-elle alors dans la presse anglaise. Elle lui laisse trois ans pour « avoir un petit ami et explorer sa sexualité et son nouveau genre ». Quelques années plus tard, Shupe regrette d’avoir infligé cette épreuve à sa femme et à sa fille : « C’est triste comme les transitions de genre peuvent blesser les gens que vous aimez et qui vous aiment en retour. Mon changement en femme a rendu Sandy lesbienne temporairement. »

“Deux fausses identités de genre ne pouvaient pas cacher ma réalité biologique.”

En 2019, James Shupe met fin à son calvaire. « Deux fausses identités de genre ne pouvaient pas cacher ma réalité biologique, confesse-t-il dans sa tribune. Il n’y a pas de troisième genre. » Sa transformation n’était « qu’une imposture médicale et scientifique ». De manière générale, les « personnes intersexes » souffrent selon lui d’un « trouble du développement sexuel » méritant de « l’aide et de la compassion ». Il estime que son état de santé en 2013, combiné aux abus sexuels subis durant son enfance, aurait dû alarmer les psychologues et les psychiatres rencontrés lors de son « parcours ». Mais, à part la thérapeute de Pittsburgh, personne n’a jamais tenté de le dissuader. « Ils m’ont juste aidé à me blesser moi-même. »

Les associations LGBT, si présentes à ses côtés à chaque étape de sa transformation – « elles m’ont seulement aidé à foutre ma vie en l’air », dit-il -, condamnent ses nouvelles prises de position contre la « mutilation des enfants confus sur leur identité sexuelle », contre les « membres transgenres au sein de l’armée » et dénoncent son soutien au président Donald Trump. Elles arrêtent de l’aider, tout comme « la plupart des médias » cessent instantanément d’écrire à son sujet. En une nuit, Shupe était passé de coqueluche à paria.

Par Marianne Lecach, 12 avril 2019

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Le témoignage de René Jax est aussi éloquent à ce sujet.