(Liturgie de la Parole : 1 Co 12.31 –138 ; Ps 33 ; Mt 51-12)

« ... Bienheureux ! Bienheureux ! » Voilà comment qualifier le mystère qui s’accomplit pour vous aujourd’hui, chers Martial et Valérie : Bienheureux ! Oui, vous êtes bienheureux d’avoir choisi de vous marier, c’est-à-dire de sceller avec Dieu une alliance qui fait de votre amour un même amour avec le Sien, en sorte que votre amour devient : Bienheureux ! Comme le Sien ! Bienheureux vous « qui mettez votre espoir en Son amour », parce que vous savez que l’amour humain ne peut pas à lui seul donner le bonheur dont il est pourtant le signe et comme l’avant-goût, tant il est vrai qu’amour rime avec toujours, et qu’ici-bas rien ne dure toujours ! Sauf l’amour de Jésus, qui victorieux de la mort, donne à votre amour, par le sacrement de mariage, de participer à Sa victoire ! Et si l’Église Catholique n’a jamais légalisé le divorce – et elle est la seule institution dans ce cas -, c’est parce qu’elle sait qu’en Jésus mort et ressuscité, il est désormais possible d’aimer en vérité, c’est-à-dire : jusqu’au bout ! En Jésus, l’Amour est victorieux du péché, de la mort et de Satan ! Bienheureux êtes-vous donc chers Martial et Valérie d’avoir voulu fondre votre amour en celui de Jésus pour vous aimer de l’Amour même de Dieu !

Jésus seul peut en effet vous donner d’aimer jusque dans les larmes ou l’injustice, la persécution ou le dénuement, et par conséquent de connaître la Béatitude, le Bonheur même de Dieu que rien ne peut, pas même la mort, détruire! Si ce Bonheur est pour quiconque accepte de se laisser aimer par Jésus, en quelque circonstance qu’il se trouve, par le sacrement de mariage, Dieu vous donne d’être l’un pour l’autre le témoin personnel de Son amour unique pour chacun de vous, et ainsi ensemble le signe et l’instrument efficace de Son amour pour l’Église et pour le monde! Désormais, en vous voyant vous aimer, chacun devra pouvoir confesser que l’Amour existe, qu’il est fidèle, unique, fécond et que l’amour rend heureux, bienheureux, et saints ! Dieu reçoit l’offrande qu’en ce jour vous Lui faites de votre amour et en retour, Il S’engage à le transformer peu à peu en un amour parfait, un bonheur paradoxal, qui n’est pas de ce monde, parce qu’il « supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout, un amour ne passera jamais » !

Se marier à l’Église est aujourd’hui un acte courageux, tant non seulement l’Église est méprisée, et à travers elle, Jésus Lui-même, mais encore parce que c’est dire non aux béatitudes du monde, non au concubinage, non à la contraception, non à la procréation médicalement assistée et donc non à l’instrumentalisation des embryons humains, non à l’avortement, non à l’infidélité, non au relativisme ambiant qui détruit tout sur les autels de l’égalité et de la facilité. Se marier à l’Église, c’est dire oui au Dieu qui est Amour révélé par Jésus-Christ, oui à Son Église, oui à la vie, de sa conception à sa fin naturelle, oui à une école vraiment catholique, oui à une vie tendue vers la perfection même de Dieu, oui au sacrifice de soi … « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! »

Se marier à l’Église, aujourd’hui, c’est se tenir sur une ligne de crête, la ligne de front où se fait le départage entre la culture de vie et la culture de mort, entre ceux qui bâtissent la civilisation de l’amour, la Cité de Dieu, et ceux qui n’ayant ni Dieu ni maître qu’eux-mêmes, marchent vers l’enfer. Il serait en effet naïf et suicidaire d’imaginer que toutes les modifications actuelles de comportements et de mœurs sont un fruit du hasard… Que ce soit le libéralisme privilégiant l’individu au détriment de la protection de l’institution de la famille, et donc du bien commun, celui des enfants en particulier; que ce soit le marxisme, encore si vivant dans la culture, pour qui, aux dires de Karl Marx « L’une des tâches essentielles est l’abolition de la famille » ; credo repris par le socialisme pour qui : « la famille est un des instruments de perpétuation des hiérarchies sociales et des inégalités »; que ce soit les théoriciens de la « révolution sexuelle », les lobby féministes et homosexuel; que ce soit la franc-maçonnerie qui s’emploie depuis plus de deux siècles à organiser la vie sociale comme si n’existaient ni Dieu, ni Loi naturelle, ni possibilité pour l’homme de connaître la vérité avec certitude; que ce soit la contraception, la légalisation du divorce, celle du pseudo-mariage homosexuel, de l’avortement, de l’euthanasie, et de tant d’autres abominations comme l’introduction de la théorie du genre dans les programmes de l’Éducation nationale, il est indéniable qu’il existe une volonté délibérée de détruire la famille. D’une façon diversifiée et générale se déroule sous nos yeux une guerre totale contre la famille. Et pourquoi veut-on détruire la famille? Parce qu’elle est la plus belle image de Dieu, et que l’on ne veut pas de Dieu! Parce que la famille est la gardienne du sacré, et que tout doit être profané! Parce que la famille est, par nature, une communion de personnes, trace et image de la communion du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint. « La famille reçoit la mission de garder, de révéler et de communiquer l’amour, reflet vivant et participation réelle de l’amour de Dieu pour l’humanité et de l’amour du Christ Seigneur pour l’Église son Épouse. Tout devoir particulier de la famille est expression de la réalisation concrète de cette mission fondamentale » enseigne Jean-Paul II dans sa magnifique exhortation apostolique. Les tâches chrétiennes de la famille (n°17). Et, évoquant l’un de ces devoirs, il poursuivait: « Ce sont les familles qui en premier lieu doivent faire en sorte que les lois et les institutions de l’État non seulement s’abstiennent de blesser les droits et les devoirs de la famille, mais encore les soutiennent, les protègent positivement. Il faut à cet égard que les familles aient une conscience toujours plus vive d’être les «protagonistes » de ce qu’on appelle «la politique familiale» et qu’elles assurent la responsabilité de transformer la société dont elles sont le fondement; dans le cas contraire, elles seront les premières victimes des maux qu’elles se seront contentées de constater avec indifférence » (n°44)… Qui ne voit aujourd’hui combien prophétique était cette mise en garde ?!

La société n’est pas et ne doit pas devenir un agglomérat d’individus, mais une famille de familles. La famille, contrairement à ce que l’on cherche à nous le faire croire, n’est pas un produit culturel, malléable et transformable au gré des errements et des vices des puissants de ce monde. Elle est trace et image de la communion du Père et du Fils et de l’Esprit Saint. Et c’est seulement dans cette communion qu’elle trouve son sens et son épanouissement véritable.

En cette année de la Foi vous avez tous à cœur, j’espère, de lire ou relire et méditer le Catéchisme de l’Église Catholique, qui enseigne que « La famille est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ.» et s’il ajoute aussitôt que « La prière quotidienne et la lecture de la Parole de Dieu fortifient en la famille la charité.» (n°2204-2205), c’est parce que la prière est vitale pour demeurer en état de grâce et faire face aux défis et pièges de la vie chrétienne (Lc 22.36). Pourquoi autrefois ne voyait-on pas dans le peuple chrétien, comme aujourd’hui, tant de divorces et de difficultés familiales ? Parce que l’on priait en famille ! Les époux avaient conscience que l’amour vient de Dieu et conduit à Dieu, et qu’en conséquence l’amour humain ne peut se vivre qu’en relation à Dieu, c’est-à-dire en prière. « Une famille qui prie est une famille qui vit » disait le Pape Pie XII.

Et puisque l’Église fête en ce jour saint Henri, empereur d’Occident, et sainte Cunégonde, son épouse, qui vécurent au XIe siècle, pourquoi ne pas demander à ce saint couple de vous accompagner tout au long de votre vie conjugale, de sorte qu’à leur exemple et avec leur aide, accueillant toujours plus royalement l’Amour de Dieu, le vôtre règne, bienheureux ?!