Sans vouloir reprendre le dossier ni répéter ce que d’autres ont dit, cette fin d’année ne peut être évoquée sans mentionner la publication du rapport commandé par la Conférence de l’Église de France (CEF), pour la modique somme de 3,5 millions d’euro, à une commission chargée d’enquêter et de proposer des solutions au sujet des crimes sexuels commis par des ecclésiastiques : la CIASE. La malhonnêteté du chiffre de 300 000 victimes saute aux yeux : il a été obtenu par celui de 117 victimes (ou du moins se présentant telles) obtenu suite à un sondage par courriels et extrapolé pour correspondre à celui de la population totale … La CEF l’a cependant présenté comme réel … et a aussi pieusement reçu les 45 recommandations présentées par cette commission, ne se gênant pas pour remettre en cause l’institution ecclésiale elle-même… De même que des évêques n’ont pas usé du droit canonique pour juger les crimes dont ils avaient eu connaissance (s’en rendant par là-même complices) et présenter ainsi leurs auteurs au regard de la justice civile, de même nos évêques ont-ils ici à nouveau renoncé à leur responsabilité en la confiant à des personnalités … hostiles à la doctrine catholique (pro-euthanasie, pro-avortement, pro-homosexualité …) !1 ! N’ont-ils pas alors mérité la réprimande courroucée de saint Paul : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? (…) Et les anges. Et nous ne jugerions pas les choses de cette vie ? Comment donc pouvez-vous prendre pour juges des impies ? Je le dis à votre honte ! (1 Co 6.1-5) »

Tombant de Charybde en Scylla, ils en sont venus à vouloir verser des compensations financières aux victimes, ou supposées telles, en vendant des biens immobiliers et mobiliers de l’Église. Mais avec quels moyens et quelle autorité établir culpabilité et peine ? Suffira-t-il de se déclarer victime pour toucher le pactole ? Or, de même que l’Église n’a jamais commandé ces crimes, de même n’en est-elle pas responsable, et n’a-t-elle donc rien à payer. C’est aux personnes coupables, évêques y compris, à payer chacun de sa poche, les sommes demandées, et certainement pas aux fidèles, qui, après avoir déjà chèrement payé leurs études de séminaire, n’ont pas à voir l’héritage de leurs aïeux et le bien de leur communauté être vendu à l’encan ! Nous ne voulons pas que nos évêques prêtent main forte aux démolisseurs de l’Église, déjà si appauvrie, pour la rendre totalement exsangue !

Bien que l’Église soit innocente des crimes qu’elle n’a jamais commandés, voilà que pour la CIASE, “sa responsabilité systémique” est engagée “en tant qu’institution2 ! Mais si l’institution de l’Église est pécheresse, c’est donc Jésus-Christ Lui-même qui est coupable, car c’est Lui l’auteur de cette institution si particulière … Comme l’a rappelé le Concile Vatican II, l’Église est “d’institution divine (Lumen Gentium, n°32)”. C’est là “un objet certain de foi (ibid. n°18)”. Dès lors, comment cautionner la remise en cause de l’Église-institution et prétendre avoir la foi ? 

Par ailleurs, s’il est donc reconnu que les responsables de l’Église ont de façon “systématique” stérilisé l’action de la justice en son sein, peut-on ne pas penser que d’autres devoirs de l’Église ont pareillement par eux souffert ? Par exemple, qui ne voit, et ce depuis des décennies, que le zèle pour convertir autrui à la foi catholique a lui-aussi été stérilisé, ayant quasiment disparu de leurs discours et préoccupations, condamné même comme “prosélytisme” ? Comment tolérer le péché et appeler à la sainteté, vouloir et travailler à la conversion, de soi et d’autrui ? Si l’institution ne saurait être en cause, ces fautes gravissimes qui plongent l’Église dans l’ordure, lui faisant perdre sa crédibilité, et certainement pour longtemps, comment les expliquer, sinon parce que les hommes d’Église ont accepté de suivre un autre esprit que l’Esprit de Dieu ? Enlevez le mauvais du milieu de vous ! (1 Co 5.13)”

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Voir ici l’analyse critique que huit membres de l’Académie catholique de France ont adressée au pape François au sujet du rapport de la CIASE. Ils en dénoncent une méthodologie « défaillante et contradictoire », des faiblesses théologiques et juridiques et des « analyses parfois hasardeuses », et ici l’article de Jean-Marie Guenois pour le Figaro : le Pape demande des comptes aux évêques de France. 

  1. Le président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’État, fit interdire le monument honorant saint Jean-Paul II à Ploërmel, condamna à mourir de soif et de faim (14 février et 24 juin 2014) le pauci-relationnel Vincent Lambert ; Nathalie Bajos, directrice de recherche à l’INSERM ayant validé l’orthodoxie de l’enquête et les chiffres présentés, militante pro-avortement, minimisant les méfaits de la pornographie ; Julie Ancian, pro-avortement ; Josselin Tricou, universitaire en « études de genre et de sexualité », notoirement hostile à l’Église ; Frédéric Martel, militant homosexuel, auteur du Sodoma ;  … []
  2. Cf. Micheline Claudon, membre du Conseil des nominations pour le diocèse de Paris et du Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie pour la CEF, à l’honneur dans Paris Notre Dame, n°1883, p.5. []