(Abbé Guy Pagès):
Si vous permettez avant d’aborder la question de l’islam, j’aimerais vous poser une question
qui m’est venue après nos échanges concernant votre particularité si j’ose dire, qui est d’avoir
d’avoir avancé cette théorie que vous présentez comme la clé de voûte de la théologie et
qui est donc la façon dont Dieu sauve toutes les âmes à l’heure de la mort. Vous avez écrit ce livre
« L’heure de la mort » pour présenter cette trouvaille selon laquelle la mort est un passage
qui permet au Christ et aussi aux à Satan à l’heure de la mort, pendant que l’âme est donc dégagée de la pesanteur de la matière, elle peut enfin faire un choix libre et définitif.
C’est ça, n’est-ce pas ?

– (Arnaud Dumouch): Pas tout à fait, ils ont un choix parfaitement libre

– (Abbé Guy Pagès): Voilà.

– (Arnaud Dumouch): et définitif alors que sur Terre, sauf les handicapés mentaux, notre choix est volontairement de la part de Dieu à cause des conséquences du péché originel,

– “Notre condition actuelle et misérable n’a été en rien voulu par Dieu,
mais est tributaire des péchés.”

– (Arnaud Dumouch): diminué par deux choses : un peu d’ignorance, Dieu se cache et puis de la
faiblesse, des pulsions qui sont là, qui peuvent nous entraîner à pécher, mais c’est volontaire
de la part de Dieu, c’est une étape de préparation où Il nous apprend la vraie mesure de nos jours.
Et donc en fait, c’est le retour du Christ dans la gloire qui fait partie du Credo que je formalise
comme étant la clé de voûte de la théologie, donc le Christ revient à l’heure de la mort aussi,

– “Le Credo professe le Retour du Christ en gloire À LA FIN DU MONDE”, seulement                    (Catéchisme n°681)

– (Arnaud Dumouch): comme à la fin du monde et c’est là que en fonction de ce qu’on a fait durant sa vie, c’est là qu’on va ratifier, choisir le Christ ou le refuser.

– (Abbé Guy Pagès): Donc, je redis que vous avez dit en plus court : la vie est une préparation pour le temps qui se situe dans la mort où se fera le choix définitif et parfait, concernant la vie éternelle,

– (Arnaud Dumouch): Face au Christ glorieux.

– (Abbé Guy Pagès): face au Christ et aussi face à Lucifer,

– (Arnaud Dumouch): Tout à fait.

– (Abbé Guy Pagès): qui propose. Et donc la question que je voulais vous poser

– (Arnaud Dumouch): Alors cette apparition de Lucifer étant pour les questions de la liberté.

– (Abbé Guy Pagès): C’est ça, c’est ça. Donc les choses se font dans le passage de la mort
entre le temps et l’éternité.

– (Arnaud Dumouch): Sauf pour nous deux et les chrétiens qui savent déjà faire le choix.

– NON ” C’est par le refus de la grâce EN CETTE VIE que CHACUN
se juge déjà lui-même. (Catéchisme 679) “

– (Arnaud Dumouch): Nous, on a eu la chance de recevoir la foi mais pour universellement les hommes qui ne l’ont pas reçu, voilà, de toute façon il aura cela.

– (Abbé Guy Pagès): Mais à ce compte là, on serait désavantagé si notre éternité dépendait de notre vie qui est plombée comme vous l’avez dit, par tout un tas de conditionnements, alors que les autres pourront faire leur choix définitif dans la mort seulement où ils seront parfaitement libres. Donc ça serait

– (Arnaud Dumouch): Non, non, nous aussi, mais je veux dire notre choix on l’a fait avant, sauf que là on fera aussi nous le choix définitif, mais avec une chance extraordinaire, c’est qu’on a déjà fait le choix.

– (Abbé Guy Pagès): Donc c’est dans la mort pour tout le monde finalement.

– (Arnaud Dumouch): Oui.

– (Abbé Guy Pagès): Ok. Et donc la question que je voulais vous poser, c’est comment cela étant, vous recevez cette parole de (Mt 25.31-46) où Jésus nous dit que les choses se feront lors du jugement dernier en fonction de la vie terrestre. Jésus ne va pas prononcer le jugement des âmes en fonction de la mort, Il les interroge sur ce qu’ils auront fait durant leur vie.
“J’avais faim, tu M’as donné à manger ou pas, j’étais un étranger, tu M’as accueilli ou pas.”
Donc Jésus ne se réfère pas pour les envoyer au Paradis ou à l’enfer à ce qu’ils ont dit
au moment de la mort, mais à ce qu’ils ont vécu avant la mort.

– (Arnaud Dumouch): En fait, le passage qui est la mort fait partie de la vie, il ne fait pas partie, c’est pas une deuxième chose. Simplement, il faut changer le sens habituel des théologiens du mot mort, la mort c’est le séjour, le passage de la mort.

– (Abbé Guy Pagès): Non, Arnaud, Jésus ne parle pas de la mort, Il parle de la vie.
J’avais faim

– (Arnaud Dumouch): Oui.

– (Abbé Guy Pagès): et vous M’avez donné à manger. Le jugement porte là-dessus. Il ne porte pas sur ce que l’âme dit pendant sa mort parce que la mort n’est pas un passage,

– (Arnaud Dumouch): Si.

– (Abbé Guy Pagès): la mort sur la fin de la vie, terminée.

– (Arnaud Dumouch): Et d’ailleurs, c’est pour ça que le Je vous salue Marie le dit bien :
Priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.
Ça veut dire que l’heure de notre mort, comme le montre Pierre dans sa première épître,
il le montre pour ces gens qui étaient morts dans la désobéissance au moment du déluge,
tous, 90.

– (Abbé Guy Pagès): Non Arnaud, quand on prie, quand on dit à la Vierge, Priez pour nous
au moment de la mort, en fait ça veut dire l’agonie, c’est au moment où je vais mourir,
il ne s’agit pas de quelque chose qui est après la mort.

– (Arnaud Dumouch): L’agonie, ça c’est dans la perspective thomiste que vous avez toujours défendu

– (Abbé Guy Pagès): Bien sûr.

– (Arnaud Dumouch): mon père et c’est vrai vous êtes scolastique

– (Abbé Guy Pagès): Il n’y a pas d’autre vérité, n’est-ce pas. Il n’y a pas d’autre vérité.

– (Arnaud Dumouch): et moi qui a une formation la même que la vôtre, un scolastique,

– (Abbé Guy Pagès): Mais il faut rester fidèle à ça Arnaud, il ne faut pas aller ailleurs.

– (Arnaud Dumouch): j’en suis sorti sur cette aspect là pour prendre la conception de sainte Faustine

– (Abbé Guy Pagès): Non, non, Arnaud.

– (Arnaud Dumouch): et la conception de Marthe Robin.

– (Abbé Guy Pagès): En tout cas, sainte Faustine, c’est un cas particulier et elle ne dit pas que les choses se passent après cette vie. Elle accompagne des âmes au moment de la mort, c’est-à-dire
quand elles sont en train de perdre la vie mais c’est encore dans la vie, elle les accompagne par la prière pour leur mériter des grâces, mais ce n’est pas quelques qui est distinct de
cette vie même si c’est à la fin de la vie.

” La mort met fin à la vie de l’homme comme temps ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ. ” (…)
Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle
DÈS SA MORT … (Catéchisme 1021-22)”

” Veillez et priez sans cesse, car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure (Mt 25.13)