Par Marie De montalembert de cers – Le Figaro – 14/08/2025
Dans une étude publiée dans le Military Strategy Magazine, le chercheur David Betz alerte sur la montée des tensions internes dans plusieurs pays occidentaux.
La guerre est déjà en Europe, elle ravage l’Ukraine depuis plus de trois ans. Mais c’est une autre forme de conflit que prophétise et conjure un éminent professeur du King’s College à Londres, l’une des universités les plus réputées au monde dans la discipline des « War Studies ». Dans un article publié en août dans la revue Military Strategy Magazine , David Betz met en garde contre le risque de guerres civiles dans les pays européens, et particulièrement en France ou au Royaume-Uni. Solidement argumentée, son étude n’est pas un billet d’humeur ou une chronique apocalyptique, mais bien un article de recherche, scientifiquement approuvé « par les pairs ».
Alors que les menaces extérieures pèsent lourd dans l’environnement – il y a peu encore, le général Thierry Burkhard donnait une dernière conférence de presse comme chef d’état-major des armées sur les menaces russe, iranienne et chinoise -, le chercheur britannique argue que le principal danger pourrait en réalité venir de l’intérieur. Longtemps, le monde occidental s’est cru immunisé contre les guerres civiles, persuadé qu’une population moderne, démocratique et prospère ne pouvait basculer dans le chaos. Pour David Betz, cette certitude relève désormais du passé depuis que nos sociétés se sont «fracturées».
Une société fracturée
Ironie du sort : pour David Betz, ce sont nos propres politiques – et plus particulièrement les politiques qu’il qualifie d’«identitaires» – qui ont profondément fracturé notre pays. La politique identitaire, explique Betz, désigne une démarche où des groupes définis par leur origine raciale, religieuse, ethnique ou culturelle défendent prioritairement leurs intérêts, au détriment de l’intérêt collectif. C’est précisément ce facteur qui, selon lui, rend une guerre civile en Occident probable.
Si l’auteur rappelle qu’une société hétérogène n’est pas forcément plus exposée au risque de conflit interne, il considère que la situation en Occident est particulière : « Les sociétés les plus instables sont celles qui sont modérément homogènes, surtout lorsqu’une majorité traditionnelle perçoit une remise en cause de son statut, ou lorsqu’une minorité conséquente dispose des moyens de se soulever seule ».
Ce basculement serait récent. Il y a encore une génération, explique Betz, les nations occidentales pouvaient être décrites comme largement unies par un sentiment d’identité et un héritage commun. Aujourd’hui, elles se présenteraient comme des « entités politiques disloquées, des puzzles de tribus identitaires concurrentes », vivant souvent dans des communautés séparées.
Pour appuyer son propos, Betz cite le concept de « guerre culturelle » et le sociologue James Davison Hunter, qui lui-même rappelle les mots d’Oliver Wendell Holmes : « Entre deux groupes qui aspirent à créer des mondes incompatibles, je ne vois d’autre remède que la force ».
Perte de confiance politique
À la fracture sociale viendrait s’ajouter un désenchantement profond à l’égard des élites politiques, accusées de vivre hors sol, incapables de saisir l’ampleur des défis et d’y apporter des réponses tangibles, explique l’auteur. Ce fossé croissant nourrirait un sentiment de marginalisation, parfois de colère sourde, qui érode patiemment le ciment de la cohésion nationale.
Dans le même temps, l’Occident affronterait une stagnation économique structurelle : classes moyennes en recul, chômage persistant, richesse concentrée entre quelques mains. Cette double crise – politique et économique – dessine un paysage instable, où frustrations et inégalités se combinent. Un terrain, selon l’auteur, particulièrement propice à l’embrasement interne.
Démographie et polarisation
David Betz souligne que, parallèlement à la fracture sociale, une fracture démographique accentuerait la polarisation. L’installation massive d’immigrés dans les grandes villes créerait un fossé croissant avec les zones rurales, où l’hétérogénéité ethnique serait bien moindre. Selon lui, les futurs conflits civils en Occident se traceraient donc sur des lignes ethniques, et, en raison de la répartition démographique, ces affrontements prendraient des formes distinctes, opposant villes et campagnes.
À cette fracture démographique s’ajoute une polarisation politique de plus en plus marquée. Les grandes villes, plus diversifiées sur le plan ethnique et culturel, tendent à entretenir une relation presque antagoniste avec le reste du pays. L’auteur évoque à ce titre les résultats du premier tour des dernières élections européennes : 457 circonscriptions françaises ont placé le Rassemblement national en tête, tandis que seulement 119 – essentiellement des métropoles – ont opté pour d’autres formations politiques.
« Villes sauvages »
David Betz alerte sur une « détresse civilisationnelle » qui fragiliserait déjà les fondations mêmes de nos sociétés. Selon lui, cette crise se manifeste notamment par une perte croissante de contrôle des autorités sur certaines zones, qu’il qualifie de « villes sauvages ». Ce concept, emprunté à Richard Norton dans un essai de 2003, désigne « une métropole de plus d’un million d’habitants où le gouvernement a perdu la capacité de faire respecter l’État de droit, tout en restant un acteur sur la scène internationale ».
Selon lui, ces villes présentent des signes distinctifs : corruption élevée, zones hors de contrôle policier, infrastructures délabrées, industries en déclin, dette écrasante, et une police à deux vitesses suppléée par la sécurité privée. « Nombre de villes occidentales correspondent déjà à ce profil », avertit Betz.
Scénario d’une guerre civile
Dans ce contexte, Betz imagine alors le scénario qui se déroulera pré-guerre civile : le maintien de l’ordre deviendra impossible, la violence intercommunautaire s’intensifiera, et la légitimité politique s’effondrera. L’économie locale sera donc paralysée et s’effritera rapidement. Les habitants hors de ces zones finiront par les considérer comme perdues, occupées par des forces étrangères.
La stratégie des insurgés visera, selon Betz, à détruire les infrastructures clés pour provoquer un « effondrement systémique, déclenchant ainsi un chaos urbain incontrôlable et accélérant la déstabilisation nationale ».
Conséquences attendues d’une guerre civile en Occident
Si chaque guerre civile est singulière, certaines caractéristiques reviennent régulièrement, selon Betz, qui identifie néanmoins plusieurs traits communs essentiels pour comprendre ce qui nous attendrait si elle devait finalement avoir lieu sur nos terres.
Parmi elles, la destruction du patrimoine culturel — musées, archives, monuments — par le vandalisme ou le pillage, qui effacent une part essentielle de l’histoire et de l’identité nationale.
Ensuite, la guerre civile entraîne des déplacements massifs de populations, souvent organisés stratégiquement, modifiant profondément la démographie et déchirant le tissu social. Enfin, les guerres civiles sont longues et meurtrières, avec des pertes humaines pouvant atteindre plusieurs millions dans les cas extrêmes, rappelle le chercheur.
Quelle probabilité ?
Dans un pays où les conditions sont réunies, le risque qu’une guerre civile éclate est d’environ 4 % par an. Selon ses calculs, sur une période de cinq ans, cette probabilité atteindrait près de 19 %. Si l’on prend en compte le fait qu’au moins dix pays en Europe pourraient être confrontés à cette menace, les risques qu’un conflit violent survienne dans l’un d’entre eux au cours des cinq prochaines années grimpent alors à 87 %. Et si l’on élargit l’analyse à 15 pays, cette probabilité dépasse même 95 %. Surtout, Betz souligne que ces troubles peuvent se propager : il estime à environ 60 % la probabilité qu’un conflit naisse dans un pays occidental puis s’étende aux autres dans les cinq ans.
En particulier, la France et le Royaume-Uni seraient les pays occidentaux les plus exposés à ce risque, avec déjà des « incidents précurseurs » comme des attentats, des violences intercommunautaires et des émeutes. En 2016, dans Un président ne devrait pas dire ça, des propos rapportés de François Hollande avaient déjà fait beaucoup parler : « Comment éviter la partition ? Car c’est quand même ce qui est en train de se produire : la partition », déclarait le président socialiste d’alors. Deux ans plus tard, c’est un autre socialiste, Gérard Collomb, qui déclarait au lendemain de sa démission du ministère de l’Intérieur : « Aujourd’hui on vit côte à côte … Je crains que demain on ne vive face à face ». C’est très exactement le terrible enchaînement que décrit méticuleusement David Betz.
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Nous rajoutons : Mais qui vit “côte à côte” de qui ?
“Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine A JAMAIS jusqu’à ce que vous soyez musulmans ! (Coran 60.4)”
” Les chrétiens ne sont qu’impureté ! (…) Qu’Allah extermine les chrétiens ! (…) Allah a envoyé Son messager avec la bonne direction et l’islam, afin qu’il triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu’en aient les chrétiens. (9.28-33)”
Le djihâd est un devoir si impérieux qu’il dispense de l’obéissance à Mahomet, et donc aussi à ses représentants : « Ceux qui croient en Allah et au dernier jour ne te demandent pas l’autorisation pour lutter de leurs fortunes et de leurs personnes. (Coran 9.44) » Autrement dit : chaque musulman doit faire le djihâd de sa propre initiative. C’est ainsi que dans le monde sunnite, où il n’y a pas de clergé, chaque musulman a vocation de témoin, de policier constatant crimes et délits, de juge pour prononcer les verdicts, de bourreau pour les exécuter, et d’attributaire du sang, de l’honneur et des biens des ennemis d’Allah. Comment l’islam pourrait-il ne pas trouver de fervents adeptes ?
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