« Le phénomène totalitaire fonctionne à l’idéologie. L’idéologie est une croyance qui n’est ni logique ni ne correspond à la réalité de l’expérience. C’est un discours dogmatique, sectaire auquel on va faire en sorte que les gens adhèrent par la propagande de masse.

Si la fraude et la corruption constituent des instruments sur lesquels l’idéologie doit s’appuyer pour asseoir son emprise sur les individus et la société, l’expansion du phénomène totalitaire requiert également l’adhésion pleine et entière des individus qui y sont confrontés.

Un consentement qui peut notamment être obtenu par la manipulation des émotions et le recours à des mécanismes de répétition grâce au concours des médias.

Le totalitarisme consiste à faire en sorte que les masses croient un certain discours et règlent leurs comportements par rapport à ce discours. On va veiller à ce que les individus, par l’intermédiaire des médias notamment, n’aient plus accès à leur esprit critique et soient conduits, au nom du bien commun, à commettre des actes qu’ils n’auraient jamais commis en d’autres circonstances.

Le discours proposé aux masses est voué à évoluer et à investir d’autres champs afin de permettre au pouvoir totalitaire de maintenir son ascendant sur la population.

Il faut continuer à exciter les foules et à entretenir la peur pour pouvoir obtenir leur soumission. Si on fige un seul discours, au bout d’un moment le cerveau humain est fait de telle façon qu’il va commencer à interroger ce discours figé. Il va sortir de la peur, de la sidération et commencer à interroger ce discours qui va lui paraître totalement irrationnel et paradoxal.

Aujourd’hui, nous voyons apparaître des discours dont la structure et la forme semblent similaires à propos de l’écologie, de l’énergie, de la guerre, etc. Cette structure est la suivante : il y a un danger terrible qui nous menace gravement et qui justifie la mise en place de mesures d’exception qui aliènent nos droits et autorisent le sacrifice d’une partie de la population.

Si les discours évoluent, la culpabilisation des foules auxquelles ils sont destinés en constitue toujours un élément majeur.

Nous devenons tous des coupables en puissance, des coupables de consommer de l’énergie, des coupables d’émettre du carbone, des coupables de vivre. Tout ceci fait partie de la logique totalitaire. 

L’irruption du phénomène totalitaire peut aussi être vu comme le symptôme d’une société malade, qui a depuis longtemps perdu ses valeurs et ses repères.
Tout ceci est l’indication d’une décadence morale majeure, mais qui vient signer quelque chose qui était déjà là. »

Voir l’entretien de Anne Bilheran sur la manipulation des masses