Les manifestations indépendantistes qui ont suivi le « référendum » en Catalogne ont largement montré leur caractère révolutionnaire. Des leaders et des manifestants n’hésitaient pas évoquer avec une certaine nostalgie les communistes de la guerre civile espagnole face aux atrocités du gouvernement du général Franco. Sans vouloir nier le caractère autoritaire du régime franquiste, il nous a semblé bon, à l’occasion du 100e anniversaire de la Révolution d’octobre, de rappeler les massacres communistes en Espagne durant la guerre d’Espagne. Voici des extraits du livre de Jacques d’Arnoux, L’Heure des héros (Ed Ch. Beyaert, 1949) :

 

Le communisme en Espagne, affirma Pie XI (Divini Redemptoris) a cherché à détruire par le plus cruel terrorisme… non pas telle église, tel couvent, mais toutes les églises, tous les couvents et toute trace de religion » . (…) Cinq cent mille Espagnols massacrés uniquement en haine de la foi et dans des tortures que ni fauves, ni cannibales ne sauraient imaginer.

En quelques mois, « DU 19 JUILLET 1936 JUSQU’EN FÉVRIER 1937 FURENT MASSACRÉS EN ESPAGNE SEIZE MILLE SEPT CENT CINQUANTE PRÊTRES ET ONZE ÉVÊQUES. » (Chiffre officiel fourni par l’Osservatore Romano.)

  1. Frédéric Dupont, député de Paris, (déclarait) à la tribune de la Chambre en décembre 1936:

« Messieurs, j’apporte sur cette tribune des documents (interruption à l’extrême gauche) (…) Ces documents établissent que, dans la zone rouge occupée par les gouvernementaux, presque tous les prêtres et religieux ont été massacrés. (Exclamations à l’extrême-gauche). Ces documents sont des photographies, des enquêtes, avec les noms des victimes, la date et le lieu de leur assassinat. (…) Vous verrez dans ces documents — je cite au hasard — que tous les Franciscains de Valence et d’Alcala ont été assassinés ; que 32 frères des Ecoles chrétiennes de Barcelone ont été fusillés ; que 25 frères des Ecoles chrétiennes de Tarragone ont été fusillés (interruptions à l’extrême-gauche) ; que tous ceux du noviciat de Grignon, près de Madrid, ont été fusillés ; que tous ceux de la province de Velasquez ont été fusillés ; que tous les Maristes de Tolède ont été fusillés ; que tous les Carmes de Barcelone ont été assassinés à coups de hache, que les 24 frères de Saint Jean de Dieu de Galafell ont été assassinés ; que 30 frères de la Passion en Catalogne ont été assassinés ; qu’à Siguenza l’évêque, 20 prêtres, 19 séminaristes ont été assassinés le même jour ; qu’au monastère de Montserra, 28 abbés ont été assassinés ; que les religieuses des écoles Pies, rue d’Aragon, à Barcelone ont été toutes pendues à la Conception, l’église qui se trouvait en face de leur couvent ; que le cimetière des religieuses visitandines a été profané. (Interruptions à l’extrême-gauche. Mouvements divers).

«Une infirmière française à Madrid a entendu un milicien lui raconter comment il avait lui-même assassiné 58 prêtres. (…)

«Enfin, comme à tant de crimes il fallait une signature, vous trouverez une photographie prise par un Anglais, le jour de la prise de Tolède par les nationaux, représentant cette inscription écrite sur le mur du couvent des Maristes avec du sang humain : « AINSI TUE LA TCHEKA !… UNION DES FRÈRES PROLÉTARIENS, VIVE TOLÈDE LA ROUGE ! » «Voilà la signature ».

—Cette barbarie n’est pas de chez nous.

—Ni d’Espagne non plus. Elle est internationale comme l’Enfer. Non, elle n’est pas de chez nous, mais elle peut y venir comme elle est venue chez les peuples qui n’ont pas su s’en défendre. L’épiscopat espagnol en a témoigné dans une Déclaration solennelle :

«Cette Révolution, y est-il dit, fut essentiellement « anti-espagnole ». L’œuvre de destruction fut accomplie aux cris de « Vive la Russie » à l’ombre du drapeau international communiste. Les inscriptions murales, l’apologie de personnages étrangers, les commandements militaires aux mains de chefs russes, la spoliation de la nation en faveur de métèques, l’hymne international communiste, autant de preuves, et suffisantes, de la haine portée à l’esprit national et au sentiment de la patrie… »  (Lettre collective des évêques espagnols à ceux du monde entier à propos de la guerre en Espagne, 1 juillet 1937).

Mais si cette Révolution fut « anti-espagnole », elle fut plus encore « anti-chrétienne ». C’est également le témoignage unanime du même épiscopat :

«Nous ne croyons pas, déclarent-ils, que, dans l’histoire du christianisme et dans un laps de si peu de semaines, se soit produite une telle explosion de haine contre Jésus-Christ et sa sainte religion… Peut-être ne trouverions-nous pas dans le Martyrologe romain, une forme de martyre non employée par les communistes, sans en excepter la crucifixion. (…). Dans les centaines de crucifix poignardés, dans les images de la Vierge bestialement souillées… on peut deviner la haine de l’Enfer incarnée en ces malheureux communistes. « J’avais juré de me venger de toi », criait l’un d’eux à Notre Seigneur enfermé dans le tabernacle, et déchargeant sur lui son pistolet, il ajoutait : « Rends-toi aux rouges ; rends-toi au marxisme ! »

« La profanation des reliques sacrées a été épouvantable : on a détruit ou brûlé les corps de Saint Narcisse, de Saint Pascal Bailon, de la bienheureuse Béatrice de Silva, de Saint Bernard Calvo et de bien d’autres.» (…)

Diaboliques les raffinements de tortures et d’outrages infligés à des ministres de Jésus-Christ. N’en a-t-on pas lié à des camions pour les traîner « par les rues ou les routes » ? N’en a-t-on pas pendu par les pieds, cadavres dépecés, à l’étal des boucheries ? Dans un village où le curé fut jeté dans l’arène, n’a-t-on pas organisé avec lui une course en règle avec banderilles, piques et mise à mort ? A Aldoguela, en février 1938, trois prêtres ne furent-ils pas crucifiés vivants dans leur église où l’on mit le feu ? Diabolique aussi la frénésie de profanation qui possédait ces déterreurs de carmélites, ces violateurs de sépulture jouant au football avec le crâne du grand évêque Torras y Bages.

(N’imitons pas) « les chiens muets ». (Ayons) le courage d’aboyer. CLAMER LA VÉRITÉ qui, seule, à pareille heure, s’il en est temps encore, peut nous sauver du grand piège.

 (in revue Permanences, janvier 1976)