Un collégien de Viry-Châtillon (Essonne) a été interpellé en décembre 2022 pour soupçons d’apologie du terrorisme. Son cas – qui n’est pas sans rappeler l’assassinat de Samuel Paty – illustre la radicalisation islamiste de plus en plus importante d’une certaine frange de la jeunesse française.

« Apologie publique d’un acte de terrorisme commise au moyen d’un service de communication au public en ligne ». Tel est le chef d’accusation sous lequel sera présenté, le 18 janvier prochain, cet adolescent de 13 ans soupçonné d’avoir partagé des contenus en faveur de l’État islamique sur les réseaux sociaux. Selon les différents témoignages consultés par Actu17, ce jeune garçon aurait notamment appelé à combattre en Syrie « contre les Français » et à « tuer les mécréants ». Il aurait également relayé des vidéos d’exécutions et de bombardements de l’État islamique. Sa radicalisation ne se serait pas limitée aux réseaux sociaux. Selon des sources proches du dossier, ce collégien refuserait depuis quelques jours d’adresser la parole aux filles de sa classe et aurait même affirmé vouloir rejoindre Daech.

La jeunesse, cible privilégiée de l’islamisme

Son cas, inquiétant, nous rappelle qu’une partie de la jeunesse française est tentée par la voie de l’islam radical. Aujourd’hui, les services de renseignement français comptabilisent ainsi près de 2.000 jeunes – âgés de 15 à 20 ans – radicalisés. Si la radicalisation reste (encore) une exception, l’islamisme, lui, séduit de plus en plus les adolescents. Les chiffres des atteintes à la laïcité à l’école en sont une preuve flagrante. Sur le premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023, 1.386 atteintes à la laïcité – dont 720 seulement sur le mois d’octobre – ont déjà été signalées auprès des équipes de l’Éducation nationale. Port de tenues ou de signes religieux, suspicion de prosélytisme et contestation de l’enseignement font partie des principales entraves recensées à la loi de 2004. Et contre tout attente, ce phénomène s’observe essentiellement – près d’un signalement sur deux – dès le collège.

D’autre part, l’islam radical qui gagne du terrain en France touche avant tout les jeunes. Ainsi, il y a un an, selon un sondage IFOP, 65 % des lycéens musulmans plaçaient leurs convictions religieuses au-dessus des lois de la République. Un chiffre en constante augmentation. Déjà en novembre 2020, 57 % des 15-24 ans plaçaient l’islam et la charia au-dessus des lois de la République (contre 30 % pour les plus de 35 ans).

Pour atteindre cette jeunesse en quête d’idéal, les réseaux islamistes, dont l’État islamique, ont développé une stratégie de communication performante sur les réseaux sociaux. Comme le résume le sociologue Elyamine Settoul, auprès du Comité interministériel pour la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) : « Avant, les jeunes se radicalisaient fréquemment via les mosquées ou les prisons. La rencontre était principalement physique » et nécessitait une action volontaire du jeune. Mais aujourd’hui, tout a changé. « Cela se fait beaucoup par le biais d’Internet et des réseaux sociaux », complète-t-il. À l’aide d’un simple téléphone portable, les adolescents peuvent accéder au site de l’État islamique et être mis en contact avec des recruteurs. Les jeux vidéo sont également un outil puissant de propagande utilisé par les islamistes pour séduire un jeune public en quête d’adrénaline et d’héroïsme. Sur les réseaux sociaux, enfin, les influenceurs proches de l’islam radical ont le vent en poupe et collectionnent les centaines de milliers d’abonnés. Des vidéos incitant les collégiens et lycéens à porter le voile ou des abayas au sein des établissements scolaires tournent fréquemment sur ces plates-formes.

Pour faire face à ce phénomène d’ampleur, le gouvernement promet d’agir et développe d’innombrables plans de prévention. Mais tant qu’aucun autre idéal ni aucune autre alternative d’accomplissement et de transcendance ne seront proposés à ces jeunes, l’islamisme gagnera du terrain.

D’après Clémence de Longraye