Anne Catherine Emmerich (8.09.1774 – 9.02.1824) est une mystique catholique appartenant à l’ordre des augustines. Elle est vénérée comme bienheureuse par l’Église catholique.

En 1820, elle eut des visions sur l’avenir de l’Eglise :

Sur la démolition de l’Eglise

« J’ai vu des gens de la secte secrète saper sans relâche la grande Eglise. (…) Et j’ai vu prés d’eux une horrible bête qui était montée de la mer. »

« Pendant ce temps, je vis ça et là, dans le monde entier, beaucoup de gens bons et pieux, surtout des ecclésiastiques, vexés, emprisonnés et opprimés et j’eus le sentiment qu’ils deviendraient un jour des martyrs. »

« Je vis l’Eglise de Saint Pierre et une énorme quantité d’hommes qui travaillaient à la renverser, mais j’en vis aussi d’autres qui y faisaient des réparations. (…)

Les démolisseurs détachaient de gros morceaux ; c’étaient particulièrement des sectaires en grands nombre et avec eux des apostats. (…) Parmi eux des hommes de distinction (…) et des prêtres catholiques. Déjà toute la partie antérieure de l’église était abattue ; il n’y restait plus debout que le sanctuaire avec le saint Sacrement. »

« J’eus encore le tableau des démolisseurs s’attaquant à l’Eglise de saint Pierre, je vis encore comment, à la fin, Marie étendit son manteau au dessus de l’Eglise et comment les ennemis de Dieu furent chassés. »

« Je vis à cette occasion pourquoi l’Eglise a été fondée à Rome ; c’est parce que c’est là le centre du monde et que tous les peuples s’y rattachent par quelques rapports. Je vis aussi que Rome restera debout comme une île (…) quand tout autour d’elle, tombera en ruine. »

« Lorsque je vis les démolisseurs, je fus émerveillée de leur grande habileté. Ils avaient toutes sortes de machines, tout se faisait suivant un plan ; rien ne s’écroulait de soi-même. Ils ne faisaient pas bruit ; ils faisaient attention à tout ; ils avaient recours à des ruses de toute espèce, et les pierres semblaient souvent disparaître de leurs mains. »

« Quelques uns d’entre eux rebâtissaient ; ils détruisaient ce qui est Saint et grand et ce qu’ils édifiaient n’était que du vide, du creux, du superflu. Ils emportaient les pierres de l’autel et en faisaient un perron à l’entrée. »

« Je vis les manquements et la décadence du sacerdoce ainsi que leurs causes. Je vis les châtiments qui se préparent. Les serviteurs de l’Eglise sont si lâches ! Ils ne font plus usage de la force qu’ils possèdent dans le sacerdoce. (…) Ils auront à rendre compte pour tout l’amour, toutes les consolations, toutes les exhortations, toutes les instructions touchant les devoirs de la religion, qu’ils ne nous donnent pas, quoique la force et la main de Jésus soit sur eux, pour tout ce qu’ils omettent de faire à la ressemblance de Jésus. »

« Je vis beaucoup de bons et pieux évêques, mais ils étaient mous et faibles et le mauvais parti prenant souvent le dessus (…) les évêques indignes restent capables de consacrer le Saint Sacrement et de conférer la prêtrise avec tous les pouvoirs qui y sont attachés. »

« Je vis dans une ville, une réunion d’ecclésiastiques, de laïques et de femmes, lesquels étaient assis ensembles, faisant bonne chère et se livrant à des badinages frivoles, et aux dessus d’eux, un brouillard obscur qui aboutissait à une plaine plongée dans les ténèbres. Au milieu de ce brouillard, je vis Satan siéger sous une forme hideuse et, autour de lui, autant de compagnons qu’il y avait de personnes dans la réunion qui était en dessous. Ces mauvais esprits étaient continuellement en mouvement et occupés à pousser au mal cette réunion de personnes. Il leur parlait à l’oreille et agissait sur eux de toutes les manières possibles. Ces gens étaient dans un état d’excitation sensuelle très dangereux et engagés dans des conversations folâtres et provocantes. Les ecclésiastiques étaient de ceux qui ont pour principe « Il faut vivre et laisser vivre. Il ne faut pas à notre époque affecter de se tenir à part ni faire le misanthrope : il faut se réjouir avec ceux qui se réjouissent ». « Comme il (Satan) parlait de son droit et que ce langage me surprenait beaucoup, je fus instruite que réellement il acquérait un droit positif quand une personne baptisée qui avait reçu par Jésus Christ le pouvoir de la vaincre se livrait au contraire à lui par le péché librement et volontairement ».

« Je vois une quantité d’ecclésiastiques frappés d’excommunication, qui ne semblent pas s’en inquiéter ni même le savoir.
Et pourtant, ils sont excommuniés, quand ils prennent part à des entreprises, qu’ils entrent dans des associations et adhèrent à des opinions sur lesquelles pèse l’anathème. Je vois ces hommes entourés d’un brouillard comme d’un mur de séparation. On voit par là combien Dieu tient compte des décrets, des ordres et des défenses du Chef de l’Eglise et les maintient en vigueur quand même les hommes ne s’en inquiètent pas, les renient ou s’en moquent. »

« Il me fut montré que les païens d’autrefois adoraient humblement d’autres dieux qu’eux-mêmes. Leur culte valait mieux que le culte de ceux-ci qui s’adoraient eux-mêmes en mille idoles et ne laissaient aucune place au Seigneur parmi ces idoles. »

« Je vois tant de traîtres ! Ils ne peuvent pas souffrir qu’on dise : “cela va mal”. Tout est bien à leurs yeux pourvu qu’ils puissent se glorifier avec le monde !».

«Je vis le Pape en prières ; il était entouré de faux amis qui souvent faisaient le contraire de ce qu’il disait. Je vis le saint Père dans une grande tribulation et une grande angoisse touchant l’Église. Je le vis très entouré de trahisons. Ils veulent enlever au pasteur le pâturage qui est à lui ! Ils veulent en imposer un qui livre tout aux ennemis ! (alors saisie de colère, elle leva le poing en disant : “Coquins d’allemands ! Attendez ! Vous n’y réussirez pas ! Le pasteur est sur un rocher ! Vous prêtres, vous ne bougez pas ! Vous dormez et la bergerie brûle par tous les bouts ! Vous ne faites rien ! Oh, comme vous pleurerez cela un jour !

«Je vois les ennemis du Saint-Sacrement qui ferment les églises et empêchent qu’on L’adore, s’attirer un terrible châtiment. Je les vois malades et au lit de la mort sans prêtre et sans sacrement».

« Quant à ceux qui récusent aujourd’hui le Pape, craignons qu’ils ne soient demain les premiers à acclamer le Ravisseur qui s’introduira dans la Bergerie».

« Alors la vision s’agrandit de tous côtés. Je vis partout les communautés catholiques opprimées, vexées, resserrées et privées de liberté. Je vis beaucoup d’Eglises fermées. Je vis de grandes misères se produire partout. Je vis des guerres et du sang versé. Je vis le peuple farouche, ignorant, intervenir avec violence. »

« Je vis le secours arriver au moment de la plus extrême détresse. »

L’église des apostats

« Je vis l’Eglise des apostats prendre de grands accroissements. Je vis les ténèbres qui en partaient se répandre alentour et je vis beaucoup de gens délaisser l’Eglise légitime et se diriger vers l’autre, disant ‘’là tout est plus beau plus naturel et mieux ordonné’’.

Je vis des choses déplorables : on jouait, on buvait, on bavardait, on faisait la cour aux femmes dans l’église, en un mot on y commettait toutes sortes d’abomination. Les prêtres laissaient tout faire et disaient la messe avec beaucoup d’irrévérence. J’en vis peu qui eussent encore de la piété et jugeassent sainement les choses.

Tout cela m’affligea beaucoup.

Alors mon Epoux céleste m’attacha par le milieu du corps comme lui-même avait été attaché à la colonne et il me dit « c’est ainsi que l’Eglise sera encore liée, c’est ainsi qu’elle sera étroitement Serrée avant qu’elle puisse se relever. » (…) Il me fut aussi montré qu’il n’y a presque plus de chrétiens dans l’ancien sens du mot. Cette vision m’a remplie de tristesse. »

« Cependant il y a trois Eglises dont ils ne peuvent s’emparer ce sont celles de Saint Pierre, Saint Marie Majeure et Saint Michel. Ils travaillent continuellement à les démolir mais ils n’en viennent pas à bout. Tous travaillent à les démolir même les ecclésiastiques. Une grande dévastation est proche. »

« J’eus une vision où je vis les autres dans la fausse église, édifice carré, sans clocher, noir et sale, avec un comble élevé. Ils étaient en grande intimité avec l’esprit qui y règne. Cette église est pleine d’immondices, de vanités, de sottise et d’obscurité. Presque aucun d’eux ne connaît les ténèbres au milieu desquelles il travaille. Tout y est pur en apparence : ce n’est que du vide. Elle est pleine d’orgueil et de présomption, et avec cela destructrice et conduisant au mal avec toute espèce de beaux dehors. Son danger est dans son innocence apparente. »

« Ils font et veulent des choses différentes : en certains lieux leur action est inoffensive ; ailleurs ils travaillent à corrompre un petit nombre de gens savants, et ainsi tous viennent ensemble aboutir à un centre, à une chose mauvaise par son origine, à un travail et à une action en dehors de Jésus-Christ pour lequel seul toute vie est sanctifiée et hors duquel toute pensée et toute action restent l’empire de la mort et du démon.

Je me trouvai dans un navire tout percé et j’étais couchée au fond, à la seule petite place qui fut encore intacte : les gens étaient assis sur les deux bords du navire. Je priais continuellement pour qu’ils ne fussent pas précipités dans les flots ; cependant ils me maltraitèrent et me donnèrent des coups de pieds. Je voyais à chaque instant le navire au moment de couler et j’étais malade à mourir. Je priais toujours pour que ces malheureux débarquassent aussi mais à peine étais-je sur le rivage que le navire coula à fond et aucun de ceux qui y étaient ne se sauva, ce qui me remplit de tristesse. »

La démocratie ou la république

« Je vis une verte prairie, beaucoup de gens parmi lesquels il y avait des savants, se réunir à part (…) et il apparut une nouvelle église dans laquelle ils se trouvèrent rassemblés. Cette Eglise était ronde avec une coupole grise et tant de gens y affluaient que je ne comprenais pas comment l’édifice pouvait les contenir tous. C’était comme un peuple entier. Cependant, elle devenait de plus en plus sombre et noire et tout ce qui s’y faisait était comme une vapeur noire. Ces ténèbres se répandirent au dehors et toute verdure se flétrit ; plusieurs paroisses des environs furent envahies par l’obscurité et la sécheresse et la prairie, à une grande distance, devint comme un sombre marécage ».

« Je ne puis trouver de termes pour décrire l’action terrible, sinistre, meurtrière, de cette église.

Toute verdure se desséchait, les arbres mouraient, les jardins perdaient leur parure. Je vis (…) les ténèbres produire leur effet sur une grande distance ; partout où elles arrivaient, s’étendait comme une corde noire. »

« Tout y est foncièrement mauvais ; c’est la communion des profanes. Je ne puis dire combien tout ce qu’ils font est abominable, pernicieux et vain. Ils veulent être un seul corps en quelque chose autre que le Seigneur. Il s’est formé un corps, une communauté en dehors du corps de Jésus qui est l’Eglise : une fausse Eglise sans Rédempteur, dont le mystère est de n’avoir pas de mystère. »

« Je voyageais à travers une contrée sombre et froide et j’arrivai dans la grande ville. J’y vis de nouveau la grande et singulière Eglise qu’on y construisait ; il n’y avait là, rien qui fut saint ; je vis cela de la même manière que je vis une œuvre ecclésiastique, à laquelle travaillent en commun des anges, des Saints et des chrétiens ; mais ici le concours était donné sous d’autres formes plus mécaniques. (..) Je vis plus loin sur l’arrière plan, le trône d’un peuple sauvage armé d’épieux, et une figure qui riait et qui disait : « Bâtis-la aussi solidement que tu voudras, nous la renverserons. »

Le protestantisme

« Je vis tout ce qui tient au protestantisme prendre de plus en plus le dessus, et la religion tomber en décadence complète. Il y avait à Rome, même parmi les prélats, bien des personnes de sentiments peu catholiques qui travaillaient au succès de cette affaire. Je vis aussi en Allemagne des ecclésiastiques mondains et des protestants éclairés manifester des désirs et former un plan pour la fusion des confessions religieuses et pour la suppression de l’autorité papale. »

«Ils bâtissaient une grande église étrange et extravagante ; tout le monde devait y entrer pour s’y unir et y posséder les mêmes droits ; évangéliques, catholiques, sectes de toute espèce : ce devait être une vraie communion des profanes où il n’y aurait qu’un pasteur et un troupeau. Il devait aussi y avoir un Pape (élu, vraisemblablement !) mais qui ne posséderait rien et serait salarié. Tout était préparé d’avance et bien des choses étaient déjà faites ; mais à l’endroit de l’autel, il n’y avait que désolation et abomination. »

« Je vis bien souvent Jésus lui-même cruellement immolé sur l’autel par la célébration indigne et criminelle des Saints Mystères. Je vis devant des prêtres sacrilèges, la sainte hostie reposer sur l’autel comme un enfant Jésus vivant qu’ils coupaient en morceaux avec la patène et qu’ils martyrisaient horriblement. Leur messe, quoique accomplissant réellement le Saint Sacrifice, m’apparaissait comme un horrible assassinat. »

« Je vois chez tous, même chez les meilleurs d’entre eux, un orgueil effrayant, mais chez aucun l’humilité, la simplicité et l’obéissance. Ils sont terriblement vains de la séparation dans laquelle ils vivent. Ils parlent de foi, de lumière, de christianisme vivant ; mais ils méprisent et outragent la sainte Église dans laquelle seule il faut chercher la lumière et la vie. »

«C’est quelque chose de très grand, mais aussi quelque chose d’impossible sans la vraie lumière, sans la simplicité et la pureté, que de vivre selon la foi de cette sainte Église. »

« Ils se placent au-dessus de tout pouvoir et de toute hiérarchie ecclésiastique et ne connaissent ni la soumission ni le respect envers l’autorité spirituelle. Dans leur présomption, ils prétendent mieux comprendre toutes choses que les chefs de l’Église et même que les saints docteurs. Ils rejettent les bonnes œuvres et veulent pourtant posséder toute perfection, eux qui, avec leur prétendue lumière, ne jugent nécessaires ni obéissance, ni règles de discipline, ni mortification, ni pénitence. Je les vois toujours s’éloigner de plus en plus de l’Église, et je vois beaucoup de mal provenir d’eux. Aucun égarement n’amène des conséquences aussi désastreuses et n’est aussi difficile à guérir que cet orgueil de l’esprit par suite duquel l’homme pécheur prétend arriver à la suprême union avec Dieu sans passer par le chemin laborieux de la pénitence, sans pratiquer même les premières et les plus nécessaires des vertus chrétiennes et sans autre guide que le sentiment intime et la lumière qui est censée donner à l’âme la certitude infaillible que le Christ opère en elle. Ces «éclairés» je les vois toujours dans un certain rapport avec la venue de l’Antéchrist, car eux aussi, par leurs menées, coopèrent l’accomplissement du mystère d’iniquité».

La doctrine de l’’Eglise est pervertie

« On gardait le silence sur la Croix, sur le sacrifice et la satisfaction, sur le mérite et le péché, ou les faits, les miracles et les mystères de l’histoire de notre rédemption devaient céder la place à de creuses ‘’théories de la révélation’’, où l’homme Dieu, pour être supporté, ne devait plus être présenté que comme ‘’l’ami des hommes, des enfants et des pécheurs’’ où sa vie n’avait de valeur que comme ‘’enseignement’’, sa Passion comme ‘’exemple de vertu’’, sa mort comme ‘’charité’’ sans objet ; où l’on enlevait au peuple croyant l’ancien catéchisme qu’on remplaçait par des ‘’histoires bibliques’’, où le manque total de doctrine devait être voilé sous un langage naïf à la portée de toutes les intelligence ; où les fidèles étaient forcés d’échanger leurs livres de piété, leur vieilles formules de prière et leurs anciens cantiques contre des productions de fabrique moderne aussi mauvaises et aussi impies que celles par lesquelles on cherchait à remplacer le missel, le bréviaire et le rituel. »

Elle voit d’autres croyants : « Mais alors que la ferveur religieuse authentique est calme, profonde et pacifique, ceux-ci se tordent, s’agitent et se convulsent. Scandant le nom de Jésus au rythme d’une musique sabbatique, ils s’affaissent haletant d’extase sensuelle. »

Le Pape fuit Rome

« J’arrivai chez Saint Pierre et Saint Paul et je vis un monde ténébreux plein de détresse, de confusion et de corruption. Je vis le Saint Père dans une grande tribulation et une grande angoisse touchant l’Eglise. Je vis l’Eglise de saint Pierre qu’un petit homme portait sur ses épaules. (…) Marie se tenait debout sur l’Eglise du côté du Nord et étendait son manteau pour la protéger. Le petit homme paraissait succomber. Les douze apôtres que je vois toujours comme de nouveaux apôtres devaient l’aider à porter son fardeau : mais ils venaient un peu trop lentement. Il paraissait au moment de tomber sous le faix, alors enfin, ils arrivèrent tous, se mirent dessous et plusieurs anges lui vinrent en aide. C’était seulement le pavé et la partie postérieure de l’Eglise, tout le reste avait été démoli par la secte et par les serviteurs de l’Eglise aux mêmes. Ils portèrent l’Eglise dans un autre endroit et il me sembla que plusieurs palais tombaient devant eux comme des champs d’épis qu’on moissonne. »

« Je vis beaucoup d’abominations en détail ; je reconnus Rome et je vis l’Eglise opprimée et sa décadence à l’intérieur et à l’extérieur. L’Eglise était rouge de sang, et il me fut dit qu’elle serait lavée dans le sang. »

«Le Pape n’était pas dans l’Eglise. Il était caché.»

« Je crois que ceux qui étaient dans l’Eglise ne savaient pas où il était. Je ne sais plus s’il priait ou s’il était mort, mais je vis que tous les assistants, prêtres et laïques, devaient poser la main sur un certain passage du livre des Evangiles et que sur beaucoup d’entre eux, descendait comme un signe particulier, une lumière que leur transmettaient les saints apôtres et les saints évêques. Je vis aussi que plusieurs ne faisaient cela que pour la forme».

La guerre

« Je vis détruire tout ce qui était sacré et l’impiété et l’hérésie faire irruption. On était aussi menacé d’une guerre civile prochaine et d’une crise intérieure qui allait tout détruire ».

« Presque tout le peuple était divisé en deux parties et ils étaient occupés d’intrigues ténébreuses et dégoutantes, (…) d’abominables manœuvres : on se trahissait mutuellement, tous se surveillaient les uns les autres et chacun semblait être l’espion de son voisin. »

« Je vis un grand orage venir du Nord. Il s’avançait en demi-cercle vers la ville à la haute tour et ils ‘étendit aussi vers le couchant. Je vis au loin des combats et des raies de sang dans le ciel au dessus de plusieurs endroits, et je vis approcher des malheurs et des misères infinies pour l’Eglise. »

« J’ai vu sur cette ville de terribles menaces venant du Nord. Je vis Rome dans un état si déplorable que la moindre étincelle pouvait mettre le feu partout. Je vis la Sicile sombre, effrayante et quittée par tous ceux qui pouvaient s’enfuir ».

« Je vois l’Eglise complètement isolée et comme tout à fait délaissée. Il semble que tout le monde s’enfuit. Tout est en lutte autour d’elle. Partout je vois de grandes misères, la haine, la trahison et le ressentiment, le trouble, l’abandon et un aveuglement complet. »

« Je vois d’un point central et ténébreux partir des messagers pour porter quelque chose en plusieurs lieux : cela sort de leur bouche comme une vapeur noire qui tombe sur la poitrine des auditeurs et allume en eux la haine et la rage. »

« Je prie ardemment pour les opprimés. Sur des lieux où prient quelques personnes, je vois descendre la lumière, sur d’autres d’épaisses ténèbres. La situation est terrible. »

« Je vois planer sur certains lieux et certaines villes, des apparitions effrayantes qui les menacent de grands dangers ou même d’une destruction totale. Je vois tel lieu s’enfoncer en quelque sorte dans la nuit : dans un autre, je vois le sang couler à flot dans des batailles livrées en l’air, dans les nuages. »

« Et ces dangers, ces châtiments, je ne les vois pas comme des choses isolées, mais comme des conséquences de ce qui se passe dans d’autres contrées où le péché éclate en violences et en combats acharnés et je vois le péché devenir la verge qui frappe les coupables ».

« Je vis de nouveau les ennemis du dedans s’avançant de tous les côtés et ceux qui attisaient le feu jetés eux-mêmes dans la fournaise ».

Paris

« Il me sembla qu’on minait en dessous une grande ville où le mal était à son comble. Il y avait plusieurs diables occupés à ce travail. Ils étaient déjà très avancés et je croyais qu’avec tant et de si pesants édifices elle allait bientôt s’effondrer. J’ai souvent eu, à propos de Paris, l’impression qu’il devait être ainsi englouti : je vois tant de cavernes en dessous. Elle vit une affreuse corruption, de grandes misères et des abominations horribles dans la capitale. »

Il lui sembla qu’elle était prés de s’engloutir « il n’y resterait pierre sur pierre ».

« Quand j’arrive dans un pays, je vois le plus souvent dans sa capitale, comme un point central, l’état général de ce pays sous forme de nuit, de brouillard, de froid ; je vois aussi de très prés les sièges principaux de la perdition. (…) De ces foyers de corruption, je vois des écoulements et des bourbiers se répandre à travers le pays comme des canaux empoisonnés et je vois au milieu de tout cela les gens pieux en prière, les églises où repose le saint sacrement, les corps innombrables des saints et des bienheureux, toutes les œuvres de vertu, d’humilité, de foi, exercer une action qui soulage, qui apaise où des méchants comme des bons passent devant mes yeux. »

Le secours de l’Eglise

« Pendant que tout cela sort comme un développement des tableaux ténébreux que je vois sur la terre dans ces pays, je vois les bons germes lumineux qui sont en eux, donner naissance à des tableaux placés dans une région plus élevée. Je vois au-dessus de chaque pays un monde de lumière qui représente tout ce qui s’est fait pour lui par des saints, enfants de ce pays, ce qu’ils ont fait descendre sur lui par les mérites de Jésus-Christ des trésors de grâce de l’église. »

« Je vois au-dessus d’églises dévastées planer des églises dans la lumière, je vois les évêques et les docteurs, les martyrs, les confesseurs, les voyants et tous les privilégiés de la grâce qui ont vécu là ; j’entre dans des tableaux où figurent leurs miracles et les grâces qu’ils on reçus, et je vois les visions, les révélations, les apparitions les plus importantes qu’ils aient eues ; je vois toutes leurs voies et leurs relations l’action qu’ils ont exercée de près et de loin, l’enchaînement de leurs travaux et les effets produits par eux jusqu’aux distances les plus éloignées.

Je vois tout ce qui a été fait, comment cela a été anéanti ; et comment toutefois la bénédiction demeure toujours sur les voies qu’ils ont parcourues, comment ils restent toujours en union avec leur patrie et leur troupeau par l’intermédiaire de gens pieux qui gardent leur mémoire et particulièrement comment leurs ossements, là où ils reposent, sont, par suite d’un rapport intime qui les rattache à eux, des sources de leur charité et de leur intercession. »

La nature

« Je vis la terre comme une surface ronde qui était couverte d’obscurité et de ténèbres. »

« Tout se desséchait et semblait périr. Je vis cela avec des détails innombrables chez des créatures de toutes espèces, telles que les arbres, les arbrisseaux, les plantes, les fleurs et les champs. C’était comme si l’eau était pompée dans les ruisseaux, les fontaines, les fleuves et les mers, ou comme si elle retournait à sa source, aux eaux qui sont au dessus du firmament et autour du paradis. Je traversai la terre désolée et je vis les fleuves comme des lignes menues, les mers comme de noirs abîmes où l’on ne voyait plus qu’au centre quelques flaques d’eau. Tout le reste était une vase épaisse et trouble dans laquelle je voyais des animaux et des poissons énormes embourbés en luttant contre la mort. »

« Je vis aussi des lieux et des hommes dans le plus triste état de confusion et de perdition et je vis à mesure que la terre devenait plus désolée et plus aride, les œuvres ténébreuses des hommes aller croissant. »

La reconstruction de l’Eglise

« Alors je vis rebâtir l’Eglise très promptement et avec plus de magnificence que jamais. Je vis une femme pleine de majesté s’avancer dans la grande place qui est devant l’Eglise. Elle avait son ample manteau relevé sur les deux bras et elle s’éleva doucement en l’air. Elle se posa sur le dôme et étendit (…) son manteau qui semblait rayonner d’or. Les démolisseurs venaient de prendre un instant de repose, mais, quand ils voulurent se remettre à l’œuvre, il leur fut absolument impossible d’approcher de l’espace couvert par le manteau. »

« Pendant ce temps, je vis çà et là, dans le monde entier, beaucoup de gens bons et pieux, surtout des ecclésiastiques, vexés, emprisonnés et opprimés, et j’eus le sentiment qu’ils deviendraient un jour des martyrs. Comme l’église était déjà en grande partie démolie, si bien qu’il ne restait plus debout que le chœur avec l’autel, je vis ces démolisseurs pénétrer dans l’église avec la bête : ils y trouvèrent une grande femme pleine de majesté. Il semblait qu’elle fut enceinte; car elle marchait lentement : les ennemis furent saisis d’effroi à sa vue et la bête ne put plus faire un pas en avant. Elle allongea le cou vers la femme de l’air le plus furieux, comme si elle eût voulu la dévorer. Mais la femme se retourna et se prosterna la face contre terre. Je vis alors la bête s’enfuir de nouveau vers la mer et les ennemis courir dans le plus grand désordre : puis je vis, dans le lointain, s’approcher de grandes cohortes, rangées en cercle tout autour de l’Eglise, les unes sur la terre, les autres dans le Ciel. La première était composée de jeunes hommes et de jeunes filles, la seconde de gens mariés (…), la troisième de religieux, la quatrième de gens de guerre. Et avant ceux-ci, je vis un homme monté sur un cheval blanc.

La dernière troupe était composée de bourgeois et de paysans dont beaucoup étaient marqués au front d’un croix rouge. Pendant qu’ils s’approchaient, des captifs et des opprimés furent délivrés et se joignent à eux. Tous les démolisseurs et les conjurés furent chassés de partout devant eux et furent, sans savoir comment, réunis en une seule masse confuse et couverte d’un brouillard. Ils ne savaient ni ce qu’ils avaient fait, ni ce qu’ils devaient faire, et ils couraient, donnant de la tête les uns contre les autres, ce que je les vois souvent faire. Lorsqu’ils furent tous réunis en une seule masse, je les vis abandonner leur travail de démolition de l’Eglise et se perdre dans divers groupes. Alors je vis rebâtir l’Eglise très promptement et avec plus de magnificence que jamais : car les gens de toutes les cohortes se faisaient passer des pierres d’un bout du monde à l’autre. Lorsque les groupes les plus éloignés s’approchèrent, celui qui était le plus près du centre se retira derrière les autres. C’était comme s’ils présentaient divers travaux de la prière et les groupe de soldats les œuvres de la guerre. Je vis dans celui-ci des amis et des ennemis appartenant à toutes les nations. C’étaient purement des gens de guerre comme les nôtres et revêtus de même. Le cercle qu’ils formaient n’était pas fermé, mais il y avait vers le nord un grand intervalle vide et sombre : c’était comme un trou, comme un précipice. J’eus le sentiment qu’il y avait là, une terre couverte de ténèbres.

Je vis aussi une partie de ce groupe rester en arrière : ils ne voulaient pas aller en avant et tous avaient l’air sombre et restaient serrés les uns contre les autres. Dans tous ces groupes, je vis beaucoup de personnes qui devaient souffrir le martyre pour Jésus : il y avait encore là beaucoup de méchants et une autre séparation devait plus tard avoir lieu.”

A la fête de la Purification en 1822 :

“J’ai vu, ces jours ci, les choses merveilleuses touchant l’Eglise. L’Eglise de Saint Pierre était presque entièrement détruite par la secte : mais les travaux de la secte furent aussi détruits à tout ce qui lui appartenait ; ses tabliers et son attirail furent brûlés par le bourreau sur une place marquée d’infamie (…) la puanteur en était si grande qu’elle m’a rendue malade. J’ai vu dans cette vision la Mère de Dieu travailler de telle manière pour l’Eglise que ma dévotion envers elle s’en est encore beaucoup accrue.”

“L’Eglise, dit elle en gémissant, est en grand péril. j’ai ordre de demander à quiconque vient me voir de demander un Pater à son intention.
Il faut prier pour que le Pape ne quitte pas Rome, il en résulterait des maux incalculables. On veut maintenant exiger quelque chose de lui.
La doctrine protestante et celle des grecs schismatiques doivent se propager partout.”

Combat spirituel

« Je vis de grandes troupes venant de plusieurs pays se diriger vers un point et des combats se livrer partout. Je vis au milieu d’eux une grande tache noire comme un énorme trou ; ceux qui combattaient à l’entour devenaient de moins en moins nombreux, comme si plusieurs y fussent tombés sans qu’on le remarquât. Pendant ce temps, je vis encore au milieu des désastres les douze hommes dont j’ai déjà parlé, dispersés en diverses contrées sans rien savoir les uns des autres, recevoir des rayons de l’eau vive.

Je vis que tous faisaient le même travail de divers côtés ; qu’ils ne savaient pas d’où il leur était commandé et que quand une chose était faite, une autre leur était donnée à faire. Ils étaient toujours douze dont aucun n’avait plus de quarante ans … Je vis que tous recevaient de Dieu ce qui s’était perdu et qu’ils opéraient le bien de tous les côtés ; ils étaient tous catholiques. Je vis aussi, chez les ténébreux destructeurs, de faux prophètes et les gens qui travaillaient contre les écrits des douze nouveaux apôtres. Comme les rangs de ceux qui combattaient autour de l’abîme ténébreux allaient s’éclaircissant de plus en plus, et comme pendant le combat toute une ville avait disparu, les douze hommes apostoliques gagnaient sans cesse un grand nombre d’adhérents, et de l’autre ville partit comme un coin lumineux qui entra dans le disque sombre. »

Elle voit un danger pour l’un de ces nouveaux apôtres : « La fiancée qui avait près d’elle beaucoup d’hommes et de femmes, était une personne de grande taille, à l’air effronté et avec une parure de courtisane. (…) Sur son épaule s’agitait un hibou, lui parlant à l’oreille, tantôt à gauche, tantôt à droite : il semblait être son esprit familier. Cette femme, avec toute sa suite et de nombreux bagages, entra pompeusement dans la maison de noces et en chassa tous ceux qui s’y trouvaient. Les vieux messieurs et les ecclésiastiques eurent à peine le temps de ramasser leurs livres et leurs papiers, tous furent obligés de sortir, les uns plein d’horreur, les autres plein de sympathie pour la courtisane. Quelques uns allèrent à l’Eglise d’autres dans diverses directions, marchant en groupes séparés. Elle renversa tout ce qui était dans la maison, jusqu’à la table et aux verres qui étaient dessus. Il n’y eut que la chambre où étaient les habits de la fiancée et la salle que j’avais vu se transformer en une église consacrée à la Mère de Dieu qui restèrent fermées et intactes. Chose remarquable, la courtisane, tout son attirail et ses livres fourmillaient de vers luisants, et elle avait l’odeur infecte de ce scarabée brillant qui sent si mauvais. Les femmes qui l’entouraient étaient des prophétesses magnétiques : elles prophétisaient et la soutenaient. Mais cette ignoble fiancée voulait se marier et, qui plus est, à un jeune prêtre pieux et éclairé. Je crois que c’était un des douze que je vois souvent opérer des œuvres importantes sous l’influence de l’Esprit-Saint. Il s’était enfui de la maison devant cette femme. Elle le fit revenir en lui adressant les paroles les plus flatteuses. Quand il arriva, elle lui montra tout et voulait tout remettre en ses mains. »

«Il s’arrêta quelques temps: mais comme elle se montrait avec lui pressante et sans retenue, et qu’elle employait tous les moyens imaginables pour le porter à la prendre pour femme, il prit un air très grave et très imposant : il la maudit ainsi que tous ses manèges, comme étant ceux d’une infâme courtisane, et se retira».

«Alors je vis tout ce qui était avec elle s’enfuir, céder la place, mourir et noircir. Toute la Maison des Noces devenait en un instant sombre et noir, et les vers qui y fourmillaient commencèrent à piquer et à ronger tout. Et la femme elle-même, rongée entièrement par les vers, tomba par terre et resta étendue sur le sol, conservant sa forme extérieure : mais tout en elle était décomposé et comme de l’amadou. Alors, quand tout fut réduit en poussière et que le silence régna partout, le jeune prêtre revint et avec lui deux autres dont l’un, qui était un homme âgé, semblait envoyé de Rome. Il portait une croix qu’il planta devant la Maison des Noces, devenue toute noire : il tira quelque chose de cette croix, entra dans la maison, ouvrit les portes et les fenêtres, et il sembla que les autres qui étaient devant la maison priaient, consacraient et exorcisaient. Il s’éleva un orage impétueux qui passa à travers la maison et il en sortit une vapeur noire qui s’en alla au loin vers une grande ville où elle se partagea en nuages de diverses grandeurs. Quant à la maison, elle fut de nouveau occupée par un nombre choisi parmi les anciens habitants. On y installa aussi quelques-uns de ceux qui étaient venus avec l’impure fiancée et qui s’étaient convertis. Tout fut purifié et recommença à prospérer, le jardin, les peuples, les diocèses aussi redevint en son premier état. »

«Je vis dans deux sphères opposées l’empire de Satan et l’empire du Sauveur. Je vis la ville de Satan et une femme, la prostituée de Babylone, avec leurs prophètes et leurs prophétesses, leurs thaumaturges et leurs apôtres. Là tout était riche, brillant, magnifique, comparé à l’empire du Sauveur. J’y ai vu des rois, des empereurs, des prêtres superbement vêtus et montés sur des chars. Satan avait un trône magnifique. En même temps je vis l’empire du Sauveur, pauvre et à peine visible sur la terre, plongé dans le deuil et la désolation. L’Eglise me fut présentée tout à la fois sous les traits de la Vierge et sous ceux du Sauveur sur la Croix, dont le côté entr’ouvert semblait indiquer au pêcheur l’asile de la grâce. Je vis au-dessus de l’Eglise fort amoindrie, une femme majestueuse revêtue d’un manteau bleu de ciel qui s’étalait au loin, et portant une couronne d’étoiles sur la tête. J’aperçus une sorte de large manteau qui allait toujours en s’élargissant et qui finit par embrasser tout un monde avec ses habitants. En même temps, ce symbole fut pour moi une image du temps présent, et je vis des prêtres faire des trous dans ce manteau et regarder à travers. Les nouveaux apôtres se réunirent tous dans la lumière.

J’ai cru me voir au premier rang avec d’autres que je connaissais.

Maintenant, tout refleurissait. Je vis un nouveau Pape très ferme ; je vis aussi le noir abîme se rétrécir de plus en plus : à la fin, il était arrivé à ce point qu’un seau d’eau pouvait en couvrir l’ouverture. En dernier lieu, je vis encore trois groupes ou trois réunions d’hommes s’unir à a lumière. Ils avaient parmi eux des gens de bien éclairés, et ils entrèrent dans l’Eglise. Les eaux abondaient de toutes parts : tout était vert et fleuri. Je vis bâtir des églises et des couvents.

« Je vis de nouveau la sainte Vierge monter sur l’Eglise et étendre son manteau. Lorsque j’eus ce dernier spectacle, je ne vis plus le Pape actuel. Je vis un de ses successeurs. Je le vis à la fois doux et sévère. Il savait s’attacher les bons prêtres et repousser loin de lui les mauvais. Je vis tout se renouveler et une Eglise qui s’élevait jusqu’au ciel. »

Une autre bataille

« Déjà toute la partie antérieure de l’Eglise était abattue : il n’y restait plus debout que le sanctuaire avec le Saint sacrement. J’étais accablée de tristesse et je me demandais toujours où était donc cet homme que j’avais vu autrefois se tenir sur l’Eglise pour la défendre, portant un vêtement rouge et tenant une bannière blanche. Je vis de nouveau l’Eglise de saint Pierre avec sa haute coupole. Saint Michel se tenait au sommet, brillant de lumière, portant un vêtement rouge de sang et tenant à la main un grand étendard de guerre. Sur la terre, il y avait un grand combat. Des verts et des bleus combattaient contre des blancs, et ces blancs qui avaient au-dessus d’eux une épée rouge et flamboyante, paraissaient avoir le dessous ; mais tous ignoraient pourquoi ils combattaient. L’Eglise était toute rouge de sang comme l’ange, et il me fut dit qu’elle serait lavée dans le sang. Plus le combat durait, plus la couleur sanglante s’effaçait de l’Eglise et elle devint de plus en plus transparente. Cependant, l’ange descendit, alla aux blancs et je le vis plusieurs fois en avant de toutes leurs cohortes. Alors, ils furent animés d’un courage merveilleux sans qu’ils sussent d’où ça leur venait ; c’était l’ange qui multipliait ses coups parmi les ennemis, lesquels s’enfuirent de tous côtés. Le glaive de feu qui était au-dessus des blancs victorieux, disparut alors. Pendant le combat, des troupes d’ennemis passaient continuellement de leur côté et une fois il en vint une très nombreuse. Au-dessus du champ de bataille, des troupes de Saints parurent dans l’air : ils montraient, indiquaient ce qu’il fallait faire, faisaient des signes avec la main : tous étaient différents entre eux, mais inspirés d’un même esprit et agissant dans un même esprit. Lorsque l’ange fut descendu du haut de l’Eglise, je vis au-dessus de lui dans le ciel une grande croix lumineuse à laquelle le Sauveur était attaché ; de ses plaies sortaient des faisceaux de rayons resplendissants qui se répandaient sur le monde. Les plaies étaient rouges et semblables à des portes éclatantes dont le centre était de la couleur du soleil. Il ne portait pas de couronne d’épine, mais de toutes les plaies de la tête partaient des rayons qui se dirigeaient. »

« Je les vis ça et là, tantôt de loin, tantôt de près, tomber sur divers mourants et aspirer les âmes qui, entrant dans un de ces rayons colorés, pénétraient dans la plaie du Seigneur. Les rayons de la plaie du côté se répandaient sur l’Eglise placée au-dessous, comme un courant abondant et très large. L’Eglise en était toute illuminée, et je vis la plupart des âmes entrer dans le Seigneur par ce courant de rayons. Je vis aussi planer à la surface du ciel un cœur resplendissant d’une lumière rouge, duquel partait une voie de rayons blancs qui conduisaient dans la plaie du côté…”

« Et une autre voie qui se répandait sur l’Eglise et sur beaucoup de pays. »

« Ces rayons attiraient à eux un grand nombre d’âmes qui, par le cœur et la voie lumineuse, entraient dans le côté de Jésus. Il me fut dit que ce cœur était Marie. »

“J’eus encore la vision d’une immense bataille. Toute la plaine était couverte d’une immense fumée : il y avait des taillis remplis de soldats d’où l’on tirait continuellement. C’était un lien bas : on voyait de grandes villes dans le lointain. Je vis saint Michel descendre avec une nombreuse troupe d’anges et séparer les combattants. Mais cela n’arrivera que quand tout semblera perdu. Un chef invoquera saint Michel et alors la victoire descendra. Elle ignorait l’époque de cette bataille. Elle dit une fois que cela arriverait en Italie, non loin de Rome où beaucoup d’anciennes choses seraient détruites et où beaucoup de saintes choses nouvelles reparaitraient un jour. Saint Michel descendit dans l’église (démolie à l’exception du chœur et du maître-hôtel) revêtu de son armure, et il arrêta en les menaçant de son épée, plusieurs mauvais pasteurs qui voulaient y pénétrer. Il les chassa dans un coin obscur où ils s’assirent, se regardant les uns les autres. La partie de l’Eglise qui était démolie fut en peu d’instants entourée d’un léger clayonnage, de manière à ce que l’on pu y célébrer parfaitement le service divin. Puis il vint de toutes les parties du monde des prêtres et des laïques, qui refirent les murs de pierre ; car les démolisseurs n’avaient pas pu ébranler les fortes pierres des fondements. »

«Je vis la fille du roi des rois attaquée et persécutée. Elle pleurait beaucoup sur tout le sang qui allait se répandre et promenait ses regards sur une tribu de vierges fortes qui devaient combattre à ses côtés. J’eus beaucoup à faire avec elle et je la suppliai de penser à mon pays et à certaines contrées que je lui recommandai. Je demandai pour les prêtres quelque chose de ses trésors ; elle me répondit : « Oui, j’ai de grands trésors, mais on les foule aux pieds. »

Là-dessus, je reçus de mon conducteur une nouvelle exhortation à prier moi-même et à exciter tout le monde, autant que possible, à prier pour les pêcheurs et en particulier pour les prêtres égarés. «De bien mauvais temps vont venir » me dit-il.

«Les non-catholiques séduiront bien des gens et chercheront par tous les moyens imaginables à tout enlever à l’Eglise. Il s’ensuivra une grande confusion. »

J’eus une autre vision où je vis comment on préparait l’armure de la fille du roi. Une multitude de personnes y contribuaient. Et ce qu’elles apportaient consistait en prières en bonnes œuvres en victoires sur elles-mêmes et en travaux de toute espèce. Tout cela allait de main en main jusqu’au ciel, et, là, chaque chose, après avoir subi un travail particulier, devenait une pièce de l’armure dont on revêtait la Vierge. On ne pouvait qu’admirer à quel point tout s’ajustait bien et l’on était frappé de voir comment chaque chose en signifiait une autre. La Vierge fut armée de la tête aux pieds. Je reconnus plusieurs des personnes qui donnaient leur concours et je vis avec surprise que des établissements entiers et de grands et savants personnages ne fournissaient rien, tandis que des pièces importantes de l’armure provenaient de gens pauvres et de petite condition. Je vis la bataille. Les ennemis étaient infiniment plus nombreux mais la petite troupe fidèle abattait des rangs entiers. Pendant le combat, la Vierge armée se tenait sur une colline ; je courus à elle et lui recommandai ma patrie et les endroits pour lesquels j’avais à prier. Son armure avait quelque chose d’étrange ; tout y avait une signification ; elle portait un casque, un bouclier et une cuirasse. Quant aux gens qui combattaient ils ressemblaient à nos soldats d’à présent. C’était une terrible guerre : à la fin, il ne resta plus qu’une petite troupe de champions de la bonne cause, lesquels remportèrent la victoire».

Le retour de la foi

«L’incrédulité de l’époque est à son comble : il y aura encore une confusion incroyable ; mais après l’orage, la foi se rétablira. Cependant, de l’autre côté, ceux qui rebâtissaient se mirent à travailler avec une incroyable activité. Il vint des hommes d’un très grand âge, imposants, oubliés, puis beaucoup de jeunes gens forts et vigoureux, des femmes, des enfants, des ecclésiastiques et des séculiers, et l’édifice fut bientôt restauré entièrement. Je vis alors un nouveau Pape venir avec une procession. Il était plus jeune et beaucoup plus sévère que le précédent. On le reçut avec une grande pompe. Il semblait prêt à consacrer l’Eglise mais j’entendis une voix disant qu’une nouvelle consécration n’était pas nécessaire, que le très saint Sacrement y était toujours resté. On devait alors célébrer très solennellement une double fête : un jubilé universel et la restauration de l’Eglise. Le Pape avant le commencement de la fête, avait déjà disposé ses gens qui repoussèrent et renvoyèrent de l’assemblée des fidèles, sans trouver aucune contradiction, une foule de membres du haut et du bas clergé. Je vis qu’ils quittèrent l’assemblée en murmurant et pleins de colère. Le Pape pris à son service de toutes autres personnes, ecclésiastiques et même laïques. Alors commença la grande solennité dans l’Eglise de Saint Pierre. Les hommes au tablier blanc continuaient à travailler à leur œuvre de démolition sans bruit et avec circonspection, quand les autres ne les voyaient pas : ils étaient craintifs et avaient l’œil au guet. »

« J’ai vu ces jours-ci, des choses merveilleuses touchant l’Eglise. L’Eglise de saint Pierre était presque entièrement détruite par la secte : mais les travaux de la secte furent aussi détruits et tout ce qui leur appartenait, ses tabliers et son attirail furent brulés par le bourreau sur une place marquée d’infamie. C’était purement du cuir de cheval et la puanteur en était si grande qu’elle m’a rendue malade. J’ai vu dans cette vision la Mère de Dieu travailler de telle manière pour l’Eglise que ma dévotion envers elle s’en est encore accrue.»

«Je vis une grande fête dans l’Eglise qui, après la victoire remportée, rayonnait comme un soleil. Je vis un nouveau Pape très austère et très énergique. Je vis avant le commencement de la fête, beaucoup d’évêques et de pasteurs chassés par lui pace qu’ils étaient mauvais. »

«Je le vis à la fois doux et sévère. Il savait s’attacher les bons prêtres et repousser loin de lui les mauvais. Je vis tout se renouveler et une église qui s’élevait jusqu’au ciel. Je vis un nouveau Pape très ferme. Il y a eu dans l’Eglise spirituelle une fête d’action de grâces ; il y avait là une gloire splendide, un trône magnifiquement orné, Saint Paul, Saint Augustin et d’autres saints convertis figuraient là d’une manière toute spéciale. C’était une fête où l’Eglise triomphante remerciait Dieu d’une grande grâce qui ne doit arriver à sa maturité que dans l’avenir. C’était quelque chose comme une consécration future. Cela avait rapport au changement moral opéré dans un homme de condition, svelte et assez jeune, lequel doit un jour être Pape. J’ai vu aussi dans cette vision beaucoup de chrétiens rentrer dans l’Eglise. Ils entraient à travers les murs de l’Eglise. Je vis que ce Pape doit être sévère et qu’il éloignera de lui les évêques tièdes et froids. Mais beaucoup de temps doit encore s’écouler jusque-là. Je le vis en bas dans l’Eglise entouré d’autres hommes pieux : il avait été lié avec ce vieux prêtre que j’ai vu mourir à Rome, il y a quelques jours. Le jeune homme était déjà dans les ordres et il semblait qu’il reçut (…) une dignité. Il n’est pas Romain mais italien, d’un endroit qui n’est pas très éloigné de Rome, et il appartient, je crois, à une pieuse famille princière. »

Je vis alors tout près d’être exaucée, la prière «Que ton règne vienne”. Le 27 décembre, jour de la fête de saint Jean l’Evangéliste, elle vit l’Eglise romaine brillante comme un soleil. Il en partait des rayons qui se répandaient sur le monde entier. »

«Il me fut dit que cela se rapportait à l’Apocalypse de saint Jean, sur laquelle diverses personnes dans l’Eglise doivent recevoir des lumières et cette lumière tombera tout entière sur l’Eglise. Pendant que le combat s’achevait sur la terre, l’Eglise et l’ange, qui disparut bientôt, étaient devenus blancs et lumineux. La Croix aussi s’évanouit et à sa place se tenait debout sur l’église une grande femme brillante de lumière qui étendait au loin au-dessus d’elle son manteau d’or rayonnant. »

«Dans l’Eglise, on vit s’opérer une réconciliation accompagnée de témoignages d’humilité. Je vis des évêques et des pasteurs s’approcher les uns des autres et échanger leurs livres : les sectes reconnaissaient l’Eglise à sa merveilleuse victoire et aux clartés de la révélation qu’elles avaient vues de leurs yeux rayonner sur elle. »

« Je vis de grandes bénédictions répandues d’en haut et beaucoup de changements. Je vis aussi le Pape ordonner et régler tout cela. Je vis surgir des hommes pauvres et simples dont plusieurs étaient encore jeunes. Je vis beaucoup d’anciens dignitaires ecclésiastiques qui, s’étant mis au service des mauvais évêques, avaient laissé en oubli les intérêts de l’Eglise, se trainer sur des béquilles, comme boiteux et paralytiques; ils furent amenés par deux conducteurs et reçurent leur pardon. »

« Au dehors de l’Eglise, je vis arriver beaucoup de juifs qui voulaient rentrer, mais il ne le pouvaient pas encore. »

«Je vis une quantité de mauvais évêques, qui avaient cru pouvoir faire quelque chose d’eux mêmes et qui ne recevaient pas pour leurs travaux la force du Christ par l’intermédiaire de leurs saints prédécesseurs et de l’Eglise, chassé et remplacés par d’autres. Les ennemis qui avaient pris la fuite dans le combat ne furent pas poursuivis ; mais ils se dispersèrent de tous côtés. Je vis le sacerdoce et les ordres religieux se relever après une longue décadence. Il me semble qu’une masse de gens pieux avait surgi et que tout sortait d’eux et se développait. Je vis dans l’Eglise de saint Pierre, à Rome, une grande fête avec beaucoup de lumières et je vis que le Saint Père, ainsi que beaucoup d’autres, a été fortifié par le Saint Esprit. Je vis aussi en divers lieux du monde, la lumière descendre sur les douze hommes que je vois si souvent comme douze nouveaux apôtres ou prophètes de l’Eglise. »

«Je ressentis une profonde impression de l’approche du royaume de Dieu. Je sentis une splendeur et une vie supérieure se manifester dans toute la nature, et une sainte émotion s’emparer de tous les hommes, comme au temps où la naissance du Seigneur était proche, et je sentis tellement l’approche du royaume de Dieu que je me sentis forcée de courir à sa rencontre et de pousser des cris de joie. »

« J’ai eu déjà le sentiment de l’avènement de Marie dans ses premiers ancêtres. Je vis leur souche s’ennoblir à mesure qu’elle approchait du point où elle produirait cette fleur. Je vis arriver Marie ; comment cela, je ne puis l’exprimer ; c’est de la même manière que j’ai toujours le pressentiment d’un rapprochement du Royaume de Dieu. Je ne puis le comparer qu’à cet autre sentiment dont je parlais. Je l’ai vu s’approcher, attiré par l’ardent désir de beaucoup de chrétiens, pleins d’humilité, d’amour et de foi ; c’était le désir qui l’attirait. »

« J’ai appris par une vision, que vers la fin du monde, une bataille sera livrée contre l’Antéchrist, dans la plaine de Mageddo. »

Sources :

“La Douloureuse Passion de Jésus-Christ” – Anne-Catherine Emmerich / Clemens Brentano – éditions F.X. de Guibert, Paris – 2004 ISBN 2-86839-942-8. Cette réédition récente, qui correspond à la première œuvre publiée, la seule du vivant de C. Brentano, a été adaptée par LinaMurrNehmé, disponible sur livres-mystiques.com

“La Passion” – Anne-CatherineEmmerick, Presses de la Renaissance, 2004, édition entièrement retraduite par JoachimBouflet.

“La Vie de la Vierge Marie”, Anne-CatherineEmmerick, Presses de la Renaissance, Paris 2006. Texte intégral disponible sur livres-mystiques.com. La traduction originale et le la présentation sont de JoachimBoufletet comporte deux chapitres supplémentaires extraits des “Visions”.

“Visions d’Anne-Catherine Emmerich, sur la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Très saint Vierge Marie, la douloureuse Passion et l’établissement de l’Église par les apôtres, coordonnée en un seul tout, selon l’ordre des faits”
3 volumes ÉditionsTéqui, Paris 1995
Disponible sur livres-mystiques.com

« Anne Catherine Emmerick : Celle qui partagea la Passion de Jésus », Joachim Bouflet, 2004.
G. Dirheimer, « Anne-Catherine Emmerich et Clément Brentano, étude sur l’authenticité des visions d’A-C Emmerich »,Pierre Téqui, 1923.
« Les mystères de l’ancienne Alliance »,Anne-Catherine Emmerick, Editions Téqui, 1995 disponible sur livresmystiques.com

« Prophétie de Catherine Emmerich pour notre Temps », Raoul Auclair

« Voix prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes », l’abbé J.M Curique, édition Victor Palmé, 1872