Saint Ignace d’Antioche, né vers 35 dans la province de Syrie, mort à Rome en martyr, probablement en 107 ou 113, fut le troisième évêque d’Antioche. Probablement disciple direct des apôtres Pierre et Jean, il est surtout connu pour ses lettres apostoliques, que nous présentons plus bas, en lesquelles il associe le martyre pour la foi aux grains de blé moulus pour devenir le pain de l’Eucharistie. Ses lettres apostoliques développant une première théologie eucharistique le font ranger parmi les Pères apostoliques. Il est fêté le 17 octobre

Ignace fut arrêté par les autorités et transféré à Rome pour y être jeté aux bêtes (damnatio ad bestias) pendant la persécution de Trajan. On espérait ainsi faire un exemple afin de freiner l’expansion du christianisme. Au contraire, sur le chemin qui l’amenait à la mort, il rencontra et encouragea de nombreux chrétiens, écrivit des lettres aux Éphésiens, aux Magnésiens, Tralliens, Philadelphiens, Smyrniens, et aux Romains, de même que la lettre à l’évêque Polycarpe de Smyrne, qui selon la tradition était un disciple de saint Jean l’Évangéliste.

Son désir très fort du martyre sanglant dans l’arène, que lui attribue le récit, peut sembler étrange au lecteur moderne : il conçoit le martyre comme une libation, un sacrifice envers le Christ, et le désire avec grande joie, comme preuve de son amour pour le Christ, et moyen de s’accomplir lui-même dans l’amour.

Tout en affirmant l’unité de Dieu (Magn 8.2), Ignace évoque la Trinité soit par la formule « le Fils, le Père et l’Esprit » (Magn 13.1) soit « le Christ, le Père et l’Esprit » (Magn 13.2). Le Saint-Esprit est cité à diverses reprises, outre les deux précédentes : Phil « suscr » et 7.1-2, Éph 18.2, Éph 9.1.

Tout en affirmant (contre les docètes) la réalité de la vie humaine de Jésus-Christ (Smyrn 4.2, 5.2 ; Éph 7.2, 18.2, 20.2 ; Smyrn 3.1, 4.2, voir aussi Magn 11 ; Trall 9, Smyrn chap 1 à 6), Ignace affirme avec non moins de force sa divinité (Smyrn 1.1 ; Trall 7.1 ; Éph « suscr », 1.1, 15.1, 19.3 ; Rom « suscr », 3.3, 6.3 ; Polyc 3.2, 8.3 ; Magn 6.1, 7.2…)

Sa théologie eucharistique est par ailleurs très précise : il définit en effet l’eucharistie comme un « remède d’immortalité, un antidote contre la mort » (Éph 20.2) dénonçant au passage ceux (en l’occurrence des docètes) qui « s’abstiennent de l’Eucharistie parce qu’ils ne veulent pas reconnaître en elle la chair de Jésus-Christ » (Smyrn 7.1). Il prévient de ne reconnaître comme « valide que l’eucharistie célébrée sous la présidence de l’évêque ou de son délégué » (Smyrn 8.2 ; voir aussi Philad chap. 4).

Sa théologie ecclésiale insiste longuement dans toutes ses lettres (Magnésiens 2, 1; 3,1; 6,1;13, 1et 2) Philadelphiens (Prologue, 1,1; 7,1 et 3, 2), Smyrniotes (8, 1 et 2; 9,1), Romains (1, 3 et 2, 1) Tralliens (3, 1 ; 7,1 et 2; 13, 2), Ephésiens (2, 2; 4,1; 6,1 et 22, 2) sur l’importance de l’évêque qui occupe la place de Dieu dans l’Eglise locale, entouré de ses prêtres et de ses diacres, qui préside l’Eucharistie et gouverne son église, et à qui est due, comme à Dieu, une obéissance filiale. Au sujet des évêques, ces lettres sont citées par la constitution Lumen Gentium du concile Vatican II, à cause de leur importance fondamentale concernant la constitution hiérarchique de l’Eglise catholique.

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