Aucun des hadiths ne sont à l’heure actuelle authentiques du point de vue de la chaîne de transmission !

Pourquoi ?

1/ Qu’est ce que les savants experts du hadith disent au sujet des recueils de hadiths  ?

2/ Que se passe t’il si quelqu’un rejette un hadith se trouvant dans l’un de livres imprimés (sahih al Bukhari etc …) ou l’un de ces manuscrits ?

3/ Que se passe t’il si quelqu’un trouve un livre dans lequel il est mentionné que Mahomet aurait dit telle ou telle chose ? Est ce qu’on peut affirmer à 100 % que ce sont les mots du Prophète ?

4/ Pour finir, est ce que tout un chacun doit accepter un hadith trouvé dans un livre ?

Voici les manières de recevoir un hadith :

la manière directe verbale : ou l’on entend un rapporteur de hadith nous citer un hadith avec sa chaîne de transmission avec nos oreilles

la manière directe non verbale : par exemple en recevant une lettre avec une ijaza (autorisation de transmettre le Hadith) comportant le hadith en question ou un livre …

– La manière indirecte dans laquelle on trouve un livre écrit par l’auteur lui même (par un exemple on trouve un manuscrit authentique écrit par la main de l’Imam al Bukhari )

– La manière indirecte dans laquelle ou trouve un livre écrit par quelqu’un d’autre que l’auteur officiel, ou dans lequel il n’est pas clairement établi que c’est l’auteur qui a écrit le livre .

A notre époque personne n’a rencontré en personne un auteur d’un livre de hadiths, donc la manière directe verbale n’est pas possible, néanmoins il existerait des chaines de transmissions entre les auteurs de livres de hadiths et nous …

Qu’est ce qu’elles valent ?

Pour évoquer en résumant les problèmes majeurs de ces chaines de transmissions évoquons le fait qu’elles sont pleines d’inconnus dont nous ne connaissons pas la fiabilité … En général nous ne connaissons qu’un nom et généralement une vague description (si encore il y en a ). Ces narrateurs sont considérés comme « inconnus » dans la science du Hadith classique (rawi majhul al hal). Il y a des transmetteurs faibles dans chaque chaîne de hadiths, et la majorité des chaînes (si ce n’est toutes) sont déconnectées (munqati’), c’est à dire que parfois les rapporteurs de la chaîne ne se sont pas rencontrés il y’a un « trou » dans la chaîne. Par exemple : Si quelqu’un rapporte une information au sujet de Napoléon Bonaparte, parce qu’il l’a apprise d’un professeur d’histoire, celui-ci n’avait cependant pas lui-même rencontré l’Empereur. C’est ainsi que la chaîne est « déconnectée ».

De plus dans beaucoup de cas la condition de bonne mémoire (dhabt) n’est pas remplie par des maillons de la chaines. Or, cette condition est certainement nécessaire pour authentifier une chaîne de transmission …

Ainsi, nous pouvons affirmer qu’il n’existe aucune chaîne de transmission authentique entre nous et l’un des auteurs de livres de hadith, et ce même si nous prenons la chaîne la plus courte existant actuellement …

Il n’existe donc aucun hadith authentique transmis de la manière directe verbale à l’heure actuelle…

Une question se pose : existe-il un hadith authentique rapporté de la manière indirecte ?

Il est temps de parler de la « wijada ». Qu’est ce que signifie ce terme ? Ce terme signifie en arabe le fait de « trouver », et désigne une méthodologie consistant à trouver un manuscrit écrit de la main de l’auteur lui même. Par exemple imaginez que l’on trouve un manuscrit du sahih al Bukhari écrit de la main de l’imam lui même, ceci est le premier procédé de la wijada… Pour authentifier le premier procédé de la wijada il faut remplir deux conditions :

1/ être familier avec le style d’écriture de l’auteur (cryptographie)

2/ avoir le manuscrit originel écrit par la main de l’auteur lui même

Ceci étant, avec ces deux conditions remplies, imaginons que quelqu’un prétende avoir trouvé un manuscrit original du sahih al Bukhari. Comment savoir si le manuscrit a été écrit par al Bukhari lui même ? Nous ne pouvons pas en être certains à 100% …

La wijada serait valide si par exemple un manuscrit était écrit par un cheikh expert de l’écriture de al Bukhari, mais le plus ancien manuscrit du sahih al Bukhari a été écrit par Abu Zaid al Marwari (mort en 981 plus de 111 ans après la mort de l’imam al Bukhari…). Personne ne peut vraiment l’authentifier car personne ne connait l’écriture de Abu Zaid al Marwari …

Mais admettons que l’on trouve un manuscrit du sahih al Bukhari, écrit par lui même ou l’un de ses étudiants. Est-il permis de rapporter cette copie à Al Bukhari ? La réponse est NON ! Il n’est pas possible de la rapporter à travers la méthode de la « widaja », comme le stipulent expressément les autorité ci-dessous :

Al Bazdawi ( mort en 482 ) pour l’école hanafite dans son « kachf al asrar »

 

Al Abyari, pour l’école malikite, affirme que la wijada n’atteint pas le degré « ahad » c’est a dire comme n’apportant pas de certitude…

 

L’imam al Haramayn al Juwayni et l’Imam al Ghazali pour l’école Shafi’ite

 

Al Ghazali affirme : « Si un narrateur fiable te donne une copie authentique du sahih al Bukhari tu n’as pas le droit de rapporter ce hadith ! »

 

Ibn Kathir affirme : « La wijada n’est pas une manière de rapporter le hadith… »

 

Ibn Qudama, pour les hanbalites, affirme que « si quelqu’un de fiable te donne une copie du sahih al Bukhari il n’est pas permis de le rapporter »

Et « si quelqu’un trouve quelque chose écrit de la main du chaykh il n’est pas permis de rapporter ceci »

 

Al Amidi :

« Si quelqu’un trouve un manuscrit de la main du cheikh qui dit « j’ai entendu ce hadith d’untel » alors il n’est pas permis de le rapporter »

 

Ibn Salah dit en substance à peu près la même chose :

 

Ibn Hajar également :

 

Toutes ces citations prouvent que recevoir le hadith à travers la wijada n’est pas une méthodologie valide et que c’est un concept défectueux rejeté par beaucoup de grands imams… Néanmoins il y a des savants contemporains comme le cheikh Ahmed Chakir qui affirme que l’on doit accepter la wijada, car sinon « on ne pourrait pas accepter un hadith a notre époque ! ». C’est une opinion basée sur l’émotionnel et non pas sur l’approche académique. La majorité des savants s’y opposent et ceci a plus de poids étant donné que l’on ne sait pas si le texte a subi des modifications…

Ainsi on ne comprends pas pourquoi les savants musulmans auraient un problème avec le fait que les chrétiens rapportent leur évangiles selon la manière de la wijada …

Est-ce invalide chez les uns et valide chez les autres ??

Conclusion :

Aucun des livres de hadiths à l’heure actuelle n’est considéré comme authentiquement reçu, aucun n’est authentique. Nous n’avons aucun manuscrit d’époque et les chaines sont irrecevables… Les savants du hadith comme Al Ghumari, al Lucknawi , al Albani etc … ne font que s’interroger sur les chaînes entre “le Prophète” et l’auteur présumé du livre… Mais les chaînes entre nous et eux ne sont pas authentiques !
Les livres actuels de hadiths (al Bukhari, Muslim etc…) sont basés sur des manuscrits qui sont écrits par des inconnus, ils n’atteignent donc pas le niveau de « wijada » valide qui est déjà en lui même un indice faible (car déconnecté comme on l’a montré) .

Et même si nous avions un manuscrit « authentique » disant par exemple « écrit par al Bukhari » nous ne pourrions pas être sûrs a 100% de son authenticité, car nous ne connaissons pas son écriture…si cela a été écrit par lui ou par un autre …

Une fois de plus, tous ces « savants » et prédicateurs prennent les gens pour des imbéciles. Saint Paul a bien prophétisé à leur sujet : “Des charlatans faisant toujours plus de progrès dans le mal, à la fois trompeurs et trompés (2 Tm 3.13)” !

D’ailleurs, même l’un des leurs, le cheikh Atabek défie tout les savants du monde musulman en leur promettant 10000 livres sterling si quelqu’un  apporte une copie authentique de n’importe quel livre de hadith …

Bonne chance !

Cet article est inspiré du travail du Shaykh Hanafite Atabek Shukurov Al Nasafi*

Source