Une clarification au sujet de la signification de la fidélité au Souverain Pontife

Suite à leur précédente lettre ouverte où ils invitaient à “une croisade de prière et de jeûne afin d’implorer Dieu pour que l’erreur et l’hérésie ne pervertissent pas la prochaine assemblée extraordinaire du synode des évêques sur l’Amazonie”, le Cardinal Raymond Burke et Mgr Athanasius Schneider ont été vivement critiqués et accusés de se positionner contre le Saint Père. Par cette seconde lettre ouverte dont nous publions la traduction, ils veulent rappeler leur attachement au Souverain Pontife et la signification de la fidélité au Pape.

Personne ne peut plus honnêtement nier la confusion doctrinale générale qui règne actuellement au sein de l’Eglise. Cela est dû particulièrement aux ambiguïtés à propos de l’indissolubilité du mariage qui est relativisée par la pratique d’admettre à la sainte communion les personnes cohabitant dans des unions irrégulières, dû aussi à l’approbation grandissante des actes homosexuels qui sont intrinsèquement contraires à la nature et à la volonté révélée de Dieu, dû encore aux erreurs concernant le caractère unique de Notre Seigneur Jésus Christ et de son œuvre de Rédemption relativisée par de fausses affirmations à propos de la diversité des religions, dû enfin et surtout à la reconnaissance des diverses formes de paganisme et de leurs pratiques rituelles dans l’Instrumentum laboris préparé pour la prochaine assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie.

Au regard de cette réalité, notre conscience ne nous permet pas de demeurer silencieux. Comme frères dans l’épiscopat, nous devons parler avec respect et charité afin que le Saint Père puisse rejeter de manière non équivoque les évidentes erreurs doctrinales de l’Instrumentum laboris pour la prochaine assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie et ne pas consentir à l’abolition pratique du célibat ecclésiastique dans l’Eglise latine par l’acceptation de l’ordination des dits « viri probati ».

Par notre intervention, nous exprimons, comme pasteurs du troupeau, notre amour profond pour les âmes, pour la personne du pape François lui-même et pour le don divin de l’office pétrinien. Si nous ne fassions pas cela, nous commettrions un grave péché d’omission et d’égoïsme. Si nous demeurions silencieux, nous aurions une vie plus tranquille et peut-être même recevrions-nous des honneurs et des reconnaissances. Cependant, si nous étions silencieux, nous violerions notre conscience. Dans ce contexte, nous pensons aux mots bien connus du futur saint cardinal John Henry Newman (qui sera canonisé le 13 octobre 2019) : « Je lèverai mon verre pour le Pape – si vous le permettez – , mais d’abord pour la conscience, et ensuite pour le Pape. » (Lettre adressée au duc de Norfolk à l’occasion de la récente protestation de Monsieur Gladstone) Nous pensons à ces mots mémorables et pertinents de Melchior Cano, l’un des évêques les plus érudits durant le Concile de Trente : « Pierre n’a pas besoin de notre adulation. Ceux qui défendent aveuglément et sans discernement chaque décision du Souverain Pontife sont ceux qui abîment le plus l’autorité du Saint Siège : ils détruisent ses fondations au lieu de les renforcer. »

Récemment, s’est créée une atmosphère mettant en avant une presque totale infaillibilité des déclarations du Pontife romain, à savoir de chaque mot du Pape, de chaque intervention et des documents simplement pastoraux du Saint Siège. Il n’existe plus, en pratique, l’observance de la règle traditionnelle de distinguer entre les différents niveaux des interventions du Pape et de ses dicastères avec leurs notes théologiques et avec l’obligation correspondante d’adhésion de la part des fidèles.

En dehors du fait que le dialogue et les débats théologiques furent encouragés et promus dans la vie de l’Eglise durant les dernières décennies après le Concile Vatican II, de nos jours, il semble qu’il n’y ait plus la possibilité d’un honnête débat théologique et intellectuel, et de l’expression des doutes concernant des affirmations et des pratiques qui obscurcissent et blessent l’intégrité du dépôt de la Foi et de la Tradition apostolique. Une telle situation conduit au mépris de la raison et donc, de la vérité.

Ceux qui critiquent nos manières d’exprimer notre souci emploient surtout seulement des arguments sentimentaux et des arguments de pouvoir. Ils ne semblent pas désireux de s’engager dans une sérieuse discussion théologique sur le sujet. Dans ce domaine, il semble que bien souvent la raison est ignorée et que le raisonnement est supprimé.

L’expression sincère et respectueuse du souci concernant des sujets de grande importance théologique et pastorale pour la vie de l’Eglise aujourd’hui, adressée également au Souverain Pontife, est aussitôt étouffée et présentée sous un jour négatif avec les reproches diffamatoires de « semer le doute », d’être « contre le Pape », ou même d’être « schismatique ».

La Parole de Dieu nous enseigne, par les apôtres, d’être solide, ferme et sans compromission en ce qui concerne les vérités universelles et intangibles de notre Foi, et de garder et de protéger la Foi en présence des erreurs, comme saint Pierre, le premier pape, l’écrivit : « Tenez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement de ces impies, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté. » (IIème Épître de Pierre, III.17) Saint Paul écrit également : « (…) Afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce pour induire en erreur ; mais que confessant la vérité, nous continuions à croître à tous égards dans la charité en union avec celui qui est le chef, le Christ. » (Épître aux Éphésiens, IV.14-15)

Chacun doit garder à l’esprit le fait que l’apôtre Paul reprochait publiquement au premier pape à Antioche une chose de moindre gravité comparée aux erreurs qui, de nos jours, sont répandues dans la vie de l’Eglise. Saint Paul prit à partie le premier pape à cause de son attitude hypocrite et du danger conséquent de remettre en question la vérité qui disait que les prescriptions de la loi mosaïque n’étaient plus d’obligation pour les chrétiens. Comment l’apôtre Paul réagirait-il aujourd’hui s’il lisait le document d’Abu Dhabi qui affirme que Dieu veut dans sa sagesse de façon égale la diversité des sexes, des nations et des religions (parmi lesquelles se trouvent des religions qui pratiquent l’idolâtrie et qui blasphèment contre le Christ) !? Une telle affirmation entraîne vraiment une relativisation du caractère unique de Jésus Christ et de son œuvre rédemptrice ! Que diraient saint Paul, saint Athanase et les autres grandes figures de la chrétienté en lisant cela et les erreurs exprimées dans l’Instrumentum laboris pour la prochaine assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie ? Il est impossible de penser que ces figures demeureraient silencieuses ou se laisseraient intimider par les reproches et les accusations de parler « contre le Pape ».

Lorsque le pape Honorius Ier, au VIIème siècle, montra une attitude ambiguë et dangereuse concernant le développement de l’hérésie du monothélisme qui niait que le Christ possédât une volonté humaine, saint Sophronius, patriarche de Jérusalem, envoya un évêque de Palestine à Rome, lui demandant de parler, de prier et de ne pas demeurer silencieux jusqu’à ce que le Pape condamnât l’hérésie. Si saint Sophronius vivait aujourd’hui, il serait certainement accusé de parler « contre le Pape ».

L’affirmation sur la diversité des religions dans le document d’Abu Dhabi et tout spécialement les erreurs dans l‘Instrumentum laboris pour la prochaine assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie contribuent à la trahison du caractère unique incomparable de la personne de Jésus Christ et de l’intégrité de la Foi catholique. Et ceci a lieu devant les yeux de toute l’Eglise et du monde. Une situation similaire exista au IVème siècle, lorsque, avec le silence de la presque totalité de l’épiscopat, la consubstantialité du Fils de Dieu fut rejetée en faveur des affirmations doctrinales ambiguës à moitié ariennes, une trahison à laquelle participa même le pape Liberius pour un temps assez court. Saint Athanase ne se lassa jamais de dénoncer publiquement une telle ambiguïté. Le pape Liberius l’excommunia en 357 « pro bono pacis », c’est-à-dire « pour le bien de la paix », pour avoir la paix avec l’empereur Constance et les évêques orientaux semi ariens. Saint Hilaire de Poitiers rapporta ce fait et dénonça le pape Libère à cause de son attitude ambiguë. Il est à noter que le pape Libère, contrairement à tous ses prédécesseurs, est le premier pape dont le nom n’est pas inclus dans le Martyrologe romain.

Notre déclaration publique coïncide avec les mots de notre Saint Père le pape François : « Une condition générale de base est celle-ci : parler clairement. Que personne ne dise : « On ne peut pas dire cela ; on va penser ceci ou cela de moi… » Il faut dire tout ce que l’on sent avec audace. Après le dernier consistoire (février 2014), dans lequel on a parlé de la famille, un cardinal m’a écrit pour me dire : dommage que certains cardinaux n’aient pas eu le courage de dire certaines choses par respect pour le pape, craignant peut-être que le pape pense différemment. Cela ne va pas, ce n’est pas la synodalité, parce qu’il faut dire tout ce que l’on sent devoir dire, dans le Seigneur : sans respect humain et sans crainte. » (Allocution d’ouverture à la IIIème assemblée extraordinaire du Synode des Evêques, 6 octobre 2014).

Nous affirmons en présence de Dieu qui nous jugera : nous sommes de vrais amis du pape François. Nous portons une estime surnaturelle à sa personne et à son office pastoral suprême comme successeur de Pierre. Nous prions ardemment pour le pape François et nous encourageons les fidèles à faire de même. Avec la grâce de Dieu, nous sommes prêts à donner notre vie pour la vérité de la foi catholique à propos de la primauté de saint Pierre et de ses successeurs, même si les persécuteurs de l’Eglise nous demandaient de la nier. Nous regardons vers les grands exemples de fidélité à la vérité catholique de la primauté pétrinienne, comme saint John Fisher, un évêque et cardinal de l’Eglise, et saint Thomas More, un fidèle laïc, et beaucoup d’autres saints et confesseurs, et nous invoquons leur intercession.

Plus les fidèles, les prêtres et les évêques maintiendront et défendront l’intégrité du dépôt de la foi, plus ils soutiendront en fait le Pape dans son ministère pétrinien. Car le Pape est le premier dans l’Eglise auquel s’applique cette admonition des Saintes Écritures : « Prends modèle sur les saines paroles que tu as entendues de moi, en la foi et la charité qui est dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt, par l’Esprit-Saint qui habite en nous. » (IIème Épître à Timothée, I. 13-14).

Cardinal Raymond L. Burke

Mgr Athanasius Schneider

24 septembre 2019

Notre Dame de la Merci

Synode sur l’Amazonie : des erreurs et des hérésies dénoncées par le cardinal Burke et Mgr Schneider

Du 6 au 27 octobre, se déroulera le synode des évêques sur l’Amazonie. La publication de l’Instrumentum Laboris, le document préparatoire de ce synode, a suscité des craintes et des réactions chez plusieurs théologiens, clercs et fidèles laïcs. Ce texte avait déjà fait l’objet de vivre critiques par la cardinal Müller et le cardinal Brandmüller. Le cardinal Burke (déjà auteur d’une lettre à destination des cardinaux et pointant du doigt les erreurs de l‘Instrumentum Laboris) et Mgr Schneider ont choisi de présenter à l’ensemble des fidèles catholiques, six sujets gravement problématiques ressortant du texte préparatoire. Ils invitent à “une croisade de prière et de jeûne afin d’implorer Dieu pour que l’erreur et l’hérésie ne pervertissent pas la prochaine assemblée extraordinaire du synode des évêques sur l’Amazonie”. Voici une traduction de leur lettre ouverte.

Divers prélats et commentateurs fidèles laïcs, ainsi que des institutions laïques, ont mis en garde sur le fait que les auteurs de l’Instrumentum Laboris, publié par le secrétariat du Synode de Évêques pour servir de base pour la discussion durant la prochaine assemblée extraordinaire sur l’Amazonie, ont inséré de graves erreurs théologiques et des hérésies dans le document.

Nous invitons le clergé catholique et les fidèles à participer à une croisade de prière et de jeûne afin d’implorer Notre Seigneur et Sauveur, par l’intercession de la Sainte Vierge sa Mère, pour les intentions suivantes :

Que les erreurs théologiques et les hérésies insérées dans l‘Instrumentum Laboris ne soient pas approuvées durant l’assemblée synodale.
Qu’en particulier le Pape François, dans l’exercice de son ministère pétrinien, puisse confirmer ses frères dans la foi par un rejet sans ambiguïté des erreurs de l’Instrumentum Laboris, et qu’il ne consente pas à l’abolition du célibat sacerdotal dans l’Eglise latine en introduisant la pratique de l’ordination d’hommes mariés, les dits « viri probati », pour le sacerdoce sacré.
Nous proposons une croisade de quarante jours de prière et de jeûne à commencer le 17 septembre et à terminer le 26 octobre 2019, le jour précédant la conclusion de l’assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie. Quiconque serait informé de la croisade après la date officielle de son commencement pourrait bien sûr s’y joindre à n’importe quel moment.

Durant les quarante jours de la croisade de prière et de jeûne, nous invitons à prier au moins une dizaine du Saint Rosaire et à jeûner une fois par semaine pour les intentions mentionnées plus haut. Selon la tradition de l’Eglise, jeûner consiste à manger un seul repas complet dans la journée et, en addition, il est possible d’y ajouter deux petites collations. Jeûner au pain et à l’eau est également recommandé pour ceux qui sont capables de faire ainsi.

Il est de notre devoir de faire prendre conscience aux fidèles de quelques-unes des erreurs répandues dans l‘Instrumentum Laboris. En guise d’introduction, il faut observer que le document est long et qu’il est marqué par un langage qui n’est pas clair dans sa compréhension, tout spécialement ce qui concerne le dépôt de la foi (depositum fidei). Parmi les principales erreurs, nous notons plus particulièrement les suivantes :

1. Un panthéisme implicite

L’Instrumentum Laboris promeut une socialisation païenne de la « Terre Mère », reposant sur la cosmologie des tribus amazoniennes, implicitement panthéiste.

Les peuples aborigènes découvrent comment toutes les parties « sont des dimensions qui existent de façon constitutive en relation, formant un tout vital » (n°21) et ainsi vivent « en communion avec la nature comme un tout » (n°18) et « en dialogue avec les esprits » (n°75).
Leur vie et leur « bonne manière de vivre » sont caractérisées par « l’harmonie des relations » entre « le cosmos total- nature, hommes, l’être suprême » et « les diverses forces spirituelles » (n°12 et 13), résumé dans le « mantra » du Pape François : « tout est connecté » (n°25).
Les croyances et les rites des « guérisseurs traditionnels » (n°88 et 89) concernant « la divinité aux noms multiples », agissant avec et en relation avec la nature (n°25) « créent harmonie et équilibre entre les êtres humains et le cosmos » (n°87).
Ainsi, nous devons écouter les pleurs de la « terre Mère » (n°146), arrêter son extermination (n°17) et vivre sainement en harmonie avec elle (n°85).
Le Magistère de l’Eglise rejette un tel panthéisme implicite comme incompatible avec la Foi catholique : « La chaleur de la Terre Mère, dont la divinité s’étend à toute la création, comble, dit-on, le fossé entre la création et le Dieu-Père transcendant du judaïsme et du christianisme en écartant la perspective de devoir être jugés par un tel Être. » (Conseil Pontifical pour la Culture et Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux, « Jésus Christ, le porteur d’eau vive : une réflexion chrétienne sur le « Nouvel Age »,2.3.1)

Dans l’affirmation suivante, le Magistère de l’Eglise rejette panthéisme et relativisme en enseignant ceci :

« Ils (NDT :les adeptes du Nouvel Age) tendent à relativiser la doctrine religieuse en faveur d’une vague vision mondialiste exprimée comme un système de mythes et de symboles habillés d’un langage religieux. De plus, ils proposent souvent un concept panthéiste de Dieu qui est incompatible avec les Saintes Ecritures et la Tradition chrétienne. Ils remplacent la responsabilité personnelle envers Dieu pour nos actions par un sens du devoir envers le cosmos, renversant par conséquent le véritable concept de péché et le besoin de rédemption à travers le Christ. » (Jean-Paul II, Adresse aux évêques américains de l’Iowa, du Kansas, du Missouri et du Nebraska, visite« Ad Limina », 28 mai 1993).

2. Les superstitions païennes comme sources de la révélation divine et comme voies alternatives pour le salut

L’Instrumentum Laboris retire, de son implicite conception panthéiste, un concept erroné de la Révélation divine, affirmant dans l’ensemble que Dieu continue de se communiquer Lui-même dans l’histoire à travers la conscience des peuples et les cris de la nature. Selon cette vision, les superstitions païennes des tribus amazoniennes sont une expression de la Révélation divine méritant une attitude de dialogue et d’acceptation de la part de l’Eglise :

L’Amazonie est une « place théologique » où la foi « ou l’expérience de Dieu dans l’histoire » est vécue ; c’est « une source particulière de la révélation de Dieu : des lieux épiphaniques » où « les caresses de Dieu » deviennent « incarnées dans l’histoire » (n°19).
L’Eglise doit « découvrir la présence incarnée et active de Dieu » dans « la spiritualité des peuples d’origine » (n°33), reconnaissant en eux « d’autres avenues/voies » (n°39), puisque l’Esprit Créateur « a nourri la spiritualité de ces peuples pendant des siècles, même avant la proclamation de l’Evangile » (n°120), leur enseignant « la foi en Dieu Créateur Père-Mère » et « la relation vivante avec la nature et la « Terre Mère » ainsi qu’ « avec les ancêtres » » (n°121).
À travers le dialogue, l’Eglise doit éviter d’imposer des « doctrines pétrifiées » (n°38), « des formulations de la foi exprimées avec d’autres références culturelles » (n°120), et une « attitude corporatiste qui réserve le salut uniquement à son propre credo ». (n°39) ; en faisant ainsi, l’Eglise marchera « en cherchant son identité vers l’unité dans le Saint Esprit ». (n°40)
Le Magistère de l’Eglise rejette la relativisation du caractère unique de la Révélation de Dieu contenue dans les Saintes Écritures et la Tradition sacrée, en enseignant ceci :

« L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Écritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des Apôtres la voix de l’Esprit Saint. » (Second Concile du Vatican, Constitution dogmatique Dei Verbum n°21)

Le Magistère de l’Eglise affirme qu’il n’y a qu’un unique Sauveur, Jésus-Christ, et que l’Eglise est son unique Corps mystique et Épouse :

« Par conséquent, compte tenu de l’unicité et de l’universalité de la médiation salvifique de Jésus-Christ, on doit croire fermement comme vérité de foi catholique en l’unicité de l’Église fondée par le Christ. Tout comme il existe un seul Christ, il n’a qu’un seul Corps, une seule Épouse : une « seule et unique Église catholique et apostolique ». De plus, les promesses du Seigneur de ne jamais abandonner son Église (cf. Mt16,18 ; 28,20) et de la guider par son Esprit (cf. Jn16,13) impliquent, selon la foi catholique, que l’unicité et l’unité, comme tout ce qui appartient à l’intégrité de l’Église, ne feront jamais défaut. ». (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Dominus Iesus sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Eglise, n°16)

3. Dialogue interculturel au lieu d’évangélisation

L’Instrumentum Laboris contient la théorie erronée que les peuples aborigènes ont déjà reçu la révélation divine et que l’Eglise catholique en Amazonie devrait opérer « une conversion pastorale et missionnaire », au lieu d’introduire la doctrine et la pratique de la vérité et du bien universels. L’Instrumentum Laboris affirme également que l’Eglise doit s’enrichir des symboles et des rites des peuples aborigènes :

Une « Eglise en chemin » évite le risque de « proposer une solution avec une valeur universelle » ou l’application d’ « un corps monolithe de doctrine regardé par tous » (n°110), et favorise l’interculturalité, c’est-à-dire « un enrichissement mutuel des cultures dans le dialogue », parce que « les sujets actifs de l’interculturation sont les peuples indigènes eux-mêmes » (n°122).
En outre, l’Eglise reconnaît « la spiritualité indigène comme une source de richesse pour l’expérience chrétienne » et se charge d’ « une catéchèse qui assume le langage et le sens des récits des cultures indigènes et d’ascendance africaine » (n°123).
En partageant mutuellement « leurs expériences de Dieu », les croyants font « de leurs différences un stimulus de croissance et d’approfondissement de leur propre foi » (n°136).

Le Magistère de l’Eglise rejette l’idée que l’activité missionnaire soit simplement un enrichissement interculturel, en enseignant ceci :

« Les initiatives particulières par lesquelles les prédicateurs de l’Évangile envoyés par l’Église et allant dans le monde entier s’acquittent de la tâche d’annoncer l’Évangile et d’implanter l’Église parmi les peuples ou les groupes humains qui ne croient pas encore au Christ, sont communément appelées « missions » (…). La fin propre de cette activité missionnaire est l’évangélisation et l’implantation de l’Église dans les peuples ou les groupes humains dans lesquels elle n’a pas encore été enracinée (…). Mais le moyen principal de cette implantation, est la proclamation de l’Évangile de Jésus Christ . » (Second Concile du Vatican, Décret Ad Gentes, n°6)

« Par l’inculturation, l’Eglise incarne l’Evangile dans les diverses cultures et, en même temps, elle introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté; elle leur transmet ses valeurs, en assumant ce qu’il y a de bon dans ces cultures et en les renouvelant de l’intérieur. Pour sa part, l’Eglise, par l’inculturation, devient un signe plus compréhensible de ce qu’elle est et un instrument plus adapté à sa mission. ». (Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris Missio, n°52)

4. Une conception erronée de l’ordination sacramentelle, postulant des ministres du culte des deux sexes pour accomplir même des rites chamaniques

Au nom de l’inculturation de la foi, et sous le prétexte du manque de prêtres pour célébrer fréquemment l’Eucharistie, l’Instrumentum Laboris est en faveur d’adapter les ministères ordonnés catholiques aux coutumes ancestrales des peuples aborigènes, accordant aux femmes des ministères officiels et ordonnant les dirigeants mariés de la communauté comme prêtres de second rang, privés d’une partie de leur pouvoir ministériel mais autorisés à célébrer des rites chamaniques :

Comme « le cléricalisme est inacceptable sous toutes ses formes » (n°127) « un changement est nécessaire en ce qui regarde le critère de sélection et de préparation des ministres autorisés à célébrer l’Eucharistie » (n°126), étudiant la possibilité de l’ordination presbytérale « pour des anciens, préférablement indigènes, respectés et acceptés dans leur communauté, même s’ils ont une famille stable et existante » (n°129), ceci montrant « une autre manière d’être l’Eglise (…) sans la censure, le dogmatisme ou les disciplines rituelles. » (n°138).
Parce que, dans les cultures de l’Amazonie, « l’autorité est rotative », il serait opportun « de reconsidérer l’idée que l’exercice de la juridiction(pouvoir du gouvernement) doive être lié dans tous les domaines (sacramentel, juridique, administratif) et de façon permanente au sacrement de l’Ordre sacré ». (n°127)
L’Eglise doit « identifier le type de ministère officiel qui peut être conféré aux femmes ».(n°129)
Reconnaissance doit être donnée « aux rites et cérémonies indigènes » qui « créent une harmonie et un équilibre entre les êtres humains et le cosmos » (n°87), de même qu’ « aux éléments traditionnels qui sont parts des processus de guérison » pratiqués par les « guérisseurs anciens » (n°88) dont « les rites, les symboles et les styles de célébration » devraient être intégrés dans « les rituels sacramentels et liturgiques ». (n°126)

Le Magistère de l’Eglise rejette de telles pratiques, et leurs idées implicites, en enseignant ceci :

« Le sacerdoce ministériel diffère essentiellement du sacerdoce commun des fidèles parce qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de Dieu par l’enseignement (munus docendi), le culte divin (munus liturgicum) et par le gouvernement pastoral (munus regendi).» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n°1592)

« Le Christ, Fils unique du Père, du fait même de son incarnation, est constitué Médiateur entre le ciel et la terre, entre le Père et le genre humain. En pleine harmonie avec cette mission, le Christ est resté durant toute sa vie dans l’état de virginité, qui signifie son dévouement total au service de Dieu et des hommes. Ce lien profond qui, dans le Christ, unit la virginité et le sacerdoce, se reflète en ceux à qui il échoit de participer à la dignité et à la mission du Médiateur et Prêtre éternel, et cette participation sera d’autant plus parfaite que le ministre sacré sera affranchi de tout lien de la chair et du sang. » (Paul VI, Encyclique Sacerdotalis Caelibatus, n°21)

« La volonté de l’Église trouve sa dernière motivation dans le lien du célibat avec l’Ordination sacrée, qui configure le prêtre à Jésus Christ Tête et Époux de l’Église. L’Église, comme Épouse de Jésus Christ veut être aimée par le prêtre de la manière totale et exclusive avec laquelle Jésus Christ Tête et Époux l’a aimée. Le célibat sacerdotal alors, est don de soi dans et avec le Christ à son Église, et il exprime le service rendu par le prêtre à l’Église dans et avec le Seigneur. » (Jean-Paul II, Exhortation apostolique Pastores dabo vobis, n°29)

« L’ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d’enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l’Église catholique depuis l’origine, exclusivement réservée à des hommes. (…) D’autre part, le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Église, n’ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à l’ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu’elles auraient une dignité moindre ni qu’elles seraient l’objet d’une discrimination. (…) C’est pourquoi, afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc22,32), que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église. » (Jean-Paul II, Lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis, n°1, 3 et 4)

5. Une « écologie intégrale » qui dévalorise la dignité humaine

En accord avec ses vues implicitement panthéistes, l’Instrumentum Laboris relativise l’anthropologie chrétienne qui reconnaît la personne humaine comme créée à l’image de Dieu et donc le sommet de la création matérielle (Gen. 1, 26-31). À l’opposé, il considère l’humain comme un simple lien dans la chaîne écologique de la nature, regardant le développement socio économique comme une agression envers la « Terre Mère ».

« Un aspect fondamental de l’origine du péché humain est de se détacher de la nature et de ne pas la reconnaître comme une part de l’humain en exploitant la nature sans limites.» (n°99)
« Un nouveau paradigme de l’écologie intégrale » (n°56) devrait se fonder sur « la sagesse des peuples indigènes » et sur leur vie quotidienne qui « nous enseigne à nous reconnaître comme part du biome » (n°102), « part de l’écosystème » (n°48), « part de la nature ». (n°17)

Le Magistère de l’Eglise rejette les opinions suivantes : que les hommes ne possèdent pas une dignité unique au-dessus du reste de la création matérielle, et que le progrès technique est lié au péché, en enseignant ceci :

« Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de « soumettre la terre et de la dominer » (cf. Gn 1, 26-28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’œuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leur prochains. » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n°307)

6. Un collectivisme tribal qui amoindrit le caractère propre de la personne et la liberté

Selon l’Instrumentum Laboris, une « conversion écologique » intégrale inclut l’adoption du modèle social collectif des tribus aborigènes dans lesquelles la personnalité individuelle et la liberté sont amoindries :

« Le concept de sumak kawsay [“bonne vie”] a été construit à partir de la sagesse ancestrale des peuples et nations indigènes. Il s’agit d’un mot riche d’expérience, plus ancien et plus réel qui propose un style de vie communautaire où tous SENTENT, PENSENT et AGISSENT de la même façon, comme un fil de laine qui maintient, enveloppe et protège, comme un poncho de différentes couleurs » (Appel « Le Cri du Sumak Kawsay en Amazonie », cité dans la note 5 du n°12).
« La vie en Amazonie est intégrée et unifiée au territoire; il n’y a pas de séparation ou de division entre les parties. Cette unité inclut toute l’existence: travail, repos, relations humaines, rites et célébrations. Chaque chose est partagée; les espaces privés, si caractéristiques de la modernité, sont réduits au minimum. La vie avance sur un chemin commun où les tâches et les responsabilités sont distribuées et partagées dans le but du bien commun. Il n’y a pas de place pour l’idée d’un individu détaché de la communauté ou du territoire. »(n°24)

Le Magistère de l’Eglise rejette de telles opinions en enseignant ceci :

« La personne humaine doit toujours être comprise dans sa singularité inimitable et inéluctable.De fait, l’homme existe avant tout comme subjectivité,comme centre de conscience et de liberté,dont l’histoire unique et non comparable à aucune autre exprime l’impossibilité de le réduire à quelque tentative que ce soit de l’enfermer dans des schémas de pensée ou dans des systèmes de pouvoir, idéologiques ou non. » (Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, n°131)

« À juste titre, l’homme apprécie la liberté et la cherche passionnément: à juste titre, il veut et doit former et conduire, de sa libre initiative, sa vie personnelle et sociale, en en assumant personnellement la responsabilité.(Veritatis Splendor, n°24) De fait, non seulement la liberté permet à l’homme de modifier convenablement l’état de choses qui lui est extérieur, mais elle détermine la croissance de son être en tant que personne, par des choix conformes au vrai bien : (Catéchisme de l’Eglise catholique, n°1733) de la sorte, l’homme s’engendre lui-même, il est le père de son propre être (Saint Grégoire de Nysse, De Vita Moysis), il construit l’ordre social.» (Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, n°135)

Conclusion

Les erreurs théologiques et les hérésies, implicites et explicites, dans l’Instrumentum Laboris de l’imminente assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie, sont une manifestation alarmante de la confusion, de l’erreur et de la division qui affectent l’Eglise d’aujourd’hui. Personne ne peut s’excuser de ne pas être informé de la gravité et de la situation, et de ne pas prendre les mesures appropriées par amour pour le Christ et pour sa vie avec nous dans l’Eglise. Par-dessus tout, tous les membres du Corps mystique du Christ, en présence d’une telle menace contre son intégrité, doivent prier et jeûner pour le bien éternel de ses membres qui risquent d’être scandalisés, c’est-à-dire induits dans la confusion, dans l’erreur, dans la division par ce texte pour le Synode des Évêques. De plus, chaque catholique, comme un vrai soldat du Christ, est appelé à protéger et à promouvoir les vérités de la foi et la discipline par lesquelles ces vérités sont honorées dans la pratique, de peur que la solennelle assemblée des évêques au Synode ne trahisse la mission du Synode qui est « d’aider de ses conseils le Pontife Romain pour le maintien et le progrès de la foi et des mœurs, pour conserver et affermir la discipline ecclésiastique (…) » (Droit Canon, n°342).

Le 13 octobre 2019, lors de la tenue de l’assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie, aura lieu la canonisation du bienheureux cardinal John Henry Newman. Puissent le Saint Père et tous les membres de l’assemblée extraordinaire du Synode des Évêques sur l’Amazonie, entendent et acceptent l’enseignement lumineux de ce nouveau saint de l’Eglise, par lequel il prévient contre des erreurs théologiques semblables à celles mentionnées plus haut dans l’Instrumentum Laboris :

« Les credos privés, les religions capricieuses peuvent être très voyants et s’imposer à beaucoup de nos jours; les religions nationales peuvent s’étaler sur une grande échelle de façon inerte, et occuper le terrain pendant des siècles, et distraire l’attention ou semer la confusion dans le jugement des savants ; mais, à la longue, il apparaîtra que, ou bien la Religion catholique est en vérité et vraiment la préfiguration du monde invisible dans celui-ci, ou bien qu’il n’y a rien de positif, rien de dogmatique, rien de réel dans nos idées sur d’où nous venons et où nous allons. » (Discourses to Mixed Congregations, XIII)

« Jamais la Sainte Eglise n’a eu autant besoin de champions contre [l’esprit de libéralisme dans la religion] qu’actuellement, alors que, hélas, c’est une erreur se répandant comme un piège sur le monde entier ; … Le libéralisme dans la religion est la doctrine qui affirme qu’il n’existe aucune vérité positive dans la religion, et que toutes les croyances se valent, position dont l’enseignement prend substance et force de jour en jour actuellement. C’est inconsistant avec la reconnaissance de n’importe quelle religion comme vraie. Il enseigne que toutes doivent être tolérées, car toutes sont des questions d’opinions. La religion révélée n’est pas une vérité, mais un sentiment et un goût; pas un fait objectif; pas un fait miraculeux: et donc c’est le droit de chaque individu de lui faire dire ce qui lui plaît le plus. La dévotion n’est pas nécessairement fondée sur la la foi. Les hommes peuvent fréquenter les Eglises protestantes ou l’Eglise catholique, peuvent recevoir de la nourriture des deux et n’appartenir à aucune. Ils peuvent fraterniser ensemble dans des pensées spirituelles et des sentiments, sans avoir de doctrines communes et éprouver la nécessité d’en posséder. » (Biglietto Speech, 12 mai 1879)

Que Dieu, par l’intercession de tant de vrais missionnaires catholiques qui évangélisèrent les peuples indigènes des Amériques, parmi lesquels sont saint Turibius de Mongrovejo et saint José de Anchieta, et par l’intercession des saints que les peuples indigènes ont donnés à l’Eglise, parmi lesquels sont saint Juan Diego et sainte Catherine Tekakwitha, et tout spécialement par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Reine du Saint Rosaire, qui vainc toute hérésie, accorde que les membres de la prochaine assemblée du Synode des Évêques sur l’Amazonie et le Saint Père soient protégés du danger d’approuver des erreurs doctrinales et des ambiguïtés, et de miner la règle apostolique du célibat sacerdotal.

Cardinal Raymond L. Burke

Mgr Athanasius Schneider

12 septembre 2019

Fête du Très saint Nom de Marie

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Adresse au Synode : 4 propositions « inacceptables » de l’Instrumentum laboris

Rédigé par abbé Claude Barthe le 01 octobre 2019 dans Religion

Un « Groupe de travail Coetus Internationalis Patrum » vient de faire son apparition discrète sur la scène romaine en diffusant une lettre au Pape et aux Pères synodaux pour l’Amazonie. Dans la Ville, où tout se sait, on parlait ces temps derniers de réunions de prélats et théologiens ouvertes à d’autres que ceux qui se sont déjà fait connaître publiquement par leurs critiques de la préparation du Synode. Au sein du monde francophone, ont aussi circulé, entre certains évêques, des projets d’adresses. Il est perceptible que le mécontentement va croissant.

Cette adresse a l’avantage d’être d’une brièveté bienvenue et aussi celui de remettre en honneur le procédé des « propositions », dont usaient jadis le magistère ou les instances universitaires catholiques lorsqu’elles voulaient condamner le contenu d’un texte, d’un livre, d’un sermon, etc. ce procédé consistait à résumer les propos visés dans texte concerné par des « propositions », des phrases qui reprenaient des termes du document, chacune des proposition étant ensuite qualifiée d’« hérétique », de « fausse », de « téméraire », de « scandaleuse », etc.

Sans doute parce qu’ils ne se reconnaissent pas un pouvoir magistériel, les auteurs de cette dénonciation de l’Instrumentum Laboris les ont seulement – mais fortement – qualifiées d’« inacceptables en conscience ».

Au Pape et aux Pères synodaux,

Nous, prélats, prêtres et fidèles catholiques nombreux et du monde entier, soulignons que l’Instrumentum Laboris préparé en vue de la prochaine assemblée du Synode pose de sérieuses questions et soulève des réserves gravissimes, du fait qu’il contredit non seulement des points particuliers de la doctrine catholique qui ont toujours été enseignés par l’Église, mais encore la foi dans le Seigneur Jésus, unique Sauveur de tous les hommes.

Nous avons donc formulé, selon la méthode classique, quatre propositions, sous forme de « thèses », exprimant des idées fondamentales de ce document. En conscience et avec une grande franchise, nous disons que l’enseignement qu’elles véhiculent est inacceptable.

1. La diversité amazonienne, notamment religieuse, évoque une nouvelle Pentecôte (IL, n. 30) : la respecter c’est reconnaître qu’il y a d’autres chemins de salut, sans le réserver exclusivement à sa propre foi. Des groupes chrétiens non catholiques enseignent d’ailleurs d’autres façons d’être Église, sans censures, sans dogmatisme, sans disciplines rituelles : l’Église catholique devrait intégrer certains de ces modes ecclésiaux (IL, n. 138). Réserver exclusivement le salut à son propre Credo est destructeur du Credo lui-même (IL, n. 39).

Cette dernière affirmation, contenue dans le n. 39, est particulièrement scandaleuse.

Contra, inter alia Dominus Jesus, 14, 16.

2. L’enseignement de la théologie pan-amazonienne, qui prend notamment en compte les mythes, les rituels et les célébrations des cultures d’origine de l’Amazonie, est requis dans toutes les institutions éducatives (IL, n. 98 c 3). Les rites et les célébrations non chrétiens sont proposés comme essentiels pour le salut intégral (IL, n. 87) et il est demandé d’adapter le rite eucharistique à ces cultures (IL, n. 126 d – sur les rites: IL, nn. 87, 126).

Contra : Dominus Jesus 21.

3. Parmi ses lieux théologiques [c’est-à-dire sources de la théologie, comme le Sainte Écriture, les Conciles, le Pères, la saine philosophie] se trouvent le territoire [d’Amazonie] et les cris de ses peuples (IL, nn. 18, 19, 94, 98 c. 3, 98 d 2, 144).

Contra : inter alia Dei Verbum 4, 7, 10.

4 – Il est suggéré de conférer l’ordination à des personnes d’âge mûr ayant une famille et de conférer des « ministères officiels » à des femmes. Une nouvelle vision du sacrement de l’ordre est proposé, laquelle ne proviendra pas de la révélation mais des usages culturels des peuples amazoniens (qui incluent, entre autres, une autorité tournante). Une séparation devrait alors être opérée entre le sacerdoce et le munus regendi (IL, nn. 129 a 2, 129 a 3, 129 c 2).

Cette séparation sape les fondements eucharistiques du ministère de l’autorité dans l’Église.

Contra : Lumen gentium 21, Presbyterorum ordinis 13, Sacerdotalis cælibatus integre et spec. 21, 26, Ordinatio sacerdotalis 1, 3, 4; Pastores dabo vobis 26, 29.