Extrait de l’émission Terres de Mission n°138 du 08/09/2019 où M. Guillaume de Thieulloy recevait l’abbé Guy Pagès pour évoquer le dialogue islamo-chrétien et l’annonce de l’Évangile aux musulmans, ainsi que la question de l’accueil des convertis de l’islam au christianisme dans les paroisses de France.

Nous disons avec Paul: «Je ne rougis pas de l’Évangile: il est une force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit» (Rm 1, 16). Les martyrs chrétiens de tous les temps – et aussi de notre temps – ont donné et continuent de donner leur vie pour rendre témoignage de cette foi devant les hommes, convaincus que tout homme a besoin de Jésus Christ, lui qui a vaincu le péché et la mort et réconcilié les hommes avec Dieu.

Le Christ s’est proclamé Fils de Dieu, intimement uni au Père, et il a été reconnu comme tel par ses disciples, confirmant ses paroles par des miracles et par sa résurrection d’entre les morts. L’Église offre aux hommes l’Évangile, document prophétique qui répond aux exigences et aux aspirations du cœur humain: il est toujours «Bonne Nouvelle». L’Église ne peut se dispenser de proclamer que Jésus est venu révéler le visage de Dieu et mériter, par la Croix et la Résurrection, le salut pour tous les hommes.

À la question pourquoi la mission?, nous répondons, grâce à la foi et à l’expérience de l’Église, que la véritable libération, c’est s’ouvrir à l’amour du Christ. En lui, et en lui seulement, nous sommes libérés de toute aliénation et de tout égarement, de la soumission au pouvoir du péché et de la mort. Le Christ est véritablement «notre paix» (Ep 2, 14), et «l’amour du Christ nous presse» (2 Co 5, 14), donnant à notre vie son sens et sa joie. La mission est un problème de foi; elle est précisément la mesure de notre foi en Jésus Christ et en son amour pour nous.

Aujourd’hui, la tentation existe de réduire le christianisme à une sagesse purement humaine, en quelque sorte une science pour bien vivre. En un monde fortement sécularisé, est apparue une «sécularisation progressive du salut », ce pourquoi on se bat pour l’homme, certes, mais pour un homme mutilé, ramené à sa seule dimension horizontale. Nous savons au contraire que Jésus est venu apporter le salut intégral qui saisit tout l’homme et tous les hommes, en les ouvrant à la perspective merveilleuse de la filiation divine.

Pourquoi la mission? Parce que, à nous comme à saint Paul «a été confiée cette grâce-là, d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ» (Ep 3, 8). La nouveauté de la vie en lui est la Bonne Nouvelle pour l’homme de tous les temps: tous les hommes y sont appelés et destinés. Tous la recherchent effectivement même si c’est parfois de manière confuse, et tous ont le droit de connaître la valeur de ce don et d’y accéder. L’Église, et en elle tout chrétien, ne peut cacher ni garder pour elle cette nouveauté et cette richesse, reçues de la bonté divine pour être communiquées à tous les hommes.

Voilà pourquoi la mission découle non seulement du précepte formel du Seigneur, mais aussi de l’exigence profonde de la vie de Dieu en nous. Ceux qui font partie de l’Église catholique doivent se considérer comme privilégiés et, de ce fait, d’autant plus engagés à donner un témoignage de foi et de vie chrétienne qui soit un service à l’égard de leurs frères et une réponse due à Dieu, se souvenant que « la grandeur de leur condition doit être rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ; s’ils n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce n’est pas le salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement.» (Jean-Paul II, Redemptoris Missio, n°11)”