Malgré une éducation traditionnelle au sein d’une famille musulmane, Jonas ressent dès l’adolescence une frustration, un malaise à l’encontre de l’islam. Jusqu’à ce qu’il éprouve une ardente passion pour le Christ, qui le mène jusqu’au baptême, reçu fin septembre 2021, au sein de sa paroisse.

« Je suis disposé à témoigner pour le Christ, et je n’ai pas honte de l’Évangile, ni de porter haut et fort mon alliance avec le Seigneur », répond Jonas, tout juste baptisé, lorsque nous lui proposons de raconter sa conversion. Un témoignage pourtant délicat en raison de la fracture que sa démarche a engendrée avec ses proches. Mais en fin connaisseur des Écritures, il cite alors une parole du Christ qu’il a fait sienne : « Celui qui a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire, la sienne, celle du Père et des saints anges » (Lc 9, 26).

Une éducation musulmane

Jonas, de son ancien prénom Hafid, éprouve envers le cinquième des douze « petits prophètes » de la Bible une très forte proximité spirituelle. « Son acte de désobéissance envers Dieu, les trois jours de ténèbres passés dans le ventre du poisson, sa conversion et son repentir, tous ces éléments de la vie de Jonas reflètent mon propre cheminement ! », confie Jonas, 55 ans, baptisé fin septembre après trois années de catéchuménat. Une proximité telle qu’il emprunte le prénom du prophète au moment d’entamer sa nouvelle vie d’enfant de Dieu.

Cheveux longs grisonnants, barbe fournie, sourire éclatant du nouveau baptisé, Jonas n’est pas avare de mots lorsqu’il confie son long et délicat cheminement jusqu’au Christ. Élevé selon une éducation musulmane traditionnelle, Jonas n’hésite pas à comparer sa conversion radicale à celle de saint Paul. Une violente évidence, égalant selon lui, celle qui a fait tomber de son cheval « le plus petit des apôtres » sur la route de Damas. En effet, rien, dans la vie de Jonas, ne laissait présager son amour ardent pour le Christ. Une passion qui l’a conduit à de grands sacrifices, mais qui le rend pleinement heureux aujourd’hui.

Dans l’islam, on tentait de me convaincre avec force à des choses auxquelles je ne croyais pas. Je n’avais pas cette liberté que j’ai ressentie avec force avec le Christ.

Bien que ses parents ne soient que peu pratiquants, ils tentent d’inculquer à Jonas des connaissances religieuses musulmanes et lui offrent pour le moins une « ossature » puisée dans la tradition de l’islam. C’est ainsi qu’à l’âge de 13-14 ans, Jonas poursuit des études religieuses, mais « déjà, quelque chose ne collait pas, cela ne répondait pas du tout à mes attentes, il n’existait pas de liberté de conscience », se souvient-il. À cette époque, il se nourrissait plutôt des discussions sincères et franches avec ses parents dont il souligne l’ouverture d’esprit.

Une conversion radicale

Pendant des années, Jonas a l’impression de vivre dans le mensonge, de faire semblant de confesser une foi qui pour lui n’était que de surface et dont il rêvait de s’affranchir. « Je percevais une frustration en moi mais que je gardais secrète, je ne pouvais pas la révéler à mes proches. Je ressentais de la peur et une profonde culpabilité à l’idée de vouloir m’éloigner de l’islam ». Parallèlement à ce rejet intérieur de l’islam, il se lie d’amitié avec une personne catholique. Il a alors accès à la Bible et aux enseignements du Christ. Il y trouve bon nombre de réponses à ses interrogations. Et un sentiment de liberté : « Dans l’islam, on tentait de me convaincre avec force à des choses auxquelles je ne croyais pas. Je n’avais pas cette liberté que j’ai ressentie avec force avec le Christ », témoigne-t-il.

Outre cette liberté, c’est aussi un grand amour qui l’attire vers Jésus : « J’étais nourri des connaissances islamiques mais je ne ressentais pas cette passion que j’ai ressentie pour le Christ, j’éprouvais une attirance foudroyante. Cela reste encore un mystère pour moi, cet appel qui sonnait comme une évidence. » Un appel qui demeure encore aujourd’hui un vrai choc pour son entourage, pas toujours conciliant. « Mais j’ai appris cela du Christ : je ne réponds pas, je me positionne en réceptacle face aux agressions de ma famille ».

Attentiste mais disposé

Une chose est d’être attiré par le Christ, une autre est de franchir le seuil de l’Église ! Jonas reconnaît bien volontiers qu’il était « disposé » à aller plus loin dans la foi chrétienne mais que le Christ devait aussi y mettre un peu du sien et lui faire signe. Et selon Jonas, le Seigneur s’est manifesté à travers de nombreux signes qui ont jalonné son parcours jusqu’à devenir membre de la communauté chrétienne. Un jour, alors qu’il sortait d’une église dans laquelle il était allé se recueillir, une personne âgée l’aborda et lui proposa de rencontrer un prêtre. Malheureusement, le prêtre du lieu était absent. Comme Jonas faisait demi-tour, il croisa in extremis le prêtre, avec qui il fit son premier examen de conscience et qui le dirigea vers le curé de la paroisse dont il dépendait géographiquement. Mais là non plus, ce n’est pas Jonas qui fit le premier pas. Ses coordonnées ayant été transmises, c’est le curé qui le contacta, et lui ouvrit les portes de son église, en même temps que celles de l’Église universelle.

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