L’Église a toujours exhorté à la légitime défense face à l’islam. En 778 le Pape Adrien 1er encourage Charlemagne parti combattre l’émir de Cordoue : « Quant à nous, fils très cher et grand roi, Nous implorons sans cesse pour vous la clémence de Notre Seigneur Dieu avec tous Nos prêtres, Nos religieux moines, tout Notre clergé et Notre peuple en entier afin qu’Il vous soumette ce peuple innombrable des agaréniens (sarrasins) et qu’Il le prosterne sous vos pieds et qu’ils ne puissent plus l’emporter sur vous si peu que ce soit. (Michel Rouche, Le pape face à l’islam au VIIIe siècle in Mélanges de la Casa de Vélasquez, 1996, vol.32, n°1) »

Au début du IXe siècle, la Sicile tombe aux mains des Sarrasins, qui, en 846, assiègent le Vatican, saccagent et pillent les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul. Léon IV érige alors les remparts du Mur léonin, fortifie l’ensemble du Vatican, et s’équipe d’une flotte. Malgré cela, les Sarrasins réussissent en 882 à imposer à son successeur, le valeureux Pape Jean VIII, le racket de la jizyia.

En 1012, pour la première fois, grâce au pape Serge IV, l’idée de Croisade contre les envahisseurs musulmans voit le jour. En 1095, le bienheureux pape Urbain II prêche la première croisade : « À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte si un peuple aussi méprisé, aussi décadent, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! (Jean Richard, L’esprit de la Croisade, Biblis, 2012, p.62) »

En 1146, à la demande d’Eugène III, le grand saint Bernard prêche la deuxième croisade : « Si on vous annonçait que l’ennemi est entré dans vos cités, qu’il a ravi vos épouses et vos filles, profané vos temples, qui de vous ne volerait aux armes ? […] Pourtant, il ne convient pas de tuer les païens si on peut trouver un autre moyen de les empêcher de harceler ou d’opprimer les fidèles. Mais, pour le moment, il vaut mieux que les païens soient tués, plutôt que de laisser la menace qu’ils représentent suspendue au-dessus de la tête des justes, de peur de voir les justes se laisser entraîner à commettre l’iniquité. (Monique Zerner-Chardavoine, Discours et pouvoirs avant l’inquisition, CID diffusion, 1998, p.86) »

En 1213, Innocent III, dans l’encyclique Quia major, condamne ainsi l’islam : « Encore à l’époque de saint Grégoire, presque tous les pays musulmans étaient chrétiens. Mais un fils de perdition, le pseudo-prophète Mahomet, s’est levé depuis lors et a séduit beaucoup d’hommes en les détournant de la vérité par l’attrait du monde et des voluptés charnelles. (Jean Richard, op. cit., p.87) » Le Pape Clément IV exhorte Jacques 1er, roi d’Aragon, à chasser les Sarrasins de ses terres, lui représentant combien leur séjour y est dangereux au plan matériel et spirituel : « On a des exemples de la dangereuse affaire qu’est celle d’avoir des musulmans dans ses domaines. Quoiqu’ils cachent leurs mauvais desseins, pour un temps, par contrainte, ils cherchent ardemment l’occasion de les exécuter. C’est nourrir un serpent dans son sein que de garder chez soi de tels ennemis. Un petit avantage qui vous en revient ne doit pas l’emporter sur la honte de les voir au milieu des chrétiens exalter le nom de Mahomet. Vous devenez votre propre adversaire si vous pourchassez les musulmans sur leurs terres, mais les protégez patiemment dans les vôtres. Il est indubitable qu’il serait conforme à vos excellentes œuvres que vous exiliez ces gens hors des frontières de vos domaines. (Lettre du 5 juillet 1266, in Abbé Rohrbacher, Histoire universelle de l’Église catholique, Paris, Letouzey et Ané, 1873, p.165) »

En 1288, le pape Nicolas IV combat les musulmans à Gênes, mais en 1309 la papauté doit se réfugier en Avignon. Le Concile de Vienne (1311-1312) stipule : « C’est une insulte au saint Nom et une injure à la foi chrétienne que, là où ils vivent mêlés aux chrétiens, les prêtres sarrasins invoquent à voix forte le nom de Mahomet à certaines heures d’une place élevée. Avec l’approbation du saint Concile, nous interdisons de telles pratiques en terre chrétienne. Nous enjoignons aux princes chrétiens d’enlever cette offense de leurs territoires ; ils doivent aussi interdire expressément l’invocation publique du nom sacrilège de Mahomet. […] »

En 1460, le Pape Pie II écrit au sultan Mehmet II : « Ta loi, parce qu’elle n’a pas de vrais arguments, […] s’appuie sur les armes. Ayant honte d’être convaincue de fausseté, elle a recours au glaive. (Marie Viallon, La lettre à Mehmet II ou le loup et l’agneau, Cahiers d’études italiennes, 13, 2011, p.129-139) »

Saint Pie V anime la résistance européenne face à l’invasion musulmane, et grâce à la Sainte-Ligue qu’il constitue, inflige aux Turcs un échec décisif à Lépante le 7 octobre 1571.

En 1830, le pape Pie VIII engage le roi de France Charles X à éliminer les pirates barbaresques et à ramener au christianisme les populations d’Afrique du Nord.

L’islam a-t-il donc changé que l’Église croie devoir aujourd’hui le traiter en ami et prêcher l’ouverture des frontières ?

(Extrait de “Interroger l’islam”, DMM)