La Semaine sainte (Semana santa) de Séville, en Andalousie est la célébration religieuse la plus importante de la ville, et l’une des plus célèbres d’Espagne. Tout comme la Feria de Abril qu’elle précède de quelques semaines, elle rythme le calendrier annuel de la ville, qui vit durant une semaine au rythme des processions. 

Elle commence le Dimanche des Rameaux et s’achève une semaine plus tard, le Dimanche de Pâques, pour la commémoration de la Résurrection du Christ. Durant ces 7 jours dédiés à la Passion du Christ, 60 confréries (Hermandades et Cofradías) sortent en procession pour se rendre à la cathédrale, conclure leur station de pénitence, avant de revenir vers leur point de départ.

Chacune de ces congrégations conduit lors de son long cheminement ses pasos, ces autels portés à dos d’hommes, richement décorés et qui servent de supports à des groupes sculptés en bois représentant des scènes de la Passion. Une foule considérable de Sévillans, d’Espagnols et d’étrangers, de croyants et de non-croyants se presse dans les rues de la ville pour se recueillir ou simplement admirer le passage de ces imposants cortèges de pénitents, dont certains sont accompagnés de musique.

Les confréries
Les confréries, dont les plus anciennes remontent au Moyen Âge, sont des regroupements de fidèles laïcs. Le siège de ces congrégations est basé dans des chapelles ou églises qui abritent les effigies ou reliques du Christ, de la Vierge ou d’un saint, auxquelles les membres manifestent leur profond attachement.

Rassemblés autour des idéaux chrétiens (formation, culte et charité) de la société à laquelle ils appartiennent, ils se consacrent toute l’année à diverses œuvres de bienfaisance et au culte catholique. La Semaine Sainte constitue cependant le point d’orgue de leur année de foi, l’occasion de faire pénitence en cette fin de Carême et à l’approche de la célébration de la Résurrection de Jésus.

Chacune des 60 cofradías de la Semaine Sainte est dirigée par un Hermano Mayor, un frère majeur. Ces responsables élisent les dirigeants du Consejo General de Hermandades y Cofradías, organisation qui fédère les hermandades et se charge de coordonner leurs activités et d’organiser les processions.

El Palio

Unie par la dévotion dont elle témoigne à l’égard des saintes images qu’elle conserve en son siège, chaque hermandad accompagne ces précieuses effigies dans les rues des villes. Montées sur les pasos, les statues représentent la Vierge et le Christ, lequel est souvent accompagné d’autres personnages des Évangiles ou de l’hagiographie chrétienne, dans une mise en scène évoquant des épisodes de la Passion. Dans la plupart des confréries, Marie et Jésus sont représentés sur deux pasos différents : le paso du Christ (appelé misterio) précède celui de la Vierge (nommé palio). Ces “autels” sont toujours richement ornés de dorures, moulures et autres étoffes précieuses. Ces sculptures de bois peintes sont pour beaucoup de véritables œuvres d’art, exécutées par de grands maîtres du baroque espagnol.

Lors des processions qui mènent ces pasos à travers Séville, les cofrades se répartissent selon leurs fonctions :


les costaleros : ils portent les pasos, dont le poids contraint à disposer d’un effectif important, tournant à intervalles réguliers. Les confréries possèdent de un à trois pasos, soit autant de groupes de porteurs ;

le capataz : c’est le responsable de l’équipe des costaleros. Il dirige le paso et guide les porteurs par la voix en indiquant la direction à prendre. Il est assisté de contraguías. Il ordonne la levée ou l’arrêt du paso, à l’aide du llamador ou martillo, heurtoir situé à l’avant de l’autel.

les nazarenos : ce sont les pénitents qui marchent au-devant des pasos, vêtus d’une tunique et d’une cagoule (le capirote), dont les couleurs varient d’une confrérie à l’autre, voire au sein d’une confrérie, selon le paso qu’il précède.

 

 

Déroulement des processions
L’itinéraire des confréries est fixé par avance, puis annoncé publiquement à la Chapelle Royale de la Cathédrale 14 jours avant le début de la Semaine Sainte. Cette cérémonie, dont l’origine remonte au synode diocésain de 1604, est connue sous le nom de Cabildo de Toma de Horas.

Chacune des confréries, au jour et à l’heure qui lui échoient, sort en procession depuis l’église ou la chapelle où est établi son siège. Le cortège, formé des centaines voire des milliers de membres de la société, entame alors son chemin de pénitence vers la cathédrale. Pour atteindre celle-ci, il doit effectuer la dernière partie de son parcours sur un itinéraire officiel, commun à toutes les cofradías : la Carrera Oficial. Ce segment amène les confréries à passer devant l’Hôtel de Ville. Une fois arrivées à la cathédrale, les congrégations achèvent leur station de pénitence avant de rejoindre leur point de départ qu’elles regagneront après des heures de procession dans les rues de Séville.

L’aspect spectaculaire de ces litanies de cofrades (membres des cofradías) s’explique par leur accumulation, la beauté baroque des pasos (chars), le silence absolu des processions, ou au contraire leur musique solennelle, mais aussi par leur avancée dans les ruelles de la vieille ville, qui forme un cadre grandiose. La configuration tortueuse de certaines voies rend parfois périlleuse leur progression, ce qui contribue à donner encore davantage de panache à leur marche, qui semble interminable: il faut souvent patienter plus d’une heure pour voir passer la totalité d’une hermandad. Les processions effectuent des arrêts, qui sont alors l’occasion d’entendre des saetas entonnées par des anonymes, depuis la rue ou un balcon. L’instant le plus propice à ces improvisations se situe à la sortie et au retour du cortège.

La Semaine Sainte atteint son paroxysme lors de la Madrugá qui, dans la nuit du jeudi au vendredi saints, voit sortir les plus célèbres congrégations de Séville : la Macarena, Esperanza de Triana, Jesús del Gran Poder,… La ville connaît cette nuit-là la plus forte affluence de la semaine.

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