Voici un extrait de la conférence de l’abbé Guy Pagès, intitulée “De l’islam et de la vie éternelle”, donnée lors du Quinzième Séminaire scientifique interdisciplinaire international Idées-Homme-Philosophie, qui s’est tenu à Stary Sacz (Pologne) du 28 juillet au 2 août 2025. La conférence complète est ici : https://www.islam-et-verite.com/de-la-vie-eternelle-en-islam/
À la différence du Dieu des chrétiens qui « veut que tous les hommes parviennent à la connaissance de la vérité et puissent être ainsi sauvés. (1 Tm 2.4) », Allah ne veut pas que tous les hommes croient et soient sauvés (Coran 10.99) : « Si Allah le voulait, ils [les chrétiens] ne seraient pas associateurs ! (Coran 6.107) » – L’association étant le péché des chrétiens (Coran 5.116), le seul péché qu’Allah ne puisse pardonner (Coran 4.48), l’islam se révèle antichrist. Alors que le Dieu des chrétiens laisse les hommes libres de L’adorer ou non, d’accueillir leur Sauveur ou non, Allah créé des hommes pécheurs pour pouvoir les maudire et les jeter en enfer (Coran 9.30,113 ; 48.6) : « Nous avons créé beaucoup de djinns et d’humains pour l’Enfer ! (Coran 7.179,186) » ; « Certes, si nous l’avions voulu, nous aurions mis chaque âme dans la bonne direction. Mais ma décision de remplir l’Enfer de djinns et d’hommes doit s’accomplir ! (Coran 32.13) » Les dés sont donc pipés : le jugement est déjà porté avant même que s’ouvre le procès., et même que les prétendus coupables aient commencer à vivre !
Le Coran affirme d’un côté : « Ceux qui ont la foi, fait de bonnes œuvres, prié et versé l’impôt, leur Seigneur les récompensera. (…) Ils ne seront point affligés. (Coran 2.277) » et de l’autre : « Allah égare qui il veut, et dirige qui il veut. (Coran 6.39 ; 2.142,213 ; 7.155 ; 10.25 ; 13.27 ; 24.46) » ; « il pardonne à qui il veut et châtie qui il veut (Coran 2.284 ; 3.129 ; 5.18 ; 22.77 ; 29.21) », la condamnation d’Allah étant irrévocable (Coran 10.64 ; 17.77 ; 35.43 ; 48.23) … Face à cet arbitraire identifié à la souveraine liberté de la Divinité, comment un musulman pourrait-il ne pas vivre dans l’angoisse d’être peut-être lui-aussi destiné à l’enfer ? Car « quiconque désobéit à Allah et à son envoyé et transgresse ses normes, va en enfer (Coran 4.14 ; 9.63 ; 72.23) ». Or, quel musulman n’a jamais désobéi à Allah ? Et si la pratique des préceptes de la charia sauve (Coran 45.18-21), la logique des comptes place le musulman dans une vis sans fin, où il ne peut ni rattraper le temps perdu, ni évaluer le montant de sa dette, ni donc jamais avoir l’assurance d’être pardonné … Cette logique des comptes a de quoi le rendre fou, puisqu’elle ne sert finalement à rien : le salut ne dépendant que du bon plaisir d’Allah (Coran 4.88,143 ; 6.39) ! Son pardon n’étant ni gratuit ni assuré, le musulman doit alors chercher à se sauver lui-même en une auto-rédemption désespérée. C’est en effet un principe connu de tous que le mal fait doit être payé, et que celui qui est souillé par son péché souille nécessairement tout ce qu’il fait, y compris ses actes religieux … Les musulmans n’ont donc rien à offrir à Dieu qui soit digne de Lui, rien sur quoi fonder leur espérance de salut …
En comparaison, un chrétien sait qu’il n’accomplira jamais parfaitement par lui-même la Loi du Christ — tant il est vrai qu’aimer assez serait ne plus aimer du tout ! —, mais il compte sur les mérites infinis du sacrifice rédempteur du Christ, à qui il est uni par la grâce (Jn 17.21). C’est pourquoi l’Église enseigne : « Si quelqu’un dit que l’homme peut être justifié devant Dieu par ses œuvres sans la grâce divine venant de Jésus-Christ : qu’il soit maudit ! (Concile de Trente, DS 1551) » Malheur donc à qui pense pouvoir se justifier devant le seul Juste (Mc 10.24-27 ; Lc 18.10-17) !
Pour sauvegarder, comme toujours, son absolue liberté, la possibilité de l’intercession auprès d’Allah est niée (Coran 2.123,254 ; 6.51 ; 39.44 ; 72.18 ; 82.18-19), mais – dans un souci de clarté sans doute –, elle est aussi affirmée (Coran 2.255 ; 20.109 ; 21.28 ; 34.23 ; 43.86 ; 53.26) ! en particulier en faveur de Mahomet. Quoique les musulmans prétendent – par crainte de l’associationisme –, n’avoir point de médiateur ou d’intercesseur auprès d’Allah, le Coran leur désigne pourtant comme tel Mahomet, lequel va jusqu’à prendre la parole dans le Coran – censé être la parole intemporelle d’Allah : « Si vous aimez Allah, suivez-moi ; il vous aimera et pardonnera vos péchés. (Coran 3.31) » … Or, puisque Mahomet était un pécheur (Coran 18.110 ; 40.55 ; 47.19 ; 48.1-2 ; 80.1-12), et qu’aucun pécheur ne peut porter les péchés d’autrui (Coran 17.15 ; 39.7), comment Mahomet pourrait-il obtenir le pardon des péchés ? Et en quoi Jésus aurait-Il failli à Sa mission de Rédempteur qu’il faudrait que Mahomet assume ce rôle ? En s’attribuant ainsi l’œuvre propre du Christ, qui est le salut éternel par le pardon des péchés (Ac 10.43 ; 1 Jn 3.5 ; 4.10), l’humanité peut-elle trouver en Mahomet, c’est-à-dire en l’islam, pire ennemi ?
Le Coran n’en parle pas, même s’il est « l’exposé détaillé de toute chose (Coran 7.145 ; 12.111 ; 16.89) », mais le temps du Jugement prendra un certain temps, car croyants et incroyants devront ce jour-là traverser un pont étroit, le pont du Sirât, par-dessus l’abîme de l’enfer, de la longueur donc de l’enfer … Et parce que l’enfer se situe entre les êtres humains et le Paradis, tout le monde doit y passer (Coran 19.71-72) ! Il faut au minimum cinq mille ans pour monter sur ce pont, cinq mille ans pour le traverser, et cinq mille ans pour en redescendre … Si pour les musulmans fidèles ce pont est plat et large, pour les autres il sera plus fin qu’un cheveu et plus tranchant qu’un couteau … et tous devront le traverser de nuit. Les bons musulmans le traverseront rapidement, d’autres, moins vite, et certains auront besoin de milliers d’années, d’autres enfin n’arriveront pas à traverser ce pont et tomberont en Enfer, en particulier tous les non-musulmans. Les musulmans qui glisseront du pont seront rattrapés par des crochets puis remis sur le pont pour continuer leur chemin. Les musulmans qui tomberont en enfer subiront une punition durant un certain temps, mais en sortiront pour aller vivre au paradis. On aura remarqué que ce récit est bâti sur la confusion entre le temps et l’éternité, car au Jugement dernier le temps est fini et l’éternité commence, confusion également entre Purgatoire et Enfer.
Alors que les chrétiens sont déjà sauvés, aussi gratuitement qu’ils ont reçu le don de la vie temporelle dans le sein de leur mère, aussi gratuitement ont-ils reçu le don de la vie éternelle dans les eaux de leur baptême (1 Jn 5.13), la seule chose qu’ils ont à faire étant de ne pas perdre ce don de la vie éternelle, raison pour laquelle ils doivent le faire fructifier, et pour cela le partager. On ne possède en effet que ce que l’on donne (Mt 13.12 ; 25.14-30). Si donc le chrétien est déjà sauvé, le musulman n’a aucune assurance qu’il évitera l’enfer (Coran 2.284 ; 3.129 ; 22.77) dont Allah le menace continuellement en son Coran … Sauf ! Sauf ! Sauf s’il meurt au djihâd (Coran 2.154 ; 3.157-158,169) ! En effet, la seule assurance qu’un musulman peut avoir d’échapper à l’enfer d’Allah est de mourir au djihad, car Allah s’est engagé à donner son paradis à quiconque meurt au djihad : « Qu’ils combattent donc dans la voie d’Allah ceux qui troquent la vie d’ici-bas contre la [vie] dernière. Quiconque combat dans la voie d’Allah, qu’il soit tué ou vainqueur, nous lui donnerons un très grand salaire. (Coran 4.74) » ; « Ceux qui seront tués dans la voie d’Allah, Allah n’égarera pas leurs œuvres. Il les dirigera et améliorera leur condition et les fera entrer dans le jardin … (Coran 47.4-7 ; 9.111) » Ceux qui tuent au nom d’Allah n’obéissent donc pas tant à des considérations d’ordre politique que religieux : ils veulent aller au paradis ! Même les enfants sont élevés dans ce désir de mourir en tuant. Combien de mères en Iran, en Palestine, et ailleurs, formulent ce vœu pour leurs enfants ! « Je serai votre égorgeur, ô mécréants ! » disait Rayan, un enfant de douze ans, originaire de Toulouse, venant d’assassiner de sang-froid des mécréants dans l’une des vidéos diffusées par l’État islamique. « Ceux qui ont cru, émigré et combattu dans la voie d’Allah, ainsi que ceux qui les ont abrités et secourus, ceux-là sont les vrais croyants. Ils auront un pardon et un beau cadeau. (Coran 8.74 ; Cf. 3.157-163) » Le djihâd est si bien la voie du paradis que ceux qui n’y participent pas sont voués à l’Enfer : « Si vous ne marchez pas au combat, Allah vous châtiera d’un châtiment douloureux ! (Coran 9.39) » Le djihâd est si impérieux qu’il dispense de l’obéissance à Mahomet (et donc à ses successeurs) : « Ceux qui croient en Allah et au dernier jour ne te demandent pas l’autorisation pour lutter de leurs fortunes et de leurs personnes. (Coran 9.44) » Autrement dit : chaque musulman doit faire le djihâd de sa propre initiative … Dans l’ouvrage La voie du musulman (Abou Bakr Al-Jaïzari, Éditions Maison d’Ennour, 2011), librement diffusé en France, on lit : « L’objectif principal du djihâd est d’affronter les mécréants et les belligérants. Il est une obligation à caractère collectif ; mais qu’une partie de la communauté l’accomplisse et les autres membres en sont dispensés … (p.365) » Allah demande à Mahomet : « Ô Prophète ! Combats les incrédules et les hypocrites ; sois dur envers eux ! Leur refuge sera l’enfer ! (Coran 66.9) » Ledit Prophète étant le modèle des musulmans (Coran 33.21), il s’en suit pour les musulmans : « Ô croyants ! Combattez à mort les incroyants près de vous ! Qu’ils vous trouvent durs à leur égard ! (Coran 9.123) » ; « Les mécréants, égorgez-les ! (Coran 47.4-6) » … Et rien de plus facile ! Aucun problème de conscience à tuer un mécréant puisqu’Allah décharge de toute responsabilité : « Ce n’est pas vous qui les avez tués, c’est Allah ! Lorsque tu frappais, ce n’était pas toi, c’était Allah. (Coran 8.17) » ; « Combattez-les ! Allah, par vos mains, les couvrira d’ignominie et vous les fera vaincre ! (Coran 9.14) » Pour tout musulman meurtrier d’un non-musulman, c’est la garantie de l’impunité, avalisée par la tradition musulmane : « Aucun musulman ne pourra être tué pour avoir tué un infidèle. (Boukhari, 52,283) »
Au critère décisif pour le salut qu’aura été l’affirmation de l’unicité divine, s’ajoute l’accomplissement exact des prières et des rites (Coran 2.277 ; Mouslim 362). Mais cela ne suffit pas vraiment encore pour être en paix. Tout musulman est en effet terrorisé à l’idée de devoir séjourner dans sa tombe, car deux anges visitent tout défunt pour l’interroger sur sa croyance, ses actions et lui demander de réciter le Coran … Selon la réponse donnée, les anges ont le pouvoir de récompenser ou de torturer le défunt en sa tombe jusqu’au jour du Jugement, ou, selon certaines traditions, jusqu’au quarantième jour après le décès, après quoi il demeure inconscient jusqu’au jour de la Résurrection. Mais les shahîds (martyrs !) jouissent ici d’un privilège au cas où ils n’auraient pas même cette connaissance basique de l’islam pour lequel ils se sont cependant décidés à tuer : ils sont dispensés de l’interrogatoire de la tombe (Coran 9.101 ; 27.65-67 ; 40.46 ; 50.17-18 ; 82.10-12 ; Boukhari 218 ; Musna Hamad 21211) ! Et pour que les anges ne risquent pas de les confondre avec de vulgaires musulmans et ne viennent les interroger, ils sont enterrés dans leurs vêtements tachés du sang de leurs victimes. Parmi leurs autres privilèges se trouve le fait qu’ils entreront directement au paradis le Jour du Jugement (al-Tirmidhi, 1669) et en attendant, ils voient leur place au paradis où ils recevront 72 houris (ibid.).
La peur du jugement – qui n’est que trop justifiée ! – anticipée en celle du séjour dans la tombe, est mise au service de l’« associationisme », la haine de la Sainte Trinité, elle-aussi déformée par le Coran qui la voit composée de Dieu, Jésus et Marie (Coran 5.116 ; 4.48 ; 39.65-66) : « Quiconque meurt alors qu’il n’associait rien à Allah sera admis au Paradis. Quiconque meurt alors qu’il associait quelque chose à Allah sera envoyé en enfer. (Mouslim, 135) » ; « Sortira de l’enfer celui qui aura dit : il n’y a pas de dieu en dehors d’Allah, même si son cœur ne renferme pas plus de bien que celui de la grosseur d’une graine de moutarde. (Boukhari, 6861 ; Mouslim, 285) » Les hadiths 6933 de Boukhari et 1655 de Mouslim rapportent : « D’après Abou Dharr, le Messager d’Allah a dit : ‘Gabriel m’est apparu et m’a dit : ‘Transmets cette bonne nouvelle à ta communauté : toute personne qui meurt sans rien associer au culte d’Allah sera admise au Paradis ! Je lui ai dit : Ô Gabriel, même si elle commet le vol et la fornication ? Il a répondu : oui. J’ai dit encore : même si elle commet le vol et la fornication ? Il a encore répondu : oui ! Et il a ajouté : Même si elle consommait du vin ! » Où l’on voit que le sort du défunt n’est pas établi en fonction des actes de sa vie morale, mais sur le seul rejet du christianisme remplacé par le culte d’Allah (Cf. Mt 7.21). Si le salut se joue sur la seule proclamation de l’existence d’Allah, comment l’islam ne serait-il pas une licence accordée au péché ?
De l’état de l’âme entre la mort et la résurrection, le Coran ne parle pas, bien qu’il soit le livre où « tout est consigné (Coran 22.70 ; 50.4 ; 78.29) ». Comme nous l’avons déjà compris, les actes n’ont pas vraiment d’importance pour le jugement, puisque tout est déterminé par Allah dans le destin. Le jugement, comme chez les protestants, porte essentiellement sur la foi, la prise en compte des actes est de l’ordre du fignolage qui suit. D’où l’importance pour le musulman de mourir en récitant la chahada, l’index levé vers le ciel pour exprimer la reconnaissance de l’unicité divine, confession qui n’est que l’expression du refus de la foi en la Sainte Trinité, que saint Jacques a déjà dénoncée sous ses apparences de piété : « Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu ? Tu fais bien. Les démons le croient aussi, et ils tremblent ! (Jc 2.19) ».
Derniers commentaires