Homélie pour le 15e dimanche du T.O.
(Am 7.12-15 ; Ep 1.3-14 ; Mc 6.7-13)

Chers frères et sœurs, avez-vous remarqué comment saint Marc résume la prédication des Apôtres que Jésus vient d’envoyer en mission ? Il écrit : « Ils partirent et proclamèrent … qu’il fallait se convertir. (Mc 6.12) » Se convertir… La prédication des Apôtres est résumée par cette seule injonction : Il faut se con-ver-tir … « Ils partirent et proclamèrent … qu’il fallait se convertir. (Mc 6.12) » Et aujourd’hui, diraient-ils la même chose ? La prédication des Apôtres peut-elle varier au cours des temps ? Saint Pierre, après la Pentecôte, demanda encore la même chose (Ac 3.19), et des années plus tard, saint Paul ne demandait pas autre chose (2 Tm 2.25), échos fidèles de Jésus, disant : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous ! (Lc 13.3) » La Vierge Marie n’a pas dit autre chose à sainte Bernadette, notamment lors de sa huitième apparition : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » Pénitence signifie conversion. La Vierge est venue demander aux pécheurs de faire pénitence de leurs péchés, de se convertir. Et nous, avons-nous le souci, non seulement de nous convertir, mais d’appeler les pécheurs à la conversion ?

Peut-être quelqu’un va-t-il alléguer que n’étant ni évêque ni prêtre, il ne lui appartient pas d’appeler à la conversion. Mais Amos non plus n’était « pas prophète ni fils de prophète (Am 7.14) », et pourtant il a dénoncé à Israël ses péchés. Et à ses risques et périls, car un prophète n’est jamais bien accueilli … Or Dieu députe tous les chrétiens à l’apostolat en vertu des sacrements de baptême et de confirmation, comme nous l’a rappelé saint Jean Paul II (Christi Fideles n°13,51) Benoit XVI a exhorté les chrétiens, « chacun étant conscient de ses propres limites et de ses défauts », a pratiquer la correction fraternelle comme « un geste d’amour pour son frère (04.09.2011) ». Bref, les disciples du Christ ne peuvent pas rester indifférents au salut de leurs frères, ne pas appeler à la conversion, ne pas évangéliser (Mt 5.14 ; Mc 4.21). 

Ainsi donc, dans notre famille, parmi nos amis, et jusque dans des rencontres inopinées, avons-nous le souci d’appeler à la conversion ceux et celles qui, par exemple, vivent en concubinage, légitiment la contraception, l’avortement, l’homosexualité, la PMA, l’euthanasie, ne vont plus à la messe dominicale, travaillent ou font travailler sans nécessité le dimanche, ne prient pas (Lc 21.36), placent leur argent à la banque sans se soucier de l’immoralité des entreprises qu’ils financent ainsi, et en ces mois d’été particulièrement, portent des tenues indécentes, etc. etc. ? Avons-nous réalisé que de notre charité ainsi manifestée dépend non seulement le salut de certains pécheurs, mais aussi le nôtre ? Car, ainsi que l’enseigne saint Paul :« Si tu confesses de ta bouche [Si tu confesses de ta bouche] que Jésus est Seigneur [Avec tout ce que cela implique], et si dans ton cœur tu crois que Dieu L’a ressuscité des morts, alors tu seras sauvé [alors tu seras sauvé]. Car la foi du cœur produit la justice, et la confession des lèvres, le salut [la confession des lèvres, le salut]. (Rm 10.9-10) »

Si le monde retourne au chaos, serait-ce parce que les chrétiens n’en sont plus le sel, que ce sel, à force de compromissions, s’est affadi, au point de n’être plus bon à rien (Mt 5.13) ? Saint Jacques nous a avertis : « Celui qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu ! (Jc 4.4) » Pourquoi, par exemple, l’islam, cet antichrist caractérisé (1 Jn 2.22), s’installe-t-il chez nous, sinon parce que la plupart des chrétiens ne connaissent plus Jésus, le seul Sauveur, Dieu même, en sorte que privés de Sa grâce ils ne savent plus distinguer le vrai du faux ? Comment les chrétiens pourraient-ils être de valeureux soldats du Christ Roy combattant sous l’étendard de la Croix (2 Tm 2.3), quand ils sont constamment pressés de fraterniser avec l’hérétique, de pactiser avec l’ennemi, désormais auréolé de la gloire de l’Etranger, du Tout-Autre ? Saint Pie X, lors de la béatification de sainte Jeanne d’Arc envoyée par Notre Seigneur Jésus-Christ bouter les envahisseurs hors de France, a bien résumé la situation : « La force principale des mauvais, c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf du règne de Satan réside dans la mollesse des chrétiens ». « La force principale des mauvais, c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf du règne de Satan réside dans la mollesse des chrétiens. »

Si les chrétiens avaient refusé en bloc de cautionner, ne serait-ce que par leur silence, les politiques de transgression toujours proposées au nom du moindre mal, que secouant la poussière de leurs sandales, ils s’étaient montrés intransigeants, en serions-nous arrivés à devoir, sous le masque hygiéniste, sacrifier à la nouvelle religion Ecologie, toujours plus inhumaine et totalitaire ? Mais où est donc passée la radicalité de l’Évangile, l’assurance de la foi (He 10.35), la vigueur des Apôtres, qui demandaient : « Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. Quel rapport entre la justice et l’impiété ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles ? Or c’est nous qui sommes le temple du Dieu vivant, ainsi que Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux et J’y marcherai ; Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Sortez donc du milieu de ces gens-là et tenez-vous à l’écart, dit le Seigneur. Ne touchez à rien d’impur, et moi, Je vous accueillerai. (2 Co 6.14-17) » ? Nous n’en sommes plus à prêcher ainsi, n’est-ce pas ? Aujourd’hui nous devrions croire que Dieu veut la pluralité des religions, que le développement de la doctrine catholique condamne l’enseignement traditionnel de l’Eglise, de sorte que sont célébrées jusque dans nos églises l’amour des paires homosexuelles, l’anniversaire de la naissance de Mahomet, les obsèques d’un apostat passé à l’islam et devenu un assassinSaint Paul se plaignait déjà de ce que beaucoup de chrétiens se conduisaient en ennemis de la Croix du Christ, n’appréciant que les choses de la terre, et il prophétisait qu’ils finiraient en Enfer (Ph 3.18).

Le rôle des signes, forcément matériels, est de montrer les réalités invisibles. La consigne de Jésus de secouer la poussière de ses sandales entend montrer que le refus d’accueillir l’Evangile rend totalement étranger à Dieu et aux chrétiens, qui, par définition, ne font qu’un avec Lui en Jésus-Christ (Jn 15.5 ; 17.21). C’est d’ailleurs là un critère de discernement à rappeler au chrétien souhaitant épouser qui rejette le Christ (Cf. Lc 14.26).

Les vraies réalités sont spirituelles, et demeurent dans l’éternité. Mais les pécheurs voient dans le temps qui passe la preuve que Dieu n’existe pas, puisque rien de fâcheux ne semble leur arriver. Ils transforment ainsi le temps que Dieu leur donne en celui de leur chute en Enfer… tandis que ceux que Dieu « a comblés de Sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ », utilisent le temps pour se convertir, réparer, mériter, aimer, glorifier Dieu. Il faut bien voir en effet que si Dieu nous a prédestinés à être pour Lui des enfants adoptifs, ce n’est pas seulement en raison de Son éternelle charité, mais aussi en vertu de nos mérites. Ceux qui imaginent le salut acquis quoi que fasse l’homme, comme les musulmans ou les calvinistes, sont conduits à croire soit que tous les hommes sont sauvés, soit que Dieu est un sadique voulant la perte des damnés. Quant à ceux qui imaginent que le salut est le salaire de nos seuls mérites, ils rendent inutiles la venue du Christ et Son sacrifice. Dans le premier cas, la conversion est inutile, et dans le second, l’homme est son propre sauveur. A ceux qui ne comprennent pas pourquoi Dieu ne nous a pas tout donné directement, mais seulement, comme dit saint Paul, les arrhes (Ep 1.13), c’est-à-dire l’eau du baptême, le Sang du Christ, et Son Esprit-Saint, il faut répondre que nous non plus ne Lui avons pas encore tout donné… Nous avons commencé à croire, et quand nous aurons accompli « les bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions(Ep 2.10) », alors nous aurons témoigné que nous voulons vraiment être sauvé. Et Dieu pourra alors nous donner la totalité de Son Royaume … L’obéissance aux commandements divins est pour nous le moyen de montrer à Dieu que nous voulons être sauvé (Jn 14.15,21 ; 1 Jn 2.3,4), et pour Dieu de nous sauver.
Ainsi, notre salut est fonction de la Miséricorde divine ET de notre conversion. Selon ce principe de la réciprocité des causes, « Amour ET Vérité se rencontrent, Justice ET Paix s’embrassent, la Vérité a germé de la terre ET des Cieux s’est penchée la Justice, le Seigneur donne le bonheur ET notre terre son fruit… (Ps 84/85.8-12) ! ». Le salut est le fruit de la grâce de Dieu ET de notre conversion.

Le texte est téléchargeable sur le site de la paroisse de Lourdes