Interrogé début novembre, le Grand imâm d’Al-Azhar, Ahmed el Tayeb, diplômé de l’institution islamique ainsi que de la Sorbonne, a balayé d’un revers de main toute initiative visant à réviser le contenu de l’enseignement multiséculaire de ce temple de l’orthodoxie sunnite : « Les livres dont nous avons hérités sont innocents, et ont été maltraités par les ignorants et les indécents parmi nous »

Ces livres d’exégèse coranique, de hadith (faits et gestes de Mahomet rapportés) et de jurisprudence contiennent des prescriptions enjoignant de marquer les maisons des chrétiens, d’interdire la construction d’églises en terre d’islam, de tuer les apostats, etc.

Mais le Grand imâm de la plus prestigieuse université sunnite du monde préfère en faire l’apologie :

« Certains disent qu’il faut en finir avec ces livres. Mais comment alors comprendre le Coran et la Sunna ? ». Puis il s’attaque aux réformateurs : « Quand ils [les réformateurs] disent qu’al-Azhar doit changer de discours religieux, ceci ou cela, c’est comme le mouvement d’un moulinet qui changerait ce discours religieux- Al Azhar proclame le véritable discours religieux, appris de nos grands anciens »

L’authentique réformateur du début du XXième siècle, le Dr. Ali Abdel Raziq (1888-1966), ministre des Affaires religieuses qui dénonçait le califat et plaidait pour la séparation des pouvoirs politiques et religieux, fut clairement condamné rappelle le cheikh Ahmed Al-Tayeb :

« Al-Azhar a rejeté sa position, affirmant qu’il a perdu ses croyances et sa foi. Une large majorité d’oulémas – dans et en dehors Egypte, et d’Al Azhar- ont rejeté son travail et ses assertions, selon laquelle l’islam est une religion et non une politique. Ils ont bien plutôt affirmé que l’islam est religion et politique [al-din wa’l-dawla]. »

En juin 2016, le Grand imâm avait rappelé le bien fondé du meurtre des apostats dans la législation islamique :

« On apprend dans la Loi islamique [al-fuqaha] et des imâms des quatre écoles juridiques que l’apostasie est considérée comme un crime et que l’apostat doit soit renoncé à son état, ou être tué », citant un hadith de Mahomet en renfort.

Il en concluait que l’apostasie aujourd’hui est « une grande trahison  qui doit être dénoncée et punie ».

L’institut du Caire pour les droits de l’homme avait dénoncé le double discours de Ahmed Al-Tayeb, certifiant être le garant des droits élémentaires lors de ses discours dans les institutions occidentales, et restant inflexible dans ses positionnements en Egypte.

En décembre 2015, Al-Tayeb avait refusé de qualifier les membres de l’Etat islamique comme étant dans un état de mécréance (kufr), et les reconnaissait pleinement musulmans : « Al Azhar ne peut accuser un musulman d’être un mécréant aussi longtemps qu’il croit en Allah et au Jour Dernier –même s’il commet des atrocités…je ne peux dénoncer l’Etat Islamique comme étant non musulman, mais je peux dire qu’ils répandent la corruption sur terre »

Un universitaire d’Al-Azhar, professeur de droit musulman, le Sheikh Muhammad Abdullah Nasr, s’était fait remarqué pour avoir dit de l’Etat Islamique à la télévision :

« Al Azhar ne peut condamner l’Etat Islamique. L’Etat Islamique est un sous-produit de l’enseignement d’Al-Azhar. Al-Azhar peut-il se déclarer lui même non islamique ? Al Azhar dit que le califat est nécessaire et que le Monde musulman doit l’établir. Al-Azhar enseigne que les apostats doivent être tués. Al Azhar est hostile envers les minorités religieuses, et enseigne qu’il ne faut pas construire d’églises, etc. Al Azhar défend la capitation de la jizya [taxe prélevée sur les chrétiens et les juifs]. Al Azhar enseigne la lapidation des gens. Alors comment Al-Azhar peut-il se déclarer lui même non islamique ? »

Même l’épisode du pilote jordanien brûlé vif se justifie par les textes permettant de brûler les mécréants relève le journaliste égyptien Yusuf al-Husayni qui analysa les justifications documentées le l’Etat Islamique.

Observatoire de l’islamisation- 2 décembre 2016 

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