Certains voudraient croire que l’Église a changé son regard sur l’islam parce que le concile Vatican II a dit : « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge des hommes au dernier jour. » (Lumen Gentium, 16).

Mais, à bien y regarder, ce texte ne parle pas de l’islam, mais des musulmans. Et cela, dans la mesure où ils « professent avoir la foi d’Abraham ». Or, une chose est de professer avoir la foi d’Abraham, et autre chose de l’avoir. L’Église n’a jamais dit que les musulmans avaient la foi d’Abraham, mais qu’ils croyaient l’avoir. Nuance ! Les musulmans en effet n’ont pas la foi d’Abraham puisqu’ils ne croient pas que le Messie est le Fils de Dieu (Jn 8.56-59 ; 10.30-33 ; 20.30-31).
Ainsi, lorsque « L’Église regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu UN, vivant et subsistant, miséricordieux et tout puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. » (Nostrae Aetate, n°3), il faut entendre Jésus disant aux hérétiques : « Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; Nous, Nous adorons ce que Nous connaissons. » (Jn 4.22). Dans l’islam, Dieu est inconnaissable (Coran 2.255 ; 20.110 ; 112.2), c’est pourquoi, en L’adorant, les musulmans acceptent d’adorer a priori et nécessairement aussi bien n’importe quoi que rien du tout. Il ne suffit pas en effet de dire « Allah est notre Dieu » pour Le connaître (Jn 8.54-55). Les juifs disaient déjà la même chose, et se vont vus par Jésus traités de « fils du Diable » (Jn 8.44)… Reconnaître que Dieu existe et qu’il est unique est à la portée même des démons nous dit St Jacques (Jc 2.19), ce n’est donc pas suffisant pour être en communion avec Dieu et avec les chrétiens (2 Co 6.14-18).
C’est donc ainsi qu’il faut comprendre le discours à Casablanca de Jean-Paul II disant aux jeunes musulmans (19.08.1985) : nous avons le même Dieu (n°1). Nous avons le même Dieu parce qu’il n’y en a qu’un, mais ne Le connaissent que ceux qui accueillent Jésus, qui est la Manifestation même de Dieu (Col 1.15), aussi vrai que la Parole de Dieu S’était déjà manifestée par l’humanité des Prophètes. Quant au fait que Jean-Paul II aurait embrassé un coran à lui offert par le grand mufti de Bagdad. Mais quand bien même le Pape aurait-il embrassé un Coran que cela ne devrait pas nous scandaliser outre mesure, puisque le Pape n’est infaillible que lorsqu’il engage l’autorité de l’Église, et non en ses actes personnels. Le premier pape a d’ailleurs lui-même succombé à pareille faiblesse (Ga 2), et justement sous la pression, déjà ! des premiers musulmans, c’est-à-dire de ces gens qui voulaient bien de Jésus comme Messie en raison de ses étonnants pouvoirs, mais refusaient son enseignement spirituel (Mc 10.15 ; Mt 11.25-27) préférant l’auto-justification que donnerait la pratique de la Loi (Col 2.16-23 ; Lc 18.9-14 ; Ga 3.1-6.8). Enfin, lorsqu’en Jordanie Jean-Paul II lance : « Que St Jean-Baptiste protège l’islam » (le 21.03.2000), il ne s’agit évidemment pas de l’islam en tant qu’idéologie, mais en tant que société humaine, selon que l’islam est un tout, à la fois politique, économique, juridique, religieux, culturel et social.
Bref, ces textes du concile n’ont pas d’autre intention que d’appeler à évangéliser les musulmans avec un esprit désormais apaisé, sans passion ni rancœur du fait des crimes et violences subies au cours des siècles passés. Il ne suffit pas d’entendre des textes catholiques, il faut encore les entendre catholiquement. L’Église ne saurait pas plus renoncer à évangéliser qui que ce soit que cesser de voir en l’Islam une manifestation de l’Antichrist (Mt 24.4,11,24 ; 2 Co 11.4 ; Ga 1.8 ; 1 Jn 2.22-23 ; 4.2-3 ; 2 Jn 9-11…), de la Bête et du faux prophète (Ap 20.10), à moins de se renier elle-même comme « l’unique et vraie religion » (Dignitatis Humanae n°1), le signe et l’instrument de l’Alliance conclue par Dieu avec l’humanité en Jésus-Christ, une fois pour toutes (Jude 3).