Je Crois En La Sainte Eglise Universelle

J’ai toujours cru que le mot catholique signifiait universel. Enfin, c’est ce qu’on avait appris à l’école laïque. J’ai vite oublié cette étymologie en vivant six ans ma vie de foi « universelle » dans l’Eglise des étrangers français, espagnols et sub-sahariens du Maroc. C’est ainsi qu’elle se nomme elle-même, ou presque, en tous cas, elle affiche ouvertement sur sa revue diocésaine-fortement iconoclaste, voir p3 – de Rabat : « Eglise des étrangers du Maroc. »[1]

Déjà, en 2004 juste après ma rencontre avec Jésus, pour me préparer à la confirmation, j’avais lu la plaquette paroissiale déposée à la cathédrale Notre Dame de Lourdes ; à la rubrique confirmation, était spécifié en toutes lettres : sacrement réservé aux sub-sahariens et aux ressortissants français, espagnols au Maroc. Bien que disposant un passeport français ma demande de confirmation fut au début rejetée car épouse d’un français d’origine marocaine et il fallut que le Père Jean de Mohammédia, insiste pour obtenir une dérogation et que l’évêque accepte finalement. Une condition fut ouvertement exposée : que jamais, non jamais, je n’ose évoquer ma foi à mes enfants français, nés en France de père et mère français. « Transmettre ma Foi à mes enfants » : j’appris plus tard que c’était pourtant la condition canonique de validité d’un mariage islamo-chrétien.  Donc en acceptant cette condition pour obtenir le sacrement de confirmation de l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] je m’interdisais par la même occasion l’octroi d’une disparité de culte pour rendre « catholique » mes mariages civils français et marocains. Le Père Jean m’avait déjà expliqué que je ne pouvais pas demander cette disparité au Maroc car les enfants d’un couple mixte vivant en terre d’islam sont selon, l’Eglise précitée, obligatoirement musulmans et ce, ad eternam. La charia entrait en conflit avec le droit canon qui se prosternait aussitôt, s’enfouissant sous le tapis islamique en disant Amen. J’appris aussi, que cette extension à la Charia avait des tentacules en France : les enfants de couple franco-français ayant une ascendance marocaine et ayant vécu au Maroc ne peuvent pas être baptisés de retour en France par les prêtres officiant au Maroc. Ces derniers auraient pu tomber sous le coup de la loi d’ébranlement de foi d’un musulman à leur retour au Maroc. Ainsi, l’Eglise appliquait avec la ferveur d’un cheikh d’Al Azar, la charia dans ces derniers retranchements. Pour détourner ma requête récurrente de mariage chrétien, le Père Jean me disait que le nouveau droit canon validait mon mariage civil. « Et puis, ajoutait-il, c’est pas de « la faute » de l’Eglise si vous vous êtes mariée avec un marocain. »  Comme il employait le mot « faute » j’ai demandé avis à un autre Père Jean en France celui-là. Ce dernier m’a culpabilisé violemment en me disant : « vous voulez la confirmation et vous n’êtes pas même mariée à l’Eglise. » Bien d’autres personnes extrêmement zélées m’ont calomniée sur la place publique m’accusant de vivre en concubinage et que « c’était péché mortel de me côtoyer » et ma présence dérangeait dans un tiers ordre. Forte du désir de donner la grâce d’un sacrement à l’élu de mon cœur d’origine marocaine connu bien avant ma rencontre de Jésus, désireuse d’ébranler voire d’entamer durablement la foi islamique chancelante de cet heureux élu, j’ai pu, par la suite « arracher » cette disparité en France. Mais là encore, l’Eglise me réservait bien des surprises ; témoignant à un forum Jésus des « joies » des mariages mixtes j’appris d’un docteur de droit canon de la fraternité St Martin qu’aucune des conditions requises pour obtenir ma disparité n’avait été remplie et donc que ce mariage était nul. Normalement la partie musulmane aurait dû être informée de mes obligations de garder ma foi et aurait dû s’engager en pleine conscience à respecter l’engagement de la partie catholique à évangéliser les enfants. Concrètement à la chancellerie on m’avait demandé de m’engager moi à respecter les valeurs de tolérance, d’ouverture, de joie déjà accomplies dans notre union civile, on m’avait demandé à moi, partie catholique d’écrire une lettre décrivant ces valeurs positives de notre union, mes espoirs. On me spécifia explicitement de « ne rien écrire sur d’éventuels enfants à venir, que ce n’était pas la peine, ce n’était pas eux qui se mariaient ». A la partie musulmane pourtant bien disposée ce jour-là de franchir le seuil de l’Eglise, ne fut délivrée qu’une carte postale de la cathédrale du Mans, agrémentée d’une Fatiha manuscrite et signée par le Chancelier. Impossible désormais de révéler l’ignominie de cette affaire à la partie musulmane qui a posé un acte difficile et qui est déjà, par nature suspicieuse envers l’Eglise. Sa suspicion islamique sortirait revigorée de ce scandale ecclésial.

Revenons à nos moutons, l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc.] .

Un ingénieur turc bien qu’étranger au Maroc et travaillant à la Samir dut, lui aussi, réviser le sens du mot « catholique. » Bien que n’entrant  dans la catégorie exclue des sacrements et n’étant pas concerné d’aucune façon par les lois marocaines qui entravent la liberté de religion pour ces ressortissants uniquement, eh bien ce cadre turc ne put jamais obtenir le baptême. La raison invoquée fut celle de la loi marocaine qui garantit la liberté de culte –à l’islam-et punit comme un délit, l’ébranlement de la foi islamique par un « prosélyte. » Le Turc était visuellement un musulman potentiel mais c’est déjà un musulman en puissance et le prosélyte l’Eglise qui l’accepterait.

En 2009, une centaine de « prosélytes » présumés ont ainsi été violemment expulsés du Maroc. Dans ces derniers, peu malheureusement l’étaient réellement et cette décision politique aurait été prise par un islamiste influant au gouvernement suite au vote suisse s’opposant aux minarets. 33 orphelins sous la garde de couples américains furent remis à la rue car ces couples auraient dus se convertir à l’islam. En théorie, l’accusation « d’ébranlement » est comme un couperet, si vous demandez à un chauffeur de taxi de vous conduire à l’Eglise, un procès peut déjà être instruit. Une chrétienne libanaise de couple mixte- mariée à un marocain- atteinte d’un cancer et maman de deux enfants a été brutalement expulsée. Son crime réel ou supposé d’avoir peut être prononcé le nom de Jésus devant ses enfants lui a valu d’être jetée dans un avion arrachée à ses enfants, son mari, sa maison. L’affectataire suprême de l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] à cette occasion précisa qu’il condamnait le prosélytisme.[2] Dernièrement, j’ai rencontré deux marocaines catholiques qui furent mises à la porte des Eglises et qui ne peuvent plus jamais recevoir les sacrements de l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc.]

Au Maroc, les épouses françaises chrétiennes de marocains fréquentent extrêmement rarement l’Eglise. La plupart ont professé la shahada pour pouvoir avoir des droits sociaux et familiaux, droit de garde des enfants et donc l’Eglise est pour elles un lieu où elles pourraient être assassinées pour apostasie de l’islam. Pourtant l’Eglise vante et exalte outrageusement le mariage mixte dans la presse[3] comme un dialogue inter religieux « en incarnation. » A-t-elle interrogé les épouses concernées ? Bien sûr que non, l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] projette ces idéologies stériles et mortifères sur des couples fragilisés par les assauts des familles musulmanes qui islamisent ainsi avec la bénédiction des autorités ecclésiales. L’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] sacrifie ses filles sur l’autel laïque de la tolérance et du politiquement correct, l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] prostitue et damne ses filles dans les maisons closes de c’estpasçal’islam, l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] est équitable et elle vend ses enfants, 15 deniers au Qatar et 15 au Sheytan (le diable local).

Si on peut comprendre que l’affectataire de l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] ait peur, on a du mal à imaginer qu’il « n’ait jamais rencontré, et ce en au moins vingt ans de vie au Maroc, de marocains chrétiens », « jamais, revendique-t’il fièrement, il n’en a baptisé. » N’oublions pas la sagesse des dictons : « Il faut sortir le dimanche après la messe. » En effet, il y aurait officieusement entre 3000 et 8000 chrétiens marocains ; les affectataires de cette Eglise n’ont jamais réalisé que le frère Rachid et Saïd Oujibou, sont originaires du Maroc. Moi, j’ai vu des marocaines en désir de Jésus pleurer dans des Eglises. Si je peux comprendre la prudence même extrême, il faut prendre d’autres chemins comme les Mages. Ces derniers n’ont pas obéi à l’autorité en place ni dénoncer la naissance illégale de ce Roi gênant. Il faut afficher ouvertement sa foi en Jésus-Christ et cessez de souhaiter « de belles fêtes de fin d’année » pour Noël. Il faut accueillir dans le secret ces demandes et créer une Eglise souterraine, un itinéraire bis, sillonnées par catholiques zélés en mission. Il faut donner la Sainte Eucharistie aux âmes baptisées.

Voilà le cœur broyé par ces mésaventures dans l’Eglise des étrangers [français, espagnols et sub-sahariens du Maroc] et déchiqueté par bien d’autres trahisons et persécutions toutes vécues en Eglise, la dernière en date étant mon expulsion illégale de la « catho » de XXXX, à la veille de ma soutenance. Il y a deux ans j’étais expulsée de l’enseignement catholique de toute la France, me retirant ainsi toute ressource. Ma directrice de thèse me dit que par les temps qui courent une thèse sur Jean-Paul II ouvre toutes les portes mais une thèse sur l’islam c’est moins tendance. Donc mon âme est à l’article de la mort, désespérée, exaspérée voire indisposée par le mot catholique, je tape donc à tout hasard Maroc+Orthodoxe. Je suis choquée par ce que je vais lire ; quatre jours de migraine s’en suivent. L’Eglise marocaine orthodoxe serait en « pleine expansion », une Eglise souterraine bien évidemment mais une Eglise VIVANTE et enfin une Eglise où aucune condition de passeport n’est exigée. Le Salut pour tous serait en quelque sorte enfin arrivé jusqu’au Maroc après les frères de St François, décapités pour prosélytisme ? Une Eglise hérétique bien sûr, une Eglise schismatique bien sûr, une Eglise hors la Loi (chariatique) bien sûr mais enfin une Eglise universelle.

L’entretien de l’auteur, Clotilde Clovis, avec l’Abbé Guy Pagès

Clotilde Clovis.  CANDIDE AU PAYS D’ALLAH (et suite.) Nouvelle Edition. Mission Angélus

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Tous les chemins mènent vers Dieu

Interview du Père Landel, paru dans le journal l’Economiste Magazine de Janvier 2011 (Repris sur le site Notre Dame de Kabylie) «Être clair avec sa religion d’abord!»

La communauté chrétienne au Maroc est souvent ignorée, voire méconnue. De part et d’autre on hésite à faire le pas du dialogue, de l’échange. Mgr. Vincent Landel se confesse. 

Quelles similitudes entre l’Islam et le Christianisme?

Mgr. Vincent Landel: Il s’agit de deux religions qui permettent à des hommes et des femmes de vivre une certaine transcendance avec Dieu, avec Allah. Et dont les valeurs passent dans leur vie, aussi bien sociale, qu’économique, politique ou familiale. Pour moi, une religion c’est un chemin vers Dieu. 
Ce sont donc deux chemins, sans dire que l’un soit supérieur à l’autre. Pour nous catholiques, l’Islam est un chemin vers Dieu à estimer et à respecter. 
Finalement, tous les chemins mènent vers Dieu…
Inchallah! En même temps, je souhaiterais que tous les chemins mènent aussi  au respect des hommes, à la paix, à la concorde, à la miséricorde, à la réconciliation. 
Et non pas à toutes ces discriminations qu’on peut voir de temps à autre, à cause de faits qu’on place sous le nom de religion, mais qui en sont, en fait, des déviations. 
Quels sont pour vous les meilleurs moyens de dialoguer entre religions?

C’est d’abord d’être clair avec sa propre religion. Et quand on rencontre l’autre, ne pas essayer de le convaincre, mais de l’écouter. Aujourd’hui, la rencontre des religions se fait surtout à travers l’amitié. Nous sommes appelés à nous rencontrer, à nous estimer, et à faire des choses ensemble. Cela dit, je ne pense pas qu’on soit prêt à rentrer dans de grands débats théologiques. On n’est pas assez amis finalement!

Par contre, je crois que l’on peut se rencontrer dans des démarches spirituelles. Pas dans des prières communes, car on n’a pas les mêmes dogmes. On sait, toutefois, qu’on est des hommes de prière les uns et les autres, des croyants, et on peut déjà partir de là. 
Vous arrive-t-il de faire des interventions devant de jeunes musulmans?

Non. Il n’y a pas d’interaction avec les jeunes musulmans, à part des initiatives individuelles entre amis. Il y a eu une première avec l’intervention du pape Jean Paul II qui s’était adressé à 80.000 jeunes Marocains. Ça m’étonnerait que ça m’arrive un jour… On n’est pas encore prêt pour ce pas. 
En Occident, on relève la nécessité de moderniser l’Islam. Qu’en est-il du Christianisme?

Tout doit être modernisé, et si la religion veut pouvoir signifier quelque chose dans ce monde en mouvement, elle doit évoluer. Ça ne veut pas dire que l’on doit mettre de côté les valeurs ou les dogmes, mais les repréciser et changer la façon de les expliciter. 
Le Christianisme est une religion qui prône le prosélytisme?

C’est faux! Dans l’esprit d’un Marocain lambda, on confond toutes les branches du christianisme, missionnaires, protestants, orthodoxes et catholiques. Dans les journaux, par exemple, quand on évoque les missionnaires expulsés, on met des photos d’Eglises et de prêtres catholiques qui n’ont rien à voir avec ces évènements. Notre religion c’est quelque chose de personnel. C’est vrai que dans mon cœur et ma conscience je souhaiterais que ce qui me rend heureux puisse aussi rendre heureux les autres, mais c’est à eux de le découvrir. Je leur propose ma vie, mes valeurs, ma manière de travailler, de pardonner, d’être juste. Mais je ne peux pas leur suggérer d’être chrétiens. Il y a des musulmans qui me disent c’est dommage, tu es si bon que tu mérites d’être musulman. Jamais je ne me permettrais de dire cela à un musulman. Comme s’il n’y avait que les musulmans qui seront sauvés. Moi je souhaite très fort, et je crois très fort dans ma foi, qu’il y aura des musulmans comme des chrétiens qui iront au paradis.

[1] Une Eglise de la rencontre revue ensemble sam, 13/09/2008« Au Maroc, pays de 30 millions d’habitants, toute la population est officiellement musulmane, à l’exception d’une minorité israélite de 3 à 4 000 membres. Les chrétiens ne peuvent donc qu’être des étrangers ». Cette accroche a figurée sur le site durant plusieurs années. 

[2] Tout l’article sur Marakkech:Archevêque de Tanger et Notre Dame de Kabylie
Au Maroc amenez vos euros mais pas vos Bibles

Publié par LALLA JERJER le mercredi 23 mai 2012  l’archevêque de Rabat déclare: “Au Maroc, l’islam est un fait sociétal, une histoire de famille. De la même manière, je me refuse à baptiser un musulman, il peut être chassé de sa famille.” Le président de la fédération protestante de France est du même avis que son collègue. Et lorsque des chrétiens ont été expulsés injustement (dont un religieux catholique du reste) du Royaume chérifien en 2010, Mgr Landel sans état d’âme et sans nuance prend partie en accusant ces chrétiens de faire du prosélytisme. “Le prosélytisme qui consiste à forcer des personnes vulnérables à changer de religion est un “acte condamnable.”” Et il ne faut pas compter sur lui pour défendre le libre choix des Marocains qui se convertissent au christianisme: la persécution des chrétiens marocains.

[3] Revue ensemble 09/2008