Dt 8.2-3, 14b-16a ; 1 Co 10.16-17 ; Jn 6.51-58

Nous avons clôturé le temps pascal en célébrant la solennité de la Pentecôte, puis, dimanche dernier, nous avons célébré la solennité de la Sainte Trinité, et aujourd’hui nous célébrons la Fête-Dieu, la Fête du Saint-Sacrement, comme si après nous avoir fait contempler le mystère de la Sainte Trinité, ce qui n’est possible que par l’action de l’Esprit-Saint, la liturgie de l’Eglise voulait nous rappeler que notre union à Dieu ne doit pas être seulement spirituelle ou intellectuelle, mais encore se réaliser concrètement ou charnellement, et ce par la participation au sacrement du Corps et du Sang du Christ, aussi vrai que nous ne sommes pas des anges, et que Jésus a dit : “Si vous ne mangez pas Ma chair et si vous ne buvez pas Mon sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. (Jn 6.53)”…

Nous devons cette magnifique fête à sainte Julienne de Cornillon, qui vécut à Liège au XIII° siècle. Mais en cette année centenaire des apparitions de la Mère de Dieu à Fatima, l’importance de cette célébration est redoublée du fait que les saints enfants Jacinthe, Lucie et Francesco, ont été invités à réparer, notamment par des prières fort explicites, les offenses que Jésus reçoit au Saint-Sacrement... Mais encore, vendredi prochain, l’Eglise célébrera la fête du Sacré-Cœur, expressément demandée par Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque dans un but bien précis et trop oublié : Réparer les offenses qu’Il reçoit au Saint-SacrementOn comprend que ce soit aussi d’ailleurs, la journée mondiale de prière pour la sanctification des prêtres…

Bref, si, comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique, l’Eucharistie est “la source et le sommet de toute la vie chrétienne“, si elle “contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, si, par elle, Dieu sanctifie le monde, et les hommes rendent à Dieu le seul culte qu’Il puisse recevoir, celui de Son Fils dans leur commun Esprit, si elle nous unit déjà à la liturgie du Paradis, en sorte que “l’Eucharistie est le résumé et la somme de notre foi  (CEC n°1324-1327)”, alors nous comprenons qu’il nous aimer ce grand mystère de la Messe et le méditer non seulement au début du Temps pascal, le Jeudi Saint, mais encore à la fin du cycle pascal…

Le pape Jean XXII, en 1318, a eu la bonne idée d’ordonner que Jésus-Eucharistie soit triomphalement porté  le jour de la Fête du Saint-Sacrement dans les rues et sur les chemins pour les sanctifier et les bénir. Depuis, les chrétiens ont eu à cœur de rendre ainsi un hommage public à Jésus-Eucharistie, persuadés que Jésus ne serait pas Dieu s’Il n’était le Roi que des cœurs et pas aussi des sociétés…  Il faut avoir vu ces rues et places richement pavoisées de draperies et de guirlandes où avance Jésus-Eucharistie sous un dais somptueux porté par quatre notables, tandis qu’à son approche des enfants lancent des pétales de rose, jusqu’à en couvrir le sol, et que, de reposoir en reposoir, Jésus-Eucharistie est déposé, exposé, encensé, loué, prié, adoré…

Comment ne pas aimer un Dieu qui continue à Se donner à nous à chaque Messe, rendant présent à chaque fois le miracle du Jeudi Saint ?! …

Pourquoi Jésus veut-Il ainsi sans cesse Se donner à nous, sinon pour que nous apprenions à toujours mieux Le recevoir et pouvoir ainsi nous transformer en Lui ?! Aussi vrai que nous transformons la nourriture que nous consommons en notre propre substance, et que dans ce repas, nous consommons Celui qui est la Vie même ! Seul l’Amour divin permet de réaliser cette union de Sa chair et de notre chair, jusqu’à ce qu’elles ne fassent plus qu’une seule chair, et que nous devenions le Corps du Christ, le Christ même ! Voilà pourquoi l’Eglise est le Corps du Christ et qu’il n’y a pas d’Eglise sans Eucharistie ! Mais voilà aussi qu’il s’agit de bien comprendre le sérieux qu’implique la participation à un si grand sacrement… car, dit saint Paul : celui qui y prend part indignement, mange et boit sa propre condamnation, raison pour laquelle il y a parmi vous beaucoup de malades et d’infirmes, et que bon nombre sont morts (1 Co 11.30)”… Communier dignement suppose non seulement d’être sans péché, tant il est vrai que l’on ne met pas de la liqueur dans un vase ayant contenu du vinaigre, ou que Jésus ne pouvait S’incarner qu’en la Très Sainte Vierge Marie, qui était sans péché, et il suffit, par exemple, de manquer délibérément la Messe dominicale pour en commettre un (CEC n°181), mais encore Le recevoir dignement implique de se donner à Lui aussi totalement et définitivement qu’Il Se donne à nous… Ce n’est pas pour rien que Jésus a donné Son corps et Son sang AVANT de mourir… mais pour que nous nous unissions à Lui AVANT qu’Il meure… et qu’ainsi nous Lui soyons unis aussi dans Sa résurrection !  C’est pourquoi le prêtre dit au moment de la consécration : “Ceci est la coupe de Mon sang qui VA être versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés.“… QUI VA ! Qui ne l’est donc pas encore ! C’est pourquoi saint Paul enseigne que célébrer la Messe, ce n’est pas d’abord ou seulement célébrer la résurrection de Jésus comme on n’a cessé de le faire croire depuis des décennies, quand ce n’était pas célébrer tout autre chose… mais c’est annoncer la MORT de Jésus (1 Co 11.26). Vouloir communier au Corps de Jésus c’est vouloir mourir de la Mort de Jésus… c’est s’unir à Jésus QUI VA mourir d’amour… Marthe Robin est un magnifique témoignage de cette vérité de notre foi. Amour de la Divinité pour notre humanité si méconnu ! Pour aller au Ciel, il faut donc prendre le train AVANT qu’il parte, et il part au Cénacle, le Jeudi saint… Chaque Messe nous rend contemporains du Jeudi Saint pour nous apprendre à faire de notre vie une offrande d’amour à Dieu “par Jésus, avec Jésus et en Jésus“, de sorte que le moment de notre mort venu, nous puissions aller tout droit au Ciel parce que unis à Jésus, mort et ressuscité… 

Si donc communier c’est recevoir Dieu Lui-même venant S’unir à nous pour aller ensuite, solidaire de chacun, expier sur une croix nos péchés devenus les siens (2 Co 5.21), comment ne pas le faire à genoux et Le recevoir directement dans la bouche, Lui “le Pain vivant descendu du Ciel pour qu’on Le mange et ne meure pas (Jn 6.51)” ? Comment mieux dire que ce pain n’est pas comme les autres pains ? Peut-on davantage exprimer l’état d’enfance spirituelle indispensable pour entrer en communion avec Lui (Mt 18.3) ? Aussi, l’Eglise veut “que tout le monde se rappelle que la tradition séculaire est de recevoir l’Hostie dans la bouche. (Notiae, mars 1999). Elle insiste : “Il faut maintenir l’usage du plateau pour la communion des fidèles, afin d’éviter que la sainte Hostie, ou quelque fragment, ne tombe à terre. (Redemptionis Sacramentum, n°93, 2004)”… 

Il y a encore beaucoup de choses que l’on pourrait dire au sujet de ce merveilleux sacrement, mais cela n’est pas possible dans une seule homélie. Pour finir notre méditation je voudrais rappeler et prier avec vous quelques prières reçues par les enfants de Fatima et expressément ordonnées à glorifier Jésus au Très Saint-Sacrement : 

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime.
Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas,
qui n’espèrent pas,
qui n’adorent pas,
et qui ne Vous aiment pas
.

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément,
et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ,
présent dans tous les tabernacles de la terre,
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie,
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

Paroles de Notre-Dame, le 13 juillet 1917, à Fatima :
« Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :
« Ô Jésus, c’est par amour pour Vous,

pour la conversion des pécheurs,
et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. »

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Avec François et Jacinthe nous pouvons répéter la prière qu’ils récitaient chaque matin au saut du lit :
« Béni et loué soit le Très Saint Sacrement de l’Eucharistie, Fruit béni et sacré de la Vierge très pure, Sainte Marie ! »
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