Mary Wagner, Canadienne catholique de 42 ans, totalise désormais quatre ans et demi de sa vie en prison, mais qui peut se targuer d’avoir contribué à sauver plus de cent vies humaines. La dernière fois, c’était le 12 décembre dernier, pour la fête de Notre-Dame de Guadalupe, patronne des enfants à naître, dans un avortoir de Toronto où elle cherchait à convaincre les femmes venues se faire avorter de garder leur enfant. Mais cela lui a valu d’être arrêtée et de passer son troisième Noël de suite en prison puisqu’elle avait l’interdiction de s’approcher de tout lieu où l’on avorte après sa libération de prison le 26 avril dernier. Elle avait alors purgé une peine de quatre mois et demi de privation de liberté pour la même raison, comme toutes les fois précédentes. Sa méthode, totalement non violente, consiste à s’approcher de chaque femme, l’une après l’autre, en lui demandant avec douceur pourquoi elle veut tuer son enfant et en lui assurant qu’elle peut obtenir de l’aide et que Jésus l’aime.

Une fois de plus, l’arrestation de Mary Wagner est passée sous silence par les grands médias canadiens, à l’exception du site Internet « pro-vie » Life Site News, et ce sont à nouveau les médias polonais qui en parlent le plus, de même qu’il y avait une proportion importante de Polonais parmi la trentaine de personnes venues assister au dernier procès de Mary Wagner. Dans une lettre aux Polonais écrite le 13 décembre dernier, la mère de Mary Wagner écrivait : « J’ai le cœur lourd aujourd’hui parce que Mary retourne en prison, sacrifiant une nouvelle fois sa liberté et sa vie pour une cause qui est presque oubliée par beaucoup ici, au Canada. […] Mary ne veut pas qu’on s’inquiète pour elle, mais elle veut que personne n’oublie pourquoi elle se trouve là où elle est. Des enfants meurent chaque jour et elle a l’intention de prier pour eux pendant tout le temps où elle sera en prison. Elle nous demande de nous joindre à elle dans sa prière quotidienne pour les enfants à naître. Hier elle a réussi à sauver un enfant à la clinique d’avortement. Marie croit que c’est un cadeau de Notre-Dame de Guadalupe, à l’occasion de sa fête. »mary-wagner.JPGFin novembre, Mary Wagner comparaissait dans un procès en appel pour une condamnation antérieure. Elle avait demandé à faire venir à la barre à titre d’experts deux professeurs de médecine, spécialistes de bioéthique, dans le but de démontrer scientifiquement au tribunal que chaque personne est un être humain dès le moment de sa conception, et qu’il n’y a pas d’autre moment que la fécondation qui puisse être scientifiquement désigné comme le début de la vie humaine. Mais le juge de la cour d’appel de Toronto a refusé d’entendre ces experts, considérant que puisque la jurisprudence canadienne ne reconnaît la personne humaine qu’une fois celle-ci entièrement sortie du ventre de sa mère, les considérations éthiques et biologiques n’ont aucune importance. Le tribunal a en conséquence rejeté en bloc l’argumentation de l’avocat de Mary Wagner, selon laquelle la jurisprudence canadienne, en autorisant l’avortement sur simple demande jusqu’au dernier jour de la grossesse, autorisait de fait un crime contre l’humanité et était donc contraire au droit international.

Par Olivier Bault (Journal Présent)

Canada: le combat silencieux de Mary Wagner

Retour en prison. Mary Wagner, 42 ans canadienne, militante pro-vie, profondément, indéfectiblement. C’est ce qu’elle avait promis, le 25 juillet dernier, le jour de sa libération après 7 mois de prison, inculpée d’« interférence dans le déroulement des procédures médicales ». Car elle n’avait pas l’intention de s’arrêter. 

C’est ce qui s’est passé. Au total, elle a passé en prison plus de quatre ans et demi. Récidiviste. Avec la force de ceux qui savent qu’ils sont du bon côté, du côté de la Vie. Voilà pourquoi malgré l’interdiction explicite qu’elle avait reçue et l’ordre de se tenir à au moins 100 mètres de distance des cliniques où l’on avorte, elle est entrée une nouvelle fois dans la Bloor West Village Women’s Clinic (qui se présente sur son site internet comme le « centre d’avortement de Toronto »).

Elle a prié et elle a parlé avec les femmes enceintes, en leur donnant une médaille miraculeuse de la Sainte Vierge, un dépliant avec toutes les informations pour obtenir de l’aide de tout type pendant leur grossesse ; et même des roses rouges, ou blanches, qui symbolisent les enfants qui ne sont pas nés.

Les roses ont leur histoire. Mary avait découvert en 2012 l’histoire de John. C’est un rescapé d’un avortement chimique. Le jour de son anniversaire il  a décidé d’aller dans une clinique d’avortement et a offert des roses au personnel infirmier à qui il a raconté son parcours. Mary avait trouvé cette démarche un bon moyen d’affirmer une valeur, celle de la Vie ; sans violence, sans menaces.

Mais au Canada ces choses sont interdites. Le 12 décembre Mary a été priée de cesser et de s’éloigner de la clinique. Mais, reprenant ses démarches, elle a été à nouveau arrêtée et emmenée en prison par deux agents de Police (voir vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=8sHfy5Np8I4). Pour la dixième fois. Toujours pour le même motif, toujours avec la même accusation. Au procès, elle est restée en silence. Comme toujours. Sans vouloir qu’un avocat la défende. Avec puissance, et sans parler pourtant, Mary dénonce une loi inhumaine et le système de la justice de son pays, devant une salle d’audience qui l’agonit de bêtises et d’injures. Au cours d’un des débats par exemple, l’un des juges lui a dit : « Tu es mauvaise et ton Dieu est mauvais ». Mary est restée impassible et a poursuivi sa protestation.

L’histoire de Mary Wagner est particulière : ses parents ont toujours été de fervents défenseurs de la vie et de fiers opposants à la mentalité dominante pro-contraception. Sa mère a mis au monde sept enfants, tout en affrontant des grossesses souvent compliquées et pleurant d’avoir eu une fausse-couche. Sa famille a également adopté cinq enfants. Mary a ensuite poursuivi des études de littérature anglaise et française à l’Université de Victoria. En 1993, c’est à Denver, pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) qu’elle s’est convertie. Elle n’avait que 19 ans, mais elle comprit très nettement, comme s’il lui était personnellement destiné, l’appel de Jean-Paul II de faire campagne contre l’avortement et contre l’euthanasie « en allant dans les rues et les places publiques, comme les premiers apôtres ».

Au début elle pensa qu’elle devait se sacrifier en menant une vie contemplative. Puis sa vie d’oraison la poussa vers une autre mission. En 1999 elle se retrouva en prison pour la première fois, sans presque s’en rendre compte. Elle s’était liée d’amitié avec une jeune fille de 16 ans, qu’elle avait rencontrée sur les marches de la Cathédrale. Celle-ci venait d’apprendre qu’elle était enceinte et son petit-ami voulait qu’elle avorte. Ils attendaient juste encore des papiers nécessaires pour déposer le dossier de demande d’avortement. Mary parvint à savoir le jour et l’heure de l’intervention.

Aussi ce jour-là et à l’heure prévue, elle est venue elle aussi à la clinique. Elle tenta l’impossible pour éviter l’avortement. On l’emmena en prison. Depuis, et cela fait 18 ans, elle mène inlassablement sa lutte. Elle se moque des conséquences, des incompréhensions, – qu’elle rencontre du reste aussi dans les milieux anti-avortement–-, et même de la prison. Elle dit même que la prison pour elle est une occasion, une « mine d’or pour rencontrer des âmes. Nous devons tout faire pour le Christ. Si nous nous posons la question d’être arrêtée ou non, alors nous perdons de vue le Christ, qui se cache dans les tribulations douloureuses des pauvres ; leurs souffrances sont telles, que nous ne parvenons même pas à les voir, à les ressentir » : elle parle de la souffrance des enfants qui sont encore dans les entrailles de leur mère.

La prison est devenue pour elle un lieu privilégié d’apostolat : elle a converti de nombreuses femmes, qui sont maintenant déterminées à offrir des prières et des sacrifices pour soigner les plaies infligées par ceux qui pratiquent l’avortement. Y compris les traumatismes des mères après l’avortement. En août 2013 Mgr Oswald Gracias, archevêque de Bombay et président des conférences épiscopales d’Asie, émit le souhait de rencontrer Mary dans sa cellule : « Mary a une mission – dit-il au sortir de son entrevue –. Dieu l’appelle à faire ce qu’elle fait, à témoigner que la vie humaine est un don, elle est sacrée ». Ce n’est donc pas « un passe-temps futile, une lutte imaginaire contre des moulins à vent. Même si elle n’avait sauvé qu’une seule vie, tout ceci valait la peine ».

Á son tour, l’abbé Paul Hrynczyszyn, l’aumônier de la prison, considère Mary comme « une sainte ;[…] c’est pour moi une bénédiction de la rencontrer ». Une camarade de cellule de Mary s’est exprimée, en larmes, disant que lorsqu’elle a rencontré Mary «  sa présence m’a fait sentir que j’étais pardonnée ». Sœur Immolatia, qui est une amie de Mary, a expliqué : « Mary, même quand elle est derrière les barreaux, est plus libre que nous tous, car elle devient une prisonnière d’amour et un témoin de la sainteté de la vie, par son refus d’obéir à des lois injustes ».

IL y a trois ans, Mary Wagner a été invitée en Pologne pour faire une tournée pendant laquelle on lui demandait d’expliquer les raisons de sa mission pour protéger la vie. Au cours de cette tournée, elle a rencontré près d’un million de personnes qui se sont ralliées à sa cause, et ce dans 26 villes polonaises différentes. Un bain de foule enthousiaste. Il est évident que si cette femme, au lieu de se battre pour défendre la Vie, était une militante pour la défense de l’environnement, ou des droits des animaux, ou une féministe, ou une Lgbt-friendly, et qu’elle dénonçait bec et ongles les lois en vigueur dans ces domaines, elle trouverait un large écho auprès des media, dans les salles d’audience des tribunaux, et de puissants appuis dans les cénacles politiques influents.

Mais comme Mary Wagner a décidé de se battre pour que tous les enfants qui sont dans le ventre de leur maman aient le droit de voir le jour, de naître, de grandir comme tous les autres, les puissants ne leur accordent pas leur soutien. En revanche, elle peut compter sur les applaudissements, sur l’affection, sur le soutien et sur les prières des personnes, des personnes pauvres, dans le monde entier. Elle peut également compter sur le sourire reconnaissant de ces millions d’enfants qui, du haut du Ciel, même s’ils n’ont pas pu naître sur cette Terre, ont trouvé en Mary la force et la voix ferme dont ils avaient besoin pour crier la valeur, la beauté de la Vie. Dans la Communion des Saints. (Mauro Faverzani)

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