L’histoire de Camille est celle d’une jeune fille de 17 ans convertie à l’islam radical après avoir été endoctrinée sur Internet. Une histoire douloureuse qu’elle a accepté de partager dans une interview à Thierry Demaizière. Son but désormais : sensibiliser les familles et le gouvernement français sur cette “emprise mentale sectaire” dont elle a été victime.

“Jeune sœur de 17 ans, convertie, cherchant à se marier”. Camille est de celles chez qui l’endoctrinement religieux sur Internet l’a emporté. Française, baptisée, fille de militaire, elle a découvert sur les réseaux sociaux un monde qu’elle pensait fait pour elle, celui de l’Islam prêché par des prédicateurs radicaux. “Je me suis inscrite sur Facebook et je me suis abonnée à des groupes communautaires musulmans”. Ses “sœurs” de religion lui expliquaient comment aborder la foi musulmane, lui faisant miroiter un meilleur avenir. “La religion musulmane est plus accessible que le judaïsme ou le christianisme, explique-t-elle. La relation avec dieu est plus directe.”
 
Camille avoue s’être facilement laissé adoucir par les paroles “subtiles” de ces jeunes filles qui, pour beaucoup, “affichent Ben Laden en fond d’écran”. Au fil des discussions, la violence et la haine se sont immiscées dans les échanges. “Ils vous expliquent que la société française et les Juifs sont contre les musulmans, que la police est contre les femmes voilées, et que les Français sont racistes. Ils vous parlent de ce qu’il se passe en Palestine, raconte-t-elle. Vous avez envie de tout casser “Ma mère a commencé à se poser des questions parce que je m’isolais dans ma chambre”, explique Camille qui lui promet de lui mettre le voile pour lui éviter de se faire tuer “quand il y aura la guerre”. “J’ai cessé de me maquiller, je m’habillais en couleurs sombres. Je ne touchais même plus mon chien ; on me disait que c’était un être impur”.
 
Le quotidien n’est plus régi par les mêmes règles qu’auparavant. Chaque geste a une méthode, chaque chose a une explication: comment boire un verre, comment rentrer chez soi, comment avoir un rapport sexuel. Tout ce savoir n’était appris que dans un seul but: la conversion à l’islam.
 
“Je suis allée à la mosquée me convertir avec une autre “Française”, raconte Camille. J’ai changé de prénom, d’identité. Je me suis coupé de tout le monde. Je ne faisais plus la bise aux hommes”. Le voile puis le jibeb (voile intégral qui laisse apparaître le visage) ont remplacé les jeans et les robes. “On ne voit plus votre “contour identitaire”, explique-t-elle. Vous n’êtes plus qu’un fantôme, qu’un drap qui se déplace”. Un habit qu’elle avoue tout de même avoir aimé porter. “Je me sentais protégée des autres”.
 
Ce nouveau quotidien, elle devait le partager avec un homme. Encore mineur, elle publie une annonce sur Facebook: “Jeune sœur de 17 ans, convertie, cherchant à se marier…”. Au bal des prétendants, beaucoup de convertis. “On vous dit que les Français convertis sont souvent mieux. Comme ils ne connaissent rien, on peut facilement les endoctriner”. C’est finalement avec l’un d’eux, de onze ans son aîné, qu’elle s’engage. “Je dépendais de mon mari. Je n’étais qu’une serpillère, qu’un vagin, qu’un ventre. Voilà la place de la femme pour eux, raconte Camille. Il fallait vivre comme au Moyen-Âge. Il me faisait parfois dormir au sol quand je ne voulais pas avoir de rapports sexuels avec lui”.
 
Ces six mois d’humiliations lui auront finalement donné une petite fille. “Mon seul bonheur”, explique-t-elle. Hospitalisée à cause des conditions terribles dans lesquelles elle vivait, elle retournera chez ses parents pour ne jamais retomber dans les griffes de son mari, avec lequel elle est maintenant divorcée. “Ma mère n’a jamais coupé le contact avec moi”. C’est ce lien continu qui lui a permis de refaire surface.
 
Camille témoigne “pour faire passer un message à toutes les familles” qui auraient des enfants dans son cas. “Je demande au gouvernement qu’il mette en place quelque chose pour les nombreux mineurs, qui vont sur Internet et qui confondent tout, explique-t-elle. Personne ne comprend l’emprise mentale sectaire tellement elle est subtile; comme un serpent qui t’étrangle à la fin”.