N.B. : Les chiffres placés entre parenthèses (…) désignent une citation coranique, dont le premier chiffre, suivi d’un point, indique le numéro de la sourate, et le suivant, celui du verset (ex. 62.14). Lorsque le premier chiffre est précédé d’une abréviation lexicale, la citation est tirée de la Bible (ex. Jn 3.12), et lorsqu’il est précédé d’un seule lettre majuscule, il indique un article d’un des vingt six chapitres de cette série “Réponses aux musulmans” (ex. L 11).

— 1 Pour repousser les contradictions qu’elles apportent au Coran et se justifier d’avoir recours à un autre livre que la Bible, les musulmans affirment que juifs et chrétiens auraient falsifié leurs Écritures. Mais pour être crédibles, ne devraient-ils pas en présenter l’original, afin de montrer, par comparaison, la différence qu’ils dénoncent ?

— 2 Et parce que Juifs et chrétiens ont falsifié la Bible, Allah a dû envoyer Mahomet apporter à nouveau cette même Révélation que serait aujourd’hui le Coran (2.41,101,213 ; 3.50 ; 4.47 ; 5.48 ; 6.92 ; 10.37,94). Mais si la Bible était la même chose que le Coran, aurait-elle, par exemple, rapporté le châtiment de Abou Lahab commandé par Mahomet (111.1-5) ?

— 3 La Bible se termine par la malédiction de l’Enfer pour qui y ajoute ou en retranche un mot. Dès lors, quel chrétien aurait-il pu vouloir la falsifier ? D’ailleurs, le Coran ne dit pas que la Bible a été falsifiée, mais que certains (les juifs talmudiques) en ont déformé le sens (2.75,79 ; 3.78 ; 4.46 ; 5.15,41). De plus, si « nul ne peut changer les paroles d’Allah (6.34,115 ; 18.27) », comment la Bible aurait-elle pu avoir été falsifiée ? Et dès lors, pourquoi le Coran ?

— 4 Comment dire que la Bible a été falsifiée puisqu’Allah prétend le contraire (5.43 ; 10.94) ?

— 5 Contrairement à ce que croient les musulmans, jamais le Coran ne dit que les chrétiens ont falsifié la Bible, mais que certains ― et certains seulement― ont essayé d’en détourner le sens (2.75,78,79,146 ; 3.78 ; 4.46 ; 5.13-15,41), les juifs allant jusqu’à lui substituer d’autres paroles (7.162), tel que le Talmud. La raison de la descente du Coran venant remplacer la Bible n’a donc pas de fondement dans le Coran. L’intégrité de la Bible (Ps 88/89.35 ; Is 40.8 ; Si 47.22 ; Lc 21.33 ; 1 P 1.23 ; Ap 14.6) n’étant pas remise en cause par le Coran, les musulmans ne seraient-ils pas bien avisés de la lire, dans la communion de l’Église, qui seule a autorité pour l’interpréter (Lc 10.16 ; Ac 8.31 ; 1 P 1.10-12 ; 2 P 1.20-21) ?

— 6 Comment les musulmans peuvent-ils reprocher aux chrétiens d’avoir falsifié leurs Écritures, alors que Mahomet a abrogé une grande partie du Coran (5.15) ?

— 7 Si le Nouveau et l’Ancien Testament avaient été falsifiés, comment Mahomet aurait-il pu dire : « Apportez donc un livre de la part d’Allah qui soit de meilleure direction que ces deux-là, et je le suivrai (28.49) » ?

— 8 Les musulmans veulent croire que le Coran serait le message déjà adressé à Abraham, Moïse, David ou Jésus (2.41,101,213 ; 3.50,81 ; 4.47 ; 6.92 ; 10.37 ; Voir N 13), qui jouerait le même rôle qu’aurait joué l’Évangile par rapport à la Torah, et la Torah par rapport à la révélation antérieure, et ainsi jusqu’à Adam (42.13). La raison de cette succession serait que l’unique Loi ou Révélation — aujourd’hui le Coran, réputé, lui, enfin, infalsifiable (15.9) — aurait sans cesse été falsifiée (3.78 ; 4.46-47 ; 5.15,41). Or, les Juifs n’ont jamais pensé que leurs Écritures en remplaçaient d’autres, ni les chrétiens que les leurs remplaçaient celles des Juifs. Puisque la Bible des juifs (l’Ancien Testament) est intégralement reprise dans la Bible chrétienne, comment les chrétiens l’auraient-ils crue falsifiée ? Qui donc falsifie la Révélation ?

— 9 Si la Torah avait été falsifiée, avant Mahomet s’y serait-il référé (Boukhari, 8,82,825) ? Jésus aurait-Il recommandé à ses disciples de la lire (Lc 10.26 ; Mc 12.24) ? Aurait-Il appuyé Son enseignement sur des Écritures falsifiées (Mt 4.4-10 ; 5.21,27, 31,33,35,38,43 ; 9.13 ; 10.35) ? Aurait-Il prié (Mt 26.30) et enseigné à prier avec les mêmes textes de la Bible qu’utilisaient ses coreligionnaires — et qu’utilisent toujours les chrétiens (Lc 20.42 ; 24.44) ?

— 10 Si les musulmans rejettent le christianisme, serait-ce parce que « il contient des vérités contraires à leurs souhaits et à leur orgueil », en sorte qu’ils imitent le comportement des juifs à l’égard des Prophètes (2.87) ?

— 11 Les musulmans qui affirment que la Bible a été falsifiée, savent-ils qu’Allah les voue à l’Enfer d’oser dire cela (40.70-72) ?

— 12 Le Coran prétend confirmer l’Évangile (2.41,101,213 ; 3.50 ; 4.47 ; 6.92 ; 10.37). Or, non seulement le Coran ne reprend rien de ce que l’Évangile a de spécifique, en sorte qu’il ne peut pas le confirmer, mais ce qui est parfait n’a pas besoin d’être confirmé (Jn 5.34). En quoi l’Évangile, accomplissement de la Révélation divine (Mt 5.17 ; Jn 5.34 ; Ap 22.18-19), aurait-il besoin d’être confirmé ?

— 13 Si le Coran vient confirmer l’Évangile (2.41,101,213 ; 3.50 ; 4.47 ; 6.92 ; 10.37), cela signifie que le Coran n’a pas d’intérêt en lui-même, mais seulement en fonction de l’Évangile. Les musulmans ne doivent-ils donc pas commencer par lire l’Évangile ? Pourquoi leurs imams le leur interdisent-ils ?

— 14 Les Écritures sont l’écho de la Parole de Dieu qui ne change pas : « Le ciel et la terre passeront, mais Mes paroles ne passeront pas (Lc 21.33) » ; La parole de Dieu subsiste à jamais (Is 40.8 ; Ps 88/89.35 ; Cf. 59.21) » ; « Ainsi en est-il de Ma parole qui sort de Ma bouche : elle ne revient pas à Moi sans effet, mais elle exécute tout ce que J’ai voulu et elle accomplit ce pour quoi Je l’ai envoyée (Is 55.11 ; Cf. Ps 118.89-90,152 ; Si 47.22 ; Is 40.8 ; Ba 4.1 ; Mt 16.18-19 ; 28.20 ; Lc 21.33 ; Jn 10.35 ; 2 Co 4.2 ; 1 P 1.23-25 ; Ap 14.6) ». Dieu a-t-Il jamais parlé en vain que l’Islam puisse dire que Sa parole s’est perdue ?

— 15 Si celui qui falsifie la Torah et l’Évangile suit un démon (22.3), parce qu’Allah le veut (81.29), Allah étant l’allié du démon, peut-il avoir une autre fin que la sienne (22.4) ?

— 16 Allah demande aux juifs et aux chrétiens de croire au Coran qui viendrait confirmer leurs Écritures (2.41,89,91,97,101 ; 3.3 ; 10.37), mais quel sens cela aurait-il de confirmer des Écritures falsifiées ?

— 17 Si les livres d’Allah (3.3 ; 16.44) sont falsifiés, pourquoi le Coran ne le serait-il pas aussi ?

— 18 Si les livres d’Allah (3.3 ; 16.44) sont falsifiés, alors Allah n’a pas tenu parole. Dès lors, pourquoi lui faire confiance pour le Coran ?

— 19 De même que les scribes juifs falsifièrent dans le texte massorétique1 certains passages annonçant trop clairement le Messie Jésus de Nazareth, les hérétiques judéo-nazaréens (voir Z 12) réécrivirent la Révélation, par exemple : « C’est avec raison que je crois qu’Adam ne commettait pas le péché, lui qui fut conçu par les mains de Dieu, que Noé ne s’enivrait pas, lui qui a été trouvé l’homme le plus juste du monde entier, que Moïse n’était pas un meurtrier et que ce n’est pas auprès d’un prêtre des idoles qu’il apprenait à juger, lui qui a été le prophète de la loi de Dieu pour le monde entier… (Homélies pseudo-Clémentines, IIe s.) ». De tels faits (2.59,75,79) n’expliquent-ils pas la prétention du Coran à corriger la Bible ?

— 20 Allah demande à Mahomet ― et en lui à tout musulman ― de chercher la vérité auprès des chrétiens : « Si tu es dans le doute au sujet de ce que nous avons fait descendre vers toi, demande à ceux qui lisent le Livre avant toi (10.94) ». Mais pour rejeter la pertinence de ce verset, l’apologétique musulmane substitue aux chrétiens les érudits musulmans. Or, y avait-il des érudits musulmans à l’époque de Mahomet ?

— 21 « Ô gens du Livre ! Vous ne tenez sur rien, tant que vous ne vous conformez pas à la Torah, à l’Évangile et à ce qui est descendu vers vous de la part de votre Seigneur. (5.68 ; Cf. 3.93 ; 20.133) » Ce verset aurait-il eu un sens si la Torah et l’Évangile étaient falsifiés du temps de Mahomet ? Si la Torah et l’Évangile n’étaient pas falsifiés du temps de Mahomet, pourquoi le seraient-ils aujourd’hui ?

— 22 « Interrogez les gens de l’Écriture, si vous l’ignorez ! (21.7) » Comment les musulmans n’ignoreraient-ils pas l’Écriture, puisqu’à la différence de la Bible chrétienne qui contient la Bible juive (parce que les chrétiens croient, eux, que la Parole de Dieu ne passe pas), le Coran ne contient ni l’une ni l’autre ? Pour autant, les musulmans s’informent-ils auprès des chrétiens ?

— 23 Il faut se référer à la Torah et à l’Évangile pour juger du Coran (10.94). Pour le Coran, Noé avait neuf cent cinquante ans lors du déluge (29.14-15), alors que selon la Bible il avait six cents ans (Gn 7.6 ; 8.13). Le Coran confirme-t-il ou non la Bible ?

— 24 « Que les gens de l’Évangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. (5.47) » Allah demande-t-il de juger d’après un Évangile falsifié ? Or, l’Évangile juge l’islam démoniaque (Mt 24.4,11,24 ; Mc 16.16 ; Jn 14.6 ; Ga 1.8-9 ; 2 P 2.1-3 ; Ap 22.18-19) … ce que le Coran confirme en disant que l’Évangile est vrai (5.47 ; 10.94 ; 21.7) … Dès lors, comment les musulmans peuvent-ils rester musulmans sans se damner (29.46-47) ?

— 25 « Le Coran a été prédit par les Écritures des anciens. N’est-ce pas un signe qui parle en sa faveur ? Que les docteurs des enfants d’Israël en aient conscience ! (26.195-197 ; Cf. 2.41-44) » Comment reconnaître l’annonce du Coran dans les Écritures des Anciens si celles-ci étaient falsifiées ?

— 26 « Ce Coran n’est nullement forgé en dehors d’Allah mais c’est la confirmation de ce qui existait déjà avant lui, et l’exposé détaillé du Livre en quoi il n’y a pas de doute, venu du Seigneur de l’Univers. (10.37) » Pourquoi le Coran est-il tenu à l’époque de sa rédaction pour une forgerie, sinon parce que le pouvoir califal présentait le Coran comme la confirmation de la Bible, et donc en fait comme une nouvelle Bible ? Or, s’ « il n’y a pas de doute au sujet de la Bible (10.37) », quel besoin de lui donner une confirmation ?

— 27 Comment un Coran établi de toute éternité (31.27 ; 43.2-5) pourrait-il confirmer ce qui était avant lui (10.37) ?

— 28 Accuser juifs et chrétiens d’avoir falsifié leurs Écritures, n’est-ce pas une malice propre aux imposteurs accusant leurs victimes des crimes qu’ils leur font subir, et pour l’islam du meilleur moyen de détourner l’attention de sa propre falsification des Écriture s ? Peut-on imaginer les disciples de Jésus-Christ accepter de voir les événements dont ils ont témoigné au prix de leur vie (1 Jn 1.1; Ac 4.20; 5.32) être faussement rapportés (cf. Lc 1.1) ?

— 29 Puisqu’en Droit le témoignage de deux témoins est recevable, pourquoi l’islam ne reçoit-il pas celui du judaïsme et de l’Église qui reconnaissent ensemble l’authenticité du texte actuel de l’Ancien Testament ?

— 30 L’Ayatollah Khomeiny assurait que les chrétiens ont tort d’affirmer que Jésus a enseigné à présenter la joue gauche à celui qui nous frappe sur la joue droite (Lc 6.29), que Jésus a bien plutôt enseigné, en bon musulman qu’il était, à imiter Moïse frappant Pharaon (cf. Ex 7-11). Comment l’Ayatollah Khomeiny aurait-il pu savoir ce qu’a enseigné ou non Jésus ? Et si Jésus n’a pas demandé d’aimer son ennemi, qui a inspiré à saint Jean-Paul II d’aller offrir son pardon au musulman en prison qui lui avait logé plusieurs balles dans le corps ? Comment la loi islamique qu’aurait apportée Issa aurait-elle pu devenir la loi évangélique, qui lui est si contraire ?

— 31 Jésus aurait-Il cité des Écriture s falsifiées, comme par exemple en Mt 4.4 ; 11.10 ; 21.13 ; 22.41-46 ; 26.24,31 ; Mc 7.6 ; 9.12 ; Lc2.23 ; 10.26 ; 18.31 ; 20.17 ; 21.22 ; 22.37 ; Jn 1.45 ; 2.175.16 ; 6.31,45 ; 8.17 ; 10.34 ; 12.14-16 ?

— 32 Comment les chrétiens, qui sont allés jusqu’au martyr pour témoigner de la Révélation contenue dans la Bible, auraient-ils pu accepter de voir celle-ci être falsifiée ? Et pourquoi Allah a-t-il attendu six siècles pour dévoiler sa supercherie (4.157) ?

— 33 Si les Écritures juives et chrétiennes avaient été falsifiées, comment se fait-il qu’elles soient sans cesse citées, très scrupuleusement à l’identique, depuis leur origine, et par d’innombrables auteurs, y compris musulmans ?

— 34 Les musulmans n’apportent aucune preuve que la Bible a été falsifiée… Par qui, où, quand, et en quoi la Bible aurait-elle été falsifiée ? Les manuscrits du Nouveau et de l’Ancien Testament que nous avons sont très nombreux, très anciens (plusieurs fragments de papyrus ont été datés entre l’an 50 et l’an 100), et certains sont presque complets, en provenance de lieux très éloignés les uns des autres (Égypte, Palestine, Syrie, Turquie, Grèce, Italie), ce qui élimine la possibilité qu’ils puissent avoir tous été falsifiés. Nous possédons environ 5500 manuscrits grecs anciens complets du Nouveau Testament, qui sont identiques à 99,5% les uns aux autres ; 10 000 latins, 9000 en d’autres langues, et 36 000 citations du Nouveau Testament chez les Pères de l’Église (Seuls 11 versets n’ont jamais été cités !). De tels chiffres suffisent à assurer que les documents qui nous sont parvenus sont fidèles aux originaux. Les variantes, mineures (orthographe, différences de phraséologie), contenues dans 0,5% d’entre eux, s’expliquent très bien par la distraction toujours possible de la part de copistes même les plus attentifs. Et comme ces variantes ne remettent en cause aucun principe fondamental de la foi, elles sont sans importance. Il est encore à noter que le Nouveau Testament ne contient aucune référence à la destruction de Jérusalem en 70 ap. J.C, ce qui prouve la rédaction très précoce des Évangiles. Nous pouvons donc raisonnablement affirmer que la Bible dont nous disposons est conforme à l’original et n’a pas été falsifiée. À titre de comparaison, de l’œuvre bien connue Commentaires sur la guerre des Gaules (De bello gallico) écrite vers 50 av. J.-C. par le général romain Jules César, nous disposons aujourd’hui d’une dizaine de manuscrits, ne datant que des IXe et Xe siècles ap. J.-C., dont seulement deux ou trois sont de bonne qualité. Pour autant, personne ne met en doute l’authenticité de ce livre. Alors, pourquoi, a fortiori, le faire pour la Bible ? Peut-on raisonnablement penser qu’il soit possible de falsifier en même temps des dizaines de milliers de Bibles écrites en diverses langues, dispersées aux quatre coins du monde, sous des régimes politiques différents ?

— 35 L’apologétique musulmane croit pouvoir innocenter le Coran de ses contradictions en faisant valoir celles que contiendrait la Bible … Comme si les mensonges supposés de l’une pouvaient justifier ceux de l’autre ! Ce pseudo argument se détruit ainsi :

I. La Bible n’est pas d’abord un livre d’histoire au sens moderne du mot.

II. « Les livres entiers de l’Ancien et du Nouveau Testament […] ont Dieu pour auteur et ont été transmis comme tels à l’Église elle-même. Pour la rédaction des livres saints, Dieu a choisi des hommes ; Il les a employés en leur laissant l’usage de leurs facultés et de toutes leurs ressources, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils transmettent par écrit, en auteurs véritables, tout ce qu’Il voulait et cela seulement (Vatican II, Constitution sur la Révélation divine) ;2) ». L’Esprit-Saint est le véritable auteur de la Bible, mais les hommes qu’Il a inspirés pour la rédiger (2 Tm 3.16), n’ont pu le faire qu’avec leurs cultures (Jn 7.22), leurs mentalités, leurs styles, et dans les limites imposées par chaque langue. C’est la raison pour laquelle différentes interprétations de ces écrits ont vu le jour et ont été si bien reconnues légitimes qu’elles ont elles-mêmes été intégrées dans le texte sacré (ex. 1 R 5.5/Is 66.1-2). Se scandaliser par exemple de ce que le Dieu de l’Ancien Testament soit le même que Celui du Nouveau Testament n’est possible que par l’oubli de ce que nous ne vivons pas dans la perfection du Temps divin, que nous ne sommes pas Dieu, ni ses égaux, et que le progrès est donc toujours possible et bienvenu (voir W 22,24).

III. La même parole de Dieu est adressée à tous les hommes de tous les temps, en sorte que tous, si différents qu’ils soient, peuvent y entendre Dieu leur parler personnellement … ce qui est en soi non seulement miraculeux (Ac 2.1-11), mais explique l’usage d’un style souvent symbolique. C’est pourquoi saint Grégoire le Grand disait que l’Écriture grandit avec ceux qui la lisent (Moralia in Job, XX,1), celle-ci étant toujours capable d’apporter de nouvelles réponses aux nouvelles interrogations de ses lecteurs. Quand Jésus annonce la prophétie du retour d’Elie accomplie en la personne de saint Jean-Baptiste, Il interprète le mot Elie, ou lorsqu’Il S’attribue ce que le prophète Isaïe s’attribuait à lui-même (Lc 4.14-21/Is 61.1-2), Il donne du même texte une autre interprétation. À l’annonce du malheur des riches (Lc 6.24), chacun est invité à découvrir ses fausses richesses … Si différentes interprétations donnent des compréhensions et/ou des extensions de sens différentes, elles ne peuvent cependant jamais, en vertu de l’unicité divine, être contradictoires (2 Tm 2.13). La Parole est à la fois ancienne et toujours nouvelle (1 Jn 2.7-8).

IV. Si Dieu est un, Sa Parole est une, et il n’est pas possible de découvrir le sens des textes sacrés chrétiens sans prêter attention aussi bien au contenu qu’à l’unité de l’Écriture tout entière, et donc au sens que la Tradition vivante de l’Église lui a déjà reconnu et avec lequel aucune juste lecture ne saurait se trouver en contradiction. Ainsi seulement il est possible d’échapper aux délires de sa propre subjectivité. La lecture de la Bible se fait aussi selon l’analogie de la foi, c’est-à-dire en vertu de la cohésion interne aux vérités de la Foi, et en fonction du but de la Révélation (cf. CEC 114). Tout discours sur Dieu ne peut qu’user de l’analogie de l’être, exprimant la similitude entre l’être reçu des créatures et l’Être subsistant par Soi. Par exemple, du fait que du ciel nous viennent la lumière et la pluie, et avec eux la vie, et que le ciel est hors de notre atteinte, nous dirons que Dieu est au Ciel pour dire qu’Il est inaccessible et que de Lui nous viennent la vie et tous ses dons. Le mot Ciel n’a alors bien évidemment pas le sens courant, mais un sens analogue au sens courant. C’est ainsi que les mots servant à désigner les perfections de l’homme servent aussi à désigner celles de Dieu, en vertu d’une certaine proportion. Dans l’analogie d’attribution, le sens des mots n’est pas totalement identique ni totalement différent. Les mots de la foi n’ont ni un sens univoque (le signe et le signifié s’identifiant, comme dans la lecture littérale ou magique du texte sacré), ni un sens équivoque (qu’il y ait aucune ressemblance à Dieu ne donnerait aucune possibilité de parler de Dieu, comme l’islam veut le croire). Puisqu’il n’y a rien de commun entre Allah et sa création au point qu’admettre l’Incarnation est le pire des blasphèmes (4.48), comment l’islam ose-t-il parler d’Allah ?

V. Qu’est-ce qui peut empêcher Dieu d’assumer les contradictions du sens littéral d’un texte pour en faire les signes d’un sens spirituel, révélé à qui vit en communion avec Lui (1 Co 2.13-16) ? Il y a deux sens dans l’Écriture : le sens littéral et le sens spirituel. Les deux sens sont vrais, mais seul le sens spirituel que ceux qui sont guidés par l’Esprit peuvent extraire du sens littéral (Ép. 4.18 ; Col 1.21 ; 2 1.20-21 ; 2.12 ; 3.16) au final importe (2 Co 3.6). L’intérêt du sens littéral est de donner à voir, dans la réalité matérielle évidente pour tous, que la réalité figurée du sens spirituel est vraie puisque le sens littéral qui la porte est vrai aussi. Par exemple, le don bien réel de la Terre Promise à Israël, la Terre de Canaan (Gn 12.1-5), doit être interprété, par ceux qui désirent autre chose que les biens de ce monde qui passe, comme une preuve de la capacité de Dieu à donner le non moins réel Royaume des Cieux.

Souvent, un peu de bon sens et un minimum de connaissances suffisent à dissiper l’obscurité des apparentes contradictions, bien connues et toujours resservies (Cf. Rahmatoullah al-Hindi, Manifestation de la vérité, Éd. Iqra, Paris, 1996)2 , dont voici quelques exemples :

a) Dans le Livre de la Genèse, que le soleil, la lune et les étoiles aient été créés (Gn 1.16) après la terre (Gn 1.14) exprime la révélation que tout a été créé en vue de l’homme… qui vit sur la terre ! C’est en effet en fonction de l’humanité, et plus précisément de celle de Dieu fait homme, que l’univers reçoit son sens : La réalité, c’est le Corps du Christ (Col 2.17) ; Tout a été créé par Lui et pour Lui (Col 1.16 ; Cf. Col 1.15-20 ; Ép. 1.10 ; 4.9-10).

b) La Bible dirait que la terre est plate à cause d’expressions comme : des extrémités de la terre (Dt 33.17 ; Lc 11.31) ou : face de la terre (Gn 6.1 ; Ac 17.26). Or, bien avant que la science soit en mesure de le prouver, il y a plus de deux mille cinq cent ans, le prophète Isaïe parlait du cercle de la terre (Is 40.22), et le roi Salomon définissait la terre comme un globe (Pr 8.27 ; le terme hébreu se traduisant par cercle, sphère) … La Bible ne dit donc pas que la terre est plate. Par contre le Coran l’affirme de manière répétée (2.22 ; 13.3 ; 15.19 ; 27.61 ; 50.7 ; 51.48 ; 71.19 ; 78.6 ; 79.30 ; 84.3 ; 88.20 ; 91.6) …

c) Parce que le Dieu de la Bible s’est reposé après les six jours de la Création, l’auteur du Coran croit pouvoir se moquer de Lui en affirmant la supériorité d’Allah qui, Lui, travaille mais ne se fatigue pas (50.38). Mais pourquoi Allah doit-il travailler et ne jamais se reposer ? Est-il condamné aux travaux forcés ? Le Dieu hébréo-chrétien, qui est toujours à l’œuvre (Jn 5.17), S’est reposé pour donner à l’homme le droit de se reposer. Grâce au Dieu de la Bible, un jour par semaine, les hommes sont délivrés de la servitude des obligations terrestres, pour vaquer au culte de Dieu, au soin de leur vie éternelle, à celui de leur famille. Et de cela, qui peut se moquer à part Allah ? Et si Allah n’a pas besoin de repos, pourquoi a-t-il besoin d’esclaves (39.16) ?

d) Lv 11.20 affirme que des insectes ont quatre pattes alors que la classification scientifique leur en attribue six. Ce verset était aussi pour Voltaire une preuve de la fausseté de la Bible. Or, la définition du mot insecte d’il y a trois mille ans peut ne pas correspondre à celle des zoologistes d’aujourd’hui… Et c’est ainsi qu’insecte peut être traduit par bestiole, et que la chauve-souris est bien une bestiole qui vole en ayant quatre pattes.

e) Saül s’est-il suicidé (1 Sm 31.4-6), ou a-t-il été tué à sa demande par la main d’un jeune homme venant s’en vanter ensuite auprès de David (2 Sm 1.1-10) ? Les deux versions s’harmonisent en considérant soit le jeune homme comme l’instrument du suicide ayant soustrait Saül à ses ennemis, soit comme un intrigant désireux d’obtenir la reconnaissance de David pour la mort de son ennemi déclaré.

f) Qui a tué Goliath, David (1 Sm 17.1), ou Elhanân (2 Sm 21.19) ? Et si ce quiproquo disait qu’Elhanân, parce qu’il a tué Lahmi, le frère tout aussi impressionnant de Goliath (1 Ch 20.5), méritait la même gloire que David ? La Révélation enseigne ainsi que mettre sa foi en Dieu rend tout un chacun capable de vaincre lui-aussi la brutalité même la plus impressionnante.

g) Qui a incité David à dénombrer les Israélites, Dieu (2 Sm 24.1), ou le Diable (1 Ch 21.1) ? Comme nous le disions, la Bible est une collection de livres où se réfléchit l’évolution spirituelle des rédacteurs. Ici se côtoient l’attribution primitive à Dieu seul de tout fait, et la distinction ultérieure entre cause première et cause seconde. Mais dans les deux cas Dieu reste le maître de l’histoire, faisant tourner toute chose, y compris le mal, au bien de ceux qui L’aiment (Rm 8.28).

h) Ochozias, avait-il vingt-deux ans lorsqu’il devint roi (2 R 8.26), ou bien quarante-deux (2 Ch 22.2) ? Les deux chiffres sont vrais, car Ochozias régna de fait à l’âge 22 ans en suppléance de son père Joram ayant perdu tout prestige suite à ses défaites militaires et à une grave maladie incurable, en sorte que si Joram continuait à être le roi en titre, c’était son fils Ochozias qui exerçait la véritable direction du pays. À la mort de Joram, Ochozias, âgé de quarante-deux ans, devint roi en titre. Cette situation explique pourquoi Joram ne reçut pas les obsèques royales (2 Ch 21.19-20), et qu’Ochozias fut intronisé deux fois roi, une fois pour un règne de facto, et une fois pour un règne officiel.

i) Il est écrit au sujet de Jéchonias que « nul de sa race ne siégera sur le trône de David (Jr 22.30) ». Or, saint Matthieu fait figurer ce roi parmi les ascendants du Christ. Serait-ce donc que Jésus ne descendrait pas de David, ou que la Bible a vraiment été falsifiée ? Ni l’une ni l’autre de ces propositions n’est vraie, mais Jéchonias, pour n’avoir pas eu de descendant qui se soit assis sur le trône de David, a tout de même eu une descendance, de laquelle, par Marie, le Christ est issu, Lui dont la royauté n’est pas selon les fastes et les pompes de ce monde (Jn 18.36).

j) Saint Luc nous dit que saint Joseph était fils d’Héli (Lc 3.23), tandis que saint Matthieu affirme qu’il l’était de Jacob (Mt 1.16). La contradiction apparente est levée lorsque l’on sait que la loi hébraïque du lévirat prescrivait à un célibataire d’épouser la veuve de son frère sans enfant pour lui assurer une postérité (Dt 25.5 ; Mt 22.23-33). Il est donc possible de comprendre qu’Héli et Jacob étant frères, et Héli étant mort sans enfant, Jacob ait épousé sa veuve et engendré Joseph. Saint Luc a donné le nom du père légal de saint Joseph et saint Matthieu celui de son père naturel.

k) Saint Jean-Baptiste a-t-il connu Jésus avant son baptême (Mt 3. 14), ou seulement après (Jn 1.32-33) ? Saint Jean-Baptiste a connu Jésus dès le sein maternel (Lc 1.39-45) et savait qu’Il devait baptiser « dans l’Esprit-Saint et le feu (Mt 3.11) », mais, comme tous ses contemporains, il ne connaissait pas Son humilité (Lc 7.19), qui Le plaça au rang des pécheurs en demandant le baptême, aussi dit-il qu’il ne Le connaissait pas (vraiment).

l) Saint Luc rapporte que c’est après être descendu de la montagne et sur un plateau que Jésus a proclamé les Béatitudes (6.17), tandis que pour saint Matthieu c’est après avoir gravi la montagne (5.1). Là encore, il n’est pas difficile d’harmoniser les leçons en considérant que Jésus est monté sur la montagne pour prier (Mt), puis, en redescendant, s’est arrêté sur un plateau pour y prêcher (Lc).

m) Pourquoi Notre Seigneur dit-Il que Jean-Baptiste est Elie alors que Jean-Baptiste dit le contraire (Mt 11.14 / Jn 1.21) ? Si Jean-Baptiste ne se reconnait pas la mission d’Elie (Mt 11.14), c’est en raison de son humilité, semblable à celle de la Vierge Marie qui, à la différence de toutes les autres jeunes filles d’Israël désirant chacune être choisie pour être la mère du Messie, s’imaginait en être si peu digne, qu’elle s’était consacrée à Dieu … dans la virginité (Lc 1.34) ! De même, Jean-Baptiste était incapable d’imaginer être le nouvel Elie.

n) Jésus a-t-Il parlé ouvertement au monde (Jn 18.20), ou bien de façon imagée (Mc 4.34) ? Jésus a parlé ouvertement au monde, mais ceux qui étaient de mauvaise foi n’ont entendu que des histoires sans importance (Mt 13.10-11 ; Tt 1.15). Jésus ne donne pas ses perles aux porcs (Mt 7.6).

o) Jésus a-t-il envoyé ses disciples en mission en leur défendant de prendre même un bâton (Mt 10.10 ; Lc 9.3), ou non (Mc 6.8) ? Saint Thomas d’Aquin répond (in La chaîne d’Or) que Jésus a commandé de prendre pas même un bâton ou rien qu’un bâton, pour, à la fois, interdire de se soucier des moindres choses nécessaires à la vie (pas même un bâton), tout en les assurant que le pouvoir qu’Il leur communiquait, figuré par le bâton (rien qu’un bâton), leur permettrait de ne manquer de rien. Aucun des Évangélistes n’a rapporté les deux idées, ce qui fait croire à certains qu’elles sont étrangères.

p) Comment Jésus peut-Il dire : « Nul n’est monté au Ciel sauf Celui qui en est descendu, le Fils de Dieu qui est au Ciel (Jn 3.13) », puisque Énoch et Elie sont eux aussi montés au Ciel (Gn. 5.2 ; 2 R.2.11) ? D’une part, si Énoch et Elie ont pu monter au Ciel, ce n’est pas pour autant qu’ils l’ont atteint ou y sont restés, ce qu’ils ne pouvaient faire avant que Jésus en ouvre les portes par Sa résurrection, et d’autre part, Jésus annonce ici l’effet de la génération spirituelle inaugurée dans le baptême dont Il vient de parler, qui divinise les hommes, faisant d’eux les membres de Son corps (1 Co 6.15 ; 12.27), de sorte que celui qui monte au Ciel ne fait qu’un avec Celui qui est descendu sur terre. Par le baptême et la vie de la Grâce nous sommes devenus un même être avec Lui (Jn 15.5), en sorte que c’est le même Verbe de Dieu qui remonte avec nous au Ciel d’où Il est descendu ; et ainsi Celui qui reste toujours au Ciel ne cesse pas d’y remonter tous les jours. Il est le Chemin (Jn 8.19 ; 14.6), la Porte (Jn 10.7) …

q) Jésus juge-t-Il (Jn 5.30), ou non (Jn 8.15 ; 12.47) ? Jésus est venu nous sauver, non pas nous juger (Jn 12.47). Mais si nous ne voulons pas de Sa miséricorde, alors nous goûterons Sa justice (Jn 12.48). « Qui croit en Lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu. (Jn 3.18) »

r) Jésus n’a pas pu donner Son sang à boire puisque la Loi interdit de boire le sang (Dt 12.23). Or, l’interdiction de consommer et donc de verser le sang avait pour but d’enseigner le caractère sacré, indisponible, de la vie d’autrui, mais la Loi n’a jamais interdit de donner sa vie pour autrui, ni de recevoir le sang librement offert (comme l’imaginent par exemple les Témoins de Jéhovah). La Loi civilisait ainsi les rapports humains, et préparait à comprendre le don de Jésus, qui dépasse l’ordre de la justice, pour nous introduire en celui de la Miséricorde, « qui surpasse toute connaissance (Ep 3.19) ». S’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jn 15.13), qui peut douter être aimé de Dieu en Jésus, et, quels que soient ses péchés, en être ainsi sauvé ?

s) Qui a porté la croix, Jésus (Jn 19.17), ou Simon de Cyrène (Lc 23.26) ? Les deux ! Quand Jésus n’a plus pu la porter, Simon de Cyrène, réquisitionné, L’a aidé, jusqu’à la porter seul.

t) À quelle heure Jésus a-t-Il été crucifié ? « Vers la sixième heure (Jn 19.14) » ou à la troisième heure (Mc 15.25) ? Cela dépend de la façon de compter : les Hébreux comptaient les douze heures du jour à partir du lever du soleil, et celles de la nuit à partir du coucher du soleil, tandis que les Romains les comptaient à partir de minuit et de midi. Les Évangiles synoptiques (Mt, Mc & Lc) utilisent la méthode juive de compter, et l’Évangile de Jean la méthode romaine.

u) De ce que le texte des différents Évangiles ne rapporte pas exactement le même intitulé du motif de condamnation à mort fixé sur la croix de Jésus, les détracteurs de l’Évangile croient pouvoir en tirer une preuve de fausseté. Or, que les expressions « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » et « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » soient différentes, n’implique pas qu’elles soient contraires. Pour qu’elles le soient, il faudrait que l’une dise : Jésus n’est pas le roi des Juifs, ou l’autre : Celui-ci n’est pas Jésus de Nazareth. Mais tel n’est pas le cas. Ce qui est pertinent est que les témoignages des Évangélistes ne se contredisent pas, aucun témoin n’étant par ailleurs exhaustif. Les grands prêtres eux-mêmes ne rapportent pas le texte exact qu’ils ont lu sur l’écriteau et qu’ils demandent à Pilate d’enlever (Jn 19.21/19.18).

v) Saint Matthieu écrit que les deux bandits crucifiés de part et d’autre de Jésus L’injuriaient (27.44), tandis que saint Luc ne relate cela que d’un seul (24.39). Ces deux leçons s’harmonisent en considérant que si les deux bandits ont commencé par blasphémer, scène que raconte saint Matthieu, l’un des deux a pu finir par être touché de l’attitude du Christ au point de se convertir et cesser alors de L’injurier, scène que raconte saint Luc. Chaque témoin raconte le même événement, mais à un moment différent. Il en va ainsi pour d’autres différences de chiffres : Salomon eut-il mille deux cents chevaux (2 Ch 1.14) ou douze mille (2 Ch 9.25) ? Il est facile de comprendre que les comptes ayant été faits à des époques différentes, le cheptel avait entre-temps grossi. Ou bien : quelqu’un a-t-il jamais réellement cru que les Philistins étaient aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer (1 Sm 13.5) ?

w) Jésus est-Il allé au Paradis le Vendredi Saint (Lc 23.43), ou plus tard (Jn 20.17 ; Ac 1.3) ? Puisque « chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1022) », Jésus est entrée au Paradis dès Sa mort, où Il a « reçu tout pouvoir au Ciel et sur la terre (Mt 28.18) », sans cesser d’être Dieu, pour qui il n’y a de pas de temps …

x) Après Sa résurrection, Jésus S’est-Il manifesté à onze (Mc 16.14) ou douze (1 Co 15.5) de ses Apôtres ? Puisque Judas était mort (Mt 27.5), Jésus S’est manifesté aux Douze, qui n’étaient alors plus que onze. « Les Douze » est en effet un terme générique pour désigner le groupe des Apôtres (Lc 8.1 ; Jn 6.67,70 ; Ac 6.2 ; 1 Co 15.5).

y) Au chapitre 9 du livre des Actes des Apôtres saint Luc écrit que lors de la conversion de Saul sur le chemin de Damas ses compagnons percevaient le son de la voix qui lui parlait (Ac 9.7), alors qu’au chapitre 22 saint Paul dit que ses compagnons « n’entendirent pas la voix » qui lui parlait (Ac 22.9). Alors, ont-ils entendu ou n’ont-ils pas entendu ? L’apparente contradiction se résout du fait qu’en grec comme en français, entendre (ἀκούω) signifie aussi comprendre. Ainsi, dans les deux récits les compagnons ont entendu le son de la voix mais n’ont pas compris ce qu’elle disait. Dire que les compagnons « entendaient seulement le son de la voix » ou qu’ils « ne comprenaient pas ce que disait la voix », revient au même.

z) Est-ce qu’un chrétien pèche, oui (1 Jn 1.8) ou non (1 Jn 3.9) ? Outre qu’il y a péché et péché (1 Jn 5.17), Dieu ne retire pas le don de la liberté parce qu’Il fait celui de la vie éternelle (Jn 3.16), aussi les chrétiens peuvent-ils pécher. Mais un chrétien qui veut ne plus pécher, ne péchera plus, car Dieu Lui en donne la grâce (Rm 6.2,6,11 ; 1 Jn 5.18).
aa) Peut-on porter le fardeau d’autrui, oui (Ga 6.2), ou non (Ga 6.5) ? Dans les deux occurrences il ne s’agit pas du même fardeau. Dans la première il s’agit des peines de la vie qu’il faut nous entraider à porter, et dans la seconde, il s’agit de la responsabilité individuelle.

L’Église n’a pas peur d’avoir quatre Évangiles plutôt qu’un seul. Elle aurait pu, comme l’a fait le troisième calife avec le Coran, fondre tous ses récits en un seul pour éviter les apparentes discordances. Elle ne l’a pas fait … Preuve qu’elle ne cherche pas à fabriquer un récit, mais à rendre compte d’un événement. Les témoignages ne sont jamais identiques. Un même fait rapporté par des témoins différents sera nécessairement rapporté de façon différente. L’un a remarqué qu’il avait des moustaches et l’autre qu’il avait des chaussettes roses. Est-ce parce que l’un ne dit pas qu’il avait des chaussettes roses que ce n’est pas l’homme aux moustaches ? L’Église nous met aussi en garde contre les ignorants en mal « de questions et de disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les propos injurieux, les mauvais soupçons, les discussions sans fin d’hommes qui ont l’esprit perverti, privés de la vérité (1 Tm 6.3-5,20 ; Cf. 2 Tm 2.14,16,23 ; 3.5,8 ; Tt 3.9) » … Les inévitables différences formelles des témoignages font-elles autre chose que mettre en relief les caractères communs de ceux-ci ?

— 36 Alors que les musulmans croient que le Coran est descendu du Ciel où il demeure éternellement immuable (3.7 ; 43.2-4 ; 56.78 ; 85.21-22), la Bible est le résultat de l’étroite collaboration de deux auteurs, Dieu et l’homme, chacun agissant selon sa nature et ses intentions propres. Elle n’est pas dictée, mais inspirée (2 Tm 3.16 ; voir L 65,66). Parce que le media participe nécessairement des deux termes qu’il met en relation, la Bible (y compris l’Ancien Testament) n’est pas seulement divine (auquel cas elle serait incompréhensible), ni seulement humaine (auquel cas elle ne serait pas la Parole de Dieu), mais divine ET humaine, pour nous communiquer la Parole de Dieu en un langage qui nous soit compréhensible. Passer de la parole humaine à la parole divine implique le saut de la Foi sous la conduite de l’Esprit. Mais lorsque le musulman recourt au cadre conceptuel de lecture de la Bible pour l’appliquer aux problèmes d’interprétation du Coran, affirmant par exemple la nécessité de connaître le contexte de sa proclamation pour en découvrir le sens, il en renie alors le caractère uniquement divin, car si le sens d’un verset du Coran dépend du contexte de sa proclamation, il ne peut alors être univoque (39.28), c’est-à-dire valable de la même manière pour tous les hommes de tous les temps. Que ne peut qu’engendrer la confusion du temps et de l’éternité ?

— 37 Si le Coran est la reprise des Révélations antérieures, comment se fait–il qu’il ne contienne pas plus le commandement d’aimer son prochain, b a ba de la morale universelle, que les dix commandements (Ex 34.28), les béatitudes (Mt 5), ou l’obligation du baptême (Jn 3.3), déjà annoncée dans l’Ancienne Alliance (Nb 19.1-22) ? Parce que nous ne sommes pas Dieu et n’avons donc pas la vie éternelle, s’il n’y pas un moment où nous la recevons, nous ne l’aurons jamais. Ce moment, c’est le baptême. Les foules venaient se faire baptiser par saint Jean-Baptiste pour être lavées de leurs péchés et se préparer ainsi à recevoir le salut apporté par le Messie (Jn 1.29-31,35 ; Cf. Mt 3.1-17 ; Ac 1.22). Jésus Lui-même demanda à recevoir le baptême pour en montrer l’absolue nécessité (Lc 12.50), et Il a ensuite Lui-même baptisé (Jn 3.22 ; 4.1), d’un baptême qui non seulement lave les péchés originel (Voir E 9,10) et personnels, mais donne l’Esprit de Dieu pour vivre en communion avec Lui. L’archéologie permet de voir encore de nos jours des baptistères de la première génération chrétienne. L’histoire, la littérature chrétienne mais aussi la littérature non-chrétienne, témoignent que l’Église a, depuis ses débuts, toujours et partout pratiqué le baptême (Ac 10.48 ; 16.22 ; Rm 6.4 ; Col 2.12 ; 1 P 3.21). Or, les musulmans, eux, ne baptisent pas. Si donc les chrétiens ne sont plus fidèles à la Révélation donnée par Jésus en administrant le baptême, est-ce que les musulmans peuvent dire à quel moment le baptême aurait été frauduleusement introduit dans la pratique de l’Église ? Et s’ils ne le peuvent, parce que tout montre que les chrétiens ont toujours baptisé, les musulmans n’ont-ils pas alors la preuve que ce sont eux qui ne sont pas fidèles à la Révélation donnée par Jésus ?

— 38 Il arrive que les musulmans présentent l’Évangile selon Barnabé comme étant l’Évangile original. Il s’agit en fait d’un écrit musulman composé en Espagne au XVIe siècle pour confirmer les Morisques dans l’islam. Il utilise des arguments classiques de l’apologétique musulmane, comme celui de saint Paul ayant trahi le véritable Évangile, ou celui de Jésus emporté au Ciel tandis que Judas meurt à Sa place sur la Croix. Jésus n’y est qu’un prophète envoyé aux seuls Juifs pour annoncer la venue de Mahomet, envoyé, lui, au monde entier (les musulmans ne se demandent évidemment pas pourquoi c’est aux Israélites et non aux Arabes que ce Jésus a été envoyé annoncer la venue de Mahomet, ni pourquoi au VIIe siècle les chrétiens avaient déjà évangélisé le monde entier alors connu…). Jésus Se contente d’y réprimander Juifs et Romains pour leur polythéisme, et cherche à les ramener à l’observance de la Loi. Il nie bien sûr être le Fils de Dieu. L’auteur de cet écrit était si inculte qu’il ignorait que Christ était la traduction gréco-latine de l’hébraïco-araméen Messiah, en sorte qu’il a imaginé deux personnages différents : Mahomet, le Messie, et Jésus, le Christ (ch. 1). Ce document contient nombre d’autres erreurs : il place Nazareth au bord de la mer (ch. 20-21) ; affirme que Marie a enfanté sans douleur (ch. 3), alors que le Coran dit le contraire (19.22-23) ; commande la monogamie (ch. 115), alors que le Coran légitime la polygamie (4.3) ; signale neuf cieux (ch. 178), alors que le Coran n’en mentionne que sept (2.29) ; fait dire à deux reprises à Jésus qu’Il n’est pas le Messie (ch. 96-97), alors que le Coran dit le contraire (3.45 ; 4.171,172 ; 5.72,75 ; 9.31) … Bref, lequel est authentique, le Coran ou l’Évangile de Barnabé… ou aucun des deux ?

— 39 Comment l’islam pourrait-il mieux se débarrasser des Écritures chrétiennes qui le condamnent (Ga 1.6-9 ; Ap 22.18-19) qu’en les falsifiant (2.59,75,79 ; 3.78 ; 4.46 ; 5.15,41) pour les mettre à son service (7.157 ; 61.6) ?

— 40 Vous pouvez être invité à prouver la véracité de la Bible en relevant le défi de boire du poison ou de saisir des serpents parce que Jésus a annoncé que c’est ce que les chrétiens feraient (Mc 16.16). Renvoyez à Mt 4.7, ou bien répondez que c’est déjà ce que vous faites en écoutant de votre interlocuteur mensonges et calomnies qui n’arrivent pas à tuer votre foi. De manière générale, en pareille circonstance, si la répartie ne vous vient pas, demandez un sursis avant de donner votre réponse, le temps que l’Esprit-Saint vous la souffle. N’est-ce pas que « seuls les mécréants renient les versets d’Allah (29.47) » ?

— 41 La calomnie selon laquelle l’Église aurait falsifié la vérité a toujours été utilisée par les mouvements antichrétiens, prétendant mieux connaître le christianisme que les chrétiens eux-mêmes … Aussi, bien avant qu’apparaisse l’islam, saint Paul écrivait-il déjà : « Nous ne nous conduisons pas avec astuce et ne falsifions pas la Parole de Dieu ; mais en manifestant franchement la vérité, nous nous recommandons à la conscience de tout homme devant Dieu. Si notre Évangile est voilé, c’est pour ceux qui se perdent qu’il est voilé, pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient pas resplendir l’Évangile de la Gloire du Christ, qui est l’Image de Dieu (2 Co 4.2-4) ». Jésus n’a-t-Il pas promis que jamais les puissances de l’Enfer ne prévaudront contre Son Église (Mt 16.19) ? Les chrétiens n’ont-ils pas toujours eu le souci de garder intact le dépôt de la Révélation (1 Tm 6.20 ; 2 Tm 1.14 ; Ap 22.18-19), au prix même de leur vie ?

  1. Le texte massorétique est le texte biblique hébreu établi par des érudits juifs à la fin du Ier s. ap. J.-C. []
  2. À ce sujet, il faut aussi renvoyer à la comparaison de ces passages coraniques : 20.9-24/24.7-14/28.29-33 ; 20.38-40/28.7,11-13 ; 2.58-59/7.161-162 … []