Pour justifier le djihad, c’est-à-dire le devoir de guerre universelle et perpétuelle contre tous les non-musulmans (Coran 9.29) et imposer au monde entier la charia (Coran 9.123 ; 60.4), les musulmans, notamment les 138 qui se sont adressés à Benoît XVI en réponse à son discours de Ratisbonne, n’ont pas honte de faire appel à l’enseignement du Christ.

Ils citent Jésus Se faisant un fouet de cordes pour chasser hors du Temple de Jérusalem les vendeurs avec leurs brebis et leurs bœufs (Jn 2.15), mais ne comprennent pas que Jésus ne S’est servi de son fouet, comme le fait tout berger, que pour pousser hors du Temple « les brebis et les bœufs », et que leurs propriétaires les y ont suivis pour ne pas les perdre, sous la voix tonitruante des reproches du Christ… Une preuve que Jésus n’use pas de violence est que dans le verset suivant, il ne Se sert pas du fouet pour chasser les vendeurs de… colombes.

Les musulmans voudraient voir dans ce verset : « Je suis venu apporter non pas la paix, mais l’épée » (Mt 10.34), une légitimation de la violence. Mais ce verset ne fait qu’annoncer la persécution continuelle dont seront l’objet les chrétiens à la suite de leur Maître Lui-même persécuté (2 Tm 3.12), aussi vrai que Jésus a demandé à Pierre de remettre l’épée au fourreau (Mt 26.52), que le contexte de ce verset indique clairement cette persécution : « Vous serez haïs de tous à cause de mon Nom, mais celui qui tiendra bon jusqu’au bout sera sauvé. » (Mt 10.22) ; « Qui aura trouvé sa vie la perdra, mais qui la perdra à cause de Moi, la sauvera. » (Mt 10.39), et que surtout, la version de saint Luc ne parle pas d’épée, mais de division (Lc 12.51) !

Les musulmans rapportent encore de la parabole des mines ces derniers mots : « Quant à mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que Je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les en Ma présence. » (Lc 19.11-27). Mais au nom de quoi les musulmans seraient-ils autorisés à anticiper le Jugement dernier et à se substituer au Juge de la parabole ? En effet, c’est Jésus que figure l’homme ‘de haute naissance’ (pour dire sa filiation divine) ‘parti recevoir en un pays lointain’ (c’est à dire : au Ciel, par le chemin de Sa mort) ‘la dignité royale’ (Jésus ressuscité a reçu « tout pouvoir au Ciel et sur la terre », Mt 28.18), et demandant à son retour (lors du Jugement dernier) des comptes à ses serviteurs. Le châtiment annoncé par Jésus sur ceux qui n’auront pas voulu de Son règne ne sera exécuté qu’au terme du temps de miséricorde qu’est cette vie terrestre, et ne sera prononcé par personne d’autre que par Jésus Lui-même, le Roi (Mt 25.31-46).

Je voudrais donc dire aux musulmans qui imaginent la victoire de Dieu comme celle d’un homme sur ses ennemis, qu’il ne suffit pas de faire le mal au nom d’Allah pour que celui-ci soit un bien, aussi vrai que Dieu nous a dotés d’une raison capable de reconnaître le caractère universel de la règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse. », et que personne ne souhaite d’être méprisé (Coran 8.54), haï (60.4), trompé (17.44), racketté (9.29), persécuté (4.91), réduit en esclavage (4.3,24,25,36,92 ; 16.71,75,76 ; 30.28…), mutilé (5.33), crucifié (5.33), tué (4.91), ainsi qu’Allah commande aux musulmans d’agir à l’égard des non-musulmans… ne pouvant certainement pas le faire lui-même !

Bref, le Royaume de Dieu n’est pas à instaurer avec des armes humaines, mais à recevoir par la foi (1 Co 1.18-25 ; 2.1-16). C’est un royaume spirituel, parce que Dieu est esprit (Jn 4.24) et que Dieu règne par la connaissance et l’amour répandu dans le cœur de ceux qui accueillent la victoire du Christ crucifié et ressuscité (Jn 17.3 ; Rm 5.5). Jésus, modèle d’absolue non-violence, nous a aimés, et a porté la règle d’or à sa perfection indépassable : « Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés. » (Jn 15.12), avec, pour contrepoint, l’affirmation que ceux qui font le mal ressusciteront pour aller en Enfer (Jn 5.29)…
Si donc, considérant qu’après le Christ ne peut venir que l’Antichrist, les musulmans comprenaient qu’à sa suite ils vont en Enfer, ils demanderaient le baptême pour recevoir le pardon de leurs péchés et le don de l’Esprit Saint (Ac 2.37-39), aussi vrai qu’il n’y a qu’un seul Dieu et Père de tous, un seul Sauveur, une seule foi, un seul baptême, une seule Église, un seul Esprit Saint (Ep 4.4-6). Sa grâce soit avec vous !
« Vient un temps où ceux qui vous tueront penseront rendre un culte à Dieu. » (Jn 16.2)

 

Pour justifier qu’Allah prescrive des actes condamnés par la morale aussi bien chrétienne que naturelle, les musulmans reprennent l’affirmation que le Dieu de l’Ancien Testament étant le même que celui du Nouveau Testament, Celui-ci a donc prescrit génocides (Nb 21.3 ; Dt 2.34 ; 3.6 ; 20.17) et lapidations (Lv 19.20 ; 20.10). Ignorant la réalité du péché originel comme le fait que tout ici-bas ne se fait que progressivement, ils ne voient pas que les quelques versets de l’Ancienne Alliance qu’ils citent ne concernaient que quelques personnes d’un lieu et d’un temps limités, mais non tous les “mécréants” jusqu’à la fin du monde, comme c’est le cas avec le Coran (60.4). En prétendant lire l’Ancien Testament comme ils lisent le Coran, les musulmans font un contre-sens absolu, car la Bible n’est pas un livre de prescriptions, mais un livre d’histoire. L’histoire de Dieu venu rencontrer des hommes réels, tels qu’ils sont, pleins de vices et de péchés, pour en faire Son peuple, un peuple saint, ardent à faire le bien (Tt 2.11-14 ; Rm 1.7). L’histoire du Peuple élu est donc faite de violences, de guerres, d’erreurs, d’hypothèses spirituelles, mais aussi d’actes de foi. Dans cette histoire, des hommes ont vu Dieu agir et souvent les sauver : le « Dieu des armées (1 Sm 17.47 ; Is 13.4 ; 14.23) » est aussi le « Dieu de miséricorde, lent à la colère et plein d’amour (Ex 34.6 ; Nb 14.18 ; Dt 4.7,37 ; 7.8 ; Neh 9.17 ; Ps 103.8 ; Ps 145.8 ; Ps 86.15 ; Jon 4.2 ; Jl 2.13 ; Nahum 1.3) ». Ses miracles de compassion (1 R 17 ; 2 R 4) révèlent Son identité avec Celui de Jésus-Christ venu accomplir cette auto-révélation de Dieu (Mt 5.17). C’est donc à travers Jésus-Christ commandant l’amour des ennemis (Mt 5.44) et priant Lui-même pour ses bourreaux que l’histoire passée prend son sens. Qui ne voit la différence entre l’Evangile et le Coran ? Et si Allah a « enjolivé aux yeux des mécréants leurs œuvres (Coran 6.122) », pourquoi ne le ferait-il pas aux yeux des musulmans ?