On ne pourra jamais trop chanter les louanges de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, qui nous a donné Jésus, notre Salut !

Ave Maria, gratia plena.
Maria, gratia plena
Maria, gratia plena
Ave, ave dominus,
Tecum.
Benedicta tu in mulieribus,
Et benedictus
Benedictus fructus ventris tui
Ventris tui, Jesus.
Ave Maria.

Benedicta tu in mulieribus,
Et benedictus
Benedictus fructus ventris tui
Ventris tui, Jesus.
Ave Maria.

Extrait du sermon 4 de saint Bernard pour la fête de l’Assomption de la Vierge Marie : 

“Il n’est rien qui me plaise plus, mais en même temps, il n’est point de sujet non plus qui m’inspire plus de crainte à traiter que la gloire de là Vierge Marie. Car, sans parler de l’ineffable privilège de ses mérites et de sa prérogative unique, tout le monde a pour elle, comme il est juste, les sentiments de dévotion et d’amour les plus grands, l’honore et l’exalte à l’envi ; chacun est heureux de parler d’elle, mais quoi qu’on dise sur ce sujet ineffable, par le fait même qu’on a pu le dire, plaît moins, est moins agréable aux auditeurs, et reçoit un moins favorable accueil. Et pourquoi ce que l’esprit de l’homme peut comprendre à cette gloire incompréhensible ne semblerait-il pas trop peu de chose ? Si j’entreprends de louer en elle la virginité, à l’instant se présentent à moi une multitude de vierges. Si je parle de son humilité, il s’en trouve également au moins quelques-uns qui, à l’école de son Fils, ont appris à être doux et humbles de coeur (Mt 11, 29). Si c’est la grandeur de sa miséricorde que j’entreprends d’exalter, il s’offre à la pensée aussitôt quelques hommes, et même des femmes remplis de sentiments miséricordieux. Il n’y a qu’une seule chose où elle est sans modèle et sans imitateurs, c’est l’union des joies de la maternité avec la gloire de la virginité. Marie, est-il dit, a choisi la meilleure part. Nul doute, en effet, que ce ne soit la meilleure, car si la fécondité du mariage est bonne, la chasteté des vierges est meilleure, mais ce qui surpasse l’une et l’autre, c’est la fécondité unie à la virginité, ou la virginité unie à la fécondité. Or, cette union est le privilège de Marie, nulle autre femme ne le partage avec elle, il ne lui sera point ôté pour être attribué à une autre. Il lui est propre, il est en même temps ineffable, si nul ne peut l’obtenir, nul ne peut non plus en parler comme il faut. Mais que sera-ce de ce privilège, si on songe au Fils qu’elle a eu? Quelle langue, fût-ce la langue même des anges, pourra célébrer dignement les louanges de la Vierge Mère, et mère non d’un homme quelconque, mais de Dieu même? C’est une double nouveauté, une double prérogative; c’est un double miracle, mais non moins digne que parfaitement convenable, car de même qu’il ne convenait point qu’une Vierge eût un autre Fils, de même un Dieu ne pouvait naître d’une autre mère.

Mais pour peu qu’on y fasse attention, on trouvera qu’il y a plus encore, et on verra que les vertus que Marie semblait d’abord partager avec les autres femmes lui conviennent à elle plus particulièrement qu’aux autres. En effet, quelle autre vierge pour sa pureté osera se comparer à celle qui a été digne de devenir le sanctuaire du Saint-Esprit, et la demeure du Fils de Dieu ? Si on estime les choses à leur rareté; la première femme qui résolut de mener la vie des anges sur la terre n’est-elle point au dessus de toutes les autres ? « Comment cela se fera-t-il, dit-elle ? car je ne connais point d’homme (Luc 1, 34). » Quel inébranlable dessein de garder la virginité, que celui que n’a point ébranlé la voix d’un ange lui promettant un Fils! » «Comment cela se fera-t-il, dit-elle? » Ce ne peut être de la manière que les choses se passent ordinairement pour les autres femmes, car, pour moi, je ne connais point d’homme, je ne désire point de fils et n’espère point d’enfant.

Mais aussi, quelle grande et précieuse humilité, avec une pareille pureté, avec une telle innocence, avec une conscience si bien exempte de tout péché, disons plus encore, avec une telle plénitude de grâce ! Ô femme bienheureuse, d’où vous vient cette humilité, et une telle humilité? Elle était bien faite pour attirer les, regards du Seigneur, sa beauté était bien propre à exciter lés désirs du Roi des rois, et la suave, odeur qu’elle exhalait était bien capable d’arracher le fils de Dieu du sein éternel de son père. Aussi, quel rapport manifeste entre le cantique de notre Vierge et le chant nuptial de celle dont le sein devint le lit de son époux ! Entendez Marie s’écrier dans l’Évangile : « il a regardé l’humilité de sa servante (Ibid. 48), » et puis, écoutez-la encore dans son épithalame : « Pendant que le roi se reposait dans mon sein, le nard, dont j’étais parfumée, a répandu son, odeur (Ct 1, 11)». Or, le nard est une toute petite plante qui a la propriété de purger l’estomac, ce qui montre bien qu’elle est ici l’emblème de l’humilité, dont l’odeur et la beauté ont trouvé grâce devant Dieu.

Qu’il ne soit point parlé de votre miséricorde, ô Vierge bienheureuse, s’il se trouve un seul homme qui se rappelle vous avoir, invoquée en vain dans ses besoins. Pour ce qui est de toutes vos autres, vertus, ô vous dont nous sommes les humbles serviteurs, nous vous en félicitons pour vous-même, mais pour, ce qui est de celle-ci, c’est nous que nous en félicitons. Nous avons des louanges à donner à votre, virginité, et nous tâchons d’imiter votre humilité; mais ce qui charmait tout particulièrement des malheureux comme nous, c’est la miséricorde; ce que nous embrassons plus étroitement, ce que nous invoquons le plus souvent, est la miséricorde. C’est elle, en effet, qui a obtenu la réparation de l’univers entier, et le salut de tous les hommes, car on ne peut douter qu’elle n’ait songé avec sollicitude, à tout le genre humain à la fois, la femme à qui il fut dit : « Ne craignez ô Marie; vous avez trouvé la grâce (Luc 1, 39), » que vous cherchiez sans doute. Qui donc, ô femme bénie, pourra mesurer la longueur, et la largeur, la sublimité et la profondeur, de votre miséricorde? Sa longueur, elle secourt jusqu’à son dernier jour celui qui l’invoque. Sa largeur, elle remplit si bien la terre entière, qu’on peut dire de vous aussi que la terre est pleine de votre miséricorde. Quant a sa sublimité et à sa profondeur, elle s’élève, d’un côté, à la restauration de la cité céleste, et de l’autre, elle apporte la rédemption à tous ceux qui sont assis dans les ténèbres, à l’ombre de la mort. En effet, c’est pour vous, ô Vierge que le ciel s’est rempli, et que l’enfer s’est vidé, que les brèches de la céleste Jérusalem se sont relevées, et que la vie a été rendue aux malheureux hommes qui l’avaient perdue et qui l’attendaient. Voilà comment votre toute puissante et toute bonne charité abonde, en sentiments de compassion, et en désirs de venir à notre secours, aussi riche en compassion qu’en assistance.

Aussi, que notre âme, dévorée des ardeurs de la soif, vole à cette fontaine, que notre misère recoure avec sollicitude à ce comble de miséricorde. Tels sont les voeux dont nous vous accompagnons autant que nous le pouvons, à votre retour vers votre fils, et dont nous grossissons de loin votre cortège, ô Vierge bénie. Que désormais votre bonté ait à cœur de faire connaître au monde la grâce que vous avez trouvée devant Dieu, en obtenant, par vos prières, le pardon pour les pécheurs, la guérison pour les malades, la force pour les coeurs faibles, la consolation pour les affligés, du secours pour ceux qui sont en péril, et la délivrance pour les saints. Que, dans ce jour de fête et de joie, ô Marie, reine de clémence, vos petits serviteurs qui invoqueront votre très-doux nom, obtiennent les dons de la grâce de Jésus-Christ votre fils, Notre-Seigneur qui est le Dieu béni par dessus tout, dans les siècles des siècles. Amen”